New-York, 24 mars 1867
A M. B.
Bien-aimé frère,
J’ai été tout réjoui de savoir que T. et L. avaient rompu pour le moins avec ces comités. Si T. a un vrai don d’évangéliste, comme je le suppose, les frères devraient lui venir en aide. C’est très bien de s’entretenir par son travail quand on le peut, mais lorsque cela empêche celui qui a un vrai don de faire l’œuvre du Seigneur, je trouve que c’est grand dommage. Je prendrai part de grand cœur à ce secours aussi longtemps qu’il travaillera fidèlement à l’œuvre, et qu’il dépendra du Seigneur ; tout en faisant ainsi, je le laisse à la direction de l’Esprit de Dieu ; vous savez que c’est mon principe bien arrêté ; mais ayant plus d’argent que lui, je lui en fournis comme à un frère, selon mes moyens. Vous savez que ce que j’ai à donner est déjà pris en bonne partie, étant appliqué de la même manière, en sorte que ce que je puis faire n’ôte pas la nécessité de marcher par la foi ; mais je ferai de grand cœur ce que je puis et d’autres frères pourraient y prendre part. On m’a aussi écrit de Genève pour me donner de ses nouvelles ; le comité s’est dissout, me dit-on, et un seul individu est chargé de la besogne. C’est Dieu qui dirige toutes ces choses…
Je comprends, cher frère, que vous sentiez le vide que fait la perte de votre chère femme. Il est bon qu’il en soit ainsi ; ce monde est entièrement vide, mais le cœur peut être rempli du Seigneur, et alors tout va bien. Cherchez beaucoup le Seigneur. L’a-t-on regardé, on en est illuminé, et nous pouvons le bénir en tout temps. Dans le chemin de sa volonté, il se révèle à nous ; nous y trouvons sa face, et alors tout va bien. Le reste n’est que pour un temps.
Je serais heureux de revoir tous ces chers frères de France. Je ne sais quand Dieu me l’accordera. Pour le moment mon œuvre est ici, pour établir le témoignage dans ce pays. Je crois que cela a lieu, bien que nous ne soyons que dans les petits commencements…
Paix vous soit, bien-aimé frère. Donnez-moi quelquefois de vos nouvelles, je suis toujours heureux d’en recevoir.
Votre tout affectionné.