J N Darby – Lettre No. 146

J N Darby
John Nelson Darby

CXLVI – 146

Lausanne, 2 janvier 1845

A M. B. R.

Bien cher frère,

J’ai lu les deux correspondances que vous avez eu la bonté de m’envoyer et je vais, sans préface, vous en dire quelque chose. La chair de M., douce, accueillante et flatteuse, me plaît moins que la franche étourderie de H., quoiqu’elle soit moins blessante. Quant à la confiance en sois je ne vois pas grande différence entre les deux ; et vous voyez, du moment que son système charnel et incrédule tombe, frappé à sa base, de quelle manière toute douceur disparaît chez M. “C’est un sophisme jésuitique,” dit-il. Il parlera de l’amour tant que vous voudrez, mais jamais de ce qui touche sa conscience. Je crois qu’il est dans le plus triste état possible. Le seul vrai témoignage quant à lui, je suis peiné de le dire, c’est de l’éviter. Il évite tout ce qui peut blesser la chair, en évitant tout ce qui peut la juger, parce qu’il veut pouvoir marcher tranquillement lui-même. Cela lui donne un air d’amabilité, de douceur et de charité, mais tout cela ne fait que l’œuvre de l’ennemi. Si l’on s’y oppose, on a l’air de contester et de ne pas avoir cette charité ; si l’on est avec lui sans opposition, on consent au mal qui se fait. Dieu sait mettre cela à nu, mais c’est lui qui le fait. Vous voyez qu’il s’est déjà donné la réputation d’un homme opprimé, à cause de ce qu’il appelle vos attaques. C’est ainsi, sachant tout le mal qu’il fait aux âmes simples par ces moyens, que j’ai pris un parti aussi décisif que celui de refuser d’aller le voir ou de l’inviter…

Quant à H., vous avez été blessé, cher frère. Vous auriez dû vous tenir au-dessus de son manque de sagesse ou de savoir-faire, et lui montrer en amour que ses lettres manquaient pour le moins de maturité, et enfin aussi de sagesse. Cela lui aurait fait du bien. Je lui ai écrit, peut-être trop franchement, mais j’aurai senti que je manquais à la charité, si je ne lui avais pas dit ce que je pensais. Je n’ai pas encore de réponse ; j’espère que Dieu agira dans son cœur.

J’ose vous engager, cher frère, à ne pas beaucoup écrire dans ce moment. Lorsqu’on étudie l’exégèse ou plutôt la Parole dans ce but, sans s’occuper des âmes, il y a toujours du danger. On poursuit des idées. La recherche des âmes est un correctif ; il faut savoir appliquer notre savoir à leur état, sans cela il ne vaut rien. Etre clair à soi-même n’est pas être clair aux autres, tout en révélant la vérité. La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Quand notre intelligence est trop en activité, la vérité cesse d’être un lien entre l’âme et Dieu. Je n’ai jamais rencontré une personne, lisant beaucoup la Parole sans agir en charité et en responsabilité vis-à-vis des âmes, qui ne tînt pas à des idées quelquefois de peu d’importance et souvent erronées. La vérité n’est pas même un lien entre ma propre âme et Dieu. Elle devient “subjecta veritas quasi materia,” et cela est doublement fâcheux quand il s’agit de la Parole. Si vous vous mettez à produire beaucoup, je vous engage à le produire pour les âmes et spécialement pour les pauvres pécheurs. C’est inconcevable quel bien cela nous fait à nous-mêmes, combien l’on devient petit, et de quelle manière la vérité prend sa place. J’ai dit “produire”, parce qu’on peut étudier sans produire ; toutefois ce qui cherche les âmes est toujours bon en soi ; ce sont des réalités de la foi et non pas nos idées, et nos propres âmes trouvent leur vraie place devant Dieu. Il est évident que cela ne détourne pas des études bibliques ; au contraire, elles sont beaucoup plus profitables, parce que l’Esprit de Dieu, ayant sa véritable activité, selon sa nature, agit librement dans la communication qu’il nous fait des choses divines. C’est ce que j’ai souvent trouvé.

Au reste, Dieu agit en nous aussi bien que par nous, et la première de ces choses n’est jamais agréable, mais très profitable. Quelquefois ceux qui ne savent pas ce qui en est, pensent avoir perdu son amour, parce qu’il les force à se reporter sur eux-mêmes pour leur bien. C’est une discipline pénible, mais qui a pour but de nous faire jouir de lui plus réellement, et de nous placer dans le vrai, du fond du cœur, au lieu d’être heureux à la surface, ce qui est au-dessous étant trop négligé. Tout cela est notre faute, mais c’est la bonté de Dieu qui veut que nous jouissions plus profondément de lui, nous nettoyant de tout ce qui entraverait, si la conscience était en plein exercice, et nous faisant juger tout cela. Au lieu que nous puissions le voir tout simplement, lui qui est notre pleine joie, il met dans la conscience quelque chose de caché, à notre insu, soit dans le cœur, soit dans la nature, et au moins il nous arrête en chemin. Il est fidèle dans son amour ; si nous le connaissons, nous voyons bientôt que c’est lui, et la confiance renaît, si l’œuvre n’est pas finie. Laissez-vous aller entre ses mains, cher frère, et s’il agit, ne le gênez pas, pour ainsi dire, dans son œuvre. Pour que nous soyons bénis et que notre œuvre ne soit pas un danger pour nous, il faut qu’il agisse en nous afin qu’il agisse par nous. Laissez-le faire et ne nous hâtons pas. Il est parfait et fidèle dans son amour.

En grande hâte, votre bien affectionné frère en Jésus, notre Seigneur et précieux Sauveur. Saluez beaucoup tous les frères. J’espère, si Dieu le veut, les voir sous peu, mais je ne sais trop quand.

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J N Darby – Lettre No. 148

J N Darby
John Nelson Darby

Plymouth, 13 février 1846

A M. B.R.

Bien-aimé frère,

Il ne faut pas penser que Dieu se soit montré contre les frères. Bien au contraire. Ce qui est vrai, c’est qu’il y a eu des épreuves très grandes. Mais je n’ai jamais été autant convaincu que Dieu aime les frères et qu’il veut les garder. Ce qui est vrai, c’est que l’ennemi avait cherché à bouleverser tous leurs principes et à les éprouver par une pierre de touche, d’une manière à laquelle la chair n’aurait su échapper ; mais cela a bien démontré, en nous humiliant, il est vrai profondément, que nos principes étaient du fin or. Dieu les a reconnus en humiliant ceux qui les professaient tous. Mais la scission n’a eu lieu qu’en deux endroits et, dans le second, elle n’a été accomplie que la semaine passée ; dans les deux décidément en bien, selon moi, pour les frères qu’on travaille, je n’en doute pas, pour faire un parti ailleurs. Mais je crois que Dieu a mis sa main sur l’œuvre des adversaires, et qu’ils ne pourront guère faire plus, parce qu’on la connaît maintenant. Dieu a pourvu à cela, malgré toutes les ruses qu’ils ont employées. Peut-être notre patience sera-t-elle exercée, et ce sera notre bien. Mais Dieu nous a manifesté sa bonté d’une manière dont, pour moi, je n’ai jamais vu la pareille. Jamais nous n’avons eu de réunions aussi heureuses, ni autant l’esprit de culte, tout pauvres que nous soyons. Je crois pouvoir dire (tout en étant certain que l’on moissonnera encore çà et là ce qui a déjà été semé) que la plaie est arrêtée.

Dieu a déjà répondu, je n’ose dire à la fidélité, mais au moins au désir d’être fidèle.

Voilà ce que je pense des affaires d’ici. S’il y avait eu plus de spiritualité, la chose aurait été, ou aurait pu être guérie en bloc. Dieu a agi selon l’état de l’église et en cela, il me semble, beaucoup plus solidement dans les consciences individuelles. J’ai laissé la chose telle quelle, en suivant, je crois, les pensées de Dieu ; et j’en suis heureux.

Ne soyez pas découragé, cher frère, au sujet de votre chère fille. Il est des cœurs qui se referment au milieu de la foule, et qui, souvent, ne sont au large qu’auprès de Dieu. Quelquefois cela se rattache par un côté à quelque faute. Mais ils n’ont de confiance que quand ils sont près de Dieu et se cachent au milieu du bruit du monde où des esprits plus hardis se font jour. Dieu a soin de ces cœurs, mais il faut les soigner autant que les autres, car la chair qui est toujours là, tendra toujours à se rapprocher du monde. Si la vie est là, comme je n’en doute pas, il faut la cultiver comme chez une autre âme, abandonnant sa manifestation à Dieu. On a dit : La grâce de Dieu, dans le cœur de l’homme, est une plante délicate dans un mauvais climat. Il faut y penser.

Quand la foi de votre fille s’affermira et s’appuiera moins sur sa joie en Christ, ou plutôt sur la joie qui découle de lui, votre fille aura plus de confiance devant le monde. Il faut attendre l’œuvre de Dieu, et, en attendant, veiller pour que le monde ne gâte pas cette œuvre. On a de la peine à retrouver la première fraîcheur ; mais si elle est gardée, tout ceci se retrouvera plus tard, plus solide, et plus complètement Christ lui-même.

Je ne saurai rien dire, cher frère, sur la résurrection juive, mais, quoiqu’il en soit, voici, sur Jean 11, ma pensée, qui, du reste, est pour le fond la vôtre. Je crois que l’action de Christ comme résurrection et vie, répond à sa position. Etant sur la terre, il vivifie Lazare d’une vie qui le laisse sur la terre. N’étant présent maintenant que spirituellement. Lorsqu’il reviendra, il ressuscitera ceux qui ont cru, bien qu’ils soient morts (littéralement), et ceux qui vivent et croient en lui ne mourront pas (littéralement). C’est là le seul sens complet de ce passage. Je ne sais pourquoi on ne l’appliquerait pas à la résurrection des fidèles. Je ne doute nullement que les Juifs se soient trompés, au v.36, sur les larmes de Jésus. Le Seigneur avait sur son cœur le sentiment de la puissance de la mort sur ses pauvres créatures.

Le passage de 2 Pierre 1 v.10, ne m’a jamais beaucoup arrêté, parce que le mot grec …. n’a pas seulement le sens de rendre ferme, mais de la conviction d’une vérité dans laquelle nous sommes affermis, comme, par exemple, au v.19 : “Nous avons la parole prophétique, rendue plus ferme” (……) cas parfaitement pareil. La parole pas plus que l’élection (moins si l’on veut, puisque Dieu s’est exprimé dans la parole) ne saurait être rendue plus ferme, mais le terme veut dire qu’elle a été confirmée, savoir par la transfiguration. Or la conscience (le sentiment intime ou conviction intérieure) de notre élection nous est affermie, si nous marchons selon Dieu, cela est certain. Le Saint-Esprit, Dieu, a sa liberté dans nos cœurs et s’y entretient.

Quant à Héb.12 v.22, 23, l’emploi du mot “et”, (l’a-t-on remarqué ?) tend à faire interpréter le passage ainsi : “et à des myriades d’anges, l’assemblée universelle ; et…” l’emploi du mot myriade est connu dans le cas des anges, comme en Apoc.5 v.11 ; d’autre part, … l’assemblée universelle, est employé pour l’assemblée d’Israël. L’emploi de ce mot dans les autres classiques est trop connu, pour qu’on ait besoin d’en parler. Il me semble que la pensée des myriades d’anges suggère à l’apôtre cette belle assemblée solennelle et joyeuse de tous. J’ai pensé depuis longtemps, sans chercher à imposer mon idée à d’autres, que “l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux” formait l’Eglise proprement dite, et les “esprits des justes consommés,” les saints de l’Ancien Testament, d’une manière spéciale. Il ne faut pas oublier, dans ce passage, l’absence de l’article qui donne une force caractéristique et non objective à la phrase, ainsi : “à une montagne de Sion”, en contraste avec “une montagne qui peut être touchée”.

J’espère que notre cher R. ne manque de rien. Saluez bien affectueusement tous les frères.

Votre tout affectionné.

P.-S. – En effet, je suis très heureux et béni dans mon travail; nous le sommes tous plus que jamais, mais je suis occupé à tout instant. Je suis forcé quelquefois de renvoyer un peu ma réponse à des lettres qui demandent une étude suivie.

J N Darby – Lettre No. 147

J N Darby
John Nelson Darby

Plymouth, 1er novembre 1845

A M. B. R.

Bien cher frère,

Quelques mots seulement. Je ne réponds pas à ce que vous avez dit sur la 4ème classe de la première résurrection. La chose m’intéresse beaucoup, parce qu’elle se lie à tant de passages et même, de près, à tant de vérités, qu’on devrait l’examiner d’une manière un peu suivie pour pouvoir s’en former un jugement quelconque. Aussitôt que j’aurai pu le faire, je vous en dirai quelque chose. Cela se lie aussi à quelques pensées que j’aie eues sur Apoc.14, mais j’ai un tel sentiment de mon ignorance sur ces points, que ce serait folie d’en dire grand-chose ; il est vrai que cela en rend la recherche d’autant plus intéressante. Je crois seulement qu’il est mauvais de se hâter d’établir un système là-dessus, à cause de la petitesse de nos esprits, au prix de Celui duquel le système, ou plutôt la révélation est sortie. Nous connaissons en partie ; nous recevons (par la foi) des vérités isolées. La liaison de ces vérités provient de l’activité de notre esprit. Je ne dis pas que le Saint-Esprit ne nous aide pas – pourquoi en douterions-nous ? – mais ce n’est plus une révélation proprement dite, et la somme en est toujours incomplète, en sorte que, si nous nous bornons tant soit peu à cela, d’autres vérités sont exclues, perdent leur force, et l’âme et la communion avec les frères (qui peut-être ont appris d’autres vérités) en souffrent. Quant à la traduction, (2e édition de la Version dite de Lausanne) je travaille loin de la plupart de mes ressources en fait de livres, de sorte que je présente mes notes que comme pouvant servir à l’utilité commune, et, dans cette œuvre, il s’agit évidemment de cela. Je reconnais, dans cette traduction (celle qui existe), un travail consciencieux, mais l’examen suivi que j’en ai fait m’a convaincu qu’elle est parfois un peu moins littérale qu’on ne le pensait. Voici ce que j’ai fait dernièrement dans un travail que j’avais entrepris sur le Nouveau Testament anglais : au commencement, je n’avais pas pensé à des améliorations critiques du texte reçu. Etant en voyage (car je n’y travaillais qu’à des moments de loisir), j’avais mon Tischendorf comme livre de voyage. Maintenant, je me suis un peu arrêté à ceci : j’ai une édition avec le texte de Scholz et, dans la marge, le texte reçu, celui de Griesbach, Scholz et Tischendorf. S’il y a accord entre eux, et que les témoins démontrent d’une manière peu équivoque le vrai texte, je l’accepte. S’il y a une variante de quelque importance, appuyée par un bon nombre de témoins, je mets, dans la marge, “plusieurs” ou “quelques-uns” lisent telle ou telle chose. Je ne touche pas la question, quand cela devient une affaire de critique, parce qu’il s’agit d’une traduction et non pas d’une édition critique. Si tous ceux qui ont examiné le texte sont d’accord, c’est une folie de donner une mauvaise leçon. Dans le cas où il y a un grand nombre d’autorité pour une chose, je puis raconter historiquement que ce fait existe, mais je n’entre pas dans le domaine critique proprement dit. J’en profite, mais je ne l’entame pas ; ce n’est pas là ma besogne.

J’enverrai demain, je le pense, les notes sur Matthieu ; les autres suivront de près, Dieu aidant. Les remarques sur les épîtres seront tout autrement importantes. J’ai suivi la marche des traductions dans mes notes.

Quant au passage d’Apoc.5 v.9-10, le texte est bien embrouillé, tellement, qu’on ne doit pas beaucoup insister doctrinalement sur ce qui tient aux variantes dans ce passage. Scholz lit : nous au v.9. Griesbach aussi ; le seul manuscrit ancien de l’Apocalypse le rejette. Au v.10, Scholz et Griesbach lisent …, (mot grec) (“Tu les as faits rois, etc.”) avec la grande majorité des témoins. Scholz et Griesbach retiennent …(rois). A Copt., Vulg. sont les autorités pour ….. (mot grec) (royaume). Il y a presque autant de témoins, plus même, pour “ils régneront”, que pour “ils règnent”, mais le seul ancien ms. cité favorise la dernière leçon…

Il reste une question sur les quatre êtres vivants, que vous n’avez pas encore entamée. Sont-ce des symboles d’un certain caractère de puissance, laquelle se trouve manifestée dans le service de certains êtres qui ne sont pas nécessairement toujours les mêmes ? Qu’est-ce qu’un séraphin ? Il ne se trouve qu’en Es.6, sauf le serpent d’airain. Je doute un peu de votre doctrine de la sacrificature. Il faut premièrement démontrer qu’il y en ait une qui ne soit pas du caractère de celle de Melchisédec. “Ils régneront sur la terre,” ne signifie pas le siège de la souveraineté, mais son objet.

J’ai été interrompu et je m’arrête. Paix vous soit, cher frère. Que Dieu daigne garder les frères dans la simplicité et dans l’humilité, et que leurs cœurs soient unis. Qu’il les fasse prospérer par le souffle de son Esprit. Saluez nos chers amis très affectueusement de ma part. Que la présence de Dieu en Esprit soit au milieu de vous tous ; c’est là notre joie. La seule chose qui m’ait fait de la peine dans la brochure Herzog (Brochure hostile à l’écrivain de la lettre), c’est que c’est un frère ; sauf cela, il y avait seulement à n’en pas tenir compte.

Votre tout affectionné.

 

J N Darby – Lettre No. 149

J N Darby
John Nelson Darby

Plymouth, 17 juin 1846

A M. B. R.

Je ne sais pas trop comment vous auriez des nouvelles officielles, vu qu’on ne m’écrit pas en français de nos côtés ; mais je n’en suis pas moins sensible à votre bonté. Je vous en remercie bien. J’y suis d’autant plus sensible que je ne mérite point tant d’égards de la part de mes chers frères, mais, heureusement, l’affection ne se mérite pas. Elle croît dans le bon terrain de la grâce de notre Dieu. J’ai repris mes travaux sur la traduction (Version dite de Lausanne). Mais il ne manque pas d’affaires qui se sont accumulées pendant ma maladie ; peut-être Dieu a-t-il voulu que ce travail fut interrompu.

Et maintenant, en réponse à votre question sur l’évangélisation, je me réjouis à la pensée que vous vous occupez des âmes, cela nous fait toujours du bien à nous-mêmes. On ne saurait répondre d’une manière catégorique à une demande semblable, parce que j’agirais différemment dans ces cas différents. En général, on place l’Evangile dans sa simplicité devant l’âme, sans l’engager à prier, comme notre cher frère R. le veut, parce que les âmes placent toujours quelque chose entre elles et leur salut, et attachent à ce quelque chose de l’importance, comme à tout ce qu’elles font. On voudrait quelque chose dans l’âme, avant qu’elle soit aimée et lavée ; c’est le cas même de la plupart des chrétiens évangéliques, tandis qu’il faut leur présenter Christ sagesse, justification et rédemption. De sorte qu’en thèse générale je suis d’accord avec R. – Mais voici où l’autre principe entre, non pas seulement dans le cas d’un athée, mais en bien d’autres. Je présente Christ à une âme, la conséquence en est qu’elle est travaillée, pas encore affranchie. Ici donc, j’ajoute quelque chose que vous me semblez omettre dans ce que vous me dites soit de votre part, soit comme étant les vues de R.

Ce n’est pas seulement : “Crois et tu sera sauvé,” car le témoignage de Dieu convainc l’âme de péché. Ceci est un fait, et un fait qui doit absolument arriver, si l’âme est vraiment pénétrée de l’Evangile. Ce n’est pas la présentation de la foi comme moyen de salut qui fait cela, mais la révélation de Christ à la conscience, de Christ qui, comme la lumière, rend l’âme sensible à ce qui est au-dedans. La foi dans ce sens produit la conviction salutaire, mais pénible, et pas la paix. Souvent il y a un intervalle assez long (je ne dis pas : il doit y avoir ; car ce n’est pas le cas, lorsque l’Esprit agit en puissance) entre la conviction du péché et l’affranchissement. Il y a un autre effet de la foi à présenter ; non pas seulement la personne de Jésus qui a déjà produit la conviction de péché dont nous parlons, mais l’efficace de son œuvre. C’est ce qu’on doit toujours mettre en avant, mais ce qui répond toujours dans ce cas à un besoin produit. Mais ici se présente à l’âme cet effet de la foi, savoir la propitiation et l’amour qui l’a donnée. Je n’engage pas l’âme à prier pour la foi. Mais ce qui me paraît ne pas avoir sa place dans vos pensées, ni dans celles que vous me donnez de R., c’est la conviction du péché. On s’y arrête et les docteurs les engagent à prier, c’est mauvais. D’accord ici avec le cher frère R. Mais je cherche cette conviction dans mes entretiens avec une âme et, si elle n’y est pas, je cherche à la produire par la vérité. Cela fait crier : cette âme prie (non pas : “elle doit prier”). A ce cri, la plénitude de l’Evangile est la réponse. Les péchés dont elle se plaint ne lui sont pas imputés à cause du sang de Christ. Ce que je cherche chez un païen ou un chrétien de nom, c’est la conviction de péché. Je la cherche en annonçant la pure grâce gratuite et efficace de Dieu. Où cette conviction se trouve, je présente ce que la grâce a accompli. Il est très important de présenter tout cela comme une chose accomplie à laquelle on croit, sans qu’il soit question de prier, ni de quoi que ce soit d’autre. Mais si je trouve quelque obstacle, quelque chose qui empêche l’âme de faire du progrès, quoiqu’il y ait de la sincérité (et cela arrive quelquefois), des choses que l’Esprit de Dieu doit chasser du cœur avant de lui donner la paix – là je pourrais l’engager à prier. Dans l’état de mélange et de confusion où nous sommes, c’est ce qui arrive. Seulement il faut prendre soin de ne pas mettre des prières ou quoi que ce soit entre l’âme et Christ, car la foi n’est que la vue que l’on a de lui. “La foi,” dans les Ecritures, veut souvent dire aussi : la doctrine que la foi embrasse, ou le système de foi, en contraste avec la loi.

Je présente donc Christ tel qu’il est, comme objet de la foi, et là où le Saint-Esprit agit en puissance, la connaissance du Seigneur déplace et remplace tous les obstacles ; l’âme est affranchie.

On rencontre des cas où j’engagerais à prier, à cause de quelque chose qui fait obstacle. En général, on n’a guère besoin d’y engager une telle âme. Quant à l’élection, il ne s’agit pas de cela en prêchant l’Evangile. Je prêche Christ, Dieu agira dans ses conseils de grâce. Je ne prêche pas Christ mort pour les élus, quoique parmi les croyants, ils soit important de développer les rapports spéciaux de sa mort avec les élus. Sans cela leurs pensées sur son œuvre sont vagues, manquent de stabilité et se mêlent avec l’œuvre du Saint-Esprit dans leurs âmes. J’annonce Christ victime propitiatoire pour le péché, lui Fils glorieux du Père et un avec lui, ses souffrances et sa gloire, et cela à cause du péché. Je leur montre peut-être les ténèbres de l’âme, en leur montrant ce qu’il est, lui, la lumière et la grâce. – Et je leur annonce que quiconque croit en lui est sauvé, pardonné, et jouit de la vie éternelle.

J’explique, au besoin, l’efficace pour ceux qui croient, parce que dans les pays chrétiens de nom, c’est ce dont on a besoin, et l’efficace annoncée leur démontre qu’ils n’y croient pas. Aux enfants de Dieu, l’élection est utile pour les rendre humbles, car tout est grâce ; pour les rassurer, car la grâce est efficace et coule d’une source qui ne tarit pas, d’un conseil qui ne chancelle pas. Ici, l’œuvre et les joies du Saint-Esprit peuvent être précieusement développées.

Me voilà, cher frère, à la fin de ma lettre pour cette fois. Plus il y a de simplicité, plus il y aura de bénédiction. C’est Christ qu’il faut prêcher, Christ Sauveur d’âmes, et d’âmes pécheresses dans leurs besoins et dans leurs misères, fruit de l’amour gratuit de Dieu.

Dieu soit béni, j’ai de bonnes nouvelles en général de l’œuvre en Suisse et en France.

La différence de la prédication maintenant, c’est que l’histoire en général est connue ; on a à en annoncer l’efficace, la gloire, mais, au commencement, cette histoire en présentait la gloire aux âmes par la puissance du Saint-Esprit. Maintenant, il faut y attirer l’attention. L’effet en sera toujours le même, là où le Saint-Esprit agit.

A Dieu, bien-aimé frère. Que Dieu vous dirige et vous fortifie. Saluez les anciens, R., G., et tous nos précieux frères. Ce n’est que par une lettre de G., qui supposait que je le savais déjà, que j’ai su que notre bien-aimé Tapernoux a délogé en paix. Il est heureux. Je soupire ardemment après le moment ; oui, ardemment. Toutefois on accomplit sa journée comme un mercenaire. Assurez sa veuve et sa famille de toutes mes sympathies. Oui, il est heureux ! Oh ! que ce jour arrive où nous serons tous réunis dans la présence et la gloire de Jésus, sans péché.

Votre affectionné.

 

J N Darby – Lettre No. 150

Plymouth, 14 août 1846

A M. B. R.

Bien cher frère,

J’écris seulement quelques lignes au sujet de nos notes sur la traduction de Lausanne. Probablement je suis bien en arrière de leurs travaux. J’ai eu passablement d’hésitation au sujet de ces notes, ayant le sentiment, pas du tout qu’on dû recevoir mes pensées, mais qu’ils seraient un peu trop liés par leur système actuel, pour les recevoir, quand même elles seraient vraies. Toutefois dans les évangiles et encore plus dans les Actes, livre presque entièrement historique, ces difficultés entraient peu en ligne de compte, et j’étais heureux de travailler comme sous-ouvrier si, par ce moyen, quelque chose pouvait être ajouté à l’exactitude d’une traduction de la Parole, à laquelle toute l’Eglise de Dieu en langue française est intéressée. Maintenant, arrivé aux épîtres, cela me préoccupe un peu plus. De plus, je ne sais pas si je ne suis pas trop arriéré quant à l’ouvrage pour me tenir au niveau de leurs travaux. Enfin, j’aimerais savoir ce que vous en pensez et à quel point d’avancement ils en sont dans ce moment. Il y a des questions graves sur la loi, et même des difficultés de langage, en ce que le français ne sait guère rendre les pensées abstraites. “Des œuvres de loi,”, si cela pouvait se dire, est bien autre chose que “des œuvres de la loi”. Or je crois que l’apôtre tient souvent à mettre les choses au clair par le moyen de proposition très abstraites. Maintenant, quant au français, il est clair que nos amis seraient à même de faciliter le maniement d’une langue qui est la leur, pour se rapprocher au moins de l’exactitude du grec, s’il y avait accord quant au sens de ce grec. Sans cela, on travaillerait un peu inutilement, parce qu’on ne chercherait pas à reproduire ce sens. Je prends seulement le mot “loi”, comme exemple. Je crois que leur travail est un travail important. Je suis tout heureux de travailler sur cette base pour le bien de tous, et étant étranger quant à la langue, de le faire dans mon cabinet, inconnu hors de cette limite. C’est ce qui devrait être. Si le travail est bien exécuté, nos frères en profiteront comme les autres, ainsi que toute l’église française. Etant arrivé à ce point de l’ouvrage où les doctrines se développent en détail, je m’arrête un instant seulement pour savoir si mon travail contribuera vraiment en quelque chose à l’œuvre. Il y a des notions de traduction que j’estime peut-être petites ; cela ne me fait rien ; c’est leur œuvre, et je ne fais que travailler aux carrières et à la montagne comme un ouvrier d’Hiram, tout en recevant mes gages du vrai Salomon, et ils sont bons. J’en suis très satisfait, car j’en profite beaucoup pour moi-même. Ma question est seulement si vous pensez que je puisse encore leur être utile dans la tâche à laquelle ils se sont voués. Dites-moi un mot là-dessus. Saluez beaucoup les frères. Je me trouve béni et heureux, par la grâce de Dieu. A la hâte.

Votre tout affectionné

J N Darby – French Letter No. 150 – Difficulty with French ‘Works of Law’

J N Darby
John Nelson Darby

150

       Plymouth – 14th August 1846

To Mr B R

Beloved Brother

I just write some lines on the subject of our notes about the Lausanne translation[218]. Probably I am well behind their work. I have had quite some hesitation on the subject of these notes, having the feeling, not at all that my thoughts have to be received, but that they will be a bit too tied by their current system to receive them even when they are true. However, in the gospels and even more in the Acts, a book almost entirely historical, these difficulties did not enter the reckoning much, and I was happy to labour as under-worker if, by this means, something could be added to the exactitude of a translation of the Bible in which all the French-speaking church of God is interested. Now, having come to the epistles, this concerns me a bit more. Moreover, I do not know if I am too late as to the work for me add significantly to their work. Finally, I would like to know what you think and how far they have reached at this point in time. There are grave questions about the law, and even language difficulties, in that the French hardly knows how to render abstract thoughts. “Works of law”, if this could be said, is quite another thing from “works of the law”. For I believe that the apostle often aims to make things clear by means of a very abstract proposition. Now, as to the French, it is clear that our friends would be in a position to make the handling of a language which is theirs easier, to get closer at least to the accuracy of Greek, if there was agreement as to the sense of this Greek. Without this, one would work a bit ineffectively, because one would not be seeking to reproduce the sense. I take just the word ‘law’ as an example. I believe that their work is a very important work. I am quite happy to work on this basis for the good of all, and being a foreigner as to the language, to do it in my study, unknown outside this limit. It is what should be. If the work is well done, our brethren will profit from it as others, as well as the whole French church. Being come to this point of the work where doctrines are developed in detail, I am stopping for a moment only to know whether my labour will truly contribute something to the work. There are notions about translation that I reckon to be small, that is nothing to me; it is their work, and I only work at the quarries and on the mountain as a worker of Hiram, while accepting my wages from the true Solomon, and they are good. I am very satisfied with it, because I profit a lot from it myself. My question is only if you think that I can still be useful to them in the task to which they have devoted themselves. Say to me a word thereupon. Greet the brethren much. I think I am blessed and happy, by the grace of God. In haste.

Yours very affectionately

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Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

[218] see note in Letter No 147

J N Darby – French Letter No. 149 – God’s Testimony convinces the Soul of Sin

149

Plymouth – 17th June 1846

To Mr B R

I do not know how much you would have official news, since I am not written to in French on our side; but I am not the less aware of your goodness. Thank you very much. I am just as aware that I do not merit anything like this from my dear brethren but happily affection is not merited. It grows in the good ground of the grace of our God. I have taken up again my work on the translation[1]. But there is no lack of business which has accumulated during my illness; perhaps God has desired that this work should be interrupted.

And now, in reply to your question about evangelisation, I rejoice at the thought that you are occupied with souls; this always does us good ourselves. One would not know how to answer in a categorical way to such a demand, because I would act differently in different cases. In general, the gospel is set in its simplicity before the soul, without committing it to prayer, like our dear brother R desires it, because souls always put something between themselves and their salvation, and attach to this something of importance, as to all that they do. One would desire something in the soul before it is loved and washed; this is the case with most evangelical Christians, while it is necessary to present Christ as wisdom, justification and righteousness[2]. So that, generally speaking, I agree with R. But this is where another principle enters, not only in the case of an atheist, but rather with others. I present Christ to the soul; in consequence of which it is exercised by it, but not yet set free. Here therefore, I add something that you seem to me to leave out in what you say to me, whether on your part, or as being the views of R.

It is not only “believe and thou shalt be saved”, for God’s testimony convinces the soul of sin. This is a fact, and a fact which must be come to absolutely if the soul is truly penetrated by the gospel. It is not the presentation of faith as the means of salvation which does this, but the revelation of Christ to the conscience, of Christ who as light makes the soul aware of what is within. Faith in this sense produces the healthy, but sorrowful conviction, but not peace. Often, there is quite a long interval (I do not say there has to be; for this is not the case when the Spirit acts in power) between the conviction of sin and being set free. There is another effect of faith to present; not only the person of Jesus who has already produced the conviction of sin of which we speak, but the efficacy of His work. It is this which must always be put forward, but which still answers in this case to a need produced.   But here the effect of faith is presented to the soul, to know the propitiation and love which has been given to it. I do not urge the soul to pray for faith. But what does not seem to me to have its place in your thoughts, or in those that you give me of R, is the conviction of sin. To stop there with the teachers urging them to pray – that is bad. I agree here with dear brother R. But I seek this firm conviction in my discussions with a soul and, if it is not there, I try to produce it by the truth. It makes one cry: this soul prays (not: ‘must pray’). To this cry, the fullness of the gospel is the answer. The sins of which it weeps are not imputed to it because of the blood of Christ. What I seek with a heathen or a nominal Christian is the conviction of sin. I seek it in announcing pure free grace and the efficacy of God. Where this conviction is found, I present what grace has accomplished. It is very important to present all this as an accomplished thing on which one believes, without which it would be a question neither of prayer or anything else. But if I find some obstacle, something which hinders the soul making progress, whatever sincerity there may be (and this happens sometimes), things which the Spirit of God must drive from the heart before giving it peace – then I could urge it to pray. In the state of mixture and confusion where we are, this is what happens. Only care must be taken not to put prayers or whatever between the soul and Christ, for faith is only the view which one has of Him. ‘Faith’, in Scripture, often means the doctrine which faith embraces, or the system of faith, in contrast to law.

I therefore present Christ as He as an object of faith, and where the Holy Spirit acts in power, the knowledge of the Lord displaces and replaces every obstacle; the soul is set free.

Cases arise where I would urge one to pray, because of something which makes an obstacle. In general, one hardly needs to urge such a soul. As to election, it is not a matter of this in preaching the gospel. I preach Christ, God will act in His counsels of grace. I do not preach Christ dying for the elect, although among believers it may be important to develop the special links between His death and the elect. Without this, their thoughts about His work are vague, lacking stability and mixed with the work of the Holy Spirit in their souls. I announce Christ as propitiatory victim for sin, the glorious Son of the Father and One with Him, His sufferings and His glory, and this on account of sin. I show them perhaps the darkness of the soul, in showing them what He is, Him, [both] light and grace. And I announce to them that whoever believes is saved, pardoned, and enjoys eternal life.

I explain, as needed, efficacy for those who believe because, in nominally Christian countries, this is what is needed, and efficacy announced shows them that they do not believe it. To God’s children, election is useful to make them humble, for all is grace; to reassure them, for grace is efficacy and flows from a source that does not dry up, from a counsel which does not waver. Here the work and joys of the Holy Spirit can be preciously developed.

Here I am, dear brother, at the end of my letter for this occasion. The more there is simplicity, the more there will be blessing. It is Christ that must be preached, Christ the Saviour of souls, and of sinful souls in their needs and their sorrows, the fruit of God’s free love.

May God be blessed; I have good news in general of the work in Switzerland and France.

The difference of the preaching now is that the story is generally known; one has to announce the efficacy, and the glory, but at the beginning this story presented the glory of it to souls by the power of the Holy Spirit. Now, it is necessary to attract attention. The effect of it will always be the same, where the Holy Spirit acts.

Farewell, beloved brother. May God direct you and strengthen you. Greet the elderly ones, T, G, and all our precious brethren. It is only by a letter from G that supposed I already knew that I have learned that our beloved Tapernoux has gone in peace. He is happy. I long ardently for the time; yes, ardently. However, one fulfils one’s day as a hireling. Assure his widow and his family of all my sympathy. Yes, he is happy! Oh! may that day come when we will all be reunited in the presence and glory of Jesus, without sin.

Yours affectionately

Plymouth – 29th June 1846

 

I am sending you a notebook. I fear it betrays a little haste, because in getting over illness, I have found a mass of letters and business awaiting me, and I have been a bit crushed with fatigue.

 

 

[1] the Lausanne version – see note in Letter No 147

[2] possibly referring to 1 Cor 1: 30

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

J N Darby
John Nelson Darby

Darby – French Letter No. 148A – Getting Stronger in Faith

J N Darby
John Nelson Darby

Extract from 148

Do not be discouraged, dear brother, about your dear daughter. There are hearts which close up in a crowd, which often are open only to God. Sometimes this is linked in some way to some fault. But they have confidence only when they are near God and hide amid the noise of the world where hardier souls are found. God has care of these hearts, but they must be cared for as much as others, for the flesh which is always there always tends to associate with the world. If life is there, which I do not doubt, it must be cultivated as with any other soul, leaving its manifestation to God. One has said: the grace of God in the heart of a man is a delicate plant in a bad climate. One must think about this.

When the faith of your daughter becomes firmer and leans less on its joy in Christ, or rather on the joy which flows from Him, your daughter will have more confidence to face the world. It is necessary to wait for the work of God, and, in the meantime to watch that the world does not spoil this work. There is difficulty in finding one’s first freshness again; but if it is kept, all this will be rediscovered later, more solid, and more completely Christ itself.

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013
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J N Darby – French Letter No. 147 – Translating Revelation

J N Darby
John Nelson Darby

147

Plymouth – 1st November 1845

To Mr B R

Beloved Brother

Just a few words. I do not reply to what you have said about the fourth class of the first resurrection. The thing interests me a lot, because it is found in so many passages and even, almost, in so many truths, that one ought to examine it in a rather close way to be able to form any judgment. As soon as I shall have been able to do so, I shall say something to you about it. It also links to some thoughts which I have on Revelation 14, but I so feel my ignorance on these points that it would be madness to say too much about it; it is true that this makes it all the more interesting to look into. I only believe that it is evil to rush to establish a system thereupon, because of the smallness of our minds, by virtue of the One for whom the system, or rather the revelation has gone out. We know in part; we accept (by faith) isolated truths. The linking of these truths comes from the activity of our mind. I do not say that the Holy Spirit does not help us – why would we doubt it? – but it is no longer a revelation properly speaking, and the sum is always incomplete, so that if we limit ourselves however it may be to this, other truths are excluded, lose their power, and the soul and fellowship with the brethren (who have perhaps understood other truths) suffer from it. As to the translation[1], I work remotely from most of my resources – books in fact, so that I present my notes as being able to serve for common usefulness, and, in this work, it is evidently a matter of recognising that. I acknowledge in this translation (the one which exists), a conscientious task, but careful examination which I have made has convinced me that it is sometimes a little less literal than I had [previously] thought. This is what I have done lately in a task which I undertook on the English New Testament: in the beginning, I had not thought of critical improvements of the received text. As I am travelling (for I worked on it only at moments of leisure), I have my Tischendorf as travel book. Now I have stopped for a short time: I have an edition with the text by Scholz in the margin, the received text, that of Griesbach, Scholz and Tischendorf[2]. If there is agreement between them, and the witnesses show in the true text in an unequivocal manner, I accept it. If there is a variance of some importance, depending on a good number of witnesses, I put in the margin, ‘several’, or ‘some’ read this or that thing. I do not touch the question when this becomes a critical affair, because it is a question of a translation and not of a critical edition. If all those who have examined the text are agreed, it is a folly to give a bad reading. In the case where there is a large number of authorities for a thing, I can tell historically that this fact exists, but I do not enter critical domain as such. I use it, but I do not initiate it; it is not my work there.

Tomorrow, I shall send, I think, notes on Matthew; the others will follow shortly, with God’s help. The comments on epistles will be very important otherwise. I have followed the way of the translations in my notes.

As to the passage in Revelation 5: 9, 10, the text is indeed confused, such that one must not insist much doctrinally on that which is variant in this passage. Scholz reads: (ἡμῶν – hemon) we in v 9. Griesbach also; the only old manuscript of the Revelation rejects it. At verse 10, Scholz and Griesbach read τῷ θεἡμῶν βασιλείαν (tō theō ēmōn basileian)[3] (“thou hast made them kings, etc”) with the great majority of witnesses. Scholz and Griesbach retain βασιλείαν (“kings”). A Copt, Vulg are the authorities for βασιλεία – basileia (“kingdom”). There are almost as many witnesses, more even, for “they will reign”, than for “they reign”, but the only old manuscript cited favours the last reading …

There remains a question about the four living creatures, which you have not yet raised. Are they the symbols of a certain character of power, which we find manifested in the service of certain beings which are not necessarily always the same? Is it a seraph? It is only found in Isaiah 6, save the brazen serpent. I doubt a bit your teaching on the priesthood. It has to be shown first that there was one which was not of the character of that of Melchisedec. “They shall reign over the earth” does not signify the seat of sovereignty but its object.

I have been interrupted and I stop. Peace be with you, dear brother. May God deign to keep the brethren in simplicity and humility, and may their hearts be united. May He make them prosper under the breath of His Spirit. Greet our dear friends very affectionately on my behalf. May the presence of God in Spirit be in the midst of you all; there is our joy. The only thing which gives me sorrow in Herzog’s pamphlet[4] is that it is a brother; apart from that, it is only not to be taken account of.

Yours very affectionately

______________

[1] The 2nd edition of the Bible translated at Lausanne. Motivated by the conviction that the Scriptures communicate the very mind of God, a group of Piétistes Protestants set to work in Lausanne on a tranaslation under the direction of Louis Gaussen, and then Louis Burnier. The New Testament appeared initially in 1839, then the Psalms in 1854 and the remainder of the Old Testment between 1861 and 1872. This Bible of Lausanne did not have a wide readership itself, but provided a foundation for a later Bible, the Louis Ségond Bible, which became a classic version. This Lausanne Bible was not a revision, but a scholarly concordant Bible, not really fit for wide use.

[2] In the revised Preface to second edition of the New Testament (1871), JND says – ‘In my first edition my translation was formed on the concurrent voice of Griesbach, Lachmann, Scholz, and Tischendorf: the first of soberer judgment and critical acumen and discernment; the next with a narrower system of taking only the very earliest MSS, so that sometimes he might have only one or two; the third excessively carelessly printed, but taking the mass of Constantinopolitan MSS as a rule’

[3] These Greek insertions have been inferred and need to be checked – see note to Letter No 143

[4] Editor’s note:- ‘a pamphlet hostile of the writer of the letter’. Professor J J Herzog of Lausanne wrote – ‘The Plymouth Brethren or Darby and his followers in the canton of Vaud, its relationship to the dissident’s municipalities and to the national church’, published in the Protestant Church Newspaper in 1844

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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J N Darby – French Letter No. 146 – Advice to another Servant

J N Darby
John Nelson Darby

146

Lausanne – 2nd January 1845

To Mr B R

Beloved Brother

I have read the two letters which you have had the goodness to send me and I proceed, without preface, to tell you something. M’s flesh, sweet, hospitable and flattering, pleases me less than the honest absent-mindedness of H, although it may be less cutting. As to the confidence in each, I do not see a great difference between the two; and you see, as soon as his carnal system and unbelief fall, struck at the base, how all the sweetness disappears with M! ‘It is Jesuitical sophistry’, he says. He will speak of love as much as you want, but never of what touches his conscience. I believe that he is in the saddest state possible. The only true testimony as to him, I am sorry to say it, is to avoid him. He avoids all that could wound the flesh, in avoiding anything that could judge it, because he wants to be able to walk peacefully himself. This gives him an air of amiability, of sweetness and charity, but all this only does the work of the enemy. If he is opposed, one has the air of not having charity; if one is with him without opposition, one consents to the evil he does. God knows to lay this bare, but it is Him who does it. You see that he already has the reputation of a man oppressed, because of what he calls your attacks. It is thus, knowing all the evil that he does to simple souls by these means, that I have taken such a decisive part as to refuse to go and see him or to invite him …

As to H, you have been hurt, dear brother. You should keep above his lack of wisdom or know-how, and show him in love that his letters lacked maturity at least, and also wisdom too. It would have been good for him. I have written to him, perhaps too frankly, but I would have felt that I lacked in charity if I had not told him what I thought. I still do not have an answer; I hope that God will act in his heart.

I dare to urge you, dear brother, not to write much just now. When one studies the ministry or rather the Word with that end in view without being concerned with souls, there is always danger. One can follow ideas. Seeking souls is a remedy; it is necessary to know how to apply our knowledge to their state, without which it is worth nothing. To be clear oneself is not to be clear to others in opening up the truth. Grace and the truth came by Jesus Christ[1]. When our intelligence is too much in activity, the truth ceases to be a link between the soul and God. I have never seen a person reading the Word a lot without acting in charity and in responsibility towards souls, who did not hold something of little importance and often erroneous. The truth is not even a link between my own soul and God. It becomes ‘subjecta veritas quasi materia[2], and this is doubly detrimental when it is a matter of the Word. If you set yourself to produce a lot, I urge you to produce it for souls, and especially for poor sinners. It is inconceivable what good this does to ourselves, how it makes one become small, and in what way the truth takes its place. I have said ‘produce’ because one cannot study without producing; however what seeks souls is always good in itself; these are the realities of faith and not our ideas, and our own souls find their true place before God. It is evident that this does not divert from Biblical studies; on the contrary, they are much more profitable, because the Spirit of God, having His true activity, according to His nature, acts freely in the communication that He makes to us of divine things. This is what I have often found.

Actually, God acts in us as much as by us, and the first of these things is never agreeable but very profitable. Sometimes those who do not know what it is think that they have lost His love, because He makes them reflect on themselves for their good. It is a sorrowful discipline, but which has for its end to make us enjoy Him more really, and to set us in the truth, at the bottom of our hearts, instead of being happy on the surface which is being very negligent underneath. All this is our fault, but it is God’s goodness which desires that we should enjoy Him more deeply, washing us of all that would hinder, if the conscience were to be in full exercise, making us judge all that. Instead of our being able to see Him entirely simply, He who is our full joy, He puts something hidden on our conscience, without our knowing it, whether it be in the heart or in nature, and at least He stops us in the way. He is faithful in His love; if we know Him, we soon see what He is, and confidence returns even if the work is not finished.

In great haste, your very affectionate brother in Jesus, our Lord and precious Saviour. Greet all the brethren much. I hope, God willing, to see them soon, but I do not know exactly when.

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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[1] John 1: 18

[2] ‘truth as a subject matter’

J N Darby
John Nelson Darby
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