J N Darby – Lettre No. 115

J N Darby
John Nelson Darby

Halifax, 2 avril 1877

A M. P.

Bien cher frère,

Je suis heureux que vous veniez aux Etats-Unis.

L’œuvre des frères, en anglais, commence à prendre quelque consistance, en sorte qu’on avertit le monde d’être sur ses gardes. Mais les frères français ont besoin d’ouvriers. M. travaille paisiblement et utilement ; L. s’occupe des Anglais. A Grand River (Détroit), il y a du bien ; j’en ai reçu des nouvelles par X., dont le fils a été converti.

Ici, le Seigneur agit d’une manière réjouissante, en sorte que j’ai dû y rester plus longtemps que je ne pensais. A New-York, l’œuvre fait du progrès et il y a besoin d’un ouvrier. J’ai profité de la présence du frère X. pour pousser jusqu’ici, à plus de 900 milles, mais, Dieu voulant, je serai bientôt à New-York. Je pense traverser l’Océan aussitôt qu’il fera beau temps. On me demande dans l’Ouest, mais je doute fort que je puisse y aller ; ce serait pour le mois de juin. Si l’œuvre se ralentit à New-York, il se peut que je fasse cette visite ; mais dans ce cas, je ne serais en Europe qu’au mois de juillet.

J’ai été si heureux d’avoir de bonnes nouvelles de la chère France ; cela m’a réjoui le cœur.

Les temps deviennent sérieux ; l’incrédulité se répand et s’empare des âmes, mais Dieu, sa parole, nous en avertit. Nous aurons combattu pour la foi, une foi communiquée aux saints, mais l’incrédulité moderne me paraît superficielle et creuse, quelque prétentieuse qu’elle soit.

Je vous écrirai si mon voyage est retardé.

Paix vous soit.

Votre affectionné en Jésus.

 

J N Darby – Lettre No. 116

J N Darby
John Nelson Darby

Dublin, janvier 1878

A M. P.

Bien cher frère,

Mon voyage aux Antilles, et la surcharge de travail pendant mon court séjour à Londres, ont interrompu notre correspondance, et m’ont empêché de vous écrire. Vous serez surpris d’apprendre que ce n’est que maintenant que je viens de lire votre lettre. Comme elle était adressée à M. Mc A., je pensais que c’étaient des nouvelles de New-York dont j’avais eu déjà bien assez, et ce n’est que lorsque j’ai voulu la lui rendre, en quittant Londres, que l’erreur a été reconnue.

Pour le moment, je suis en Irlande, mais, dans quelques jours, je pars pour l’Allemagne, puis, Dieu aidant, pour la Suisse, la France, l’Italie, où l’œuvre s’étend et où quelques ouvriers sont suscités par Dieu.

J’espère voir un peu nos amis du midi de la France, mais ce sera un peu plus tard, et j’aimerais bien me recueillir un peu auparavant. Le Seigneur a été avec moi, et la Parole a toujours plus de clarté et de force pour mon âme ; pas de nouvelles vérités que je sache, mais ce qui était vague et entouré de nuages est devenu net et clair ; seulement j’aimerais un peu de tranquillité, et faire la connaissance de beaucoup de frères nouveaux, le nombre ayant beaucoup augmenté. Il y a 300 réunions maintenant, plus ou moins, en Angleterre ; plus de trente à Londres et dans les faubourgs, pour ne rien dire de l’Irlande et de l’Ecosse où le nombre en a beaucoup augmenté. Il est impossible de les suivre en détail, cela nous rejette davantage sur le Seigneur qui seul peut les garder (ce qui est toujours vrai), et cela au milieu de plus de pièges et d’erreurs que jamais. Quelle consolation que de savoir qu’il aime les siens, les nourrit, les chérit, et qu’il prend soin d’eux. C’est là ma consolation. Lui seul peut le faire, et il le fait avec un amour qui dépasse de beaucoup toutes nos pauvres pensées.

Mais le mal surgit de tous les côtés. Le papisme, les hérésies, l’incrédulités, toutes les vagues qui marquent la puissance de l’ennemi, montent et rugissent autour de nous, seulement le Seigneur est plus puissant que toutes. Les efforts de l’ennemi sont les impulsions du désespoir. Le silence du Seigneur est le calme du pouvoir. Au reste, il parle. Comme il l’a dit à Philadelphie : il a la clef de David. Il met devant les siens une porte ouverte que personne ne fermera, et on le voit, car l’évangile est prêché comme il ne l’a jamais été, et le témoignage de la vérité se répand. Mais tout se prépare pour la fin. Il me semble que le Seigneur permet l’incrédulité, comme contrepoids au papisme, car le protestantisme ne l’est plus du tout.

Au milieu de tous ces flots, je trouve une paix bien douce ; nous avons reçu un royaume qui n’est pas ébranlé. Jamais il n’y a eu autant de sérieux, ni de désir d’entendre la Parole. Le temps est court : sachons attendre le Seigneur, et le servir jusqu’à ce qu’il vienne.

Voyez la différence qu’il y a entre les épîtres aux Romains, aux Ephésiens, et aux Colossiens. Dans l’épître aux Romains, l’homme est envisagé comme vivant dans le péché, puis nous sommes morts au péché. C’est la délivrance du vieil homme, dans cette épître ; on n’est pas ressuscités avec Lui. – Dans les Ephésiens, nous sommes ressuscités avec lui et assis dans les lieux célestes en lui ; nous sommes envisagés comme morts dans nos péchés, et tout est la création de Dieu. – Dans les Colossiens, nous trouvons ces deux choses : “Morts avec lui,” de manière à être délivrés, “ressuscités avec lui,” mais non pas assis dans les lieux célestes. Ici, l’homme doit vivre en homme ressuscité sur la terre, ayant ses affections aux choses qui sont en haut où Christ se trouve. L’héritage est en haut. Dans les Ephésiens, l’héritage est tout ce que Christ a créé. Ainsi, nous avons trois aspects différents de la vie chrétienne, avec des connaissances bien instructives pour la marche. Au commencement de la seconde aux Corinthiens, nous trouvons la réalisation de l’épître aux Romains : “Portant toujours partout dans notre corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps.” Ensuite Dieu nous y aide par les circonstances pas lesquelles il nous fait passer. Seulement, au chap.5, nous avons le principe de l’épître aux Ephésiens : si un est mort pour tous, tous étaient morts, aussi trouvons-nous là la nouvelle création. Si nous saisissons la portée de ces vérités, nous comprendrons beaucoup mieux quel est le vrai caractère du christianisme, sa portée aussi. Tout cela m’a fait beaucoup de bien. La Parole est adaptée à notre position et à nos circonstances ici-bas, mais elle vient d’en-haut, et elle nous introduit là-haut. Nous pouvons la prendre comme lumière divine pour ici-bas, ou bien nous pouvons la suivre en remontant à la source. Il en est ainsi de Christ, la Parole vivante, parfaitement adaptée aux pauvres humains. Il révèle ce qui est dans le ciel. Or nos pensées et nos prières peuvent prendre le caractère de l’un ou de l’autre, mais toutes les affections spirituelles se développent, quand nous sommes avec lui en haut. Certainement Dieu pousse les frères à plus de dévouement et de spiritualité. On attend aussi le Seigneur plus réellement, je le crois.

Saluez les frères. Dieu sait si, à mon âge, je pourrai les revoir. Enfin je cherche, comme je l’ai cherché, leur bien devant Dieu, et il en est un qui ne les quitte pas. Qu’il les tienne dans sa grâce près de lui. Paix vous soit.

Votre toujours affectionné.

J N Darby – Lettre No. 107

Turin, novembre 1871

A M. P.

Cher frère,

Si je révélais toutes les choses que je sais, j’aurais beaucoup à dire ; et savez-vous que le meilleur moyen de ne pas trahir un secret, est de ne pas laisser voir qu’on en connaît un ? Pour agir ainsi, le monde trompe et parle d’une manière détournée, – non pas le chrétien, parce que s’il est content de ne dire que ce que Dieu veut qu’il dise, il n’a qu’à se taire, et s’il est habitué à agir ainsi, la chose devient toute simple…

Cette chère C. est délogée. Elle a quitté ce monde il y a très peu de temps. Son mari était absent ; il l’a trouvée morte à son retour. Elle est morte en paix ; elle a dit : “Je sais que je vais mourir, mais je suis tranquille : je n’en dis pas davantage.” Voilà la fin d’une minime partie, mais pour quelques-uns d’une grande partie de ce pauvre monde.

Dieu s’est révélé à son âme, puis Dieu l’a prise ; maintenant elle est dans le ciel. Que d’histoires se racontent ainsi en peu de mots, qui, sur une petite scène, ont rempli d’anxiété bien des cœurs ! Si l’on traverse ce monde avec Dieu, on se confie en lui, et tout en souffrant pour les choses réelles plus que d’autres n’en souffrent, on le traverse sans inquiétude, parce que Dieu est là ; on ne s’inquiète même de rien ; une âme de plus dans le ciel amenée par le fidèle Berger, voilà le vrai fait. Quelques âmes affligées, cela est naturel dans ce monde, comme lorsqu’une pierre tombe dans l’eau : un peu de bruit, quelques cercles qui s’élargissent, puis s’effacent, et l’eau continue, comme par le passé, à couler avec le bruit qui lui est propre. Nul signe de la pierre ne reste, mais il y a une âme recueillie auprès du Seigneur et qui ne sortira plus de sa présence ! Quelle immense joie, quelle profonde bénédiction ! Que le nom du Seigneur en soit béni. On me dit que son frère est bien affligé, cela se comprend ; son pauvre mari aussi a bien droit à nos sympathies.

Je vous dirai, cher frère, que nous allons avoir, Dieu aidant, une étude de la Parole à Nîmes, pour dix ou douze jeunes frères qui se consacrent plus ou moins absolument à l’œuvre, principalement de l’Ardèche, mais d’ailleurs aussi.

Je suis au nord de l’Italie. Je sais assez la langue pour expliquer la parole de Dieu, mais je ne prétends pas prêcher. Dans quelques semaines, je pars, Dieu voulant, pour la France. Dieu a passablement ranimé les frères en Suisse, et je crois qu’il le fait en France aussi.

Il se peut que je me rende en Amérique l’été prochain. Dieu le sait.

Je ne puis plus faire de courses à pied, autrement je travaille comme de coutume, et je suis mieux hors de Londres que dans cette grande ville, mais dans sa 72ème année, on ne peut penser à faire ce qu’on faisait plus jeune.

J N Darby – Lettre No. 107

Londres, mars 1871

A M. P.

Bien-aimé frère,

J N Darby
John Nelson Darby

J’ai été heureux d’avoir de vos nouvelles ainsi que des frères, et tout premièrement de nos chers frères de France. Dieu les a gardés ; il est toujours fidèle.

Vous aurez su comme tout le monde qu’il y a eu un second siège de Paris, les Communistes s’étant emparés de la ville. Des maux plus sérieux que dans le premier siège en sont résultés ; des batailles, des assauts livrés, puis pour empêcher le progrès des troupes, on a mis le feu à la ville en bien des endroits, et incendié des monuments publics. Vous en savez probablement plus que moi, car je ne lis pas les journaux ; cela me distrait, et le monde va son train, que je les lise ou que je ne les lise pas.

Les frères de Paris ont continué leurs réunions et ont été heureux, malgré les difficultés du temps. On a envoyé des fonds d’Angleterre, de Hollande, de Suisse, et on est venu en aide, au fur et à mesure de leurs besoins, aux ouvriers qui s’étaient endettés, ayant manqué de travail.

La Suisse va assez bien. Des frères anglais y sont actifs, et il y a eu un renouvellement de vie.

En Angleterre, en Ecosse, en Irlande et en Allemagne, dans le Canada aussi, l’œuvre du Seigneur fait toujours des progrès, mais le mal aussi, et d’une manière encore plus évidente. Pour ma part, cher frère, Christ est toujours davantage le tout de mon âme. Je vieillis, mon salut est plus près que lorsque j’ai cru. Toutefois, je travaille toujours, mais le travail me fatigue davantage ; ce n’est pas étonnant à 70 ans passés.

J’ai médité Matthieu à Londres, et j’ai excessivement joui de la présentation de Jésus, Jéhovah le Sauveur, homme dans ce monde, manifesté en chair, mais le modèle de notre position, le vainqueur dans notre combat, tout en étant Dieu en grâce, au milieu de nous.

Nous imprimons la seconde édition du Nouveau Testament français, avec les corrections et notes nouvellement ajoutées de la seconde édition anglaise, la troisième édition allemande, avec les mêmes corrections, ainsi que l’Ancien Testament que j’avais traduit la dernière fois que j’étais en Allemagne, ce qui, avec le travail ordinaire de l’œuvre, ne m’a pas laissé oisif. J’ai dû consulter plusieurs nouveaux manuscrits et m’occuper d’autres travaux critiques qui ne nourrissent guère…

Saluez affectueusement tous les frères.

Votre bien affectionné en notre précieux Sauveur.

 

J N Darby. Lettre No.106

CVI – 106
Londres, 1er mars 1871
A M. P.
Bien-aimé frère,

J N Darby
John Nelson Darby
Il est bien problématique que je revienne encore en Amérique. Ce n’est sûrement pas que le désir me manque, car j’aimerais beaucoup m’y rendre, surtout en vue d’un ou de deux endroits ; mais, tout en étant encore capable de beaucoup de travail, j’ai dépassé le terme assigné à la vie humaine et ne suis plus aussi capable de supporter la fatigue et les peines, comme lorsque je trottais à pied sur les montagnes de la Lozère et du Gard. Mais enfin je suis à Dieu, à un Dieu de toute grâce, heureux de lui appartenir, infiniment heureux, et ne désirant que faire sa volonté jusqu’au bout, car c’est la seule chose bonne. Que sommes-nous, sinon ses serviteurs, dans ce monde ? Bientôt les illusions passeront, il n’y a que la foi qui soit vraie et qui demeure.
Je tiens neuf réunions par semaine, ou j’y prend part, et je travaille de la tête ; je visite encore comme toujours, mais je ne sais si un voyage jusqu’en Californie serait dans les voies de Dieu. On me l’a déjà demandé, mais de prime abord, une telle mission semble exiger, pour la remplir des forces corporelles dont un homme de 70 ans passés ne peut guère disposer, réclamé comme je le suis par d’autres travaux. On me demande aussi en Italie.
Pour le moment, les peines de nos chers frères français paraissent toucher à leur fin. Nous avons fait ce que nous pouvions pour les soulager. Ceux de Paris ont souffert de la disette de vivres, mais pas autrement. Des secours se montant à 40’000 francs environ ont été envoyés du côté de Sedan où la détresse était grande, et de plus 4’000 fr. pour les besoins urgents de ceux qui ont été sur le théâtre de la guerre. La Hollande et la Suisse ont pris part de leur côté à cette libéralité. Les frères allemands ont fait ce qu’ils ont pu pour accueillir les frères prisonniers, quand ils ont pu les trouver. Deux de ces derniers travaillent paisiblement au milieu d’eux et gagnent leur vie : pour un troisième, ils sont arrivés deux heures trop tard, il venait d’être envoyé avec 2’000 autres prisonniers dans le Holstein. Ils se sont portés caution pour ces frères, auprès du gouvernement. Enfin, il y a eu un témoignage rendu (quelque faible qu’il ait pu être), que la grâce et le christianisme sont en dehors, et au-dessus des misères de ce pauvre monde. L. F. les a visités, et a reçu de bonnes lettres de quelques-uns d’entre eux qui avaient été envoyé en Bavière. Dans l’Ardèche, où les frères ont peu ou point souffert, cela les a néanmoins rendus sérieux, il en a été de même des gens du monde ; aussi les réunions ont-elles été plus fréquentées. Dans la Drôme, quelques-uns ont été entraînés par leurs compagnons de la garde sédentaire ou mobile. Dans la contrée de Montbéliard, ils sont pleins de reconnaissance envers Dieu qui les a gardés. Ils ont souffert, leur bétail a été pris, et les ouvriers ont, paraît-il, manqué d’ouvrage partout à la campagne. Nous leur envoyons des secours, soit d’ici, soit de Suisse. Je vois ce soir par les affiches que le traité de paix est déjà signé. Les choses vont vite à présent, mais on y voit d’autant plus la main de Dieu. J’espère que sous certains rapports, cela aura fait du bien aux frères, car le carnage et la ruine ont été affreux. Puis les vivres manquaient au nord de la France ; car ce qu’on avait semé a été gelé. On sème maintenant. On envoie énormément de blé et de vivres de l’Angleterre, mais c’est un rien pour un si grand pays. Le Midi n’a guère souffert, l’Ouest non plus, sauf de l’inclémence de la saison, et du manque de grain pour les semailles. Mais la paix survenant, les choses se remettront en peu de temps. Dieu toujours bon est au-dessus de tout. Je craignais pour les frères allemands, que ces événements ne leur montassent la tête, mais il paraît qu’ils étaient trop sérieux et qu’ils les ont plutôt tournés vers le Seigneur.
Je craignais d’autre part pour nos frères français, que ces choses ne les aigrissent et qu’ils pensassent plus à la France qu’au Seigneur. J’espère toutefois qu’elles tourneront à leur bien. Nous avons constamment prié pour eux. Savez-vous bien que ce qui arrive même à la confédération des nations de l’Occident ? Dans mon esprit, ces événements renvoient plutôt la venue du Seigneur quant à la terre. Je voyais tout cela en bloc, pour ainsi dire ; maintenant que les choses commencent à se développer, les événements se détachent l’un de l’autre, seulement il me semble que cela demandera du temps. Mais qui peut le dire ? Cela ne touche nullement notre attente. Il n’y a pas d’événements entre nous et le ciel. Que nos cœurs y soient ! …
En somme, je ne crois pas que ce fléau de la guerre ait fait spirituellement beaucoup de mal aux frères. Dans la Drôme, il y avait déjà peu de vie. Je laisse la question de porter les armes des deux côtés ; cela a troublé bien des frères, et je le comprends. Quelle horreur ! pour ne rien dire du principe, de voir des frères s’entre-tuer. Au reste, je ne crois pas qu’un seul frère ait été tué d’un côté ou de l’autre. Le fils d’un frère allemand l’a été ; on espérait qu’il était sérieux. On m’a écrit de France : X., si je ne me trompe, a encouragé les frères à porter les armes. B. doit être, ou a été jugé pour s’y être refusé. Dieu fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l’aiment. Quel Dieu miséricordieux que notre Dieu !
Paix vous soit, cher frère. Saluez affectueusement tous les frères. Ici, les frères vont bien, et l’œuvre s’étend continuellement, mais au dehors tout dégringole. En Allemagne, l’œuvre s’étend aussi.
Votre toujours affectionné.

J N Darby – Lettre No.105

Elberfeld, novembre 1869
A M. P.

J N Darby
John Nelson Darby
Bien-aimé frère,
Vous serez heureux d’avoir des nouvelles du midi de la France où j’ai passé quelques semaines, mais où j’ai travaillé un peu au-delà de mes forces. Je pensais venir ici premièrement, où je m’occupe de traduction, ou plutôt de corrections, car j’ai refusé de traduire, la chose étant au-dessus de mes forces. Les frères qui devaient m’aider n’étant pas prêts, je suis parti de Londres pour Genève et pour le Vigan où l’on désirait beaucoup des conférences. J’ai visité Genève, Aigle, Lausanne, St-Aubin, La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel, Ste-Croix, Gilly, Le Brassus ; Genève pour la conférence, puis Morges et Lausanne ; après, la France, Lyon, St-Etienne, Annonay, avec une courte mais bonne conférence à Valence, deux Jours ; à Montpellier, un jour de repos ; puis la conférence au Vigan, St-André, St-Hippolyte (où ceux de Lassalle et autres sont venus un dimanche), ensuite St-Jean, Nîmes, Montpellier, Genève, la Suisse allemande, Berne, Zofingue, Zurich, avec une conférence allemande : puis Andelfingen, Schaffhouse, Stuttgart, où nous avons eu une conférence allemande pour le Wurtemberg ; enfin Elberfeld.
J’ai un peu souffert de fatigue, et du voyage, mais enfin j’ai vu les frères dans les endroits où je ne les avais pas vus depuis longtemps, et soit à Valence, soit au Vigan, ils sont venus de tous les côtés de la France, du Doubs, etc. A Genève, les conférences ont été très bonnes, pleines de bonne harmonie et sérieuses. Par-dessus tout, on s’est occupé de ce que c’est que d’être mort au péché ; on a désiré reprendre ce sujet, même au Vigan ; nous en avons parlé à Valence.
Je suis allé un jour à Vergèze ; les frères de ces quartiers étaient occupés aux vendanges pendant la conférence. Il y a passablement de jeunes frères intéressants, et en certains endroits l’œuvre progresse. Dans les montagnes, on va bien, mais on a besoin de soins pastoraux et d’enseignement ; car, en général, on en est un peu aux éléments. Dans la plaine, il y a peu de progrès : le commerce du vin fait du mal, toutefois on se maintient.
Le réunion à Montpellier a gagné, à mon avis, mais de tous les côtés le besoin d’ouvriers consacrés à l’œuvre se fait sentir.
En Suisse, l’œuvre se renouvelle ; les anciens frères s’étaient un peu affaissés, mais il y a une jeune génération qui rend la vie et le ressort spirituel à l’ensemble.
Dans la Vallée de Joux il y a du bien, et dans la Suisse allemande, l’œuvre s’est beaucoup étendue. Mais en général, il faudrait un nouveau feu, un nouveau dévouement, à part quelques endroits. En somme, j’ai été encouragé.
Il y a d’autres endroits en France où l’œuvre s’étend un peu.
En Italie, les portes s’ouvrent ; B. s’y est rendu. Il demande, ainsi que les autres ouvriers, que je m’y rende.
En Allemagne, l’œuvre s’est étendue et élargie.
Voilà, cher frère, un résumé qui vous donnera quelque idée de ce qui se passe, et de ce qui se fait ; je ne puis être que court dans une lettre, mais je sais que cela vous intéressera. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour vous écrire, vous pouvez le croire. En ce moment, nous avons une conférence à Elberfel, dont je jouis. Notre travail de correction peut être utile, mais ici la Parole entre directement en contact avec les âmes des frères, et plus particulièrement avec celles des ouvriers. Et c’est là ce que nous avons à chercher. Notre travail sur l’Ancien Testament a le même but, mais ce n’est pas proprement s’occuper des âmes. Toutefois, je crois que c’est Sa volonté que je fasse ce travail, et sa volonté est toujours bonne. Je suis heureux d’être le serviteur des frères pour l’amour du Seigneur et pour sa gloire.
J’ai de très bonnes nouvelles de New-York ; M. est un frère anglais y sont ; ils ont une chambre pour les traités, etc. L’on se réunit comme de coutume, et l’Esprit agit dans les âmes ; leur état a bien changé. Nous trouverons toujours ici le combat, mais la foi nous élève au-dessus de tout. J’ai eu confiance que cette œuvre de l’ennemi tournerait au bien par la grâce du Seigneur ; et on est heureux, quand on a eu confiance dans le Seigneur, quand la chair, le cœur humain même, n’y trouvait pas son compte, mais qu’on comptait sur lui, heureux de n’être rien pour son service. On n’est rien, nous le savons bien, mais être content de n’être rien, c’est autre chose, et cela, quand l’œuvre à laquelle on tient, et qui était selon Dieu, est gâtée. Mais Dieu est toujours bon, toujours fidèle.
Je ne sais si votre œuvre est terminée à l’ouest. Ce serait dommage que vous fussiez allé si loin sans achever ce pour quoi Dieu vous a amené là, mais quand je vois tous les besoins de la France, je pense naturellement aux ouvriers français qui n’y sont pas. Ah ! s’il y avait plus de dévouement, les ouvriers ne manqueraient pas, au moins comme cela a lieu à présent. J’espère que quelques-uns l’ont senti dans nos conférences. Mais un seul peut donner et ouvriers et dévouement. Qu’il le fasse dans sa bonté !
J’ai un peu la pensée de me rendre en Amérique l’été prochain, mais je laisse la chose à Dieu, ne sachant ni si je pourrai trouver assez de temps, ni si j’aurai assez de force. Enfin la chose est entre ses mains. Tenez-vous près de lui, cher frère, c’est là notre force et notre bonheur, et la grâce du Seigneur nous suffit ; seulement, par la grâce, tenons-nous près de lui, cherchons sa force.
Saluez cordialement les frères. Je me suis beaucoup réjoui d’entendre que cela allait mieux à Sugar Creek ; Dieu en soit béni. Je me souviens de tous les frères dans l’Illinois, avec beaucoup d’affection.
Que Dieu soit richement avec vous.
Votre bien affectionné frère.
Le Seigneur est notre tout maintenant par la foi, bientôt il le sera dans la perfection, et sera révélé pleinement. Qu’il soit votre tout, et toujours davantage celui de tous les siens, – oui, leur tout !
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J N Darby – French Letter No. 105 – Work in France and Switzerland

Elberfeld – November 1869

To Mr P
Beloved Brother,

J N Darby
John Nelson Darby
You will be happy to have news of the South of France where I have spent several weeks, but where I have worked a little beyond my strength. I had thought of coming here first, where I am occupied with translation, or more exactly corrections, for I have refused to translate, the thing being beyond my powers. The brothers who have to help me not being ready, I left London for Geneva, Aigle, Lausanne, St-Aubin, La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel, Ste-Croix, Gilly, Le Brassus; Geneva for the conference, then Morges and Lausanne; afterwards France, Lyon, St-Etienne, Annonay, with a short but good conference in Valence for two days; to Montpéllier, a rest day; then the conference in Vigan, St-André, St-Hippolyte (where those from Lassalle and others came on Sunday), next St-Jean, Nîmes, Montpéllier, Geneva, German Switzerland, Berne, Zofingue, Zurich, with a German conference: then Andelfingen, Schaffhousen, Stuttgart, where we have had a German conference for Würtemberg; and finally Elberfeld.

I have suffered a bit from fatigue, and from the journey, but at last I have seen the brethren in the places which I had not seen for a long time, and whether at Valence or Vigan, they came from all parts of France, the Doubs, etc. At Geneva, the conferences have been very good, full of good harmony and serious. Through all, one is occupied with what it is to be dead to sin; one has desired to have more time on this subject, even at Vigan; we have spoken of it in Valence.

I went for one day to Vergèze ; the brethren in these quarters were occupied with the grape harvest during the conference. There are quite a lot of interested young brothers, and in certain places the work progresses. In the mountains, they go on well, but they need shepherding and teaching; for in general they are a bit elementary. In the plain, there is a bit of progress; the wine trade does poorly, but they keep going.

The meeting in Montpéllier has gained, in my view, but on all sides the need is felt of workers dedicated to the work.

In Switzerland, the work renews itself; the old brothers were a bit down, but there is a younger generation which brings life and spiritual spring in the meeting. In the Vallée de Joux , things are good, and in German Switzerland, the work is greatly extended. But in general, a new fire is needed, a new devotion, on the part of some places. In summary, I have been encouraged.

There are other places in France where the work expands a bit.

In Italy, doors open; B has gone there. He asks as other workers that I go there.

In Germany, the work is extended and enlarged.

There, dear brother, is a summary that will give you some idea of what is going on, and of what is being done; I can only be short in a letter but I know that this will interest you. I do not have a lot of time to write, you can believe. At this time, we have a conference in Elberfeld, which I am enjoying.

Our correcting work may be useful, but here the Word enters directly in contact with the brethren’s souls, and more particularly with those of the workers. It is there that we have to look. Our work on the Old Testament has the same object, but it is not properly concerned with souls. However, I believe that it is His will that I do this work, and His will is always good. I am happy to be the brethren’s servant for the love of the Lord and for His glory.

I have very good news of New York; M and an English brother are there; they have a tract depot. They meet there as usual, and the Spirit acts in souls; their state has changed for the good. We will always find conflict here, but faith lifts us above all. I have confidence that this work of the enemy will turn to good by the Lord’s grace; and one is happy when one has confidence in the Lord, when the flesh, the human heart even, would not find its trust, but one counts on Him, happy to be nothing for His service. One is nothing, we know it well, but to be content to be nothing is another thing, and this, when the work to which one holds is what is according to God, is grace. But God is always good, always faithful.

I do not know if your work is finished in the West. It would be damaging if you should have gone so far without finishing what God brought you there for, but when I see all the needs of France, I think of course of the French workers who are not there. Ah! if there was more devotion, the workers would not be lacking, at least as it is currently. I hope that someone will have felt it in our conferences. But One alone can give both workers and devotion. May He do it in His goodness!
I have thought a little of going to America next summer, but I leave the thing to God, not knowing if I should be able to find enough time, or if should have enough strength. In the end, the thing is in His hands. Keep near to Him, dear brother, it is our strength and our happiness, and the Lord’s grace suffices us; only, by grace, let us keep near to Him, seeking His power.
Cordially greet the brethren. I am very glad to hear that things go better in Sugar Creek : may God bless them. I remember all the brethren in Illinois with much affection.

May God be richly with you

Your very affectionate brother

 

 

The Lord is our all now by faith, soon He will be in perfection, and will be fully revealed. May He be your all, and ever more so to all His own – yea, their all!

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013
Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

J N Darby – Lettre No. 104

Bien-aimé frère,
…L’œuvre ne va pas mal ici. Sauf la Jamaïque, grande et belle île, et Demerara, colonie dont le territoire est aussi étendu que la Grande Bretagne, ce sont de petits îlots parsemés dans la mer.
Dieu a béni ici notre frère S

La Barbade, 1869

J N Darby
John Nelson Darby

A M. P.
Bien-aimé frère,
…L’œuvre ne va pas mal ici. Sauf la Jamaïque, grande et belle île, et Demerara, colonie dont le territoire est aussi étendu que la Grande Bretagne, ce sont de petits îlots parsemés dans la mer.
Dieu a béni ici notre frère S. ; il y a une réunion où règnent la piété avec la faim et la soif de la vérité. Je n’ai jamais vu une congrégation plus attentive, et bien que notre local soit des plus mesquins, les auditeurs n’y manquent pas. Demerara a plus d’une réunion. Le désir d’entendre y augmentait pendant mon séjour ; là il y a eu du bien ; tout en étant un peu assoupis, cela ne marchait cependant pas mal ; maintenant de nouvelles âmes sont ajoutées. Notre visite a naturellement encouragé ces amis. A Demerara, ils sont 350, principalement des gens de couleur ; à la Barbade, 50 avec plus de blancs, mais plutôt blancs d’apparence. Quant à la population à Demerara (colonie prospère) elle frappe ; c’est un mélange de Chinois, d’Hindous, etc., de toutes sortes de races ; ils vont à peu près nus. Le mariage, quoiqu’il y ait progrès, était l’exception ; le plus grand nombre des frères étaient enfants illégitimes ; et bien que les frères, cela va sans dire, fassent de ces unions une affaire de discipline, des difficultés surgissent. Un fils de famille introduit une fille à la maison, et dans la société la conscience est nulle à cet égard. On a été ferme au début pour ces cas aussi, et cela va mieux, mais ces mœurs, résultat de l’esclavage, sont épouvantables. Dans les réunions tout est en ordre, mais vu les mœurs en générales, il faut beaucoup de vigilance. Des personnes vivant dans des relations illégitimes, assistent aux réunions et paraissent être converties. On dira qu’en réalité ils sont mariés, mais ils peuvent se quitter à tout moment, et cela ne manque pas, hélas ! d’arriver. Au-dedans de la réunion, le mal n’existe pas, mais on en est entouré, dans le cas de ceux qui la fréquentent.
La date de ma lettre vous expliquera mes longs délais.
Paix vous soit, cher frère. Saluez affectueusement tous les frères.
Votre affectionné en Christ.
P. S. Je pense, Dieu aidant, partir pour l’Europe vers la fin du mois d’avril.

J N Darby – Lettre No. 102

J N Darby
John Nelson Darby

New-York, 1867

A M. P.

Bien-aimé frère,

…Quant à la Suisse, je parlais de besoins généraux. Il n’y a que trois frères entièrement à l’œuvre, qui font tout ce qu’ils peuvent, en outre divers frères, chacun dans sa localité. Autrement, cela ne va pas mal. Le long de la Broye il y avait eu des dissentiments ; de tout temps on y était maladif ; mais ce qui était fidèle est devenu plus solide qu’auparavant. Il n’en est pas moins vrai qu’on a grandement besoin d’ouvriers. Je n’ai pas vu la brochure de M. G. ; il l’a envoyée à Londres et m’en a averti, mais ce genre de littérature ne me suit pas ici.

Quant à Béthesda, l’affaire est très simple. Quant M. Newton a enseigné ses blasphèmes, et qu’on lui a bâti une chapelle, Béthesda a reçu les personnes qui en faisaient partie, même les personnes qui retenaient ses doctrines, puis a usé de toute sorte de procédés frauduleux pour cacher le fait, mais a préféré voir sortir de son sein une quarantaine de frères fidèles, plutôt que de ne pas recevoir ces personnes : c’était un parti pris.

Mais le principe va plus loin et l’on en voit les effets partout. En Amérique, il s’agit de l’immortalité de l’âme ; les neutres, comme on les appelle en Angleterre, qui viennent ici, se joignent sans difficulté aux réunions qui nient l’immortalités de l’âme, et au fond par conséquent la valeur de l’expiation. Ils disent : “ce sont des chrétiens” ; et cela leur suffit. Une personne payée par Béthesda, dans le Canada, défendait ouvertement les doctrines de M. Newton, et quelques-uns ici les propagent. Ils ne sont pas de Béthesda, mais marchent dans ses voies et l’approuvent. La question est celle-ci : Est-ce que la vérité est nécessaire aussi bien que la grâce ? L’un d’entre eux, homme actif de ce côté de l’Atlantique, et qui est venu du milieu des neutres de l’Angleterre, m’a dit : Qu’est-ce que la vérité ? Il n’y a pas de vérité certaine qu’on puisse exiger des autres. Il était en pleine communion avec ceux qui niaient l’immortalité de l’âme et qui propageaient cette doctrine, tout en disant qu’il ne partageait pas leurs vues ; – puis il est allé se présenter à Toronto, aux frères, comme un de mes amis, car ce système est partout la ruine de l’intégrité et de la doctrine. Je crois que M. R. a traduit la brochure de M. T. « Béthesda en 1857». Pour ma part, je n’ai jamais rien publié là-dessus. Mais Béthesda est rentré dans le cercle de la mondanité chrétienne.

J’ai été dans l’Ouest, où il y a en quelques endroits du bien ; des portes se sont ouvertes parmi ceux qui parlent le français. L’œuvre fait quelques progrès et les frères commencent à se connaître les uns les autres ; mais c’est une goutte d’eau dans un lac. Cependant le témoignage est là et se propage.

Ici, à New-York, tout est enseveli dans le commerce ; les chrétiens sont tout à fait mondains, à quelques exceptions près, et ces derniers gémissent. – On approuve ouvertement les bals, les théâtres, et les membres des églises y vont habituellement ; c’est une débandade morale dont on ne se fait pas une idée. Il faut être d’une église, c’est honnête, et il ne s’agit pas plus de conversion que de quoi que ce soit. Nous avons à présent une petite réunion, composée de gens fidèles, quoique faibles ; peut-être 25 en tout, mais c’est une ressource pour ceux qui viennent, et un petit témoignage pour ceux qui cherchent, – faible et de peu de valeur, mais où l’on marche en dehors du monde. A Boston, il existe aussi ; la réunion est moins nombreuse, mais plus américaine, et si je ne me trompe, les portes un peu plus ouvertes ; du moins y a-t-il plus de relations avec les gens de l’endroit. J’en forme aussi à New-York, mais je n’y suis qu’en passage.

Au Canada, en deux ou trois endroits, il y a quelque mouvement de l’Esprit de Dieu, entre autres, parmi les Peaux-Rouges ; ils sont plus de 20 à rompre le pain. Sauf cela, on est stationnaire : mais les frères en général marchent bien. Là aussi on manque d’ouvriers. C’est le dévouement qui fait partout défaut. Pour ma part, je suis convaincu qu’il y a bien des dons cachés, qui s’exerceraient s’il y avait plus de foi. Enfin, c’est à Jésus qu’il faut regarder. Ici-bas, tout passe et tout change, nous le savons ; mais nous avons besoin de regarder à lui pour que le cœur soit affermi dans la marche : “Ce qui je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi.” Avec cela, tout est simple, et bientôt le moment viendra où la vie de la foi en Jésus, la vie de Christ en nous, sera tout ce que nous reconnaîtrons avoir été réel. Tout le reste n’aura été que « se promener en ce qui n’a que l’apparence ». Il est toujours plus clair que le Seigneur est notre tout, et bientôt, Dieu soit béni, Il sera définitivement notre tout. En attendant, c’est la foi, la foi seule qui fait marcher. Il nous encourage quelquefois ; il exerce notre patience à d’autres moments. Pour la foi, tout est clair ; puis la recherche de soi-même disparaît. Au reste, il nous nourrit et nous chérit comme un homme sa propre chair. Tenons-nous près de lui. Toutes les grandes vérités qu’il nous a enseignées me deviennent toujours plus précieuses, et sa Parole est d’un prix infini pour moi, la seule chose vraie et divine dans un monde de mensonge, si ce n’est encore la vie de Christ dans les siens, mais souvent, hélas ! bien mélangée !

Je ne pense pas rester longtemps ici. En y demeurant, j’aurais des portes ouvertes, il s’en ouvre de nouvelles, mais Dieu m’appelle ailleurs.

Paix vous soit, et communion, beaucoup de communion, avec le Seigneur.

Votre bien affectionné frère.

P.S. – J’ai de très bonnes nouvelles des frères d’Angleterre.

J N Darby – Lettre No. 101

Toronto, septembre 1867

A M. P.

Bien cher frère,

J N Darby
John Nelson Darby

Je vous remercie de cœur de votre sollicitude à mon égard. Je suis beaucoup mieux, grâce à Dieu ; ma tête est encore éprouvée, seulement la moindre fatigue de cerveau me donne des maux de tête. J’avais trop travaillé, et peu soigné mon corps ; puis une attaque inflammatoire m’a trouvé sans force ; pendant deux jours, je pensais que je pourrais succomber, mais Dieu en a décidé autrement dans ses desseins de grâce ; une fois la fièvre passée, j’ai dû me nourrir mieux que je ne l’avais fait. J’ai pu prendre part à la conférence de Guelph qui a été bénie plus qu’à l’ordinaire ; même nous avons eu passablement de nouveaux venus de l’est des Etats-Unis ; quelques-uns affranchis quant à leur position ; un ou deux seulement quant à leur âme…

Les Indiens vont bien ; le nombre des frères a augmenté, deux ou trois s’occupent de l’œuvre au milieu de leurs compatriotes. La langue est un obstacle, mais on voit clairement que l’œuvre est de Dieu, car il y a eu peut-être plus de progrès parmi eux qu’autre part, sans que nous puissions parler leur langue et sans qu’ils aient une Bible qui vaille quelque chose ; ils ont une traduction, mais si mauvaise qu’on ne s’en sert pas. 26 d’entre eux rompent maintenant le pain. L’œuvre est intéressante à New-York et à Boston, mais exerce la patience. Toutefois, un assez grand nombre d’âmes ont trouvé la paix, et la vérité se répand…En plus d’un endroit on commence à se réunir, c’est en partie le fruit de la conférence de Guelph dont l’influence, comme je l’ai dit a été fort bénie pour les âmes.

Ainsi la vérité se répand dans les Etats-Unis, mais la puissance de rassemblement est encore petite parmi les Américains-nés. Les soi-disant églises sont un grand obstacle ; on y tient ; il ne s’agit pas de chrétiens ; la plupart des membres ne le sont pas, et ceux qui le sont vont au théâtre et à tout le reste, comme règle générale ; seulement une personne qui ne fait pas partie d’une église est censée être ouvertement incrédule, ou vouloir vivre sans frein en dehors de la partie respectable de la société. Mais Dieu est au-dessus de tout cela, et déjà l’on s’aperçoit que nous voulons quelque chose de bien plus décidé que leur marche, et non pas une vie déréglée. Dieu agit, et il faut s’attendre à lui. Je crois que le témoignage est planté et s’enracine. Les frères ont pris des mesures pour avoir des dépôts de traités et de livres…

En général, grâces à Dieu, j’ai de bonnes nouvelles de France, de Suisse, d’Angleterre, d’Irlande, de l’Ecosse aussi qui avait été jusqu’ici très fermée. Les frères vont bien, leur nombre augmente rapidement ; je crains un peu en Irlande l’influence d’une quantité de jeunes demoiselles (quelques-unes cependant bien dévouées) et de jeunes messieurs encore en relation avec des familles mondaines. Au reste, la bénédiction est évidente, ainsi que les besoins de beaucoup d’âmes. Pour toutes les difficultés, le Seigneur suffit, que ferions-nous sans cela ? – La Parole m’est toujours plus précieuse, – la vérité.

J’espère que la venue du Seigneur garde toute sa puissance dans votre cœur, – que vous l’attendez. Saluez tous les frères.

Votre bien affectionné.

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