J N Darby – Lettre No. 134

Londres, 12 janvier 1866

A M. B.

Bien-aimé frère,

J’ai déjà écrit au frère R. de s’occuper des Etudes, de vous les envoyez pour ces deux frères, et de les mettre sur mon compte ; vous les ferez passer à ces frères, c’est un plaisir pour moi de les leur offrir. Que Dieu les bénisse dans leur œuvre.

Ne soyez pas découragé, cher frère ; maintenant que vous êtes en Italie, je vous engage beaucoup d’y rester. C’est le moment précis où la foi s’exerce, que Mme B. aussi s’encourage et prenne patience quant à la langue. Je crois qu’il vaut mieux que vous n’ayez pas un local tout de suite, et que la vérité se propage par son influence réelle. Un local aurait l’air de montrer une opposition formelle ; il se peut que le moment arrive où il en faudra un, et je suis sûr qu’il y a des frères qui aideraient à payer le loyer quand ce sera le cas, moi le premier. Mais votre place est évidente maintenant : fermeté et amour, en cherchant la présence et la bénédiction de Dieu. Il y avait un frère aux Etats-Unis qui allait quitter la ville où il demeurait en renonçant au poste qu’il avait, parce qu’il ne trouvait personne qui marchât avec lui sauf sa mère ; je lui ai dit : c’est précisément le temps de la foi. Il est resté, et maintenant il y a dans cet endroit une bonne petite réunion qui augmente. Je les ai visités l’année passée, au-delà des grands bois ; ils venaient de commencer à rompre le pain et, dans la ville, leur témoignage est très clair…

Sur la question de Béthesda, il semble que nous tendons vers la fin. Même les neutres déclarent hautement qu’ils ne voudraient pas y aller, et en général les âmes droites voient clairement le mal. En général, les réunions neutres se dissolvent. On sent que Dieu n’y est pas. Les jeunes évangélistes, en Irlande, ont rompu avec eux, ils ne sont pas au clair, mais au moins ce pas est fait. Il y a là une œuvre intéressante. Beaucoup de personnes quittent le nationalisme, plutôt à cause du mal qui s’y trouve que par une vraie intelligence de l’unité du corps de Christ, mais plusieurs ont reçu cette dernière vérité, et il y a progrès. J’y suis allé (en Irlande), et je pense y retourner. Il vous faut toujours avoir devant vous et placer devant les frères cette vérité de l’unité de l’Eglise, de la présence du Saint-Esprit et de la venue du Seigneur. Je dis :”les frères,” c’est dire que je suppose qu’ils sont fondés non seulement sur la rémission de leurs péchés, mais encore sur le précieux fait que nous sommes morts et ressuscités avec notre précieux Sauveur, et c’est là la délivrance. Nous ne sommes pas dans la chair ; non seulement le sang nous garantit, mais nous sommes sortis d’Egypte par la puissance de Dieu et la délivrance qu’il a opérée. Nous sommes en Christ. Le sang de Jésus nous a valu le pardon, nous sommes en lui. La première vérité, la rémission des péchés, a trait à ce que nous avons fait, à toutes les œuvres de la chair ; la seconde, notre mort avec Christ, nous place dans une position toute nouvelle, agréable dans le Bien-aimé. La première a trait à ce que nous avons fait, et l’efface pour toujours ; la seconde, à ce que nous étions dans la chair, et nous n’y sommes plus ; pour en jouir, il faut que le moi soit jugé : “Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’existe pas de bien.” Vous trouverez que Rom.3 v.20, jusqu’à 5 v.11, traite de la première question ; et 5 v.12, jusqu’à la fin de 8, de la seconde ; la première partie parle des péchés ; la seconde, du péché.

Saluez affectueusement les frères, bien que je ne les connaisse pas ; votre femme aussi ; qu’elle ait bon courage ; si son tour est venu de porter la croix pour l’amour du Seigneur, elle ne se repentira pas de l’avoir fait par la foi, et courageusement.

Votre affectionné frère en Christ.

J N Darby – Lettre No. 133

Edimbourg, 13 décembre 1865

A M. B.

Cher frère,

J’ai bien reçu votre lettre en son temps, mais je tenais à lire votre article avant de vous répondre, et j’étais en course tenant des réunions du matin au soir, tantôt en réunissant les frères du voisinage, tantôt en Irlande où il y a un mouvement remarquable. Quoique surchargé de travail, j’ai lu votre article. Je n’ai qu’une remarque à faire : vous donnez aux églises une importance formelle plus grande que je ne le pense. Je ne vous accuse pas d’erreur, car vous reconnaissez l’Eglise, corps de Christ, mais seulement d’une impression que votre écrit m’a laissée. Je ne reconnais pas qu’il y ait des membres d’une église, et je ne sache pas que vous le disiez ; je ne parle que d’une impression. Mais enfin, vos expressions pourraient peut-être le dire pour ceux qui sont habitués à cette idée. Ne pensez pas, cher frère, que je mentionne cela pour blâmer votre écrit, car je l’ai trouvé très bon, et je vous fais remarquer la seule chose qui se présente à mon esprit comme pouvant soulever une question. Ce sera, je l’espère, un résumé très utile pour vos compatriotes. Je pensais vous écrire encore après avoir relu la moitié de votre écrit, car j’ai un peu plus de tranquillité ici à Edimbourg, mais voici que m’arrive un petit mot de L.F., avec la lettre que vous lui avez adressée, et dont le contenu est assez important. L’union est toujours bonne en soi, mais la fidélité à Christ va avant l’union elle-même. Je vous engagerais à vous renseigner exactement au sujet de la réunion dont vous parlez, avant de vous compromettre à cet égard ; il ne s’agit pas, Dieu nous en garde, de faire des difficultés, mais il nous faut savoir si la sainteté de la table du Seigneur est réellement conservée. Je puis me réjouir d’une œuvre lorsque, en somme, il y a des âmes délivrées, quand même je ne pourrais y marcher moi-même.

Quand à Béthesda, avant de me mêler à eux, il me faudrait être bien au clair sur le fait qu’ils en ont été franchement délivrés. Jamais il ne me viendrait à la pensée d’introduire ces questions en Italie, mais elles y sont déjà. C’est ce qui m’a empêché de m’y rendre ou de m’en occuper ; il aurait été cruel d’occuper ces frères, nouvellement sortis du papisme, de ces difficultés ; il aurait été impossible de marcher avec les Newtoniens, car ceux qui agissaient en Italie étaient même plus près d’eux que de Béthesda. J’ai donc remis, avec beaucoup de prières, la chose à Dieu, et je me suis attendu à lui, car l’œuvre m’intéresse vivement. Cher frère, Béthesda avec les fruits de l’esprit qui y règne, se manifeste tous les jours davantage ; je parle de la mondanité et de la destruction de toute intégrité, de toute conscience chez ceux qui trempent dans ces choses. On a trouvé cela en Suisse, en France, en Allemagne – partout – où l’on ne pouvait dire que c’était l’esprit de parti. Ainsi, si la réunion milanaise est en communion avec Béthesda, certes je n’y irais pas. La plupart ignorent probablement tout cela, de sorte qu’ils ne sont pas personnellement souillés, mais une fois que les deux frères dont vous parlez et qui savent ces choses auront pris leur parti, ils seront nécessairement assaillis ; il importe donc que ces deux soient bien décidés : ne vous pressez pas. Ce qui est absolument nécessaire, c’est que la table du Seigneur soit garantie de cette corruption connue, et que la discipline soit suffisante. Pour moi, je me plierais à beaucoup de faiblesses et d’infirmités dans l’état où ils se trouvent, pourvu que le fond fût bon. J’entends toujours, cela va sans dire, que le principe de la réunion soit celui de l’unité du corps de Christ, autrement vous reniez la substance même de votre écrit. Vous devez comprendre, cher frère, que si, après vous en être mêlé, vous ne continuez pas et que d’autres soient obligés de quitter l’assemblée, vous voilà sous le poids d’une accusation de division. Je doute, pour ma part, que si la vérité, comme vous la possédez, y pénètre, tous la supportent ; vous avez à peser tout cela et à ne pas vous précipiter, tout en accueillant de cœur ces chers frères, et en les éclairant selon votre pouvoir. Soyez fraternel avec tous, à moins que personnellement ils ne soutiennent le mal ; alors la fidélité et même l’amour fraternel vous obligent à montrer que, pour vous, vous ne pouvez pas marcher avec le mal. N’abandonnez pas la fidélité à Christ et à la vérité pour éviter la petitesse et la patience ; notre état normal est de n’avoir que peu de force et de ne pas renier son nom et sa parole. Le Seigneur, après 3 1/2 ans de travail, n’en avait réuni que 120 (Act.1 v.15), et le serviteur n’est pas au-dessus de son maître.

On parle d’une réunion à Genève, bien qu’elle ait été renvoyée. Je suis sûr qu’on sera très heureux de les y voir. S’ils renoncent allo stipendio che produce infiniti mali, ils devront se confier en Dieu et non pas dans les frères. Toutefois, je reconnais pleinement le devoir des frères de venir en aide à ceux qui se dévouent au Seigneur. La marche est une marche de foi, parce que les riches des systèmes établis se fâchent quand on s’affranchit de leurs liens, et que leur fortune n’influe pas comme précédemment sur la marche de l’Eglise. Mais c’est précisément ce qui est nécessaire pour que l’Esprit de Dieu reprenne sa place et ses droits en elle. Que Dieu le fasse, et qu’il donne assez de foi à ces frères et à tous ceux qui sont à l’œuvre, pour que l’Esprit de Dieu agisse librement.

Dieu est bon d’agir toujours malgré les infirmités, les manquements et les péchés qui se trouvent au milieu des siens. Soyez donc cordial, cher frère ; nullement précipité ; voyez à ce qu’on soit complètement purifié de la souillure de Béthesda et qu’en principe, quand même il y aurait de la faiblesse, la sainteté de la table du Seigneur soit sauvegardée. Je ne désire pas autre chose que ce que vous annoncez comme vrai dans votre écrit ; tenez-vous y ferme avec un cœur aussi large que possible.

Je serai très heureux d’avoir de vos nouvelles et de celles de votre activité. Il y a bien des détails importants, mais il m’est impossible d’y entrer maintenant.

Saluez bien Mme B. et les frères qui sont avec vous, bien que je ne les connaisse pas.

Beaucoup d’âmes ont rompu dernièrement avec le système de Béthesda, et aussi plusieurs ouvriers en Irlande qui ne savaient pas jusqu’ici ce qui en était. Je crois que Dieu agit sous ce rapport ; je n’ose dire qu’ils seraient tous à même de garder pures les réunions qui se forment aujourd’hui en assez grand nombre en Irlande. Les frères vont bien, leur nombre augmente aussi beaucoup. Nous avons perdu pour ici-bas notre cher frère Trotter ; un autre évangéliste très connu ne peut plus travailler ; mais Dieu en a suscité quelques nouveaux – et les réunions se multiplient beaucoup.

Paix vous soit, et que notre bon Dieu, toujours fidèle et plein de grâce, vous dirige et vous soutienne. Ne soyez jamais découragé ; ne vous inquiétez de rien, mais présentez vos requêtes à Dieu ; et sa paix gardera votre cœur. Souvenez-vous que Christ est toujours fidèle et ne saurait manquer aux siens. Saluez aussi affectueusement ces deux frères évangélistes ; je désire ardemment, quoi qu’il en soit, que Dieu bénisse leur œuvre.

Votre affectionné en Christ.

J N Darby – Lettre No. 132

                                                                                                                                                1862

A M. B.

Bien cher frère,

Je viens de recevoir votre lettre. Je bénis Dieu de tout mon cœur de ce qu’il vous a fortifié de corps et d’âme. Il est toujours fidèle, toujours bon ; on peut toujours compter sur lui, quoi qu’il en soit. Son amour ne change pas ; il pense toujours à nous – chose merveilleuse, mais vraie – et compte les cheveux de nos têtes. C’est merveilleux, en effet, que le Dieu de gloire entre dans tous les détails de notre vie, et toujours en vue de notre bénédiction. “Il ne retire pas ses yeux de dessus les justes,” et toutes choses contribuent au bien de ceux qui l’aiment.

Je vous prie de saluer affectueusement Mme B. Que Dieu bénisse aussi votre petit garçon ; c’est un souci sans doute dans ce monde, mais un souci que Dieu, si nous nous confions en lui, peut prendre, et prend de fait comme une occasion à de nouvelles preuves de sa fidélité et de sa bonté. Que Dieu vous accorde à tous deux d’être fidèles et de savoir l’élever pour lui.

Pour ce qui regarde l’histoire de St., je l’envisage un peu différemment de ce qu’on m’en a dit. Notre cher frère F. m’avait raconté quelques détails de ce qui s’était passé. Je n’envisage pas la position de ces sœurs comme une excommunication. L’assemblée seule pouvait les excommunier ; mais lorsqu’elles ont dit à plusieurs qu’elles ne voulaient pas venir à l’assemblée, ils étaient libres de dire leur sentiment et celui d’autres personnes, si elles l’autorisaient à le dire. Je ne dis pas que ce fût une chose sage ou selon Dieu, mais qu’ils étaient libres d’exprimer leur sentiment comme étant leur sentiment ; si c’est la chair qui a produit ce sentiment, il est clair qu’il n’était pas selon Dieu. Mais je crois qu’il n’est pas de la compétence d’un frère ou d’une sœur de se retirer de l’assemblée et d’y revenir à sa fantaisie. L’assemblée doit avoir son mot à dire là-dessus. Il se pourrait que celui qui s’est absenté ait commis toutes sortes de péchés pendant son absence. Ainsi, quant à ceux qui se tiennent à l’écart, l’assemblée doit dire si elle peut les recevoir, comme aussi l’individu peut vouloir revenir. J’espère, je veux dire que j’ai bonne espérance, que cela aura lieu, que l’assemblée sera bénie et restaurée par la grâce ; elle le sera, soit elle marche dans l’humilité et dans un esprit de dépendance de la grâce ; si la grâce agit dans le cœur de ces sœurs, elles jugeront ce qui a été de la chair en elles. Il se peut que N., ayant eu l’habitude de beaucoup diriger, il y ait eu de lui un manque de savoir-faire spirituel.

Votre part, j’en suis sûr, est de travailler selon la grâce et de communiquer aux âmes ce que Dieu vous aura donné pour elles, tout en nourrissant votre propre âme. Au reste, c’est ce qui est de beaucoup le plus utile pour l’assemblée elle-même. Je doute que ce soit la volonté de Dieu de priver une âme de la cène, parce qu’elle est dans un mauvais état. La Parole dit que l’on s’examine et qu’on mange ; mais si je voyais une âme dans un état de conscience que le péché aurait produit et qui ne saurait pas où elle en est, je puis, me semble-t-il, imaginer le cas où je pourrais lui conseiller de s’abstenir jusqu’à ce qu’elle fût au clair. Cependant, comme règle général, on ne peut pas exclure les âmes provisoirement, et ce ne serait que dans un cas particulier que je pourrais même donner ce conseil. Les soins pastoraux sont le remède qu’il faut à une âme en mauvais état, et non pas une exclusion temporaire. Ces soins manquent parfois un peu parmi les frères, et l’on recourt plutôt à des expédients. Je pense que les étrangers étaient des personnes qui n’étaient pas de la localité, principalement des frères, et en particulier des ouvriers du Seigneur (peut-être d’autres aussi), envers lesquels l’assemblée exerçait l’hospitalité. Diotrèphe ne le voulait pas. Vous pouvez voir que la seconde épître de Jean avertit la dame élue de ne pas recevoir ceux qui n’apportaient pas la saine doctrine à l’égard de la personne de Christ ; la troisième encourage Gaïus dans son hospitalité. Je pense que ce sont en général des chrétiens (tout en approuvant l’hospitalité en général, comp. Héb.13 v.2 ) à cause de ce qui suit. Le “qui ont rendu témoignage,” du v.6, s’applique au v.5 en général – (quelques-uns lisent : les frères et même ceux [d’entre eux] qui viennent du dehors) ; les v.7 et 8 montrent qu’il avait principalement en vue les ouvriers, car ainsi ils coopéraient avec la vérité. Diotrèphe ne voulait pas les recevoir désirant avoir l’assemblée à lui, et rompre le lien avec l’apôtre et tous les frères.

Quant au mot gentils – votre Diodati lie les mots : “sont sortis” avec “d’entre les gentils.” Il traduit ainsi : “Ils sont sortis d’entre les gentils pour son nom, sans rien recevoir.”

Cette interprétation n’est pas reçue de beaucoup de monde, cependant il y a des noms très respectables qui l’acceptent. Je pense que Jean, comme Pierre, s’attachait encore beaucoup au berceau judaïque du christianisme. C’est ainsi qu’en 1 Jean 2 v.2, il dit : “Il est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier.” Paul lui-même parle très souvent, comme en Gal.3, Eph.2, où “nous” se rapporte aux Juifs, “vous” aux gentils, “nous” de nouveau aux chrétiens. – Je pense qu’il s’agit plutôt des gentils croyants que des incrédules, mais il se peut bien que ces hommes ne voulussent rien recevoir de leurs parents. Les apôtres considéraient les Juifs (même incrédules) comme frères, non dans le sens chrétien, mais national ; Paul parlait ainsi dans ses discours. Les gentils n’étaient que des gentils, et il se peut bien que ce Diotrèphe ne voulût pas recevoir des ouvriers d’entre eux. Ces ouvriers devaient être reçus, et c’était un titre auprès des chrétiens de race juive, qu’ils n’avaient rien voulu recevoir des gentils, leurs parents incrédules ou autres.

Adieu, bien-aimé frère, que notre bon et fidèle Père, plein d’amour, soit avec vous, vous encourage et vous soutienne près de lui. Dans la jouissance de l’amour de Jésus, on est toujours bien, toujours encouragé.

Saluez affectueusement les frères partout où vous allez. – Que ceux de St., cultivent la paix, soient tranquilles, et cherchent par-dessus tout à croître dans la grâce de Jésus.

Votre bien affectionné frère.

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J N Darby – Lettre No. 131

Bristol, 27 juillet 1862

A M. B.

Bien cher frère,

Vous vous trompez si vous pensez que je vous considère comme un fainéant. Jamais une idée pareille ne m’est venue à l’esprit. J’ai quelquefois pensé que vous manquiez de courage. Je ne doute pas que le jugement que vous portez sur vous-même ne soit exact. Quant à G., j’ignore les détails de ce qui s’y est passé. M. K., qui m’a visité l’autre jour, m’en a raconté quelques-uns. Toute cette histoire m’a été profondément pénible, pour la famille, mais aussi pour celui qui a causé le scandale. Il a été dévoué ; il a souffert autrefois pour le Seigneur. Ce devrait être un poids sur tous les esprits que la pensée qu’il en est là. Je n’ai aucune idée en ce moment de ce qui a amené la catastrophe, comment l’enquête s’est faite, comment l’affaire est revenue sur le tapis. Mais, quels que soient les instruments, il faut regarder plus haut. Si la main de Dieu est sur nous, c’est sa main, en amour sans doute, mais sa main. Je ne crois pas que le mal qu’on a jugé dans ce pauvre frère, soit la seule chose qui ait forcé Dieu à placer son ouvrier sous la férule, car il a été son ouvrier. Son caractère inflexible a rendu la discipline nécessaire, au moins à ce qu’il me semble. Dieu n’aurait jamais permis le mal, mais il aurait pu amener son cœur à fléchir et à se repentir, sans le mettre en scène devant tout le monde, ainsi qu’il l’a fait. Combien de chrétiens en chute il a ménagés et traités avec une douceur dont l’homme, peut-être, aurait dit qu’ils ne la méritaient pas, et qu’eux-mêmes ont dit et senti ne pas mériter, car il n’aime pas à nous blesser et à nous briser. Pourquoi ce pauvre X, a-t-il été traîné en public pour ses fautes ? Il se peut que tel ou tel en ait été l’instrument, et que d’autres aient été aigris contre lui ; mais c’est Dieu qui tient tous les cœurs dans ses mains. Ce que j’espère, c’est que Dieu, dans sa grâce, Dieu qui agit toujours en amour, agira par ces moyens, quelque douloureux qu’ils soient, pour amener ce frère à la douceur, pour l’engager à se juger, à s’humilier devant Dieu ; alors, certes, Dieu le bénira, et je le désire de tout mon cœur. Il se peut que Dieu ait jugé nécessaire de traiter durement ce mal, de peur qu’il ne s’enracinât ; quoiqu’il en soit, il nous faut regarder à ses voies.

Je n’ai porté aucun jugement sur votre déménagement ; là où la sagesse de l’homme fait défaut, Dieu nous conduit et dirige les affaires de sa chère Eglise à travers nos faiblesses et même par le moyen de nos faiblesses, si notre cœur est droit. J’espère que vous serez béni à V., et je ne vous blâme aucunement de ce que vous donniez des leçons.

Je désire de tout mon cœur que Dieu pousse des ouvriers dans sa moisson ; mais personne ne peut dépasser son don, et ce qu’il fait au-delà ne peut qu’être nuisible à lui-même et peut-être à tous. Oui, je demande que Dieu suscite des ouvriers ; qu’il y ait de la foi, du dévouement ; je le demande de tout mon cœur, mais je ne prétends pas même avoir une opinion sur tous les cas qui surgissent. Je m’intéresse profondément à l’œuvre, vous pouvez bien le croire ; par conséquent, l’activité des ouvriers me touche de près, mais je crois que notre Dieu tient la haute main sur tout, et ma confiance est dans sa bonté et dans sa fidélité. Naturellement, quand on s’intéresse beaucoup à une chose, on pense à tout ce qui arrive. On m’accuse de trop de laisser aller, mais il me semble que je me fie à Dieu, car l’œuvre est à lui. Si je puis être utile dans cette œuvre, c’est une grâce qu’il me confère, mais je vois que, souvent, quand on veut trop gouverner et diriger, c’est la foi en Dieu qui manque.

Quant à mon voyage au Canada, des affaires de famille ont arrêté le frère qui connaît le pays et qui devait me conduire…

Saluez affectueusement les frères. Si je ne pars pas pour le Canada, j’ai un peu l’espoir de les voir.

Que Dieu garde et bénisse votre femme.

Votre toujours affectionné frère.

P.-S. – Je viens d’avoir d’excellentes réunions en province, et les frères en général vont bien.

 

J N Darby – French Letter No. 140 – Philippians and Ephesians

J N Darby
John Nelson Darby

140[1]

London – 6th June 1869

To Mr B

Beloved Brother

I am so glad of news which you give me of Italy. I hope to be able to go there, but God alone knows if and when this will be possible. I very much feared having perhaps to go back to America; however I counted on God and He has put His good hand where the enemy had sought to put things in disarray; and had for a short time.

I propose to go to France, but I also have Germany in view where they complain a little about my prolonged absence. For the moment, I am occupied with the new edition of my New Testament. I am waited on to this end and that holds me back for now. Others can do the corrections at the press, but the verification of all my new notes and little corrections that I have had to do require my care. It could well be that next year, if God preserves my strength, I will go again to Canada and the United States.

Things are good in the West Indies, and they have been encouraged by our visit. I will return to my Italian. F writes to me in this language and I have no difficulty at all in understanding his letters, but to speak is something else. I bless God with all my heart for these meetings in Italy, which I know by repute by means of L F.

As to your journey, dear brother, often a brother who has something is less well-placed than he who has nothing. It is supposed that perhaps he has enough, while another has to be sent. I know of such cases. If I remember well, Mr E sent something that you returned him for a motive that I could perfectly appreciate. I hope that this will not happen a second time. There are very humbling cases of discipline in Switzerland, better this than covert sin, but it is sad, and it must humble those who are not there. However, God is always good and faithful and full of patience towards us, although we are such a poor expression of the life of Jesus. There are two principles of Christian life: that of the Philippians and that of the Ephesians, according to the point of view from which one views the Christian. [In Philippians] he goes through the wilderness, looking towards the glory and pursues it, or rather desires to gain Christ[2]. [In Ephesians] he is seated in the heavenlies[3] and must manifest the character of God as His dear children. What a position! This requires us to do as Paul has done, that one always bears about in the body the dying of the Lord Jesus[4]. This is Christ, God manifested in flesh, who is the perfect expression of it. The first principle gives the grounds which deliver you from what is of this world and of the flesh; the second the communion with the sources of those ways of God in which we must walk, communion with God Himself. Truly, when one sees what the prize of our privileges is, we are small indeed, but while judging ourselves as we must, one must look to Jesus, not to oneself.

I hope that my letter will find your wife perfectly recovered. I will write a word when I get going.

My affectionate salutations to all the brethren

Yours very affectionately

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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[1] a different version of this letter also appears in JND’s published Letters – vol 3 p26

[2] See Phil 3: 8,14

[3] See Eph 2: 6

[4] See 2 Cor 4: 10

J N Darby – French Letter No. 139 – In Journeyings Oft

J N Darby
John Nelson Darby

139

London – 10th August 1868

To Mr B

Very dear brother

I doubt that it will be possible now for me to come to the South in France; I am coming back to England after two years’ absence! Moreover, the translation which I have made of the New Testament is completely finished; finally I am thinking of going to the West Indies this winter, and if I can do that, I do not want more. A brother from the West Indies has just arrived, who will furnish me the particulars about the details of this voyage. If before my departure I can achieve the preparation of the new edition, I will write a word, but I am expected for a conference in York, then to the West of England. I do not think for the same reasons of staying there. I desire much to see the brethren, as well as those in Germany and Switzerland and I rather think of visiting the West Indies than to stay there. So I have given you a quick round-up of what the Lord has given me to do. Then I hope to visit the brethren in France and Germany, because I am so delayed in visiting them. I am very attached to the present work in America, but I think that I will have to put it in the Lord’s hands; where therefore if it was not there? Without doubt it is sorrowful to abandon a country where one has worked, but I grow old; although by God’s grace I am well. I hope therefore that God will give me the grace to see the dear brethren on the Continent again. If I do not go to the West Indies, I will come soon, if God will; this will be a joy for me.

I am relaxed about your going to Italy; God will be with you, I do not doubt.

I always read some pages in Italian so as not to forget it entirely.

The work opens up in America, and God has raised up several workers.

Remember that I have reached over 68 years.

When I know something positive about my movements, I will communicate with you.

Yours very affectionately

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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J N Darby – French Letter No. 138 – Greetings from New York

J N Darby
John Nelson Darby

138

New York – 6th October 1867

To Mr B

Beloved Brother

I rejoiced greatly about the news you sent me abut Nice. I see the goodness of God at work there. When a place has been long under the domination of the enemy, and thus without testimony or worse than that, it is a great and precious proof of the goodness and the operation of God Himself when a testimony is raised up there that there should be by this goodness a candlestick – however small it may be – set there, and a lamp lit. I rejoice in what God has given you the grace to have part in; it is still the fruit of His goodness and an encouragement for you. I am happy too that the brethren continue to walk in the path of faith in Milan. Greet them on my behalf when you write to them. Here, we are in small beginnings today; it is an effort to obtain a little reality in the midst of an enormous mass where activity is not lacking, but where balls and theatres are justified and everything that you might want. A certain number of souls moan but do not know what to do. The idea of the progress of man and of the gospel dominate everything, but however they feel that things are going very wrong, for after all, the Papists rule the city, which is also as badly governed as possible, and calm people tell you: “we are at the mercy of the Irish populace, a thing quite bizarre in a free country, but which is also much the case in England”. The Irish do not have any following, and honest people do like to get into fights; liberty has become licence, and they become enriched at the taxpayers’ expense. In the midst of all this, one can consider peace all the same, God forms a small assembly, a very little thing, but His work I do not doubt. There are twenty or thirty people who seek to glorify the Lord, and these are faithful people in general. The work is of God, for they are people without any outward influence whatever; clerks, cashiers and others of the same class; and then some people attracted by a simpler and clearer gospel. For this part of the work, I need to stay longer here than I can. But there is devotion with those who compose the meeting, and I hope that God will bless them. I believe that what God does now is to form a nucleus, while blessing some souls individually.

In Boston, the little nucleus belongs to another class. Our brother B, a former Baptist minister, having parents and acquaintances, the meeting begins to take on some consistency, although there may be smaller numbers than here. I will go there if it pleases God. In the West, it goes well in general, and the fruits of my journey are increased there after my departure.

In Canada, the work is maintained; there are three new meetings. With the Indians, there is felt progress. In general, things are pretty much in the same state; except the under-mentioned case, there is not much energy for meeting. It is devotion that I seek (with myself, alas!), and that God desires through all, this love of souls to seek them with more activity. One slows down easily, alas! – it is not that I do something else, or that my outward life is less busy, on the contrary. There were works at Ephesus (Revelation 2), but one can lose his first love as to the work, while continuing to work. May God rekindle in us this energy of love. I know that I grow old, and I sense it, but grace does not age. For the rest, He is always good, and He exercises our patience in His work for our own good.

In general, I have very good news of Ireland and England. The opposition is quite strong, and this is nothing new; but the brethren go on well. God has shown His goodness as to them and has made the work progress.

Greet the brethren very affectionately. I have in New York, at least as many French-speaking listeners as English-speakers; three French and five Swiss break bread. In the West, there are at least a hundred French-speaking brethren; I have found open doors.

May God bless you, dear brother, with your dear children, and direct you in this task.

Your very affectionate brother in Jesus

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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J N Darby – French Letter No. 137 – Work in Geneva

J N Darby
John Nelson Darby

137

New York – 24th March 1867

To Mr B

Beloved Brother

I was delighted to know at least that T and L have broken with these committees. If T has a true gift of evangelist, as I assume, the brethren should come to his help. It is very well to be taken up with one’s work when one can, but when it prevents one who has a true gift doing the work of the Lord, I find that it is a great pity. I shall take part heartily in this assistance as long as he labours truthfully at the work, and as long as he depends on the Lord; while doing so, I leave him to the direction of the Spirit of God; you know that it is my well established principle; however having more money than he does, I am providing him with it as a brother, according to my means. You know that what I have to give is already taken in good faith, being applied in the same way, so that what I can do does not remove the necessity to walk by faith; but I shall do what I can heartily and other brethren could take part in it. I was also written to about Geneva to give its news; the committee is dissolved, I am told, and a single individual is charged with the work. It is God who directs all these things…

I understand, dear brother, that you feel the void which the loss of your dear wife makes. It is good that it is so here; this world is entirely empty, but the heart can be filled with the Lord, and then everything goes well. Seek the Lord much. If He is looked to, one is illuminated, and we can bless Him at all times. In the way of His will, He shows himself to us; we find His face there, and then everything goes well. The rest is only for a time.

I would be happy to see all these dear French brethren again. I do not know when God will grant it to me. For the time being, my work is here, to establish the testimony in this country. I think that it is happening, although we are only in the small beginnings…

Peace be with you, dear brother. Give me your news sometimes. I am always pleased to receive it.

Yours very affectionately

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

J N Darby – French Letter No. 134 – You do not need a Meeting Hall

J N Darby
John Nelson Darby

134

London – 12th January 1866

To Mr B

Beloved Brother

I have already written to brother R to take charge of Les Etudes[1], to send them to you for these two brothers, and to put them on my account; you will get them to these brothers, and it is a pleasure for me to give them to them.

Do not be discouraged, dear brother; now that you are in Italy, I urge you much to remain there. This is the precise time when faith is exercised. May Mrs B also be encouraged and have patience as to the language. I think it would be better that you should not have a meeting hall straightaway, and that the truth should spread by its own influence. A meeting hall would have the air of showing a formal opposition; it may be that the time will come when you will have to have one, and I am sure that there are brethren who will help to pay the rent when this is so – myself first. But your place is evident now: firmness and love, in seeking the presence and blessing of God. There was a brother in the United States who left the town where he lived and gave up the job he had, because he did not find anybody to walk with him except his mother. I said to him: ‘this is precisely the time for faith’. He stayed, and now there is in this place a nice little meeting which is growing. I visited them last year in the backwoods; they started to break bread, in the town, and their testimony is very clear …

On the question of Bethesda, it seems that we are getting towards the end. Even the neutrals declare loudly that they would not go there, and in general right souls see the evil clearly. In general, the neutral meetings break up. One feels that God is not there. The young evangelists in Ireland have broken with them; they are not clear but at least this step has been taken. There is an interesting work there. Many people are leaving Nationalism[2], more because of the evil that is found there than through true intelligence as to the unity of the body of Christ, but some have received this truth and there is progress. I have been there (to Ireland) and am thinking of returning. You must always have before you, and set before the brethren, this truth as to the unity of the church, of the presence of the Holy Spirit and of the coming of the Lord. I say ‘the brethren’, that is to say that I suppose that they are not only founded on the remission of their sins, but sure even of the precious fact that we are dead and risen again with our precious Saviour, and this is deliverance. We are not in the flesh; it is not only that the blood safeguards us, but we have left Egypt by the power of God and the deliverance which He has wrought. We are in Christ; the blood of Jesus has bought us pardon, we are in Him. The first truth, the remission of sins, has to do with what we have done, and effaces it for ever; the second, our death with Christ, sets us in an entirely new position. To enjoy it, it is necessary that the ‘me’ is judged: “I know that in me, that is in my flesh, good does not dwell”[3]. You will find that Romans 3: 20, up to chapter 5: 11, deals with the first question; and chapter 5: 12 up to the end of chapter 8, with the second. The first part speaks of sins, the second of sin.

Greet the brethren affectionately, even though I do not know them; your wife too – may she have good courage. If her turn has come to carry the cross for the love of the Lord, she will not repent of having done it by faith, and courageously.

Your affectionate brother in Christ

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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[1] ‘Studies on the Word of God’, later translated into English as ‘Synopsis of the Books of the Bible’

[2] ie the National Church, see Note 24 to Letter 13

[3] Rom 7: 18

J N Darby
John Nelson Darby

J N Darby – French Letter No. 136 – Comfort for a Bereaved Servant

J N Darby
John Nelson Darby

136

Hamilton (Canada, West) – 1866

To Mr B

Beloved Brother

I received your second letter a day earlier than the first, so that the news of the death of your dear wife reached me before the expression of your hope. What therefore is this world! Your loss is great, in truth, for your wife was good and excellent as wife and as mother; then as you say, three orphans so young left without a mother. In the same packet of letters, I received news of four deaths; all these departures are harsh sorrow for the families. What lessons we receive in this world! I understand, beloved brother, how much this event must be in every way sorrowful for you, but have good courage. Our God is never mistaken in His ways; not a sparrow falls to the ground without Him; how much more therefore does He take care of His children, whom He loves and cherishes, and His dear children, as He calls us. I do not doubt, dear brother, that the death of your dear wife will be ever more felt in the measure that you prove difficulties in the care that you have to give to your children. It is good to look all these things in the face, so that faith in God is exercised, and that we bring our difficulties to Him as well as our sorrows. Confide in His love; He will never fail you. It is a great exercise of faith, but He in whom we must have confidence is greater than all our difficulties, and His ever-faithful love can never fail. He makes all things work together for good to those who love Him[1]. He severs us from this world in every way, to attach us to a world for which He has created us anew. This is only a passing place where Christ has been rejected; we pass through it and, being denied everything down here, we have nothing else to do but to work for Him and to glorify Him. The hand of God is always better than the hand of men, His apparent hardness better than the favour of this world; what directs it basically is always love. Love leads by a perfect wisdom which we will understand later. In the meantime, He has given His Son so that we can be sure that all is love. It is a world of sorrows, but where Christ has left His footsteps, indelible proofs for faith that love has come into this world of sorrow to take His part in grace in it. Look therefore to Jesus, dear brother; He takes part in all our afflictions, and be sure that the love of God will never leave you. Be troubled about nothing, and may God Himself direct you as to your dear children. I will be happy to receive your news.

I do not understand how your letters have been so delayed; it is true that I was the other side of the Mississippi.

I will not speak to you today about my Italian, for I am thinking of your affliction. I have always read my Bible in this language a little so as not to forget it.

God would desire to bless you and maintain in your soul an entire confidence in Him. As to Him, He is surely faithful: His ways are always perfect. Look to Him much and may your sorrowful exercises of heart be for you the means of a deeper communion and an ever more complete detachment from the world.

Your affectionate brother in Jesus

The work makes progress in the Western States. About ten meetings, great and small, are formed there.

 

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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[1] Rom 8: 28

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