J N Darby – Lettre No. 129

Elberfeld, 29 octobre 1861
A M. B.
Voici bien longtemps, bien cher frère, que j’aurais dû vous écrire, et que je pensais à le faire ; mais toujours en courses, en conférences, et pressé par des travaux de cabinet, votre lettre est restée parmi les lettres non répondues. Je prends enfin la plume, et soyez assuré que ce n’était pas par manque de bon vouloir ou d’intérêt, car votre lettre m’a beaucoup intéressé comme le font toujours les nouvelles des frères. Un arrêt de deux ou trois journées à la suite d’une conférence me laisse un peu de temps pour vous répondre. “Dolce far,” je le comprends peu, mais dolce farniente ne m’arrive guère, toutefois le repos est en Dieu et on ne manque pas d’en jouir, car là on n’a rien à faire qu’à jouir. Cela nous donne aussi la force pour le travail.
On m’a dit que vous vous êtes établi au V., en sorte que vos doutes à l’égard de votre séjour à St. ont pris fin. Je pense cependant que vous continuez à visiter G.-I.-P. et d’autres villages voisins, car il y avait des portes ouvertes dans les environs du V. Ayez bon courage, cher frère. Au temps voulu de Dieu, nous moissonnerons si nous ne nous lassons pas ; et puis sa force s’accomplit dans l’infirmité. Nos frères du V. ont assez d’indépendance, mais j’ai toujours trouvé qu’avec un peu d’affection on cheminait heureusement avec eux. On pourrait souhaiter qu’il y eût parfois un peu plus d’ordre, mais il y a un bon fond. Au reste, c’est Jésus qui peut tout, et sa grâce qui fait tout.
Qui est-ce qui agit à St. maintenant ? Après tout, si les réunions sont heureuses c’est la grande affaire. Pour St., commencer à neuf pour ainsi dire n’est pas du mal. Est-ce qu’on se réunit encore à G. dans le même local où l’on se réunissait du temps de M.L. ?
Quand à vos travaux, cher frère, cherchez la face du Seigneur et appuyez-vous sur lui. Quand le corps n’est pas robuste, on est en danger de faire cela comme une tâche, comme une obligation, et l’esprit devient un peu légal, ou bien l’on cède à la fatigue et on est découragé devant Dieu. Le travail est une grâce qui nous est accordée ; soyez pleinement en paix et heureux dans le sentiment de la grâce, puis allez verser cette paix sur les âmes. Voilà le vrai travail ; on en revient peut-être bien fatigué de corps, mais soutenu et heureux ; on se repose sous les ailes de Dieu, et l’on reprend ses travaux jusqu’à ce que le vrai repos arrive. On renouvelle ses forces comme celles de l’aigle. Souvenez-vous toujours de ces mots : “Ma grâce te suffit, et ma force s’accomplit dans l’infirmité.” Que la communion avec Dieu soit votre première affaire, ainsi que les douces relations dans lesquelles nous sommes placés avec lui. Tout va bien quand on y marche ; puis on découvre et l’on juge jour par jour tout ce qui empêche la communion ; ainsi le cœur ne devient pas dur, ni la conscience émoussées, et l’on jouit facilement de ces communications de la grâce, qui donnent de la force. Oui, cherchez avant tout la communion personnelle avec le Seigneur.
Quant à votre Italie, en effet, cher frère, tout est bien sombre, et non seulement pour l’Italie, mais pour toute la terre. Bientôt le monde ne suffirait plus à l’ambition des hommes, seulement elle sera arrêtée par Celui qui en a le droit. L’Angleterre, jusqu’à présent si prospère, est dans l’embarras comme tous les autres pays. Les affaires d’Amérique tendent à la ruiner. En France, c’est encore le cas ; l’Autriche, la Pologne, la Turquie, sont comme les autres. Ici, les ouvriers sont sans ouvrage ; partout on fait d’énormes préparatifs pour la guerre. Que la sagesse de l’homme est peu de chose ! Quoi donc ? Le Seigneur va venir et nous appartenons au ciel. Dans l’Eglise, il n’y a ni Grec, ni Barbare, ni Scythe ; nous sommes les serviteurs de Christ, sûrs de la victoire de notre maître, victoire qui donnera la paix au monde entier. En attendant, dans ce lieu où il nous place comme témoins de la paix actuelle que Dieu donne, l’amour et la grâce de Dieu qui nous mettent en relation intime avec le ciel, remplissent nos cœurs, et nous savons apporter aux âmes agitées et souffrantes la tranquillité et la paix que rien dans ce monde ne peut détruire. Nous ne sommes pas du monde, comme Jésus n’était pas du monde. Notre vie descend du ciel et y remonte comme à sa source. Tenez-vous là, cher frère. Il se peut que nous ayons de la tribulation dans le monde, mais ayez bon courage, il a vaincu le monde.
Que Dieu, dans sa bonté, garde tous les frères dans cet esprit, afin qu’au moins quelques-uns, au milieu de ce monde de peines et de soucis pour un si grand nombre, sachent porter l’empreinte de la paix sur leurs visages, parce qu’elle règne dans leurs cœurs. Tout ce qui arrive, arrive par la main de Dieu ; pas un passereau ne tombe à terre sans lui ; il n’oublie rien ; rien ne lui échappe. Puis le Seigneur va venir. Oh ! que les enfants de Dieu y pensent. Je crois que cette vérité a plus de force pratique dans les cœurs de nos frères en Angleterre. Dieu en soit béni. Les conversions y sont toujours nombreuses ; les réunions augmentent beaucoup ; de nouvelles se forment ; il y a un peu plus de dévouement, et, je le crois, un bon esprit et de l’union. Il y a des réunions qui sont dix fois plus nombreuses que l’année passée, d’autres deux et, quoiqu’il y ait plus d’activité et qu’il y ait eu un moment, pour quelques-uns, le danger d’être entraînés dans le courant du réveil, je crois que les principes des frères leur sont plus chers que jamais. Il y a, dans ce réveil, des éléments superficiels plus qu’en Irlande, mais beaucoup de vraies conversions aussi.
Le frère O. qui s’est marié est allé en Italie et y cherchera les frères ; lui serait-il possible de communiquer avec G. ou B., s’ils sont encore là ? Comme il y va un peu pour sa santé, il ne visiterait pas les Vallées.
Saluez aussi tous les frères du V. avec beaucoup d’affection de ma part ; je me rappelle à leur bon souvenir dans leurs prières.
Votre bien affectionné frère.
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Author: Sosthenes

Once the ruler of the synagogue at Corinth Then a co-writer of a letter by Paul - just a brother - no longer an official Now a blogger seeking to serve the Lord by posting some words that the Lord has given His Church.

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