J N Darby – Lettre No. 93

J N Darby
John Nelson Darby

Angleterre, 1861

A M. P.

Bien-aimé frère,

J’ai été heureux de recevoir votre lettre. Il m’est très précieux d’avoir des nouvelles de nos chers amis de France, maintenant que je suis très occupé en Angleterre, où l’œuvre s’étend beaucoup ; aussi ne faut-il pas vous étonner que je ne réponde pas toujours ou tout de suite, ou penser que ce soit faute de bonne volonté. De 5 heures du matin à 11 heures du soir, je suis incessamment occupé ; seulement, je me demande quelquefois si j’ai bien fait d’entreprendre autant de travail de cabinet, mais il nourrit, je l’espère du moins, les travaux d’autres frères, plus jeunes et qui ont plus de courage, et je suis heureux de prendre la seconde place, car c’est ainsi que j’estime réellement mon travail actuel. L’après-midi, de 2 à 9 heures, je fais des visites et je tiens des réunions ; mais, étant si absorbé par le travail, je suis d’autant plus content de recevoir des nouvelles des frères. Dieu m’a accordé cette grâce, et je l’en bénis ; j’ai eu ces temps-ci des nouvelles du Midi, moins de la Suisse. Vous pouvez bien penser combien je rends grâces à Dieu de la bénédiction qui se réalise dans l’entourage de nos chers amis de P., et je n’en doute pas, dans leurs cœurs aussi j’espérais toujours que votre cher frère pourrait être un jour utile. Puisse-t-il se tenir très près du Seigneur et lire beaucoup la Parole pour lui-même ; je dis “pour lui-même”, non pour son travail, car c’est la vraie manière de la lire. “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive dit le Seigneur, et de son ventre couleront des fleuves d’eau vive”. On boit pour soi, on a soif pour soi ; c’est ainsi que les fleuves coulent de nous pour les autres : – on vient à Jésus pour cela ; ainsi tout ce qui est “moi”, est jugé foncièrement dans le cœur, et la grâce agit, et cela au fur et à mesure. Sans doute, en se jugeant d’emblée, on marche de cette manière ; mais ce jugement se renouvelle pour les détails. On ne peut bien travailler, si l’on n’est pas dans la communion du Seigneur. Il faut aussi pour cela l’amour des âmes, car, à la suite de l’intérêt qu’on leur porte, on connaît leurs besoins et de quelle manière la Parole s’y adapte. Ainsi le travail se fait avec sérieux, avec humilité, dans un esprit de service, avec le sentiment qu’on a à faire, non seulement avec des pensées mais avec des âmes, ce qui est une différence essentielle. Nous avons à chercher dans notre travail, le sentiment que nous agissons envers les âmes, de la part de Dieu, dans un vrai esprit de service. C’est en cela que les visites sont profitables à notre ministère ; nous pouvons nous y entretenir avec les âmes, soit publiquement, soit en allant de maison en maison, et nous voyons ainsi comment la Parole s’applique à leurs besoins, et ce qu’elles ne comprennent pas. Quelle que soit l’élévation d’une vérité, une âme ne reçoit rien que ce qui s’applique à son état actuel. Quand Jean-Baptiste a parlé de l’Agneau de Dieu, les disciples disent : “nous avons trouvé le Messie.” Quand le Seigneur a parlé d’une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle, la femme dit “Voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Celui-ci n’est-il point le Christ ?”

Pour en revenir aux visites, l’amour de Christ y opère, et se fait aussi sentir à nous ; pour ma part, je trouve qu’elles me font toujours du bien. Je ne crois pas qu’un homme exerce un ministère utile et béni, sans visiter les âmes. Il peut faire de très beaux discours remplis de vérités, mais le lien avec les âmes lui manquera. Dieu, sans doute, peut suppléer à tout ce qui manque, mais on ne peut s’attendre à une bénédiction sentie dans un tel ministère. Il faut que les jeunes médecins visitent les hôpitaux, assistent à la clinique, pour être de vrais médecins. Au reste, cela nous fait du bien à nous-mêmes, cela exerce et nourrit la charité, et Dieu y prend plaisir. Je bénis Dieu quand je le vois susciter des ouvriers. Il nous en a donné un certain nombre, plus d’évangélistes, bénis dans leur ministère, que de pasteurs. Toutefois il y a quelques-uns de ces derniers.

Vous aurez vu, par ma lettre à F., qu’il y a une bénédiction réelle dans ce pays-ci. Il y avait au début quelque excitation, mais qui s’est beaucoup calmée. Deux ouvriers sont réellement bénis, quoiqu’ils comptent trop précipitamment les conversions. L’un d’entre eux, converti dans le réveil, l’année passée, et qui en a les allures, mais réellement dévoué, croit avoir eu depuis un mois 120 conversions; je ne le pense pas, mais je crois qu’il y en a. En tout cas, les dégradés, les malheureux, les catholiques romains, l’écoutent avec attention. Il n’a pas plus de 18 ans. Le cas est exceptionnel ; mais voilà le genre : il tonne et parle cependant avec un vrai amour pour les âmes, seulement je suis convaincu que l’excitation de la chair accompagne son ministère. Je lui écris pour l’en avertir, tout en prenant garde – moi qui suis si froid – de ne pas le décourager ou le refroidir.

Dans quel labyrinthe, humainement parlant, ou plutôt au milieu de quel mélange on se trouve ici-bas. Quelle consolation de savoir que Dieu voit tout comme au travers d’un verre transparent, et que sa grâce parfaite s’occupe de tout ; mais quel motif aussi pour être humble et pour s’anéantir. Je puis dire, grâce à Dieu, que j’ai une entière confiance en lui et que je jouis beaucoup du sentiment de sa parfaite grâce et de sa fidélité, – de la conscience, tout faible que je suis, qu’il est avec moi. Quelle grâce que celle-là ! Mais j’aimerais être plus directement et plus constamment occupé des âmes. Je continue à prêcher, et il y a beaucoup d’assistants.

J’ai de bonnes nouvelles de Montbéliard ; à B., il y a un certain nombre de conversions et beaucoup d’opprobre. On a cherché à y établir une réunion morave ; au moins une dizaine d’entre eux se sont joints aux frères ; les réunions du voisinage sont bénies et se recrutent…

La Parole vous est-elle toujours très précieuse et en éprouvez-vous la puissance quand vous la lisez ? Je vois, plus distinctement que jamais, la puissance pratique de l’Esprit dans la vie chrétienne, et, dans la Parole, la distinction nette entre la vie du dernier Adam et celle du premier. – Ce n’est pas une chose nouvelle, mais elle est plus distincte et plus profonde dans mon cœur, comme aussi la nouvelle position dans laquelle le chrétien se trouve, sans mettre de côté la responsabilité des hommes et l’action de l’Esprit vis-à-vis de cette responsabilité. – Quel tableau nous trouvons au chap.7 des Actes quant à la manifestation extérieure de ces choses : d’un côté, l’homme qui résiste au Saint-Esprit ; de l’autre, l’homme qui en est rempli…

Saluez avec affection les frères,

 

J N Darby – Lettre No. 95

J N Darby
John Nelson Darby

Dublin, 1861
A M. P.
Bien-aimé frère,
…J’en viens à vos questions :
1° Je crois qu’il est très fâcheux qu’un frère fasse part de ses pensées, en public, sur des questions ou des choses où il ne connaît pas la pensée de l’assemblée. Au reste, en général, à moins que cela ne soit nécessaire pour avertir, les questions ne devraient pas être amenées devant le public.
2° Ensuite, la question de réception est souvent mal posée. Nous ne sommes pas un corps volontairement associé, mais dans la mesure où nous pouvons l’être, un rassemblement des membres du corps de Christ, un rassemblement des siens, opéré par le Saint-Esprit. Nous ne recevons pas des personnes au milieu de nous pour prendre la cène avec nous ; Christ a dû les recevoir, nous les reconnaissons, étant responsables de garder la sainteté de la table du Seigneur et la vérité de Dieu. Les reconnaître, c’est une affaire de confiance, et qui dépend du témoignage que nous avons de leur vie. Il ne s’agit plus de délibération pour les recevoir, une fois que leur christianisme est constaté, sans en excepter la sainteté et la vérité; car l’Esprit qui conduit les enfants de Dieu est l’Esprit de vérité et l’Esprit Saint. Ils ont droit, dans ce cas, à la table. Reste encore la discipline. En des cas douteux, il est très à désirer que la conscience de toute l’assemblée soit au clair et ainsi au large; mais si l’homme est chrétien, connu comme tel, ou assez connu de quelque personne grave, pour que le témoignage de celle-ci soit une garantie du christianisme de celui qui désire prendre la cène, à mon avis il ne faut pas autre chose. Seulement, il est bon de le nommer devant l’assemblée, et en tout cas de le mentionner à quelques membres graves de la réunion, si l’on n’a pas de temps pour en parler davantage. C’est donc une affaire de témoignage suffisant, car il s’agit de maintenir un esprit de confiance entre tous. Si celui qui présente une âme nouvelle est un chrétien jeune ou léger, il vaudrait mieux que son témoignage fût appuyé par quelques chrétiens qui eussent plus de discernement. On devrait se réjouir de voir arriver de nouvelles âmes, mais on devrait veiller en même temps à ce que la vérité et la sainteté fussent sauvegardées.
3° Il me semble que, si quelqu’un qui ne rompt pas le pain parle dans l’assemblée où l’on rompt le pain, c’est un très grave désordre. Un homme qui se sépare à tort de l’assemblée de Dieu, n’est pas dans le cas de l’instruire quand elle est réunie. Cela n’empêche pas, personnellement en dehors de la réunion. Je reconnais ainsi son don comme membre du corps, mais lui renie cette position si, quand le corps est réuni, dans la mesure où cela peut se réaliser, il ne veut pas y prendre place.
Je ne trouve aucune difficulté en 1 Tim.1 v.13. Premièrement, ce passage n’affaiblit pas une foule de déclarations, voire même de préceptes, relatifs à l’exercice des dons, qui font de cet exercice un devoir pour celui qui possède le don. Ensuite, Timothée n’était nullement un ministre local, ce qu’on appelle un ministre établi ; il accompagnait l’apôtre, ou le remplaçait en des services exigeant quelqu’un qui fût pénétré de l’esprit de l’apôtre, et pleinement informé de ses voies. La prophétie, paraît-il, avait désigné Timothée (1 Tim.1 v.18) ; Paul lui avait imposé les mains (2 Tim.1 v.6) ; ensuite, le corps des anciens lui avait imposé les siennes, pour le recommander à la grâce de Dieu ; l’apôtre lui rappelle, comme motif, toutes ces choses, la prophétie par laquelle Dieu l’avait désigné, et la sanction des anciens qui, en ayant eu connaissance, l’ont ainsi recommandé à Dieu. Ainsi Paul lui-même avait été désigné par la prophétie, et ceux qui étaient les prophètes à Antioche lui avaient imposé les mains, afin de le recommander à la grâce de Dieu pour l’œuvre à laquelle il avait été appelé : telle est l’expression de la parole. Mais Timothée n’a jamais été un ministre établi sur un troupeau. Je crois pour ma part qu’il peut y avoir (et il y en a) des personnes consacrées à l’œuvre et qui exercent leur ministère régulièrement s’appliquant constamment à l’œuvre. Si quelqu’un était désigné par la prophétie pour cette tâche, je ne ferais aucune objection à l’imposition des mains des anciens, s’il y en a. Il est probable, si l’Esprit agissait de la sorte, que les anciens ne tarderaient pas à se retrouver. Je ne ferais même aucune difficulté à ce que, dans la pratique, les frères anciens le fissent – abstraction faite du clergé et de l’établissement des ministres qui est l’œuvre de l’ennemi. Je ne vois rien qui empêcherait de recommander un ouvrier à la grâce de Dieu, en lui imposant les mains en vue d’une œuvre particulière à laquelle il serait appelé. Cela pourrait se répéter chaque fois qu’il devrait entreprendre une œuvre nouvelle ; mais on en a fait une consécration pour arrêter la libre action du Saint-Esprit. Dès lors, c’est une abomination et de la rébellion contre Dieu.
Je ne suis nullement d’accord avec le Messager au sujet de 2 Cor.5 v.3, mais c’est une affaire d’interprétation, de sorte que cela ne me trouble pas. D’après ce que vous dites, l’auteur n’a pas compris le passage ; voilà tout. La force du passage est pour moi très claire. Le mot xxxx (mot en grec dans le texte) met en relief une condition, et le mot xxx y ajoute de la force : nous jouirons de ce dont nous avons parlé – pourvu que, bien entendu, nous supposions que, dans ce cas même où nous sommes revêtus [du corps], nous ne soyons pas trouvés nus [à l’égard du Christ], car dans ce dernier cas, ce serait tout autre chose que la gloire.
Dans ce pays, l’œuvre du Seigneur se poursuit d’une manière remarquable. A Dublin, le nombre des frères a beaucoup augmenté ; il y a un certain nombre d’aimables jeunes hommes, vivants et heureux, quelques-uns louent des chambres pour prêcher dans les mauvais quartiers de la ville (il y a 300’000 habitants), et il y a des conversions continuelles. Avant-hier soir, cinq auditeurs, sur une vingtaine, ont reçu la paix. Je tiens des réunions, souvent deux fois par jour ; une quantité de personnes, des messieurs et des dames aussi, sont profondément attentives ; des gens nobles et riches se convertissent à la campagne, et quittent souvent le nationalisme. Il y a un mouvement remarquable de l’Esprit de Dieu. Cela se fait en dehors des frères; mais partout les principes sur lesquels les frères ont insisté se reproduisent, et pour les grandes réunions où les âmes se convertissent, tout a été organisé sous sa forme actuelle par des frères, au moins par des personnes imbues de leurs principes, un peu trop relâchées pour être admises parmi nous, mais qui suivent en quelque mesure les mêmes principes tout en allant partout. Les livres des frères aussi sont lus. On s’aperçoit bien qu’il y a moins de ce qui est sûr et solide ; mais l’énergie de la vérité pénètre néanmoins et se fait jour.
Que Dieu nous garde près de lui, cher frère, heureux que Christ soit prêché partout, et fermes dans les principes et dans la marche que Christ enseigne, la parole de la patience. Il faut savoir être petit, et il en vaut la peine ; mais lui est toujours grand.
Saluez D. et tous les frères.
Votre tout affectionné.

J N Darby – Dans ce Désert aride, et sans Chemin tracé,

Dans ce désert aride
Et sans chemin tracé,
Mon modèle et mon guide,
Mon Sauveur a passé.
Par lui je viens au Père ;
Il est tout mon bonheur ;
Aussi rien sur la terre
N’a d’attrait pour mon cœur.

oasisCantique française écrite par M John Nelson Darby (1800-81)
Version anglaise cliquez ici

Dans ce désert aride
Et sans chemin tracé,
Mon modèle et mon guide,
Mon Sauveur a passé.
Par lui je viens au Père ;
Il est tout mon bonheur ;
Aussi rien sur la terre
N’a d’attrait pour mon cœur.

Sur lui ma foi repose.
Puis-je le suivre en vain,
Ou perdre quelque chose,
Quand lui-même est mon gain ?
Si les biens de la vie
Prétendent m’arrêter,
Sa puissance infinie
Me les fait rejeter.

Heureux, l’âme affranchie,
Avançant vers le ciel,
Déjà je m’associe
Au cantique éternel.
Douleurs, fatigue ou peine,
N’ébranlent point ma foi.
L’épreuve est toute pleine
De fruits bénis pour moi.

Dans ce trajet d’une heure
Où je suis engagé,
Si je gémis et pleure,
Suis-je découragé ?
Non, ta grâce parfaite
Est mon constant recours ;
Ton bâton, ta houlette,
Me consolent toujours.

Ô Jésus, pain de vie
Que je goûte ici-bas,
Ta vertu fortifie
Mon âme à chaque pas.
Pour t’être enfin semblable,
Bientôt je te verrai
Dans ta gloire ineffable,
Et je t’adorerai !

Pourquoi je ne pourrais pas être Baptiste. – Baptême des Croyants – Baptême des Enfants – Baptême de la Maison

Dans l’état de confusion où se trouve l’Eglise, et dans l’oubli même qu’il y en ait une, il est tout naturel qu’on agisse en pareil cas d’après ses convictions individuelles. Mais lorsqu’il s’agit de détruire l’unité de l’Eglise, la question est plus sérieuse. Les Baptistes sont une secte, et c’est assez dire, à mon avis, pour ne pas en être. Si un frère croit devoir être baptisé, je n’ai jamais même cherché à l’en détourner, bien que, s’il a déjà été baptisé, je crois qu’il se trompe dans sa manière de voir. Mais, s’il croit que c’est selon la Parole, il fait très bien, selon moi, de le faire. Seulement qu’il ne rompe pas l’unité du corps.

Lettre de J N Darby sur le Baptême

J N Darby
John Nelson Darby

La lettre suivante écrit en français, tirée du Messager Evangélique (lettre n ° 431), par John Nelson Darby, expose sa position sur le baptême, en particulier le baptême des croyants, pratiqué par les baptistes et d’autres chrétiens évangéliques.  En raison de la confusion qui règne autour de cet important sujet, il convient également de publier ma traduction (légèrement modifiée) ici.  Voici la version originale.

 

Montpellier 1851

A Monsieur L. F.

L’état de l’église

Dans l’état de confusion où se trouve l’Eglise, et dans l’oubli même qu’il y en ait une, il est tout naturel qu’on agisse en pareil cas d’après ses convictions individuelles. Mais lorsqu’il s’agit de détruire l’unité de l’Eglise, la question est plus sérieuse. Les Baptistes sont une secte, et c’est assez dire, à mon avis, pour ne pas en être. Si un frère croit devoir être baptisé, je n’ai jamais même cherché à l’en détourner, bien que, s’il a déjà été baptisé, je crois qu’il se trompe dans sa manière de voir. Mais, s’il croit que c’est selon la Parole, il fait très bien, selon moi, de le faire. Seulement qu’il ne rompe pas l’unité du corps.

 

Les baptistes citent: «Ainsi il nous est convenable d’accompli toute justice.»

Ayant dit cela, je vous donnerai quelques principes généraux sur ce sujet. Les raisonnements des baptistes sont si loin de me convaincre (j’ai lu le traité laissé à Montpellier par M. Devine, qui ne dit rien d’autre que ce que j’avais déjà lu souvent) que je trouve dans ces raisonnements, sans qu’ils s’en doutent, le renversement des principes fondamentaux du christianisme, et une ignorance complète de ce qu’est le baptême chrétien. Ils parlent du baptême de Jean, et de ce que le Seigneur a dit : “Ainsi il nous est convenable d’accompli toute justice” (Matthieu 3:15) Réfléchissez-y. Est-ce que le chrétien accomplit la justice en satisfaisant à ce qu’exigent des ordonnances ? Est-ce là un principe chrétien, ou le renversement du christianisme ? De plus, le baptême de Jean est absolument nul pour les chrétiens; c’était un baptême pour les Juifs seuls, baptême qui supposait l’entrée, par la repentance, dans ces privilèges du royaume, et ne supposait nullement la mort et la résurrection de Christ, mais exactement le contraire. Ce baptême n’avait pas non plus lieu en Son nom, ni en rapport avec les vérités annoncées dans l’Evangile. Par conséquent, ceux qui avaient  le baptême de Jean étaient plus tard baptisés au nom du Seigneur, comme s’ils n’eussent encore reçu aucun baptême. (voir Actes 19:4-5). On vient donc m’engager à me faire baptiser comme obéissant à une ordonnance, pour accomplir la justice (principe qui renverse le christianisme dans ses fondements), et d’un baptême qui est l’exclusion de la mort et de la résurrection de Christ (seul vrai sens du baptême chrétien). Or, historiquement, ce baptême appartient d’une telle manière à un système qui précédait le christianisme que l’on baptisait celui qui l’avait reçu aussi bien qu’un Juif ou un païen. La mort et la résurrection de Christ forment la base d’une nouvelle création à laquelle le baptême de Jean ne se rapportait nullement. Lorsque j’entends de pareils arguments, ils ne font donc que me convaincre que ceux qui les emploient (tout en étant très sincères), ne comprennent pas les premiers éléments du sujet qu’ils traitent, et, sans le vouloir ni le savoir, renversent les fondements de la vérité chrétienne.

Mais il y a encore d’autres points qui me font rejeter le système baptiste : c’est que je nie leur principe d’obéissance à une ordonnance et en particulier à l’ordonnance (disent-ils) du baptême. Le baptême est un privilège accordé et l’acte est celui de là personne qui baptise, non de celle qui est baptisée. Je nie qu’il y ait une telle pensée dans la Parole que l’obéissance au baptême, ou qu’il y ait un commandement adressé aux hommes, d’accomplir l’acte de se faire baptiser.

 

Le Baptême est envisagé comme un Privilège

Premièrement, je nie que l’idée d’obéissance à une ordonnance appartienne au système chrétien. Je reconnais que Christ a établi le baptême et la Cène; mais l’obéissance à des ordonnances est ce qui a été détruit, comme principe, à la croix. (voir Col.2:14; Eph2:15). Lorsqu’il s’agit de la Cène, “faites ceci en mémoire de moi” est une direction à l’égard du but du symbole. Toutes les fois qu’on en mangerait, on devait le faire dans ce but. Ce n’est pas un commandement pour le faire, mais une direction pour le faire avec intelligence lorsqu’on le ferait.

Pour le baptême en particulier, le commandement donné est d’aller baptiser, c’est-à-dire que cet acte était l’acte des apôtres en recevant les Gentils dans l’Eglise. Et ceci est si vrai que les apôtres n’ont pas pu être baptisés, mais ont fait baptiser ceux qui recevaient leur doctrine.

En examinant les cas présentés, je trouve que le baptême est envisagé comme un privilège accordé à quelqu’un que l’on admet dans la maison de Dieu, et n’est jamais un acte d’obéissance, ni de témoignage. “Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau”, dit l’apôtre “pour que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu l’Esprit saint comme nous-mêmes ?“(Actes 10:47) “Qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé ?” (Actes 8:36) dit l’eunuque. Evidemment, dans ce cas, il ne s’agit pas d’obéissance, mais d’un privilège accordé, d’une admission aux privilèges dont d’autres jouissaient. Je ferai remarquer en passant que, bien qu’il soit clair qu’un adulte, païen ou juif, a dû croire pour être baptisé, les mots : “si tu crois de tout ton cœur, cela est permis(Actes 8:37) sont rejetés, comme étrangers à la Parole par toutes les personnes qui se sont occupées de l’authenticité du texte. Les apôtres ont reçu l’ordre du Seigneur pour baptiser.

J’ajoute que l’idée des baptistes que le baptême est le signe de ce que nous sommes est aussi contraire à la Parole, car il est dit : “Vous êtes ensevelis avec Lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités.” (Colossiens 2:12). Cela n’est donc pas basé sur la supposition que nous sommes déjà morts et ressuscité. Au contraire : en figure nous mourons et nous ressuscitons dans le baptême même, c’est-à-dire qu’il signifie que nous ne l’étions pas auparavant. C’est le signe de la chose par laquelle nous entrons, et non pas le signe de notre état à nous.

Je rejette entièrement tout le système baptiste, parce que je reçois les enseignements de la parole de Dieu. Je suis parfaitement convaincu qu’il est faux dans toutes ses parties. Il y a un ordre de baptiser donné aux apôtres, mais le baptême n’est pas le sujet d’un commandement particulier pour celui qui est baptisé. La différence est du tout au tout dans le caractère de l’acte. Si je donne l’ordre à mon agent d’affaires de remettre cent francs à telle personne, ou si je confère une lettre de bourgeoisie à quelqu’un, c’est tout autre chose qu’obéissance de la part de celui qui les reçoit.

 

Le baptême est la réception d’une personne au milieu de l’Assemblée chrétienne

Cependant rejeter ce qui et faux n’est pas tout ce qu’on a à faire. Il s’agit de connaître la vérité pour pouvoir glorifier Dieu; mais la question est devenue beaucoup plus simple. Le baptême est la réception d’une personne au milieu de l’Assemblée chrétienne ici-bas, dans ce monde. Je ne crois pas que celui qui lit le Nouveau Testament sans prévention pourrait le nier. Qui donc alors doit être reçu dans cette Assemblée, le baptême étant reconnu être le moyen de les recevoir (car je suis d’accord sur ce point avec les baptistes)? J’accepte bien que, à l’égard des hommes faits, païens ou Juifs, en un mot à l’égard de ceux qui n’ont jamais été reçus (car ce serait aussi le cas d’un quaker ou de l’enfant d’un baptiste) ce sont ceux qui croient qui doivent être baptisés, car on ne peut recevoir un adulte (qui doit agir selon sa responsabilité à lui) que sur sa propre responsabilité. C’est tout simple, à moins qu’on ne le pousse à la rivière, l’épée dans les reins, comme fit Charlemagne à l’égard des Saxons.

Mais la question qui reste est celle-ci ! Est-ce que les enfants de parents chrétiens doivent être reçus au sein de l’Assemblée ?

Il faut ici que je dise un mot à l’égard de l’Assemblée même, parce que je crois que ce qui fait naître les difficultés, c’est l’ignorance de ce qu’est l’Assemblée de Dieu sur la terre. Je dis l’Assemblée et non les assemblées. Les baptisés devenaient, par le baptême, membres de l’Assemblée chrétienne sur la terre, non d’une assemblée. Or cette Assemblée est la maison de Dieu où demeure le Saint Esprit. Le monde est le désert où règne Satan. L’Assemblée est “l’habitation de Dieu par l’Esprit” (Éphésiens 2:22)  . Dans cette Assemblée on est admis par le baptême, et il est si vrai qu’elle est l’habitation de l’Esprit que le chap.VI des Hébreux suppose que l’on peut être rendu participant du Saint Esprit sans être converti. Dans ce cas, celui qui avait l’Esprit ainsi, n’était pas réellement du corps de Christ, mais il possédait le Saint Esprit dans le sens d’un don, étant dans la maison où l’Esprit demeurait et agissait. Ainsi Ananias et Sapphira ont menti au Saint Esprit. Dans ce cas-ci, c’était de la présence qu’il s’agissait, non d’un don, mais la chose est la même pour le point qui nous occupe. Or il s’agit de savoir si les enfants des chrétiens peuvent être reçus dans cette maison, ou si l’on devait les laisser dans le monde où règne Satan. Il ne s’agit pas de commandement; je nie tout commandement pour une ordonnance et en particulier pour le baptême. Il n’y en a pas pour un adulte. Il s’agit de savoir quelle est la volonté de Dieu à l’égard de ce privilège. Or il est clair pour moi, d’après la Parole, que les enfants doivent être reçus. Il est de toute évidence que ç’aurait été un changement introduit dans le système de Dieu, de ne pas les recevoir, changement qui, du reste, n’a pas été signalé. Or voici quelques passages qui me font voir, d’une manière positive, les pensées de Dieu à cet égard. Avant de les citer je pose comme un principe reconnu, car je le crois scripturaire, que le baptême est le moyen voulu du Seigneur pour recevoir extérieurement dans l’assemblée de Dieu et que sa signification est la mort et la résurrection de Christ. Mais ici, je dois en passant, faire encore remarquer que les vues de plusieurs sur ce point sont décidément antiscripturaires. Ils supposent que les ordonnances et en particulier le baptême sont le signe de l’état où se trouve celui qui y participe. Or cette idée est opposée au témoignage de la Parole. Le baptisé participe figurément à l’acte de l’ordonnance qui n’est nullement un signe qu’il y participait avant. Ainsi, le baptême n’est pas le signe qu’un homme participe à la mort et à la résurrection de Christ. Le baptême est (en figure), la participation à ces choses par cet acte même. Le témoignage de (Colossiens 2:12) est positif à cet égard : “Vous êtes ensevelis avec lui par le baptême dans lequel vous êtes ressuscités avec lui. C’est dans l’acte que la participation a eu lieu; il n’est pas le signe d’une participation qui le précède. Il en est de même à l’égard de la Cène, on y mange (en figure) le corps rompu; on y boit le sang répandu. Ce n’est pas une figure qu’on l’a déjà fait. Ce même principe se trouve en Rom.VI, 4; d’autres passages le confirment.

 

Baptême et Petits Enfants

Ayant mis ce principe au clair, et ayant montré que l’idée baptiste n’est pas fondée, que la Parole contredit leur idée que le baptême est le signe qu’on est déjà mort et ressuscité, tandis que la Parole enseigne que nous y mourons et ressuscitons (en figure); ayant, dis-je, tiré tout cela au clair, j’en viens aux passages qui m’autorisent à croire que les enfants des chrétiens sont les objets de cette faveur, le baptême étant le moyen de les en faire jouir.

Le chap. 18 de Matthieu est un passage frappant, montrant de quelle manière Dieu envisage les enfants. Le Seigneur a pris un petit enfant (v.2), non une personne convertie (il distingue même (v.6) un enfant qui croit, des autres) et il déclare qu’il faut devenir tel; que leurs anges voient continuellement la face de son Père qui est dans les cieux (v.10), c’est-à-dire qu’ils sont les objets de Sa faveur spéciale. Mais le témoignage est quelque chose de beaucoup plus précis que cela : Ils sont perdus; Christ est venu, est-il dit (v.11), “pour sauver ce qui était perdu“, car “ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux, qu’un seul de ces petits périsse.” (v.14). En recevant un petit enfant en son nom, je reçois Christ, et je reconnais que, tout en étant enfants, ce petit être est perdu; mais qu’il est l’objet de l’amour du Père que je connais, et qu’il n’y a pas d’autre moyen de salut, même pour un enfant, que la mort et la résurrection de Christ; et je l’introduis dans la maison par ce moyen. Le témoignage est donc plus fort, que nous sommes nés enfants de colère.

J’ai déjà montré que le baptême n’est pas un témoignage rendu à l’état de l’individu, mais l’admission de l’individu est un témoignage à la valeur de l’œuvre de Christ. Le baptiste, je le sais me dira : “Mais vous admettez un petit païen ?” La Parole me dit tout le contraire. Elle dit que si l’un des parents est chrétien, les enfants sont saints; or ils ne sont pas saints de nature; c’est une sainteté relative, c’est-à-dire un droit d’entrée dans la maison. C’est le sens de ce mot dans la Bible. Ils ne sont pas souillés, profanes. Un Juif qui épousait une femme des nations était profané, et les enfants profanes, et la femme devait être renvoyée avec eux. Mais le christianisme est un système de grâce, et la femme, au lieu de rendre son mari profane, est sanctifiée, et les enfants sont saints. Et ceci est la force propre et la portée évidente du passage, car il s’agit de savoir si un croyant devait renvoyer sa femme non convertie. Ainsi les enfants, étant saints, ont droit d’entrer dans la maison, et c’est l’avantage réel dont ils jouissent.

Parler d’enfants légitimes est un non-sens, car ce ne sont que les lois modernes qui ont fait faire cette distinction en pareil cas.

On me demandera [peut-être] pourquoi [alors], ne pas donner la Cène aux enfants ? Je réponds: parce que la lumière de la Parole m’en empêche. La Cène, envisagée sous ce point de vue, est la figure de l’unité du corps. Nous sommes tous un seul corps, en tant que nous participons tous à ce seul pain. Or c’est par un seul Esprit que nous sommes tous baptisés pour être un seul corps, c’est-à-dire qu’il faut être baptisé du Saint Esprit pour prendre la Cène.

“Enfants, obéissez à vos parents”, ne saurait se dire si les enfants n’étaient pas dedans. On n’adresse pas des préceptes à des païens. Je vois donc que Christ, qui a reçu les enfant, veut que nous les recevions en Son nom, et qu’en le faisant nous le recevions, Lui. Remarquez qu’en Matthieu 18 , le Seigneur applique la parabole de la brebis perdue aux petits enfants (c’était, à la lettre, un petit enfant qui était là). Je repousse entièrement toute consécration à Dieu en dehors du baptême. Non seulement cette pratique baptiste est une convention humaine, mais (sans le vouloir, j’en conviens), c’est prétendre pouvoir présenter les enfants à Dieu sans la mort et la résurrection de Christ. Si l’on peut les présenter à Dieu par la mort et la résurrection de Christ, ils sont les sujets du baptême : le faire autrement c’est nier le christianisme; ne pas les consacrer, c’est impossible pour un chrétien. Selon moi, le baptiste prive son enfant de la protection de la maison de Dieu et des soins de l’Esprit et le laisse dans le monde où Satan règne, au lieu (quoiqu’il soit heureusement inconséquent) de l’élever dans la discipline du Seigneur…

 

Résumé

Enfin je nie entièrement qu’il y ait un commandement d’être baptisé, comme affaire d’obéissance. Je dis que le principe est faux et que le baptême est toujours présenté dans la Parole d’une manière entièrement opposée à cette idée qui fait le fondement du système baptiste; qu’il s’agit d’une réception dans l’église, de la jouissance du privilège de l’introduction dans la maison où est l’Esprit, que citer le baptême de Jean-Baptiste, c’est l’ignorance des premiers principes du christianisme et de la nature même du baptême chrétien, et que le baptême, envisagé d’après la Parole comme étant une réception par l’Eglise, appartient aux enfants des chrétiens, selon la faveur de Dieu, et parce qu’ils sont saints. C’est le contraire de la profanation d’un juif qui avait épousé une étrangère. Les enfants sont saints comme dans le cas d’un Juif ils étaient profanes. Je répète ceci, parce qu’on cherche à employer ce mot pour affaiblir cette preuve scripturaire, tandis qu’il ne fait que rendre plus claires la vérité et la portée des passages.

Voilà un aperçu de ce qui, j’en suis parfaitement convaincu, est la véritable idée selon la Parole. Cette Parole ne laisse absolument rien du système baptiste. Cependant si quelqu’un, individuellement, pense qu’il n’a pas été baptisé, je ne le blâme pas s’il se fait baptiser, au contraire, je respecte sa conscience comme la conscience de celui qui croit devoir ne manger que des herbes. Mais si, de ce manque de lumière on fait une secte, je le condamne totalement. Or il est de toute évidence que le système baptiste est pure ignorance. Il est vraiment impossible qu’un homme puisse parler d’accomplir la justice en se faisant baptiser d’après l’exemple de Jésus avec Jean-Baptiste, s’il possède la moindre lumière sur les voies de Dieu en Christ. Il peut être sincère, mais son ignorance est très grande à l’égard de la vérité de l’Evangile.

 

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Salutations en Christ Sosthenes/Sosthène

John Nelson Darby

Qui a méprisé le jour des petites choses? – Zech 4:10

des résumés pour mes amis francophones des quelques paroles vrais que le Saint-Esprit a donné à l’Eglise de Dieu

Aux amis français

Zech 4:10
Who hath despised the day of small things

J’ai l’idée de produire des résumés pour mes amis francophones des quelques paroles vrais que le Saint-Esprit a donné à l’Eglise de Dieu. Des hommes comme John Darby ont beaucoup travaillé en France, en Suisse et au Canada, et il y a encore beaucoup de gens qui apprécient leur enseignement. Ma connaissance de votre belle langue est loin d’être parfait, mais je ferai, si le Seigneur le permet quelques tentatives, et je serai obligé de l’aide des amis qui peuvent corriger mes textes!

Salutations dans le nom de notre Sauveur!

Sosthène

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