Londres, 14 septembre 1881
A M. P.
Bien cher frère,
Je n’ai pas besoin de vous dire que je suis bien réjoui des nouvelles que vous me donnez d’Orthez, endroit où j’ai travaillé dans le temps, mais qui a été passablement délaissé depuis longtemps. C’était le champ de presque les premiers travaux et triomphes du cher B., et c’est là qu’a été le commencement du réveil en France.
Quant à moi, cher frère, Dieu m’a conduit tout près des portes de la mort, assez près pour en faire un peu l’expérience de ce qu’elle était, mais pas comme jugement. C’était la dissolution de mon être qui se faisait sentir ; mais l’expérience m’a été utile ; aucune nouvelle vérité ne m’était nécessaire, mais le salut, la grâce, Christ lui-même et son amour, l’amour du Père, tout cela devenait beaucoup plus sensible, beaucoup plus réel, un grand gain pour moi. Probablement, je n’aurai plus la force physique pour travailler comme je l’ai fait dans le temps, mais quoique travailler soit un bonheur pour moi, j’accepte avec joie la volonté de Dieu. Au reste, déjà depuis quelque temps, je sentais que je devais mener une vie plus recueillie à Londres, puis j’ai pu être utile dans les exercices par lesquels les frères ont passé ces temps-ci, exercices solennels mais si profitables, qui ne sont pas finis, mais qui tirent à leur fin. Je travaille dans mon cabinet comme de coutume, et même j’ai assisté à quelques réunions. Une attaque de paralysie, quoique très légère, m’a un peu arrêté, mais je ne m’en ressens que dans la joue droite. Quoique mes membres n’eussent rien perdu de leur force, j’avais de la peine à me maintenir en équilibre ; à présent cela va mieux, mais il faut que je fasse attention à mes pas. Dieu continue son œuvre ; en plus d’un endroit, il y a des conversions, et l’état des frères à beaucoup gagné de toute manière.
C’est la présence de Dieu, cher frère, qui donne la force et la joie et qui nous les donnera toujours. Quelle joie de voir Christ qui nous a tant aimés, le même qui a été sur cette terre, l’ami si accessible aux siens, de le voir réellement et pour toujours. Le travail convient à ce monde, la joie à l’autre, quoique nous la goûtions comme des ruisseaux d’eau, avant d’être parvenus à la source.
Je vous remercie, cher frère, pour toute votre bonne affection. J’aurais aimé voir les frères de Pau, auxquels j’étais très attachés, ainsi qu’à ceux des environs, mais je ne crois pas que ce soit possible : nous nous rencontrerons ailleurs.
Que Dieu ranime les anciens autour de vous, et soutienne les jeunes convertis dans le bon chemin, en les tenant près de lui. Tout le reste périra et s’en ira.
Votre affectionné frère en Christ.
____________________________
Category: Letters
J N Darby – Lettre No. 124
mars 1881
A M. P.
Bien cher frère,
Le péché caché est toujours un grand mal pour une âme et pour une assemblée. Il se peut qu’une âme soit réellement humiliée, et dans ce cas il n’y a pas de profit à ébruiter le mal ; mais c’est une chose très délicate de prendre sur soi la responsabilité de juger, si celui qui a péché a été humilié. Il y a bien des choses qui ne paraissent pas, dans votre récit. Est-ce que ce jeune homme était déjà en communion quand il a commis ce péché ? Je suppose, d’après votre lettre, qu’il était converti, et si c’était avant d’être en communion, est-ce qu’il y a eu un long intervalle entre son entrée au milieu de nous et sa faute ? Il n’était pas encore marié : cela change le caractère du péché. Si l’intervalle entre le péché et sa réception a été court, il y a lieu de se demander s’il n’y avait pas chez lui de la légèreté. S’humilier, quand le fait est connu, peut être une chose sincère, et l’œuvre de Dieu, mais on a de la peine à éviter – ce que naturellement l’homme préférerait – que cela n’allât pas plus loin. S’il est réellement brisé et humilié, il vaut mieux pour la paix de tous et la gloire de Dieu, qu’on en reste là ; car le péché rendu public, tend à habituer l’esprit au péché, ce qui est un grand mal. J’espère qu’il ne se sentira plus “à la tête de l’assemblée,” mais, sans le faire remarquer, qu’il se tiendra davantage sur la réserve. Votre grande affaire est, non de le poursuivre, mais d’être tout à fait assuré qu’il est humilié ; cela se montrera dans son esprit, dans sa marche, et dans vos entretiens avec lui. Depuis combien de temps avait-il été converti lorsqu’il a commis le péché ? Etait-il, déjà alors, actif dans l’assemblée, exerçant un ministère, et a-t-il continué à le faire ? Tout ceci dit beaucoup sur l’état de son âme, et le jugement qu’il porterait sur les faits que j’énumère dirait aussi beaucoup sur son état actuel. Comme la responsabilité restait, lorsque vous m’avez écrit, sur vous et sur X., vous ferez bien d’être au clair sur ces points. Si l’affaire est réellement passée, et jugée, il n’est d’aucun profit de la ramener sur le tapis ; mais là est la question. Dieu ne panse pas à la légère la plaie de son peuple, mais, dans sa grâce souveraine, il ne se souvient plus du péché pardonné. L’intervalle fait quelque chose, mais un péché non jugé est un péché présent.
Saluez affectueusement les frères.
Votre affectionné en Christ.
J N Darby – Lettre No. 123
CXIII – 123
Londres, 16 février 1881
A M. P.
Cher frère,
En effet j’ai été malade, non pas exactement malade, mais tout à fait épuisé à la suite de trop de fatigue : deux réunions par jour, bien souvent, et des conférences locales ; puis l’effet d’une très lourde chute sur des dalles en Ecosse. Mon cœur n’allait pas et je n’avais guère de souffle; on me défendait de monter l’escalier, peut-être mon cœur se serait-il arrêté tout à fait. Je n’ai pu m’étendre dans mon lit pendant des semaines ; de plus j’ai 80 ans ! Depuis 4 ou 5 jours, je reste étendu toute la nuit ; il me fallait aussi manger une ou deux fois pendant la nuit, maintenant tout au plus une fois. J’ai de nouveau assisté deux fois à la réunion pour rompre le pain.
J’ai une nombreuse réunion de frères à l’œuvre une fois par semaine, et je ne l’ai manquée qu’une fois. Il me semble que je suis toujours mieux le lendemain. Enfin il y eut un moment où je savais plus si c’était la pensée de Dieu de me relever. Cela m’a été utile. J’étais très tranquille, et pouvais regarder la chose de près avec bonheur. La bonté et l’affection des frères ont abondé envers moi. A présent je suis beaucoup mieux, ma respiration reste encore embarrassée, mais elle est meilleure.
Saluez affectueusement les frères.
Votre affectionné frère en Christ.
J N Darby – Lettre No. 122
CXXII – 122
Malvern 12 avril 1880
A M. P.
…Paix vous soit, cher frère ; tenez-vous près du Seigneur dans la conscience que vous n’êtes rien. C’est là notre sûreté, et c’est là où nous trouvons la force et un soutien qui ne fait jamais défaut.
Votre affectionné frère.
J N Darby – Lettre No. 120

CXX – 120
Pau, mars 1879
A M. P.
Bien cher frère,
Il ne faut pas vous étonner si j’ai mis tant de temps à répondre à votre lettre, non seulement je n’ai presque pas un moment à moi, mais quelquefois ma tête n’y tient plus ; mais, grâce à Dieu, notre œuvre avance, je l’espère. La moitié de la Bible est traduite, et j’espère, avec un soin qui ne laissera que peu à désirer, non que je sois content, je me contente rarement, et il se trouve des passages qui embarrassent tout le monde, mais le lecteur ne s’en aperçoit guère.
Nous avons tous pris part à votre maladie ; vous avez aussi manqué, je le crains, de soins. Quant à moi, je rends témoignage à nos bons amis du Nivernais et du Dauphiné de ce qu’ils étaient tous, et toujours, disposés à faire tout ce qu’ils pouvaient, et tout ce que l’hospitalité la plus fraternelle pouvait suggérer ; je m’en souviens toujours avec beaucoup de reconnaissance et d’affection.
Nous avons eu ici une très bonne conférence ; les frères heureux ensemble, et j’espère pleinement que, par la grâce, les traces s’en retrouveront dans l’œuvre qui se fait autour de nous.
Dans la Charente, il y a du bien, des conversions chez les catholiques romains.
Dans la Haute -Loire aussi il y a eu de la bénédiction. En Italie, il paraît que l’œuvre est, quoique lentement, en progrès.
Il y a, en France, un mouvement assez général dans les esprits des catholiques pour entendre la Parole ; c’est une goutte d’eau, si l’on tient compte du nombre, mais cela n’existait pas du tout il y a quelques années.
Je vous écris ces choses, parce que je pense que vous aimez à avoir quelques nouvelles de ce pays. Dieu agit dans le monde. Nous avons sa Parole – quelle grâce ! – Nous avons son Esprit, quelle grâce encore ! Les arrhes d’une grâce encore meilleure, sa présence éternelle ; saints, irrépréhensibles devant lui, en amour, semblables à Christ, et avec Christ ; que pourrait-on désirer de plus ! Et il se révèle à nous maintenant ; il répand son amour dans nos cœurs. Nous avons tout, sauf la gloire elle-même, mais encore dans un vase d’argile ; seulement le voile diminue de plus en plus d’épaisseur. Bientôt il n’y aura point d’obstacle, mais les exercices d’ici-bas sont l’occasion de beaucoup de tendres sollicitudes d’amour. Lui ne manque jamais.
M. et Mme S. sont très pauvre de santé, mais Il fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l’aiment.
Paix vous soit, cher frère, et que Dieu vous conduise et vous garde.
En Europe, l’hiver a été bien rude et partout on est dans la détresse quant au temporel. Ici, les pluies, les tempêtes et les inondations. J’ai souffert du lombago et je me traîne encore un peu, mais je travaille toujours.
Saluez les frères.
Votre toujours affectionné en Jésus.
________________________________
J N Darby – Lettre No. 119
Lausanne,
A M. P.
Bien-aimé frère,
Je me réjouis de tout mon cœur et de toute manière de la bénédiction que Dieu vous accorde à M.
J’ai, grâces à Dieu de bonnes nouvelles de tous côtés des Etats-Unis. De Rome en Géorgie et de la contrée environnante, on me mande que la parole a été bénie. L. y travaille ; Lord A.C. les a visités ; il y a deux ou trois nouvelles réunions, outre Rome. En Pennsylvanie aussi, il y a eu des bénédictions et les portes sont largement ouvertes.
Moi, j’ai été principalement occupé des conférences à Londres, Elberfeld, Stuttgart, Zurich, Lausanne, etc., et j’ai trouvé le Seigneur avec moi. Et maintenant, cher frère, tout réjouis que nous soyons rien, et si heureux de n’être rien. Oh ! qu’il soit tout pour notre cœur. Notre grande affaire, c’est de retourner à Guilgal après nos victoires, au lieu où le cœur est en ordre devant Dieu. Ni le désert, ni Guilgal, ne font partie des conseils de Dieu, mais de ses voies, afin que, d’un côté, nous nous connaissions nous-mêmes, et d’un autre, que nous soyons tenus dans un état propre pour son service. Oui, tenons-nous près de lui, oubliant les choses qui sont derrière nous, et tendant avec effort aux choses qui sont devant, courant toujours, jusqu’à ce qu’il vienne nous prendre pour être là où il est, et où tout sera à sa gloire.
Que Dieu vous garde et vous bénisse. Tous les frères s’intéressent à votre travail.
Votre affectionné en Jésus.
___________________________
J N Darby – Lettre No. 118
Elberfeld, 4 mai 1878
A M. P.
Bien cher frère,
Je ne me hâterais pas de rompre le pain à X. Aussi longtemps que vous serez là, cela peut aller, mais jeunes comme ils sont dans la foi, quand vous serez éloigné, le manque d’expérience se fera sentir. Ce n’est pas comme de vieux chrétiens exercés quant à la marche. Je ne doute pas que, s’ils étaient simples, Dieu les garderait ; il est toujours fidèle, mais il faut suivre ses voies. Puis, quand même vous êtes là, rompre le pain, c’est entrer tout de suite en conflit, et bien qu’on ne doive pas éviter le témoignage pour éviter le combat, ce serait être infidèle que de faire ainsi, et être en danger de perdre la bénédiction. Toutefois, c’est quand le filet est plein et qu’on l’a tiré sur le rivage, qu’on commence à mettre les bons poissons dans des vaisseaux. Mais en ceci, Dieu vous conduira. Il faut laisser les mauvais poissons sur le rivage après tout, on n’aura jamais le monde avec soi si l’on est fidèle. Seulement Dieu a son temps pour tout. Quant à l’heure du culte, je ne crois pas que cela fasse une différence quelconque. Au commencement c’était en général le soir, à ce qu’il paraît.
Je suis bien aise que Dieu vous ait amené là où il vous a préparé la bénédiction et une porte ouverte. A l’heure qu’il est il agit partout. Nous sommes dans les derniers temps. L’incrédulité déborde, mais en même temps Dieu déploie son étendard et agit partout. Ici, en Allemagne, il y a de nombreuses conversions. Sur les frontières, et même dans l’intérieur de la Russie, il y en a aussi. Peut-être verrai-je les frères en France. Je suis ici pour une conférence, mais naturellement, en attendant, je prends part à l’œuvre et je lis la Parole avec ceux qui sont arrivés avant le jour fixé pour la réunion.
Nous avons été occupés de la différence entre la mer Rouge et le Jourdain, en rapport avec l’épître aux Romains, et celles aux Ephésiens et aux Colossiens, et la Parole s’est merveilleusement ouverte, au moins pour moi. Dans l’épître aux Romains, nous avons essentiellement l’œuvre de Dieu, en réponse aux besoins des hommes pécheurs : alors tout est grâce. Le Saint-Esprit raisonne en déduisant tout de la grâce qui produit ses conséquences jusque dans la vie et la justification. L’homme est en Christ et Christ est dans l’homme mais nous sommes ainsi morts au péché. Seulement, l’homme est envisagé comme vivant encore dans ce monde, mais se tenant pour mort quant au péché. Dans les Ephésiens, tout est une nouvelle création ; on est non seulement en Christ pour le salut, mais en lui par rapport à l’endroit où il est entré. Ce sont les conseils de Dieu, et les relations dans lesquelles nous nous trouvons selon ces conseils ; nous sommes en Christ là où il est. Christ est envisagé comme ressuscité d’entre les morts, et nous comme morts dans nos péchés, en sorte qu’il n’existait plus rien moralement, et tout est nouvelle création. La responsabilité d’un homme vivant n’est pas en question ici. Dans les Colossiens, ce n’est pas nous en Christ, mais Christ en nous. Nous sommes subjectivement rendus propres pour l’héritage, mais nous l’attendons ; nous sommes morts ressuscités, nous qui autrefois vivions dans le péché, circoncis de la vraie circoncision de Christ, morts aux éléments de ce monde, ce qui n’est pas dit dans l’épître aux Romains. Dans les Colossiens, la question reste : l’homme tiendra-t-il bon jusqu’à la fin ? parce qu’il n’est pas encore dans le ciel, c’est-à-dire dans la position décrite par l’épître. Dans l’épître aux Romains, c’est l’œuvre de Dieu, et Celui qui l’a commencée, l’achèvera. Dans les Colossiens, c’est notre vie ressuscités ici-bas ; reste à savoir si nous sommes vraiment tels. La position dans l’épître aux Romains, c’est l’effet de la mer Rouge, la délivrance par le salut de Dieu, salut parfait en soi. La position dans les Colossiens, est un peu selon celle dans laquelle Christ se trouvait après sa résurrection pendant les 40 jours ; pour nous mort, résurrection, circoncision, avec lui (2 v.11,12) ; puis de morts rendus vivants, mais les conséquences ne sont pas suivies jusque dans le ciel. Le Saint-Esprit ne se trouve pas dans cette épître (sauf 1 v.8), mais la vie plus qu’en d’autres.
Dans les Ephésiens, c’est le Saint-Esprit et le contraste de la nouvelle avec l’ancienne création.
Dans les Romains, nous devons nous donner à Dieu comme hommes vivants sur la terre ; en Colossiens, avoir, comme morts et ressuscités, nos affections fixées sur les choses célestes où Christ se trouve ; dans les Ephésiens, sortir de la présence de Dieu pour manifester ici-bas son caractère comme amour et lumière, ainsi que Christ l’a fait.
Ayant la tête fatiguée, j’indique seulement les points qui peuvent vous donner à réfléchir, car tout cela a été passablement développé ici.
Je crois que je vous ai dit que le désert ne fait pas partie des conseils de Dieu (Ex.3, 6, 15) ; mais les voies de Dieu. (Deut.8). L’histoire en est donnée jusqu’à la fin de Nombres 20, cela se lie à ce que je viens de dire des trois épîtres.
J’ai de bonnes nouvelles du Béarn ; la vie se ranime chez les frères.
Mon banquier a fait faillite et j’ai perdu à peu près 9’000 francs, mais cela va bien ; j’en ai retiré plus que je ne pensais.
Votre bien affectionné en Christ.
J N Darby – Lettre No. 117
Londres, 2 mars 1878
A M. P.
Bien cher frère,
Je bénis Dieu de tout mon cœur, de ce que ceux auxquels vous aviez été en bénédiction sont restés fermes. C’est un vrai sujet de joie, spécialement dans ces temps-ci où il y a tant de semence qui tombe sur des sols pierreux, et, je le crains bien, où la semence même n’est guère bonne. C’est le temps où nous avons à être beaucoup avec Dieu pour qu’il soigne lui-même l’œuvre, et agisse dans les âmes afin que l’œuvre soit solide. Toutefois, c’est un temps de bénédiction. Le désir d’entendre la Parole est frappant ; aussi les conversions ne manquent pas. Les institutions ecclésiastiques s’ébranlent, et il y a malaise partout, mais l’œuvre de Dieu se fait, et ce malaise fait chercher Dieu et la vérité à plusieurs. L’ébranlement de tout, tourne aussi les cœurs davantage vers la venue du Sauveur, mais l’incrédulité porte le front haut. Cependant, j’ai un peu le sentiment qu’il y a une certaine réaction dans l’esprit des gens de bien, mais cette incrédulité ouverte envahit tous les pays.
J’ai examiné les prétentions de ses promoteurs, je les trouve fondées sur un marécage sans fond de doutes. Les deux points capitaux sont la négation de l’inspiration, et soit l’annihilation, soit une recrudescence de l’universalisme, l’annihilation étant le jeu de l’esprit de l’homme qui ne se soumet pas à la parole de Dieu. Cela se reproduit de manière à captiver les esprits légers et fainéants et les femmes, gens disposés à s’amuser et à se soustraire à l’autorité de la parole de Dieu, ou bien à paraître aimables envers ceux qui s’opposent formellement. L’universalisme est au fond la question de l’estimation que nous faisons du péché, et par conséquent de la rédemption et de ce qu’il a coûté au Seigneur d’en faire l’abolition par le sacrifice de lui-même ; de cette manière, le christianisme tout entier s’en va, la responsabilité dans son vrai caractère, la repentance, l’expiation. Une bête, toute intelligente qu’elle soit, n’a pas besoin d’expiation, n’a pas une nature qui haïsse le Seigneur. L’universalisme, comme l’annihilation, détruit également le christianisme et la conviction du mal du péché dans l’âme. La chose importante pour nous, cher frère, c’est que nous soyons plus avec le Seigneur qu’avec l’œuvre ; alors l’œuvre part de lui dans l’âme et elle est pour lui. Ne soyons pas effrayés par le progrès du mal, Lui est au-dessus de tout, il l’a été dans son humiliation ; il l’est maintenant qu’il est glorifié ; seulement il exerce nos âmes par les difficultés que nous avons à traverser. Je tiens beaucoup à voir les âmes exercées devant le Seigneur. Il se peut qu’on ne marche pas mal, mais l’âme n’est pas exercée devant lui, il y a quelque chose de superficiel ; on est toujours en danger, on n’est pas à même de résister aux tentations qui peuvent surgir, on connaît peu le Sauveur ; on dépend peu d’une manière pratique de lui. Je dis toujours : il y a trois hommes en moi ; Christ au fond, autrement je ne suis pas chrétien, puis une marche extérieure où il n’y a rien à me reprocher ; mais entre les deux choses, qu’est-ce qui m’occupe toute la journée intérieurement, c’est-à-dire là où sont mes motifs, mes pensées ? Est-ce que mon cœur est un chemin battu, foulé par tous les allants et venants, voire même par les folies de mon propre cœur ? C’est là qu’on trouve l’état réel du chrétien. Oh ! que nous soyons occupés de Christ ! Qu’il demeure dans nos cœurs par la foi, et que, dans nos entretiens avec les autres, cela coule de source. Ainsi aussi nous sommes fondés et enracinés dans l’amour. On est heureux soi-même, il y a communion les uns avec les autres ; une assemblée même s’en ressent, on y trouve la patience, le support ; le cœur en toutes choses s’en réfère à Christ ; on pense en amour les uns aux autres, puis on s’exhorte les uns les autres à l’amour et aux bonnes œuvres.
Souvenez-vous, cher frère, qu’il y a une œuvre de connaissance de soi-même absolument nécessaire pour le repos de l’âme ; une œuvre où il ne s’agit pas de la rédemption, bien que les choses s’entremêlent souvent dans l’expérience ; mais, en supposant que la rédemption soit connue, toujours faut-il qu’on se connaisse soi-même, et tout en montrant, comme dans le cas du brigand, que le sang de Christ nous a rendus propres pour l’héritage des saints dans la lumière, en général Dieu nous fait passer par le désert pour nous humilier, nous éprouver, nous faire savoir ce qu’il y a dans nos cœurs. Si la rédemption n’est pas clairement réalisée, ce travail se mêle avec la pensée de l’acceptation ; si elle est réalisée, c’est un sondage pénible du cœur, afin que tout soit tiré au clair. Si l’on est toujours manifesté à Dieu, comme on le sera devant le tribunal de Christ, alors l’atmosphère de l’âme est claire, et l’air serein, sans nuage. Sa faveur est meilleure que la vie. Il se peut que Dieu nous châtie le long du chemin si, lorsque nous manquons, nous ne nous sommes pas jugés nous-mêmes. Quelquefois on voit une âme profondément travaillée au lit de mort, quand Satan s’approche pour la tourmenter, en lui faisant repasser toute une vie, dont les motifs n’ont pas été jugés, mais il s’agit ici des voies de Dieu, non de son propos arrêté. (Voyez Ex.3, 6, 15). Ce dernier comprend la rédemption et la gloire comme Christ et avec Christ, selon sa grâce souveraine, à la fin du désert. Il n’a pas vu d’iniquité en Jacob, ni de perversité en Israël. Mais Moïse n’a rien vu d’autre. Il s’agit de se juger, d’être constamment manifesté à Dieu, de marcher dans sa présence, d’en avoir la conscience, ce qui tient notre conscience en éveil.
…Saluez les frères affectueusement de ma part.
Votre affectionné en Jésus.
___________________________
J N Darby – French Letter No. 130 – Concern for a Bereaved Family

London – 2nd July 1862
To Mr B
Beloved Brother
I was happy to have your news. Before seeing Mr B, I had thought I read in your letter that it had been you who had lost a child; for I had one of my eye attacks, and I had only been able to cast an eye over it. I see now that it was a child of your sister-in-law. May the Lord console her.
As to N, what can I say? All this is so sad. For me, the more I go on, the more importance I attach to the judgment of the assembly, but I am profoundly saddened for X. I also think of his children: I believe that God is visiting him for his rigidity, and because his will is not broken. He even boasts about never bending, and then God is forced to say to him: Well, I will bend you. Otherwise, he breaks us; but this gives me sorrow, for he has been blessed, devoted, and has suffered for the Lord. But God desires that we should submit. There is only His grace; will is worth nothing, we are worth nothing. We have to recognise that all is grace; if we submit ourselves to His grace, God is full of goodness. He does not take pleasure in disciplining us; far from it, he spares us a thousand times and blesses us.
I am happy to learn, dear brother, that you have more courage. Have it, for this courage proves confidence in Jesus. He will never let you down. His power is perfected in weakness[38].
I am very happy to know that the Rs are better. Greet them much on my behalf; greet all the brethren too. I had some hope of visiting the South, but my bad eye takes rather a long time. I have before me now the voyage across the Atlantic, to visit the brethren in Canada. If I do not go there (for I depend humanly speaking on a brother E who has worked there), it could well be that I will see you again this year in France; if I go to Canada, I think that we will leave some time this month. It is a long voyage for me at my age, but it is for the Lord’s service, so that I feel encouraged; I am under His wings. I would surely love to see the dear brethren in France again; I do not know if, or when God will accord me this joy. May He keep them until the day of Christ! May He keep them in devotion, in humility and in the joy of His communion. My soul is much linked to theirs, my desires for their eternal happiness. All the rest only passes away. May He bless you too, dear brother. If God prospers me in my journey and I have time to see the brethren, I am thinking of coming back from Canada this year. There is much to do here and in Ireland, and thanks be to God, blessing in many places.
Your affectionate brother in Jesus
[38] See 2 Cor. 12: 9
J N Darby – French Letter No. 129 – Encouraging a Labourer

Elberfeld – 29th October 1861
To Mr B
Look how long it is, beloved brother, since I ought to have written to you, and I had thought of doing it; but, always travelling or in conferences, and pressed by desk work, your letter has remained among the unanswered letters. I take the pen at last, and be assured that it was not a lack of will or interest, for your letter has interested me a lot as news of the brethren always does. A stop of two or three days following a conference allows me a little time to answer you. ‘Dolce far’[29], I understand a little, but dolce farniente[30] I hardly ever get, while rest is in God and one does not fail to enjoy it. This gives us the power to work.
I have been told that you are established at V, so that your doubts as to your stay at St are over. I think however that you continue to visit G-I-P and other neighbouring villages, for there are open doors around V. Have good courage, dear brother. When God wills, we will harvest if we do not weary; and then His power is perfected in weakness[31]. Our brethren in V are quite independent, but I have always found a little affection in walking happily with them. One could wish that there would sometimes be a bit more order, but there is a good foundation. For the rest, it is Jesus who is able for all, and His grace which does all.
Who is working at St now? After all, if the meetings are happy it is the great thing. For St to begin at nine so to say is not evil. Do they still meet at G in the same place where they met in Mr L’s time?
As to your labours, dear brother, seek the Lord’s face and rely on Him. When the body is not robust, one is in danger of doing this as a chore, as an obligation, and the spirit becomes a bit legal, or even one yields to fatigue and is discouraged before God. The work is a grace which is accorded to us; be fully in peace and happy in the feeling of grace, then go and spread this grace on souls. This is true work: one can become very tired in body but sustained and happy, one rests under God’s wings; and takes up His labours until the true rest is reached. One renews one’s strength like that of eagles[32]. Always remember these words: “My grace suffices thee, for my power is perfected in weakness”[33]. May communion with God be your first concern, as the sweet relationships in which we are placed with Him. All is well when we walk thus; then one discovers and judges day by day all that hinders communion. Thus the heart is not hardened, or the conscience dulled, and one easily enjoys these communications of grace which give power. Yes, seek above all personal communion with the Lord.
As to your Italy, in effect all is quite dark, and not just Italy but the whole earth. Soon the world will no longer suffer from man’s ambition, only it will be stopped by Him who has the right to it. England, up to now so prosperous, is in difficulty like every other country. The American business tends to ruin it. In France, it is the same again; Austria, Poland, Turkey, are like the others. Here, workmen are without work; everywhere enormous preparations are made for war. How small the wisdom of man is! Why therefore? The Lord is coming and we belong to heaven. In the church, there is neither Greek nor barbarian nor Scythian[34]; we are Christ’s bondmen, sure of our Master’s victory, victory which will give peace to the whole world. In waiting, in this place where He has set us as a testimony to the real peace which God gives, may God’s love and grace which set us in an intimate relationship with heaven fill our hearts, and may we know how to bring to agitated and suffering souls the tranquillity and peace which nothing in this world can destroy. We are not of the world, as Jesus was not of the world[35]. Our life comes down from heaven and goes up there to its source. Keep there, dear brother. It is possible that we will have tribulation in the world, but be of good courage, he has overcome the world[36].
May God in His goodness keep all the brethren in this spirit, so that at least someone in the midst of this world of trouble and worry for such a great number knows to wear peace in their countenances, because it reigns in their hearts. All that happens, happens by the hand of God; not a sparrow falls to the earth with Him. He forgets nothing; nothing escapes Him. Then the Lord will come. Oh may the children of God think of that! I believe that this truth has more practical power in the hearts of the brethren in England. May God be blessed. Conversions are still numerous; meetings grow a lot, and new ones are formed. There is a little more devotion, and I believe a good spirit and unity. There are meetings which are ten times more numerous than last year, others twice, and although there was more activity than now and for some, the danger of being caught up in the current of revival, I believe that the brethren’s principles are dearer to them than ever. There are superficial elements in this revival more than in Ireland, but a lot of true conversions too.
Brother O is married and gone to Italy to seek the brethren; might it be possible or him to communicate with G or B if they are still there? As he has gone a bit for his health, he will not be visiting la Valais.
Greet all the brethren in V with much affection on my behalf; I am reminded of their good memory in their prayers.
Your very affectionate brother
______________
[28] most of this letter also appears in JND’s published Letters – vol 1 p317
[29] Italian for ‘pleasant work’
[30] Italian for ‘pleasant idleness’
[31] See 2 Cor 12: 9
[32] See Isa 40: 31
[33] 2 Cor 12: 9
[34] See Col 3: 11
[35] See John 17: 14
[36] John 16: 33
Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.