J N Darby. Lettre No.106

CVI – 106
Londres, 1er mars 1871
A M. P.
Bien-aimé frère,

J N Darby
John Nelson Darby
Il est bien problématique que je revienne encore en Amérique. Ce n’est sûrement pas que le désir me manque, car j’aimerais beaucoup m’y rendre, surtout en vue d’un ou de deux endroits ; mais, tout en étant encore capable de beaucoup de travail, j’ai dépassé le terme assigné à la vie humaine et ne suis plus aussi capable de supporter la fatigue et les peines, comme lorsque je trottais à pied sur les montagnes de la Lozère et du Gard. Mais enfin je suis à Dieu, à un Dieu de toute grâce, heureux de lui appartenir, infiniment heureux, et ne désirant que faire sa volonté jusqu’au bout, car c’est la seule chose bonne. Que sommes-nous, sinon ses serviteurs, dans ce monde ? Bientôt les illusions passeront, il n’y a que la foi qui soit vraie et qui demeure.
Je tiens neuf réunions par semaine, ou j’y prend part, et je travaille de la tête ; je visite encore comme toujours, mais je ne sais si un voyage jusqu’en Californie serait dans les voies de Dieu. On me l’a déjà demandé, mais de prime abord, une telle mission semble exiger, pour la remplir des forces corporelles dont un homme de 70 ans passés ne peut guère disposer, réclamé comme je le suis par d’autres travaux. On me demande aussi en Italie.
Pour le moment, les peines de nos chers frères français paraissent toucher à leur fin. Nous avons fait ce que nous pouvions pour les soulager. Ceux de Paris ont souffert de la disette de vivres, mais pas autrement. Des secours se montant à 40’000 francs environ ont été envoyés du côté de Sedan où la détresse était grande, et de plus 4’000 fr. pour les besoins urgents de ceux qui ont été sur le théâtre de la guerre. La Hollande et la Suisse ont pris part de leur côté à cette libéralité. Les frères allemands ont fait ce qu’ils ont pu pour accueillir les frères prisonniers, quand ils ont pu les trouver. Deux de ces derniers travaillent paisiblement au milieu d’eux et gagnent leur vie : pour un troisième, ils sont arrivés deux heures trop tard, il venait d’être envoyé avec 2’000 autres prisonniers dans le Holstein. Ils se sont portés caution pour ces frères, auprès du gouvernement. Enfin, il y a eu un témoignage rendu (quelque faible qu’il ait pu être), que la grâce et le christianisme sont en dehors, et au-dessus des misères de ce pauvre monde. L. F. les a visités, et a reçu de bonnes lettres de quelques-uns d’entre eux qui avaient été envoyé en Bavière. Dans l’Ardèche, où les frères ont peu ou point souffert, cela les a néanmoins rendus sérieux, il en a été de même des gens du monde ; aussi les réunions ont-elles été plus fréquentées. Dans la Drôme, quelques-uns ont été entraînés par leurs compagnons de la garde sédentaire ou mobile. Dans la contrée de Montbéliard, ils sont pleins de reconnaissance envers Dieu qui les a gardés. Ils ont souffert, leur bétail a été pris, et les ouvriers ont, paraît-il, manqué d’ouvrage partout à la campagne. Nous leur envoyons des secours, soit d’ici, soit de Suisse. Je vois ce soir par les affiches que le traité de paix est déjà signé. Les choses vont vite à présent, mais on y voit d’autant plus la main de Dieu. J’espère que sous certains rapports, cela aura fait du bien aux frères, car le carnage et la ruine ont été affreux. Puis les vivres manquaient au nord de la France ; car ce qu’on avait semé a été gelé. On sème maintenant. On envoie énormément de blé et de vivres de l’Angleterre, mais c’est un rien pour un si grand pays. Le Midi n’a guère souffert, l’Ouest non plus, sauf de l’inclémence de la saison, et du manque de grain pour les semailles. Mais la paix survenant, les choses se remettront en peu de temps. Dieu toujours bon est au-dessus de tout. Je craignais pour les frères allemands, que ces événements ne leur montassent la tête, mais il paraît qu’ils étaient trop sérieux et qu’ils les ont plutôt tournés vers le Seigneur.
Je craignais d’autre part pour nos frères français, que ces choses ne les aigrissent et qu’ils pensassent plus à la France qu’au Seigneur. J’espère toutefois qu’elles tourneront à leur bien. Nous avons constamment prié pour eux. Savez-vous bien que ce qui arrive même à la confédération des nations de l’Occident ? Dans mon esprit, ces événements renvoient plutôt la venue du Seigneur quant à la terre. Je voyais tout cela en bloc, pour ainsi dire ; maintenant que les choses commencent à se développer, les événements se détachent l’un de l’autre, seulement il me semble que cela demandera du temps. Mais qui peut le dire ? Cela ne touche nullement notre attente. Il n’y a pas d’événements entre nous et le ciel. Que nos cœurs y soient ! …
En somme, je ne crois pas que ce fléau de la guerre ait fait spirituellement beaucoup de mal aux frères. Dans la Drôme, il y avait déjà peu de vie. Je laisse la question de porter les armes des deux côtés ; cela a troublé bien des frères, et je le comprends. Quelle horreur ! pour ne rien dire du principe, de voir des frères s’entre-tuer. Au reste, je ne crois pas qu’un seul frère ait été tué d’un côté ou de l’autre. Le fils d’un frère allemand l’a été ; on espérait qu’il était sérieux. On m’a écrit de France : X., si je ne me trompe, a encouragé les frères à porter les armes. B. doit être, ou a été jugé pour s’y être refusé. Dieu fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l’aiment. Quel Dieu miséricordieux que notre Dieu !
Paix vous soit, cher frère. Saluez affectueusement tous les frères. Ici, les frères vont bien, et l’œuvre s’étend continuellement, mais au dehors tout dégringole. En Allemagne, l’œuvre s’étend aussi.
Votre toujours affectionné.

J N Darby – Lettre No.105

Elberfeld, novembre 1869
A M. P.

J N Darby
John Nelson Darby
Bien-aimé frère,
Vous serez heureux d’avoir des nouvelles du midi de la France où j’ai passé quelques semaines, mais où j’ai travaillé un peu au-delà de mes forces. Je pensais venir ici premièrement, où je m’occupe de traduction, ou plutôt de corrections, car j’ai refusé de traduire, la chose étant au-dessus de mes forces. Les frères qui devaient m’aider n’étant pas prêts, je suis parti de Londres pour Genève et pour le Vigan où l’on désirait beaucoup des conférences. J’ai visité Genève, Aigle, Lausanne, St-Aubin, La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel, Ste-Croix, Gilly, Le Brassus ; Genève pour la conférence, puis Morges et Lausanne ; après, la France, Lyon, St-Etienne, Annonay, avec une courte mais bonne conférence à Valence, deux Jours ; à Montpellier, un jour de repos ; puis la conférence au Vigan, St-André, St-Hippolyte (où ceux de Lassalle et autres sont venus un dimanche), ensuite St-Jean, Nîmes, Montpellier, Genève, la Suisse allemande, Berne, Zofingue, Zurich, avec une conférence allemande : puis Andelfingen, Schaffhouse, Stuttgart, où nous avons eu une conférence allemande pour le Wurtemberg ; enfin Elberfeld.
J’ai un peu souffert de fatigue, et du voyage, mais enfin j’ai vu les frères dans les endroits où je ne les avais pas vus depuis longtemps, et soit à Valence, soit au Vigan, ils sont venus de tous les côtés de la France, du Doubs, etc. A Genève, les conférences ont été très bonnes, pleines de bonne harmonie et sérieuses. Par-dessus tout, on s’est occupé de ce que c’est que d’être mort au péché ; on a désiré reprendre ce sujet, même au Vigan ; nous en avons parlé à Valence.
Je suis allé un jour à Vergèze ; les frères de ces quartiers étaient occupés aux vendanges pendant la conférence. Il y a passablement de jeunes frères intéressants, et en certains endroits l’œuvre progresse. Dans les montagnes, on va bien, mais on a besoin de soins pastoraux et d’enseignement ; car, en général, on en est un peu aux éléments. Dans la plaine, il y a peu de progrès : le commerce du vin fait du mal, toutefois on se maintient.
Le réunion à Montpellier a gagné, à mon avis, mais de tous les côtés le besoin d’ouvriers consacrés à l’œuvre se fait sentir.
En Suisse, l’œuvre se renouvelle ; les anciens frères s’étaient un peu affaissés, mais il y a une jeune génération qui rend la vie et le ressort spirituel à l’ensemble.
Dans la Vallée de Joux il y a du bien, et dans la Suisse allemande, l’œuvre s’est beaucoup étendue. Mais en général, il faudrait un nouveau feu, un nouveau dévouement, à part quelques endroits. En somme, j’ai été encouragé.
Il y a d’autres endroits en France où l’œuvre s’étend un peu.
En Italie, les portes s’ouvrent ; B. s’y est rendu. Il demande, ainsi que les autres ouvriers, que je m’y rende.
En Allemagne, l’œuvre s’est étendue et élargie.
Voilà, cher frère, un résumé qui vous donnera quelque idée de ce qui se passe, et de ce qui se fait ; je ne puis être que court dans une lettre, mais je sais que cela vous intéressera. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour vous écrire, vous pouvez le croire. En ce moment, nous avons une conférence à Elberfel, dont je jouis. Notre travail de correction peut être utile, mais ici la Parole entre directement en contact avec les âmes des frères, et plus particulièrement avec celles des ouvriers. Et c’est là ce que nous avons à chercher. Notre travail sur l’Ancien Testament a le même but, mais ce n’est pas proprement s’occuper des âmes. Toutefois, je crois que c’est Sa volonté que je fasse ce travail, et sa volonté est toujours bonne. Je suis heureux d’être le serviteur des frères pour l’amour du Seigneur et pour sa gloire.
J’ai de très bonnes nouvelles de New-York ; M. est un frère anglais y sont ; ils ont une chambre pour les traités, etc. L’on se réunit comme de coutume, et l’Esprit agit dans les âmes ; leur état a bien changé. Nous trouverons toujours ici le combat, mais la foi nous élève au-dessus de tout. J’ai eu confiance que cette œuvre de l’ennemi tournerait au bien par la grâce du Seigneur ; et on est heureux, quand on a eu confiance dans le Seigneur, quand la chair, le cœur humain même, n’y trouvait pas son compte, mais qu’on comptait sur lui, heureux de n’être rien pour son service. On n’est rien, nous le savons bien, mais être content de n’être rien, c’est autre chose, et cela, quand l’œuvre à laquelle on tient, et qui était selon Dieu, est gâtée. Mais Dieu est toujours bon, toujours fidèle.
Je ne sais si votre œuvre est terminée à l’ouest. Ce serait dommage que vous fussiez allé si loin sans achever ce pour quoi Dieu vous a amené là, mais quand je vois tous les besoins de la France, je pense naturellement aux ouvriers français qui n’y sont pas. Ah ! s’il y avait plus de dévouement, les ouvriers ne manqueraient pas, au moins comme cela a lieu à présent. J’espère que quelques-uns l’ont senti dans nos conférences. Mais un seul peut donner et ouvriers et dévouement. Qu’il le fasse dans sa bonté !
J’ai un peu la pensée de me rendre en Amérique l’été prochain, mais je laisse la chose à Dieu, ne sachant ni si je pourrai trouver assez de temps, ni si j’aurai assez de force. Enfin la chose est entre ses mains. Tenez-vous près de lui, cher frère, c’est là notre force et notre bonheur, et la grâce du Seigneur nous suffit ; seulement, par la grâce, tenons-nous près de lui, cherchons sa force.
Saluez cordialement les frères. Je me suis beaucoup réjoui d’entendre que cela allait mieux à Sugar Creek ; Dieu en soit béni. Je me souviens de tous les frères dans l’Illinois, avec beaucoup d’affection.
Que Dieu soit richement avec vous.
Votre bien affectionné frère.
Le Seigneur est notre tout maintenant par la foi, bientôt il le sera dans la perfection, et sera révélé pleinement. Qu’il soit votre tout, et toujours davantage celui de tous les siens, – oui, leur tout !
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J N Darby – French Letter No. 105 – Work in France and Switzerland

Elberfeld – November 1869

To Mr P
Beloved Brother,

J N Darby
John Nelson Darby
You will be happy to have news of the South of France where I have spent several weeks, but where I have worked a little beyond my strength. I had thought of coming here first, where I am occupied with translation, or more exactly corrections, for I have refused to translate, the thing being beyond my powers. The brothers who have to help me not being ready, I left London for Geneva, Aigle, Lausanne, St-Aubin, La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel, Ste-Croix, Gilly, Le Brassus; Geneva for the conference, then Morges and Lausanne; afterwards France, Lyon, St-Etienne, Annonay, with a short but good conference in Valence for two days; to Montpéllier, a rest day; then the conference in Vigan, St-André, St-Hippolyte (where those from Lassalle and others came on Sunday), next St-Jean, Nîmes, Montpéllier, Geneva, German Switzerland, Berne, Zofingue, Zurich, with a German conference: then Andelfingen, Schaffhousen, Stuttgart, where we have had a German conference for Würtemberg; and finally Elberfeld.

I have suffered a bit from fatigue, and from the journey, but at last I have seen the brethren in the places which I had not seen for a long time, and whether at Valence or Vigan, they came from all parts of France, the Doubs, etc. At Geneva, the conferences have been very good, full of good harmony and serious. Through all, one is occupied with what it is to be dead to sin; one has desired to have more time on this subject, even at Vigan; we have spoken of it in Valence.

I went for one day to Vergèze ; the brethren in these quarters were occupied with the grape harvest during the conference. There are quite a lot of interested young brothers, and in certain places the work progresses. In the mountains, they go on well, but they need shepherding and teaching; for in general they are a bit elementary. In the plain, there is a bit of progress; the wine trade does poorly, but they keep going.

The meeting in Montpéllier has gained, in my view, but on all sides the need is felt of workers dedicated to the work.

In Switzerland, the work renews itself; the old brothers were a bit down, but there is a younger generation which brings life and spiritual spring in the meeting. In the Vallée de Joux , things are good, and in German Switzerland, the work is greatly extended. But in general, a new fire is needed, a new devotion, on the part of some places. In summary, I have been encouraged.

There are other places in France where the work expands a bit.

In Italy, doors open; B has gone there. He asks as other workers that I go there.

In Germany, the work is extended and enlarged.

There, dear brother, is a summary that will give you some idea of what is going on, and of what is being done; I can only be short in a letter but I know that this will interest you. I do not have a lot of time to write, you can believe. At this time, we have a conference in Elberfeld, which I am enjoying.

Our correcting work may be useful, but here the Word enters directly in contact with the brethren’s souls, and more particularly with those of the workers. It is there that we have to look. Our work on the Old Testament has the same object, but it is not properly concerned with souls. However, I believe that it is His will that I do this work, and His will is always good. I am happy to be the brethren’s servant for the love of the Lord and for His glory.

I have very good news of New York; M and an English brother are there; they have a tract depot. They meet there as usual, and the Spirit acts in souls; their state has changed for the good. We will always find conflict here, but faith lifts us above all. I have confidence that this work of the enemy will turn to good by the Lord’s grace; and one is happy when one has confidence in the Lord, when the flesh, the human heart even, would not find its trust, but one counts on Him, happy to be nothing for His service. One is nothing, we know it well, but to be content to be nothing is another thing, and this, when the work to which one holds is what is according to God, is grace. But God is always good, always faithful.

I do not know if your work is finished in the West. It would be damaging if you should have gone so far without finishing what God brought you there for, but when I see all the needs of France, I think of course of the French workers who are not there. Ah! if there was more devotion, the workers would not be lacking, at least as it is currently. I hope that someone will have felt it in our conferences. But One alone can give both workers and devotion. May He do it in His goodness!
I have thought a little of going to America next summer, but I leave the thing to God, not knowing if I should be able to find enough time, or if should have enough strength. In the end, the thing is in His hands. Keep near to Him, dear brother, it is our strength and our happiness, and the Lord’s grace suffices us; only, by grace, let us keep near to Him, seeking His power.
Cordially greet the brethren. I am very glad to hear that things go better in Sugar Creek : may God bless them. I remember all the brethren in Illinois with much affection.

May God be richly with you

Your very affectionate brother

 

 

The Lord is our all now by faith, soon He will be in perfection, and will be fully revealed. May He be your all, and ever more so to all His own – yea, their all!

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013
Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

J N Darby – French Letter No. 104 – Work in the West Indies

                                                                                                                   Barbados – 1869

To Mr P

Beloved Brother,

… The work does not go badly here. Save Jamaica, a large and beautiful island, and Demerara[1], a colony of which the territory is as large as Great Britain, they are little islands dotted in the sea.

God has blessed our brother S here: there is a meeting where piety prevails with hunger and thirst for the truth. I have never seen a more attentive congregation, and while our meeting place may be meaner, the listeners are not lacking there. Demerara has more than one meeting. The desire to hear grew there during my visit; there was good there; while being a bit drowsy, they go on however rather well; and now new souls are added. Our visit of course encouraged these brethren. In Demerara, they are 350, principally coloured people; in Barbados, fifty with more whites, and more white in appearance. As to the population in Demerara (a prosperous colony) it is striking; it is a mixture of Chinese, Hindus, etc, of all sorts of races; they go almost naked. Marriage, though there is progress, was the exception; the greater proportion of the brothers support illegitimate children; and although the brethren, it goes without saying, make these unions a matter of discipline, difficulties arise. A son of a family brings a girl into the home, and in society conscience is void in this respect. They were firm at the beginning about these cases also, and it gets better, but these morals – the result of slavery – are terrible. In the meetings, everything is in order, but one is surrounded by it in the case of those who come there.

The date of my letter will explain to you my long delay.

Peace be with you, dear brother.  Salute all the brethren affectionately

Yours affectionately in Christ

[1] Demerara was a region in South America in what is now Guyana that was colonised by the Dutch in 1611. The British invaded and captured the area in 1796. It was located about the lower courses of the Demerara River, and its main town was Georgetown.

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013
Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

J N Darby – Lettre No. 104

Bien-aimé frère,
…L’œuvre ne va pas mal ici. Sauf la Jamaïque, grande et belle île, et Demerara, colonie dont le territoire est aussi étendu que la Grande Bretagne, ce sont de petits îlots parsemés dans la mer.
Dieu a béni ici notre frère S

La Barbade, 1869

J N Darby
John Nelson Darby

A M. P.
Bien-aimé frère,
…L’œuvre ne va pas mal ici. Sauf la Jamaïque, grande et belle île, et Demerara, colonie dont le territoire est aussi étendu que la Grande Bretagne, ce sont de petits îlots parsemés dans la mer.
Dieu a béni ici notre frère S. ; il y a une réunion où règnent la piété avec la faim et la soif de la vérité. Je n’ai jamais vu une congrégation plus attentive, et bien que notre local soit des plus mesquins, les auditeurs n’y manquent pas. Demerara a plus d’une réunion. Le désir d’entendre y augmentait pendant mon séjour ; là il y a eu du bien ; tout en étant un peu assoupis, cela ne marchait cependant pas mal ; maintenant de nouvelles âmes sont ajoutées. Notre visite a naturellement encouragé ces amis. A Demerara, ils sont 350, principalement des gens de couleur ; à la Barbade, 50 avec plus de blancs, mais plutôt blancs d’apparence. Quant à la population à Demerara (colonie prospère) elle frappe ; c’est un mélange de Chinois, d’Hindous, etc., de toutes sortes de races ; ils vont à peu près nus. Le mariage, quoiqu’il y ait progrès, était l’exception ; le plus grand nombre des frères étaient enfants illégitimes ; et bien que les frères, cela va sans dire, fassent de ces unions une affaire de discipline, des difficultés surgissent. Un fils de famille introduit une fille à la maison, et dans la société la conscience est nulle à cet égard. On a été ferme au début pour ces cas aussi, et cela va mieux, mais ces mœurs, résultat de l’esclavage, sont épouvantables. Dans les réunions tout est en ordre, mais vu les mœurs en générales, il faut beaucoup de vigilance. Des personnes vivant dans des relations illégitimes, assistent aux réunions et paraissent être converties. On dira qu’en réalité ils sont mariés, mais ils peuvent se quitter à tout moment, et cela ne manque pas, hélas ! d’arriver. Au-dedans de la réunion, le mal n’existe pas, mais on en est entouré, dans le cas de ceux qui la fréquentent.
La date de ma lettre vous expliquera mes longs délais.
Paix vous soit, cher frère. Saluez affectueusement tous les frères.
Votre affectionné en Christ.
P. S. Je pense, Dieu aidant, partir pour l’Europe vers la fin du mois d’avril.

J N Darby – Lettre No 103

New-York, 1868

A M. P.

J N Darby
John Nelson Darby

Bien-aimé frère,

Heureux de recevoir de vos nouvelles. Grâces à Dieu, elles sont bonnes en général de France et de Suisse. En France, l’œuvre chemine avec bénédiction ; et en Suisse, dans un endroit que j’ai visité à mon dernier voyage dans ce pays, endroit faible, et où l’ennemi avait fait des ravages, il paraît que le Seigneur, dans sa grâce, ranime et attire les âmes. Le frère X. est très utile dans le canton de Vaud. Que notre Dieu le garde et le tienne près de lui. Il n’en reste pas moins qu’il y a partout disette d’ouvriers.

Pauvre E. est très bas, je le sais. Il y a bien des années qu’il n’a pas voulu écouter la voix de Dieu ; il avait toujours la pensée d’être M. le ministre, et il est tombé dans le piège. Il faut le laisser faire et ne pas s’occuper de son opposition. C’est la puissance du bien de la part de Dieu qu’il faut chercher ; et s’il en est ainsi, les plaignants restent à sec sur le rivage.

Quant aux questions qu’on a soulevées sur les souffrances de Christ, j’ai trouvé dans ce sujet la plus profonde édification pour mon cœur. Je ne doute nullement qu’il n’y ait dans mes écrits, sur ce point et sur tous les points, la faiblesse et les inexactitudes d’un homme qui n’écrit pas sous l’inspiration divine ; mais plus je lis ce que j’ai écrit, plus je suis convaincu que mes adversaires ont perdu la plus précieuse vérité à l’égard du Sauveur, et qu’ils sont tombés dans de très graves erreurs. Toutes ces discussions ont été en grande bénédiction pour les frères en Angleterre. Je ne crois pas que Béthesda ait un principe quelconque, sinon de réussir. Ils sont en relation avec tout le monde, et ne s’inquiètent ni de l’unité du corps, ni de la fidélité au Seigneur. M. X. se vante d’avoir des indépendants, des méthodistes et je ne sais quels autres, pour enseigner les orphelins. Lui, et ceux de son bord, étaient en communion à Bristol, dans une grande conférence, avec des personnes qui enseignent des erreurs abominables ; cela leur est indifférent ! Ici, en Amérique, leurs agents et alliés sont en pleine communion avec ceux qui nient l’immortalité de l’âme et les doctrines qui en découlent ; ils me l’ont avoué, et ont ajouté qu’ils voulaient l’être. Voilà ce qui est en vogue ici. D’après ce qu’on m’a dit, Béthesda s’est tout à fait mondanisé ; mais ne vous en occupez pas. Vous trouverez toujours que la marche de ceux qui soutiennent ce parti, suffit pour juger de chaque cas particulier, sauf qu’ils manquent de droiture. L’unité du corps et la solidarité de l’Eglise, dans sa marche, sont niées par tous ceux qui ont exprimé leurs vues sur ce point, soit à Béthesda, soit par les neutres. Au reste, le grand but de M. Newton était de détruire la doctrine de l’Eglise, et Béthesda est tout simplement une église dissidente qui se croit meilleure que les autres, mais accepte la position de la dissidence et ses rapports avec le monde chrétien. Avant la rupture, M. C. examinait les candidats au ministère d’entre les dissidents, et on avait des jours de prières à l’occasion de leur consécration. M. M. a dit que, pendant 20 ans, sous l’influence des frères, il s’était séparé par orgueil du monde religieux, mais qu’il avait cessé de le faire et y était rentré.

Je continue mon travail ici ; c’est une œuvre de patience. Le monde règne en maître, avec l’argent et les plaisirs ; beaucoup de chrétiens, membres d’églises dites “à la discipline,” fréquentent les théâtres ; mais je suis en relation avec beaucoup d’âmes qui cherchent quelque chose de meilleur, plusieurs ont trouvé la paix, – chose, on peut le dire, inconnue ici, – plusieurs reçoivent la venue du Seigneur, et plusieurs sont exercés à l’égard de leur position dans ces corps organisés par les hommes, qu’on appelle “église”. Les frères aussi, qui avaient été en relation avec ceux qui nient l’immortalité de l’âme, sont délivrés, et marchent avec nous. Nous sommes à peu près une trentaine, heureux ensemble, mais éparpillés dans une ville ou plutôt sur un espace beaucoup plus grand que Paris, car ce sont deux ou trois villes qui entourent le havre de New-York.

Je crois que Dieu établit un témoignage, tout faible qu’il soit, ici à Boston, la vérité pénètre, mais il faut de la patience. Le Seigneur en a bien eu avec nous ; il a même pu dire (ce qui ne devrait pas être le cas maintenant) : “J’ai travaillé en vain” ; mais je suis encouragé. Les âmes qui recherchent la vérité et le dévouement à notre précieux Seigneur (ce à quoi je tiens autant qu’à la connaissance), sont attirées ; je les laisse cheminer comme Dieu les conduit, sans les pousser d’aucune manière à se lier davantage avec nous ; mais les liens fraternels se fortifient, et la vérité pénètre.

A Boston, il y a peut-être extérieurement plus de portes ouvertes ; mais comme les âmes qui ont des besoins se rapprochent toujours davantage, je ne pense pas quitter New-York en ce moment. J’ai passé un mois à Boston.

…Voilà, cher frère, ce qui concerne l’œuvre. Pour moi, le Seigneur et la Parole sont mon tout ici-bas, et ils ne sont qu’un, dans un certain sens. Je sens toujours davantage que le Saint-Esprit seul peut opérer du bien ici-bas, mais je comprends toujours mieux que le “chez-soi est dans les cieux”. La Parole m’est toujours plus claire, plus précieuse ; je sens que notre position, quelques faibles que nous soyons, est celle du témoignage de Dieu, mais tout en jouissant beaucoup de la Parole, je sais aussi que nous ne connaissons « qu’en partie ». Ce que le Saint-Esprit nous donne, nous le possédons de la part de Dieu, et nous avons à y marcher ; c’est notre tout. La sagesse de Dieu lui-même s’y trouve ; cela se coordonne nécessairement avec ce que nous ne connaissons pas ; nous sentons par cette ignorance, notre entière dépendance de Dieu, mais le fait que nous apprenons de lui inspire de la confiance. Suivre la Parole, voilà notre affaire : nous jouirons ainsi de la présence du Seigneur. Encore très peu de temps, et nous le verrons.

Saluez avec affection tous les frères. Que Dieu vous bénisse et vous garde.

Votre toujours affectionné frère.

J N Darby – French Letter No. 103 – Continuing the Work

I am happy to receive your news. Thank God, it is good in general as to France and Switzerland. In France, the work proceeds with blessing; and in Switzerland, in a place that I have visited on my last visit to the country, a weak place where the enemy had made ravages, it seemed that the Lord, in His grace, revives and draws souls. Brother X is very useful in the canton of Vaud. May our God keep him and hold him near to him. The fact remains that there is shortage of workers everywhere.

New York – 1868

To Mr P

Beloved Brother,

J N Darby
John Nelson Darby

I am happy to receive your news. Thank God, it is good in general as to France and Switzerland. In France, the work proceeds with blessing; and in Switzerland, in a place that I have visited on my last visit to the country, a weak place where the enemy had made ravages, it seemed that the Lord, in His grace, revives and draws souls. Brother X is very useful in the canton of Vaud. May our God keep him and hold him near to him. The fact remains that there is shortage of workers everywhere.

Poor E is very low I know. Many years ago he did not want to listen to the voice of God; he always had thought of being Mr Minister, and he fell into a trap. We must let him be and not be occupied with his opposition. It is the power of good on God’s part which must be sought; and the way it is, the complainants remain broken on the shore.

As to the questions which have been raised about the sufferings of Christ, I have found in this subject the most profound edification for my heart. I do not doubt that there have been in my writings, on this point and on every point, the weakness and inexactitudes of a man who is not writing under divine inspiration; but the more I read what I have written, the more I am convinced that my adversaries have lost the most precious truth as to the Saviour, and that they are fallen into very great errors. All these discussions have been a great blessing for the brethren in England. I do not think that Bethesda has any principle whatever, other than to succeed. They are in touch with everybody, and get worried neither about the unity of the body, nor of faithfulness to the Lord. Mr X brags of having the independents, the Methodists and I do not know what others, to teach the orphans. He, and those on his side, were in fellowship in Bristol, in a big conference, with people who taught abominable errors; this is indifferent to them! Here in America, their agents and allies are in full fellowship with those who deny the immortality of the soul and the doctrines which flow from it; they have avowed this to me, and have added that that is what they wanted. This is what is in fashion here. According to what they said to me, Bethesda is completely worldly; but do not occupy yourself with that. You will always find that the walk of those who support this party is enough to judge each case in particular, except that they lack uprightness. The unity of the body and the solidarity of the church, in its walk, are disclaimed by all those who expressed their views on this point, either in Bethesda, or by the neutrals. Besides, Mr Newton’s great end was to destroy the doctrine of the church, and Bethesda is just a dissident church which believes itself better than the others, but accepts the position of dissidence and their relations with the Christian world. Before the rupture, Mr C examined the candidates for ministry of the dissidents, and they had days of prayer on the occasion of their consecration. Mr M[1] said that, during twenty years, under the influence of the brethren, he had separated by pride from the religious world, but that he had stopped doing so and returned there.

I continue my work here; it is a work of patience. The world is master, with money and pleasures; many Christians, members of churches said to be ‘disciplined’, frequent the theatres; but I am in touch with a lot of souls who seek something better. Several people found peace – a thing, one can say, unknown here – some people accept the coming of the Lord, and several are exercised regarding their position in these bodies organised by men, which they call ‘church’.

The brethren also who had been in touch with those who deny the immortality of soul are delivered, and walk with us. We are a little around thirty, a happy meeting, but scattered in a city covering a bigger area than Paris, because there are really two or three cities which encircle New York harbour.

I think that God establishes a testimony, very weak though it is, here in Boston, the truth penetrates, but patience is needed. The Lord definitely had it with us; He even could say (may it not be the case now): “I have laboured in vain”[2]; but I am encouraged. Souls who seek the truth and devotion to our precious Lord (which I hold to as much as knowledge), are attracted; I leave them to walk as God leads them, without encouraging them at all to link themselves thus with us; but fraternal links get stronger, and the truth penetrates.

In Boston, there are perhaps more opened doors outwardly; but as more souls with needs always come, I am not thinking of leaving New York at the moment. I spent a month in Boston.

… There dear brother, is what concerns the work. For me, the Lord and the Word are my all down here, and they are but one, in a certain sense. I sense even more that only the Holy Spirit can work good down here, but I understand even better that ‘one’s home is in heaven’. The Word is always clearer, more precious to me; I have a feeling that our position, however weak we are, is that of the testimony of God, but while enjoying the Word a lot, I also know that we know “in part”[3]. What the Holy Spirit gives us we possess on God’s part, and we have to walk there, this is our all. The wisdom of God Himself is found there, it coordinates necessarily with what we do not know; we feel by this ignorance our whole dependency on God, but the fact that we learn of Him inspires trust. Follow the Word, here is our business: so we shall enjoy the presence of the Lord. Yet a very short time, and we shall see Him.

Salute all the brethren with affection. May God bless you and keep you.

Ever your affectionate brother

[1] presumably Mr C and Mr M are Henry Craik and George Müller, who oversaw the meeting at Bethesda chapel.

[2] Isa 49: 4

[3] 1 Cor 13: 9

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013
Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

J N Darby – Lettre No. 102

J N Darby
John Nelson Darby

New-York, 1867

A M. P.

Bien-aimé frère,

…Quant à la Suisse, je parlais de besoins généraux. Il n’y a que trois frères entièrement à l’œuvre, qui font tout ce qu’ils peuvent, en outre divers frères, chacun dans sa localité. Autrement, cela ne va pas mal. Le long de la Broye il y avait eu des dissentiments ; de tout temps on y était maladif ; mais ce qui était fidèle est devenu plus solide qu’auparavant. Il n’en est pas moins vrai qu’on a grandement besoin d’ouvriers. Je n’ai pas vu la brochure de M. G. ; il l’a envoyée à Londres et m’en a averti, mais ce genre de littérature ne me suit pas ici.

Quant à Béthesda, l’affaire est très simple. Quant M. Newton a enseigné ses blasphèmes, et qu’on lui a bâti une chapelle, Béthesda a reçu les personnes qui en faisaient partie, même les personnes qui retenaient ses doctrines, puis a usé de toute sorte de procédés frauduleux pour cacher le fait, mais a préféré voir sortir de son sein une quarantaine de frères fidèles, plutôt que de ne pas recevoir ces personnes : c’était un parti pris.

Mais le principe va plus loin et l’on en voit les effets partout. En Amérique, il s’agit de l’immortalité de l’âme ; les neutres, comme on les appelle en Angleterre, qui viennent ici, se joignent sans difficulté aux réunions qui nient l’immortalités de l’âme, et au fond par conséquent la valeur de l’expiation. Ils disent : “ce sont des chrétiens” ; et cela leur suffit. Une personne payée par Béthesda, dans le Canada, défendait ouvertement les doctrines de M. Newton, et quelques-uns ici les propagent. Ils ne sont pas de Béthesda, mais marchent dans ses voies et l’approuvent. La question est celle-ci : Est-ce que la vérité est nécessaire aussi bien que la grâce ? L’un d’entre eux, homme actif de ce côté de l’Atlantique, et qui est venu du milieu des neutres de l’Angleterre, m’a dit : Qu’est-ce que la vérité ? Il n’y a pas de vérité certaine qu’on puisse exiger des autres. Il était en pleine communion avec ceux qui niaient l’immortalité de l’âme et qui propageaient cette doctrine, tout en disant qu’il ne partageait pas leurs vues ; – puis il est allé se présenter à Toronto, aux frères, comme un de mes amis, car ce système est partout la ruine de l’intégrité et de la doctrine. Je crois que M. R. a traduit la brochure de M. T. « Béthesda en 1857». Pour ma part, je n’ai jamais rien publié là-dessus. Mais Béthesda est rentré dans le cercle de la mondanité chrétienne.

J’ai été dans l’Ouest, où il y a en quelques endroits du bien ; des portes se sont ouvertes parmi ceux qui parlent le français. L’œuvre fait quelques progrès et les frères commencent à se connaître les uns les autres ; mais c’est une goutte d’eau dans un lac. Cependant le témoignage est là et se propage.

Ici, à New-York, tout est enseveli dans le commerce ; les chrétiens sont tout à fait mondains, à quelques exceptions près, et ces derniers gémissent. – On approuve ouvertement les bals, les théâtres, et les membres des églises y vont habituellement ; c’est une débandade morale dont on ne se fait pas une idée. Il faut être d’une église, c’est honnête, et il ne s’agit pas plus de conversion que de quoi que ce soit. Nous avons à présent une petite réunion, composée de gens fidèles, quoique faibles ; peut-être 25 en tout, mais c’est une ressource pour ceux qui viennent, et un petit témoignage pour ceux qui cherchent, – faible et de peu de valeur, mais où l’on marche en dehors du monde. A Boston, il existe aussi ; la réunion est moins nombreuse, mais plus américaine, et si je ne me trompe, les portes un peu plus ouvertes ; du moins y a-t-il plus de relations avec les gens de l’endroit. J’en forme aussi à New-York, mais je n’y suis qu’en passage.

Au Canada, en deux ou trois endroits, il y a quelque mouvement de l’Esprit de Dieu, entre autres, parmi les Peaux-Rouges ; ils sont plus de 20 à rompre le pain. Sauf cela, on est stationnaire : mais les frères en général marchent bien. Là aussi on manque d’ouvriers. C’est le dévouement qui fait partout défaut. Pour ma part, je suis convaincu qu’il y a bien des dons cachés, qui s’exerceraient s’il y avait plus de foi. Enfin, c’est à Jésus qu’il faut regarder. Ici-bas, tout passe et tout change, nous le savons ; mais nous avons besoin de regarder à lui pour que le cœur soit affermi dans la marche : “Ce qui je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi.” Avec cela, tout est simple, et bientôt le moment viendra où la vie de la foi en Jésus, la vie de Christ en nous, sera tout ce que nous reconnaîtrons avoir été réel. Tout le reste n’aura été que « se promener en ce qui n’a que l’apparence ». Il est toujours plus clair que le Seigneur est notre tout, et bientôt, Dieu soit béni, Il sera définitivement notre tout. En attendant, c’est la foi, la foi seule qui fait marcher. Il nous encourage quelquefois ; il exerce notre patience à d’autres moments. Pour la foi, tout est clair ; puis la recherche de soi-même disparaît. Au reste, il nous nourrit et nous chérit comme un homme sa propre chair. Tenons-nous près de lui. Toutes les grandes vérités qu’il nous a enseignées me deviennent toujours plus précieuses, et sa Parole est d’un prix infini pour moi, la seule chose vraie et divine dans un monde de mensonge, si ce n’est encore la vie de Christ dans les siens, mais souvent, hélas ! bien mélangée !

Je ne pense pas rester longtemps ici. En y demeurant, j’aurais des portes ouvertes, il s’en ouvre de nouvelles, mais Dieu m’appelle ailleurs.

Paix vous soit, et communion, beaucoup de communion, avec le Seigneur.

Votre bien affectionné frère.

P.S. – J’ai de très bonnes nouvelles des frères d’Angleterre.

J N Darby – French Letter No. 102 – What Influences there are in America

As to Bethesda, the matter is very simple. As Mr Newton had taught his blasphemies and had a chapel built, Bethesda received people who made a party of it, even people who held his doctrines, then had used all sort of fraudulent procedures to hide the fact, but preferred to see about forty faithful brethren leave their company, rather than not receive these people: it was a definite party.

To Mr P

Beloved Brother,

… As to Switzerland, I spoke of general needs. There are only three brothers in the work full-time, who do what they can, and various other brothers, each in his locality. Otherwise, it does not go badly. Along la Broye[1] there had been disagreements; at all times it was unhealthy there; but what was faithful became more solid than before. It is not less true there that they greatly need workers. I did not see the booklet of Mr G; he sent it to London and informed me of it, but this type of literature does not follow me here.

As to Bethesda, the matter is very simple. As Mr Newton had taught his blasphemies and had a chapel built, Bethesda received people who made a party of it, even people who held his doctrines, then had used all sort of fraudulent procedures to hide the fact, but preferred to see about forty faithful brethren leave their company, rather than not receive these people: it was a definite party.

But the principle went much further and one sees its effects everywhere. In America, it is a matter of the immortality of the soul. The neutrals, as one calls them in England, who come here, join themselves without difficulty to the meetings which deny the immortality of the soul, and basically as a consequence the value of the atonement. They say: ‘they are Christians’, and that suffices them. A person paid by Bethesda in Canada openly defended the doctrines of Mr Newton, and some here propagate them. They are not of Bethesda, but walk in their ways and approve of them. The question is this: Is the truth necessary as well as grace? One among them, a man active on this side of the Atlantic, and who is come from the neutrals in England, has said to me: What is the truth? There is no certain truth that one can require of others. He was in full communion with those who deny the immortality of the soul and who propagated this doctrine, while saying that he did not have part in their views – now he is gone to present himself to the brethren in Toronto as one of my friends, for this system is altogether the ruin of integrity and doctrine. I believe that Mr R has translated the pamphlet of Mr T, Bethesda in 1857[2]. For my part, I have never published anything on it. But Bethesda has gone back into the circle of worldly Christendom.

I have been in the West, where there are several good places; the doors are opened among those who speak French. The work makes some progress and the brethren begin to know one another; but it is a drop of water in a lake. However, the testimony is there and propagates itself.

Here in New York, all is bound up in commerce; Christians are all become worldly, some exceptions apart, and these complain. They openly approve of balls, theatres, and the members of churches go there habitually. It is a moral stampede of which one can have no idea. You have to be a member of a church, that is respectable, and it is no longer a matter of conversion whichever one it is. We have a small meeting at present, composed of faithful people, although feeble, perhaps twenty-five in all, but it is a resource for those who come, and a testimony for those who seek – weak and of little account, but where one walks apart from the world. In Boston, a meeting also exists; less numerous, but more American, and if I do not make a mistake, the doors a little more open; at least there are more relations with people of the place. I also develop this in New York, but I am only in transit there.

In Canada, in two or three places, there is some movement of the Spirit of God, among others, among the Red Indians; there are more than twenty breaking bread. Apart from this, things are stationary, but the brethren in general go on well. There also labourers are lacking. It is devotion which makes the lack everywhere. For my part, I am convinced that there are indeed hidden gifts, which would be exercised if there were more faith. In the end, it is to Jesus that one must look. Down here, all passes and changes, we know it; but we need to look to Him so that the heart should be confirmed in its walk. “In that I now live in flesh, I live by faith of the Son of God, who has loved me and given himself for me”[3]. With this, everything is simple, and soon the moment will come when the life of faith in Jesus, the life of Christ in us, will be all that we will remember to have been real. All the rest will have been only ‘walking by what concerns appearance[4]’. It is ever clearer that the Lord is our all, and soon, thank God, He will be definitely our all. In the meantime it is faith; only faith that works. He sometimes encourages us; He exercises our patience at other times. For faith, all is clear; then looking for self disappears. Besides, He feeds us and cherishes as a man his own flesh. Let us keep near to Him. All the great truths which He has taught us become ever more precious to me, and His Word has an infinite prize to me, the only true and divine thing in a world of lies, if it is not yet the life of Christ in His own, but often – alas! – mixed indeed!

I am not thinking of staying here longer. In remaining here, I would have opened doors, they open anew, but God calls me elsewhere.

Peace be to you, and communion – much communion – with the Lord

Your very affectionate brother

PS        I have very good news of the brethren in England.

[1] One of the seven districts of the Canton of Fribourg.

[2] W Trotter: ‘Bethesda in September 1857; or, An Answer to the Question, Why do you still stand apart from Bethesda?’ – York – 17th September 1857

 

[3] Gal 2: 20

[4] 2 Cor 10: 7

J N Darby – French Letter No. 103 – The Christian work amongst the American Indians

The Indians come well; the number of brothers has grown; two or three are occupied in the work amidst their compatriots. The language is an obstacle, but one sees clearly that the work is of God, for there has been perhaps more progress among them than in other parts, without our being able to speak their language and without them having a Bible that is worth something.

J N Darby
John Nelson Darby

To Mr P
Very dear Brother,
I thank you from the heart for your enquiry about me. I am much better, thank God; my head is still trying: only the least brain fatigue gives me a headache. I had too much work, and was a bit careless about my body; for an inflammatory attack found me without strength. For two days, I thought I would succumb, but God has decided otherwise in His designs of grace. Once the fever passed, I have had to feed myself better than I had. I have been able to take part in the conference in Guelph which has been blessed more than ordinarily; we have even had quite a few new places in the east of the United States; some set free as to their position, one or two only as to their souls …
The Indians come well; the number of brothers has grown; two or three are occupied in the work amidst their compatriots. The language is an obstacle, but one sees clearly that the work is of God, for there has been perhaps more progress among them than in other parts, without our being able to speak their language and without them having a Bible that is worth something. They have a translation, but so bad that one does not use it. Twenty-six among them now break bread. The work is interesting in New York and Boston, but exercises patience. At any rate, a fairly large number of souls have found peace, and the truth spreads itself… A meeting has been started in more than one place; it is a part of the fruit of the influence of the conference in Guelph, which as I have said has been blessed for souls.

Thus the truth spreads itself in the United States, but the power of assembly is still small among the American-born. The so-called churches are a great obstacle; it is held there that it is not a matter of Christians; the majority of members are not so, and those who are come to the theatre and all the rest, as a general rule; a person who is not part of a church is only supposed to be openly unbelieving, or they want to live without restraint outside the respectable party of society. But God is over all this, and already they realise that we want something more decided as to their walk, and not an unregulated life. God acts, and it is necessary to wait for Him. I think that the testimony has been planted and takes root. The brethren have taken measures to have depots for tracts and books …
In general, thank God, I have good news of France, Switzerland, England, Ireland, and Scotland too which has hitherto been firmly closed. The brethren are well, their number growing rapidly; I fear a little the influence of a number of young women in Ireland (some however very devoted) and young men even in relation with worldly families, At any rate, the blessing is evident, as well as the needs of many souls. The Lord suffices for all the difficulties; what could we do without that? The Word is always very precious to me – the truth.

I hope that the coming of the Lord keeps all its power in your heart – may you wait for it. Salute all the brethren.

Yours very affectionately

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013
Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

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