J N Darby – Lettre No. 140

 

Londres, 6 juin 1869

A M. B.

Bien-aimé frère,

Je suis réjoui des nouvelles que vous me donnez de l’Italie. J’espère pouvoir m’y rendre, mais Dieu seul sait si et quand cela se pourra. Je craignais beaucoup d’avoir peut-être à retourner en Amérique, toutefois je comptais sur Dieu, et il a mis sa bonne main là où l’ennemi avait cherché à mettre le désarroi, et l’avait mis pour un temps.

Je me propose de me rendre en France, mais j’ai aussi l’Allemagne en vue, où l’on se plaint un peu de mon absence prolongée. Pour le moment, je suis occupé de la nouvelle édition de mon Nouveau Testament. On m’a attendu dans ce but, et cela me retiendra pour le moment. D’autres peuvent faire les corrections de la presse, mais la vérification de toutes mes nouvelles notes et des petites corrections que j’ai dû faire, exigent mes soins. Il se peut bien que l’année prochaine, si Dieu conserve mes forces, je retourne encore au Canada et dans les Etats-Unis.

Il y a du bien dans les Antilles, et ils y ont été encouragés par notre visite. Je me remettrai à mon italien. F. m’écrit dans cette langue, et je n’ai aucune difficulté à comprendre ses lettres, mais parler est autre chose. Je bénis Dieu de tout mon cœur de ces réunions en Italie, que je connais de réputation par le moyen de L.F.

Quant à votre voyage, cher frère, souvent un frère qui a quelque chose est plus mal placé que celui qui n’a rien ; on suppose que peut-être il a assez, tandis qu’à l’autre il faut envoyer. J’ai connu de tels cas. Si ne m’en souviens bien, M. E. a envoyé quelque chose que vous lui avez retourné pour un motif que j’ai pu parfaitement apprécier. J’espère que cela n’aura pas lieu une seconde fois. Il y a des cas de discipline fort humiliants en Suisse, mieux vaut cela que le péché couvert, mais c’est triste, et cela doit humilier ceux qui n’y sont pas. Toutefois Dieu est toujours bon et fidèle et plein de patience envers nous, chose frappante quand on pense à sa sainteté. Il faut bien qu’il soit patient, puisque nous sommes une si pauvre expression de la vie de Jésus. Il y a deux principes de la vie chrétienne : celui des Philippiens et celui des Ephésiens, selon le point de vue auquel on envisage le chrétien. Il traverse le désert, regarde vers la gloire et la poursuit, ou plutôt veut gagner Christ. Il est assis dans les lieux célestes, et doit manifester le caractère de Dieu comme il le connaît. Soyez des imitateurs de Dieu comme ses chers enfants. Quelle position ! Cela exige pour le faire comme Paul l’a fait, qu’on porte toujours dans son corps la mort du Seigneur Jésus. C’est Christ, Dieu manifesté en chair, qui en est la parfaite expression. Le premier principe donne des motifs qui vous délivrent de ce qui est de ce monde et de la chair ; le second, la communion avec les sources de ces voies de Dieu dans lesquelles nous devons marcher, communion avec Dieu lui-même. Vraiment, quand on voit ce qu’on est au prix de nos privilèges, nous sommes bien petits, mais tout en se jugeant quand il le faut, on doit regarder à Jésus, non à soi-même.

J’espère que ma lettre trouvera votre femme parfaitement rétablie. Je vous écrirai un mot quand je me mettrai en mouvement.

Mes affectueuses salutations à tous les frères.

Votre bien affectionné.

J N Darby – Lettre No. 130

Londres, 10 août 1868

A M. B.

Bien cher frère,

Je doute qu’il me soit possible de me rendre maintenant dans le midi de la France ; je viens de rentrer en Angleterre après deux années d’absence ! De plus la traduction que j’ai faite du Nouveau Testament est tout à fait épuisée, enfin je pense aller aux Antilles cet hiver et, si je le puis, je ne désire pas mieux. Un frère des Antilles vient d’arriver, qui me fournira des renseignements sur les détails de ce voyage. Si je puis achever avant mon départ la préparation de la nouvelle édition, j’écrirai un mot, mais on m’attend pour une conférence à York, puis à l’ouest de l’Angleterre. Je ne pense pas, pour les mêmes raisons, m’y arrêter. Je désire beaucoup voir les frères, ainsi que ceux d’Allemagne et de Suisse, aussi je pense plutôt visiter les Antilles que m’y arrêter. Ainsi j’aurai fait la tournée que le Seigneur m’a donnée à faire. Alors j’espère visiter les frères de France et d’Allemagne, car il me tarde de les voir. Je suis très attaché à l’œuvre actuelle en Amérique, mais je pense qu’il me faudra la placer entre les mains du Seigneur ; où donc, si ce n’était là ? Sans doute, il est pénible d’abandonner un champ où l’on a travaillé, mais je me fais vieux, quoique, grâce à Dieu, je sois bien. J’espère donc que Dieu me fera la grâce de voir encore les chers frères du continent. Si je ne vais pas aux Antilles, je les verrai, Dieu voulant, bientôt ; ce sera une joie pour moi.

Je suis bien aise que vous alliez en Italie ; Dieu je n’en doute pas, sera avec vous.

Je lis toujours quelques pages d’italien pour ne pas l’oublier tout à fait…

L’œuvre s’ouvre en Amérique, et Dieu a suscité quelques ouvriers.

Souvenez-vous que je vais avoir 68 ans révolus.

Quand je saurai quelque chose de positif à l’égard de mes mouvements, je vous le communiquerai.

Votre tout affectionné.

J N Darby – Lettre No. 130

New-York, 6 octobre 1867

A M. B.

Bien-aimé frère,

Je me réjouis beaucoup des nouvelles que vous m’envoyez au sujet de Nice. J’y vois la bonté de Dieu à l’œuvre. Quand un endroit a été longtemps sous la domination de l’ennemi, et ainsi sans témoignage ou pire que cela, c’est une grande et précieuse preuve de la bonté et de l’opération de Dieu lui-même, qu’un témoignage y soit suscité, que, par cette bonté, un chandelier, si petit soit-il, y soit placé, et une lampe allumée. Je me réjouis de ce que Dieu vous a fait la grâce d’y prendre part ; c’est encore le fruit de sa bonté et un encouragement pour vous. Je suis heureux aussi que les amis continuent à marcher dans le chemin de la foi à Milan. Saluez-les de ma part quand vous leur écrirez. Ici, nous sommes au jour des petits commencements ; c’est un effort pour obtenir un peu de réalité au milieu d’une masse énorme de profession où l’activité ne manque pas, mais où l’on justifie les bals, les théâtres et tout ce que vous voudrez. Un certain nombre d’âmes gémissent, mais ne savent que faire. L’idée du progrès de l’homme et de l’Evangile domine tout ; et cependant ils sentent que les choses vont bien mal, car, après tout, les papistes gouvernent la ville, qui est aussi mal gouvernée que possible, et les gens tranquilles vous disent : nous sommes à la merci de la populace irlandaise, chose assez bizarre dans un pays libre, mais qui a aussi beaucoup lieu en Angleterre. Ces Irlandais n’ont aucune retenue, et les honnêtes gens n’aiment pas à aller dans les bagarres ; la liberté est devenue la licence ; et l’on s’enrichit aux dépens des contribuables. Au milieu de toutes ces choses qu’on peut tout de même considérer en paix, Dieu forme une petite assemblée, très peu de chose, mais, je n’en doute pas, son œuvre. Il y a de vingt à trente personnes qui cherchent à glorifier le Seigneur, et ce sont en général des personnes fidèles. L’œuvre est de Dieu, car ce sont des gens sans aucune influence extérieure quelconque ; des commis, des caissiers et autres de la même classe, puis quelques personnes attirées pas un évangile plus simple et plus clair. Pour cette partie de l’œuvre, il me faudrait rester plus longtemps ici que je le pourrai. Mais il y a du dévouement chez ceux qui composent la réunion, et j’espère que Dieu les bénira. Je crois que ce que Dieu fait maintenant, c’est de former un noyau, tout en bénissant individuellement quelques âmes.

A Boston, le petit noyau appartient à une autre classe. Notre frère B., ancien ministre baptiste, y ayant des parents et des connaissances, le rassemblement commence à prendre quelque consistance, quoiqu’ils soient moins nombreux qu’ici. J’y irai sous peu, s’il plaît à Dieu. A l’ouest, cela va bien en général, et les fruits de mon voyage s’y sont montrés après mon départ.

Dans le Canada, l’œuvre se maintient ; il y a trois nouvelles réunions. Chez les Indiens, il y a progrès sensible. En général, les choses sont à peu près dans le même état ; sauf les cas susmentionnés, il n’y pas beaucoup d’énergie pour rassembler. C’est le dévouement que je cherche (hélas ! chez moi-même), et que Dieu veut partout, cet amour des âmes pour les chercher avec plus d’activité. On se ralentit, hélas ! facilement ; ce n’est pas que je fasse autre chose ou que ma vie, extérieurement soit moins occupée, au contraire. On travaillait à Ephèse (Apoc. 2), mais on peut perdre son premier amour quant à l’œuvre, tout en continuant à travailler. Que Dieu rallume en nous cette énergie de l’amour. Je sais que je vieillis, et je le sens, mais la grâce ne vieillit pas. Au reste, Il est toujours bon, et il exerce notre patience dans son œuvre pour notre propre bien.

En général, j’ai de très bonnes nouvelles d’Irlande et d’Angleterre. L’opposition est assez forte ; en cela il n’y a rien de nouveau ; mais les frères vont bien ; Dieu a manifesté sa bonté à leur égard et a fait progresser l’œuvre.

Saluez bien affectueusement les frères. J’ai, à New-York, au moins autant d’auditeurs de langue française que de langue anglaise ; trois Français et cinq Suisses rompent le pain. A l’ouest, il y a au moins une centaine de frères de langue française ; j’y ai trouvé des portes ouvertes.

Que Dieu vous bénisse, cher frère, avec vos chers enfants, et vous dirige dans cette tâche.

Votre bien affectionné frère en Jésus.

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J N Darby – Lettre No. 137

New-York, 24 mars 1867

A M. B.

Bien-aimé frère,

J’ai été tout réjoui de savoir que T. et L. avaient rompu pour le moins avec ces comités. Si T. a un vrai don d’évangéliste, comme je le suppose, les frères devraient lui venir en aide. C’est très bien de s’entretenir par son travail quand on le peut, mais lorsque cela empêche celui qui a un vrai don de faire l’œuvre du Seigneur, je trouve que c’est grand dommage. Je prendrai part de grand cœur à ce secours aussi longtemps qu’il travaillera fidèlement à l’œuvre, et qu’il dépendra du Seigneur ; tout en faisant ainsi, je le laisse à la direction de l’Esprit de Dieu ; vous savez que c’est mon principe bien arrêté ; mais ayant plus d’argent que lui, je lui en fournis comme à un frère, selon mes moyens. Vous savez que ce que j’ai à donner est déjà pris en bonne partie, étant appliqué de la même manière, en sorte que ce que je puis faire n’ôte pas la nécessité de marcher par la foi ; mais je ferai de grand cœur ce que je puis et d’autres frères pourraient y prendre part. On m’a aussi écrit de Genève pour me donner de ses nouvelles ; le comité s’est dissout, me dit-on, et un seul individu est chargé de la besogne. C’est Dieu qui dirige toutes ces choses…

Je comprends, cher frère, que vous sentiez le vide que fait la perte de votre chère femme. Il est bon qu’il en soit ainsi ; ce monde est entièrement vide, mais le cœur peut être rempli du Seigneur, et alors tout va bien. Cherchez beaucoup le Seigneur. L’a-t-on regardé, on en est illuminé, et nous pouvons le bénir en tout temps. Dans le chemin de sa volonté, il se révèle à nous ; nous y trouvons sa face, et alors tout va bien. Le reste n’est que pour un temps.

Je serais heureux de revoir tous ces chers frères de France. Je ne sais quand Dieu me l’accordera. Pour le moment mon œuvre est ici, pour établir le témoignage dans ce pays. Je crois que cela a lieu, bien que nous ne soyons que dans les petits commencements…

Paix vous soit, bien-aimé frère. Donnez-moi quelquefois de vos nouvelles, je suis toujours heureux d’en recevoir.

Votre tout affectionné.

J N Darby – Lettre No. 136

Hamilton (Canada West), 1866

A M. B.

Bien-aimé frère,

J’ai reçu votre seconde lettre un jour plus tôt que la première, de sorte que la nouvelle de la mort de votre chère femme m’est arrivée avant l’expression de votre espoir. Qu’est-ce donc que ce monde ! Votre perte est grande, en vérité, car votre femme était bonne et excellente comme femme et comme mère ; puis comme vous le dites, trois orphelins tout jeunes restent sans mère. Dans le même paquet de lettre, j’ai reçu la nouvelle de quatre morts ; tous ces départs sont de rudes coups pour les familles. Quelles leçons nous recevons dans ce monde ! Je comprends, bien-aimé frère, combien cet événement doit être de tout point douloureux pour vous, mais ayez bon courage. Notre Dieu n’est jamais déçu dans ses voies ; pas un passereau ne tombe en terre sans lui, combien davantage prend-il soin de ses enfants, qu’il aime et qu’il chérit, de ses chers enfants, comme il nous appelle. Je ne doute pas, cher frère, que la perte de votre chère femme ne vous soit toujours plus sensible, à mesure que vous éprouverez des difficultés dans les soins à donner à vos enfants. Il est bon de regarder toutes ces choses en face pour que la foi en Dieu s’exerce, et que nous lui apportions nos difficultés aussi bien que nos peines. Confiez-vous dans son amour ; il ne vous fera pas défaut. C’est un grand exercice de foi, mais Celui en qui nous devons avoir confiance est plus grand que toutes nos difficultés, et son amour toujours fidèle ne peut jamais faire défaut. Il fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment. Il nous sèvre de ce monde de toutes manières, afin de nous attacher à un monde pour lequel il nous a créés de nouveau. Celui-ci n’est qu’un lieu de passage où Christ a été rejeté ; nous le traversons, et étant privés de tout ici-bas, nous n’avons pas autre chose à faire qu’à travailler pour lui et à le glorifier. La main de Dieu est toujours meilleure que celle des hommes, son apparente dureté meilleure que la faveur de ce monde ; ce qui la dirige, est au fond toujours amour, l’amour conduit par une parfaite sagesse que nous comprendrons plus tard. En attendant, il a donné son Fils, en sorte que nous pouvons être sûrs que tout est amour. C’est un monde de douleurs, mais où Christ a laissé ses traces, preuves indélébiles pour la foi que l’amour est entré dans ce monde de douleurs pour y prendre en grâce sa part. Regardez donc à Jésus, cher frère ; il prend part à toutes nos afflictions, et soyez sûr que l’amour de Dieu ne vous délaissera pas. Ne vous inquiétez de rien, et que Dieu lui-même vous dirige à l’égard de vos chers enfants. Je serai heureux de recevoir de vos nouvelles.

Je ne comprends pas comment vos lettres ont eu tant de retard, il est vrai que j’étais de l’autre côté du Mississippi.

Je ne vous parle pas aujourd’hui de mon italien, car je pense à votre affliction ; j’ai toujours lu un peu ma Bible dans cette langue pour ne pas l’oublier.

Dieu veuille vous bénir et maintenir dans votre âme une entière confiance en lui. Quant à lui, il sera sûrement fidèle : ses voies sont toujours parfaites. Regardez beaucoup à lui, et que vos pénibles exercices de cœur soient pour vous le moyen d’une communion plus profonde et d’un détachement toujours plus complet du monde.

Votre affectionné frère en Jésus.

L’œuvre fait du progrès dans les états de l’Ouest. Une dizaine de réunions, grandes et petites, s’y sont formées.

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J N Darby – Lettre No. 135

Toronto (Canada), septembre 1866

A M. B.

Mon cher,

Je vous envoie, ci-incluse, ma lettre à J. ; c’est ma première lettre italienne. Il n’y a eu auparavant que mon traité italien. Je suis presque en peine de ce que vous ayez simplement renvoyé le secours qu’on avait expédié à P. Toutefois je ne vous blâme nullement, je crois plutôt que vous avez eu raison, mais ils ont besoin d’encouragement, et peut-être suis-je allé trop loin.

Vous lirez ma lettre je n’ai qu’un tout petit dictionnaire de poche et une petite grammaire de voyage, de sorte que les phrases idiomatiques me manquent. Quoi qu’il en soit, s’il le veut, il pourra comprendre ce que je veux dire.

J’ai été très heureux, et j’ai rendu grâce du fond de mon cœur à Dieu des bonnes nouvelles que j’ai reçues de France en général, d’Allemagne aussi, et pas mauvaises de Suisse. En Angleterre, le nombre des frères augmente beaucoup, et la discussion sur les souffrances de Christ leur a été en grande bénédiction. En Irlande, cela ne va pas mal.

Aux Etats-Unis, c’est une œuvre de patience. Cependant le Seigneur agit ; un assez grand nombre d’âmes a trouvé la paix (personne ne l’avait parmi eux), beaucoup ont reçu la vérité de la venue du Seigneur, un certain nombre celle de l’unité de l’Eglise et de l’état où elle se trouve actuellement. La vérité se répand, le rassemblement des frères se fait lentement ; je m’y attendais, connaissant l’état de l’église professante dans ce pays. Quant à celui des esprits, prôner et exalter l’homme, s’occuper des affaires politiques, un dévergondage épouvantable dans les mœurs, voilà ce qui le caractérise. On voudrait que les femmes votent dans les élections politiques. Une locution proverbiale dit : dans ce pays il faut dire : « Parents, obéissez à vos enfants ». On commence à sentir que tout frein manque. La magistrature, de son côté assez corrompue, dit-on, a privé la corporation de New-York de la direction de la police, autrement on aurait tout craint pour la ville ; personne n’était en sûreté ; la police et le maître lui-même étaient ligués avec les malfaiteurs. Maintenant on a aboli la direction des voitures publiques, des permis de vente de liqueurs fortes, et on l’a placée entre les mains de la police. Puis le maître a révoqué tous les permis et chacun peut faire ce qu’il veut ; vendre, demander pour les voitures publiques ce qu’il veut, etc. On est habitué aux abus, on s’y attend. Le chrétien traverse tout cela tranquillement, comme s’il était dans la ville la mieux policée du monde.

A Boston, on est, en général, mieux. Les églises deviennent une espèce de garantie pour la respectabilité, mais alors on prend sa revanche par un surcroît de mondanité qui dépasse même les mondains ; se tenir en dehors des églises a toutefois mauvaise façon, cela ne donne pas une plaque d’honnête homme sur son habit. Cependant Dieu fait son œuvre. Au Canada, dans ce vaste pays, maintenant nôtre, nous sommes environ 300 personnes, et la vérité fait du progrès ; elle se répand, et le témoignage se fait sentir, tout petit qu’il soit.

Ma foi et ma patience ont été exercées, mais j’ai joui de la présence du Seigneur et de sa Parole.

Nous allons avoir, s’il plaît à Dieu, notre conférence des Etats-Unis, et nous serons représenté par un bien plus grand nombre de personnes que l’année passée. Toutes ne sont pas en communion, mais s’occupent de la vérité.

Je comprends, bien cher frère, que vous cherchiez à soustraire vos chers enfants à l’influence mondaine qui les entoure. Embrassez-les de ma part. Saluez beaucoup tous les frères ; je pense à eux de cœur. Que Dieu les bénisse et les garde.

Votre affectionné en Jésus.

J N Darby – Lettre No. 134

Londres, 12 janvier 1866

A M. B.

Bien-aimé frère,

J’ai déjà écrit au frère R. de s’occuper des Etudes, de vous les envoyez pour ces deux frères, et de les mettre sur mon compte ; vous les ferez passer à ces frères, c’est un plaisir pour moi de les leur offrir. Que Dieu les bénisse dans leur œuvre.

Ne soyez pas découragé, cher frère ; maintenant que vous êtes en Italie, je vous engage beaucoup d’y rester. C’est le moment précis où la foi s’exerce, que Mme B. aussi s’encourage et prenne patience quant à la langue. Je crois qu’il vaut mieux que vous n’ayez pas un local tout de suite, et que la vérité se propage par son influence réelle. Un local aurait l’air de montrer une opposition formelle ; il se peut que le moment arrive où il en faudra un, et je suis sûr qu’il y a des frères qui aideraient à payer le loyer quand ce sera le cas, moi le premier. Mais votre place est évidente maintenant : fermeté et amour, en cherchant la présence et la bénédiction de Dieu. Il y avait un frère aux Etats-Unis qui allait quitter la ville où il demeurait en renonçant au poste qu’il avait, parce qu’il ne trouvait personne qui marchât avec lui sauf sa mère ; je lui ai dit : c’est précisément le temps de la foi. Il est resté, et maintenant il y a dans cet endroit une bonne petite réunion qui augmente. Je les ai visités l’année passée, au-delà des grands bois ; ils venaient de commencer à rompre le pain et, dans la ville, leur témoignage est très clair…

Sur la question de Béthesda, il semble que nous tendons vers la fin. Même les neutres déclarent hautement qu’ils ne voudraient pas y aller, et en général les âmes droites voient clairement le mal. En général, les réunions neutres se dissolvent. On sent que Dieu n’y est pas. Les jeunes évangélistes, en Irlande, ont rompu avec eux, ils ne sont pas au clair, mais au moins ce pas est fait. Il y a là une œuvre intéressante. Beaucoup de personnes quittent le nationalisme, plutôt à cause du mal qui s’y trouve que par une vraie intelligence de l’unité du corps de Christ, mais plusieurs ont reçu cette dernière vérité, et il y a progrès. J’y suis allé (en Irlande), et je pense y retourner. Il vous faut toujours avoir devant vous et placer devant les frères cette vérité de l’unité de l’Eglise, de la présence du Saint-Esprit et de la venue du Seigneur. Je dis :”les frères,” c’est dire que je suppose qu’ils sont fondés non seulement sur la rémission de leurs péchés, mais encore sur le précieux fait que nous sommes morts et ressuscités avec notre précieux Sauveur, et c’est là la délivrance. Nous ne sommes pas dans la chair ; non seulement le sang nous garantit, mais nous sommes sortis d’Egypte par la puissance de Dieu et la délivrance qu’il a opérée. Nous sommes en Christ. Le sang de Jésus nous a valu le pardon, nous sommes en lui. La première vérité, la rémission des péchés, a trait à ce que nous avons fait, à toutes les œuvres de la chair ; la seconde, notre mort avec Christ, nous place dans une position toute nouvelle, agréable dans le Bien-aimé. La première a trait à ce que nous avons fait, et l’efface pour toujours ; la seconde, à ce que nous étions dans la chair, et nous n’y sommes plus ; pour en jouir, il faut que le moi soit jugé : “Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’existe pas de bien.” Vous trouverez que Rom.3 v.20, jusqu’à 5 v.11, traite de la première question ; et 5 v.12, jusqu’à la fin de 8, de la seconde ; la première partie parle des péchés ; la seconde, du péché.

Saluez affectueusement les frères, bien que je ne les connaisse pas ; votre femme aussi ; qu’elle ait bon courage ; si son tour est venu de porter la croix pour l’amour du Seigneur, elle ne se repentira pas de l’avoir fait par la foi, et courageusement.

Votre affectionné frère en Christ.

J N Darby – Lettre No. 133

Edimbourg, 13 décembre 1865

A M. B.

Cher frère,

J’ai bien reçu votre lettre en son temps, mais je tenais à lire votre article avant de vous répondre, et j’étais en course tenant des réunions du matin au soir, tantôt en réunissant les frères du voisinage, tantôt en Irlande où il y a un mouvement remarquable. Quoique surchargé de travail, j’ai lu votre article. Je n’ai qu’une remarque à faire : vous donnez aux églises une importance formelle plus grande que je ne le pense. Je ne vous accuse pas d’erreur, car vous reconnaissez l’Eglise, corps de Christ, mais seulement d’une impression que votre écrit m’a laissée. Je ne reconnais pas qu’il y ait des membres d’une église, et je ne sache pas que vous le disiez ; je ne parle que d’une impression. Mais enfin, vos expressions pourraient peut-être le dire pour ceux qui sont habitués à cette idée. Ne pensez pas, cher frère, que je mentionne cela pour blâmer votre écrit, car je l’ai trouvé très bon, et je vous fais remarquer la seule chose qui se présente à mon esprit comme pouvant soulever une question. Ce sera, je l’espère, un résumé très utile pour vos compatriotes. Je pensais vous écrire encore après avoir relu la moitié de votre écrit, car j’ai un peu plus de tranquillité ici à Edimbourg, mais voici que m’arrive un petit mot de L.F., avec la lettre que vous lui avez adressée, et dont le contenu est assez important. L’union est toujours bonne en soi, mais la fidélité à Christ va avant l’union elle-même. Je vous engagerais à vous renseigner exactement au sujet de la réunion dont vous parlez, avant de vous compromettre à cet égard ; il ne s’agit pas, Dieu nous en garde, de faire des difficultés, mais il nous faut savoir si la sainteté de la table du Seigneur est réellement conservée. Je puis me réjouir d’une œuvre lorsque, en somme, il y a des âmes délivrées, quand même je ne pourrais y marcher moi-même.

Quand à Béthesda, avant de me mêler à eux, il me faudrait être bien au clair sur le fait qu’ils en ont été franchement délivrés. Jamais il ne me viendrait à la pensée d’introduire ces questions en Italie, mais elles y sont déjà. C’est ce qui m’a empêché de m’y rendre ou de m’en occuper ; il aurait été cruel d’occuper ces frères, nouvellement sortis du papisme, de ces difficultés ; il aurait été impossible de marcher avec les Newtoniens, car ceux qui agissaient en Italie étaient même plus près d’eux que de Béthesda. J’ai donc remis, avec beaucoup de prières, la chose à Dieu, et je me suis attendu à lui, car l’œuvre m’intéresse vivement. Cher frère, Béthesda avec les fruits de l’esprit qui y règne, se manifeste tous les jours davantage ; je parle de la mondanité et de la destruction de toute intégrité, de toute conscience chez ceux qui trempent dans ces choses. On a trouvé cela en Suisse, en France, en Allemagne – partout – où l’on ne pouvait dire que c’était l’esprit de parti. Ainsi, si la réunion milanaise est en communion avec Béthesda, certes je n’y irais pas. La plupart ignorent probablement tout cela, de sorte qu’ils ne sont pas personnellement souillés, mais une fois que les deux frères dont vous parlez et qui savent ces choses auront pris leur parti, ils seront nécessairement assaillis ; il importe donc que ces deux soient bien décidés : ne vous pressez pas. Ce qui est absolument nécessaire, c’est que la table du Seigneur soit garantie de cette corruption connue, et que la discipline soit suffisante. Pour moi, je me plierais à beaucoup de faiblesses et d’infirmités dans l’état où ils se trouvent, pourvu que le fond fût bon. J’entends toujours, cela va sans dire, que le principe de la réunion soit celui de l’unité du corps de Christ, autrement vous reniez la substance même de votre écrit. Vous devez comprendre, cher frère, que si, après vous en être mêlé, vous ne continuez pas et que d’autres soient obligés de quitter l’assemblée, vous voilà sous le poids d’une accusation de division. Je doute, pour ma part, que si la vérité, comme vous la possédez, y pénètre, tous la supportent ; vous avez à peser tout cela et à ne pas vous précipiter, tout en accueillant de cœur ces chers frères, et en les éclairant selon votre pouvoir. Soyez fraternel avec tous, à moins que personnellement ils ne soutiennent le mal ; alors la fidélité et même l’amour fraternel vous obligent à montrer que, pour vous, vous ne pouvez pas marcher avec le mal. N’abandonnez pas la fidélité à Christ et à la vérité pour éviter la petitesse et la patience ; notre état normal est de n’avoir que peu de force et de ne pas renier son nom et sa parole. Le Seigneur, après 3 1/2 ans de travail, n’en avait réuni que 120 (Act.1 v.15), et le serviteur n’est pas au-dessus de son maître.

On parle d’une réunion à Genève, bien qu’elle ait été renvoyée. Je suis sûr qu’on sera très heureux de les y voir. S’ils renoncent allo stipendio che produce infiniti mali, ils devront se confier en Dieu et non pas dans les frères. Toutefois, je reconnais pleinement le devoir des frères de venir en aide à ceux qui se dévouent au Seigneur. La marche est une marche de foi, parce que les riches des systèmes établis se fâchent quand on s’affranchit de leurs liens, et que leur fortune n’influe pas comme précédemment sur la marche de l’Eglise. Mais c’est précisément ce qui est nécessaire pour que l’Esprit de Dieu reprenne sa place et ses droits en elle. Que Dieu le fasse, et qu’il donne assez de foi à ces frères et à tous ceux qui sont à l’œuvre, pour que l’Esprit de Dieu agisse librement.

Dieu est bon d’agir toujours malgré les infirmités, les manquements et les péchés qui se trouvent au milieu des siens. Soyez donc cordial, cher frère ; nullement précipité ; voyez à ce qu’on soit complètement purifié de la souillure de Béthesda et qu’en principe, quand même il y aurait de la faiblesse, la sainteté de la table du Seigneur soit sauvegardée. Je ne désire pas autre chose que ce que vous annoncez comme vrai dans votre écrit ; tenez-vous y ferme avec un cœur aussi large que possible.

Je serai très heureux d’avoir de vos nouvelles et de celles de votre activité. Il y a bien des détails importants, mais il m’est impossible d’y entrer maintenant.

Saluez bien Mme B. et les frères qui sont avec vous, bien que je ne les connaisse pas.

Beaucoup d’âmes ont rompu dernièrement avec le système de Béthesda, et aussi plusieurs ouvriers en Irlande qui ne savaient pas jusqu’ici ce qui en était. Je crois que Dieu agit sous ce rapport ; je n’ose dire qu’ils seraient tous à même de garder pures les réunions qui se forment aujourd’hui en assez grand nombre en Irlande. Les frères vont bien, leur nombre augmente aussi beaucoup. Nous avons perdu pour ici-bas notre cher frère Trotter ; un autre évangéliste très connu ne peut plus travailler ; mais Dieu en a suscité quelques nouveaux – et les réunions se multiplient beaucoup.

Paix vous soit, et que notre bon Dieu, toujours fidèle et plein de grâce, vous dirige et vous soutienne. Ne soyez jamais découragé ; ne vous inquiétez de rien, mais présentez vos requêtes à Dieu ; et sa paix gardera votre cœur. Souvenez-vous que Christ est toujours fidèle et ne saurait manquer aux siens. Saluez aussi affectueusement ces deux frères évangélistes ; je désire ardemment, quoi qu’il en soit, que Dieu bénisse leur œuvre.

Votre affectionné en Christ.

J N Darby – Lettre No. 132

                                                                                                                                                1862

A M. B.

Bien cher frère,

Je viens de recevoir votre lettre. Je bénis Dieu de tout mon cœur de ce qu’il vous a fortifié de corps et d’âme. Il est toujours fidèle, toujours bon ; on peut toujours compter sur lui, quoi qu’il en soit. Son amour ne change pas ; il pense toujours à nous – chose merveilleuse, mais vraie – et compte les cheveux de nos têtes. C’est merveilleux, en effet, que le Dieu de gloire entre dans tous les détails de notre vie, et toujours en vue de notre bénédiction. “Il ne retire pas ses yeux de dessus les justes,” et toutes choses contribuent au bien de ceux qui l’aiment.

Je vous prie de saluer affectueusement Mme B. Que Dieu bénisse aussi votre petit garçon ; c’est un souci sans doute dans ce monde, mais un souci que Dieu, si nous nous confions en lui, peut prendre, et prend de fait comme une occasion à de nouvelles preuves de sa fidélité et de sa bonté. Que Dieu vous accorde à tous deux d’être fidèles et de savoir l’élever pour lui.

Pour ce qui regarde l’histoire de St., je l’envisage un peu différemment de ce qu’on m’en a dit. Notre cher frère F. m’avait raconté quelques détails de ce qui s’était passé. Je n’envisage pas la position de ces sœurs comme une excommunication. L’assemblée seule pouvait les excommunier ; mais lorsqu’elles ont dit à plusieurs qu’elles ne voulaient pas venir à l’assemblée, ils étaient libres de dire leur sentiment et celui d’autres personnes, si elles l’autorisaient à le dire. Je ne dis pas que ce fût une chose sage ou selon Dieu, mais qu’ils étaient libres d’exprimer leur sentiment comme étant leur sentiment ; si c’est la chair qui a produit ce sentiment, il est clair qu’il n’était pas selon Dieu. Mais je crois qu’il n’est pas de la compétence d’un frère ou d’une sœur de se retirer de l’assemblée et d’y revenir à sa fantaisie. L’assemblée doit avoir son mot à dire là-dessus. Il se pourrait que celui qui s’est absenté ait commis toutes sortes de péchés pendant son absence. Ainsi, quant à ceux qui se tiennent à l’écart, l’assemblée doit dire si elle peut les recevoir, comme aussi l’individu peut vouloir revenir. J’espère, je veux dire que j’ai bonne espérance, que cela aura lieu, que l’assemblée sera bénie et restaurée par la grâce ; elle le sera, soit elle marche dans l’humilité et dans un esprit de dépendance de la grâce ; si la grâce agit dans le cœur de ces sœurs, elles jugeront ce qui a été de la chair en elles. Il se peut que N., ayant eu l’habitude de beaucoup diriger, il y ait eu de lui un manque de savoir-faire spirituel.

Votre part, j’en suis sûr, est de travailler selon la grâce et de communiquer aux âmes ce que Dieu vous aura donné pour elles, tout en nourrissant votre propre âme. Au reste, c’est ce qui est de beaucoup le plus utile pour l’assemblée elle-même. Je doute que ce soit la volonté de Dieu de priver une âme de la cène, parce qu’elle est dans un mauvais état. La Parole dit que l’on s’examine et qu’on mange ; mais si je voyais une âme dans un état de conscience que le péché aurait produit et qui ne saurait pas où elle en est, je puis, me semble-t-il, imaginer le cas où je pourrais lui conseiller de s’abstenir jusqu’à ce qu’elle fût au clair. Cependant, comme règle général, on ne peut pas exclure les âmes provisoirement, et ce ne serait que dans un cas particulier que je pourrais même donner ce conseil. Les soins pastoraux sont le remède qu’il faut à une âme en mauvais état, et non pas une exclusion temporaire. Ces soins manquent parfois un peu parmi les frères, et l’on recourt plutôt à des expédients. Je pense que les étrangers étaient des personnes qui n’étaient pas de la localité, principalement des frères, et en particulier des ouvriers du Seigneur (peut-être d’autres aussi), envers lesquels l’assemblée exerçait l’hospitalité. Diotrèphe ne le voulait pas. Vous pouvez voir que la seconde épître de Jean avertit la dame élue de ne pas recevoir ceux qui n’apportaient pas la saine doctrine à l’égard de la personne de Christ ; la troisième encourage Gaïus dans son hospitalité. Je pense que ce sont en général des chrétiens (tout en approuvant l’hospitalité en général, comp. Héb.13 v.2 ) à cause de ce qui suit. Le “qui ont rendu témoignage,” du v.6, s’applique au v.5 en général – (quelques-uns lisent : les frères et même ceux [d’entre eux] qui viennent du dehors) ; les v.7 et 8 montrent qu’il avait principalement en vue les ouvriers, car ainsi ils coopéraient avec la vérité. Diotrèphe ne voulait pas les recevoir désirant avoir l’assemblée à lui, et rompre le lien avec l’apôtre et tous les frères.

Quant au mot gentils – votre Diodati lie les mots : “sont sortis” avec “d’entre les gentils.” Il traduit ainsi : “Ils sont sortis d’entre les gentils pour son nom, sans rien recevoir.”

Cette interprétation n’est pas reçue de beaucoup de monde, cependant il y a des noms très respectables qui l’acceptent. Je pense que Jean, comme Pierre, s’attachait encore beaucoup au berceau judaïque du christianisme. C’est ainsi qu’en 1 Jean 2 v.2, il dit : “Il est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier.” Paul lui-même parle très souvent, comme en Gal.3, Eph.2, où “nous” se rapporte aux Juifs, “vous” aux gentils, “nous” de nouveau aux chrétiens. – Je pense qu’il s’agit plutôt des gentils croyants que des incrédules, mais il se peut bien que ces hommes ne voulussent rien recevoir de leurs parents. Les apôtres considéraient les Juifs (même incrédules) comme frères, non dans le sens chrétien, mais national ; Paul parlait ainsi dans ses discours. Les gentils n’étaient que des gentils, et il se peut bien que ce Diotrèphe ne voulût pas recevoir des ouvriers d’entre eux. Ces ouvriers devaient être reçus, et c’était un titre auprès des chrétiens de race juive, qu’ils n’avaient rien voulu recevoir des gentils, leurs parents incrédules ou autres.

Adieu, bien-aimé frère, que notre bon et fidèle Père, plein d’amour, soit avec vous, vous encourage et vous soutienne près de lui. Dans la jouissance de l’amour de Jésus, on est toujours bien, toujours encouragé.

Saluez affectueusement les frères partout où vous allez. – Que ceux de St., cultivent la paix, soient tranquilles, et cherchent par-dessus tout à croître dans la grâce de Jésus.

Votre bien affectionné frère.

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J N Darby – Lettre No. 131

Bristol, 27 juillet 1862

A M. B.

Bien cher frère,

Vous vous trompez si vous pensez que je vous considère comme un fainéant. Jamais une idée pareille ne m’est venue à l’esprit. J’ai quelquefois pensé que vous manquiez de courage. Je ne doute pas que le jugement que vous portez sur vous-même ne soit exact. Quant à G., j’ignore les détails de ce qui s’y est passé. M. K., qui m’a visité l’autre jour, m’en a raconté quelques-uns. Toute cette histoire m’a été profondément pénible, pour la famille, mais aussi pour celui qui a causé le scandale. Il a été dévoué ; il a souffert autrefois pour le Seigneur. Ce devrait être un poids sur tous les esprits que la pensée qu’il en est là. Je n’ai aucune idée en ce moment de ce qui a amené la catastrophe, comment l’enquête s’est faite, comment l’affaire est revenue sur le tapis. Mais, quels que soient les instruments, il faut regarder plus haut. Si la main de Dieu est sur nous, c’est sa main, en amour sans doute, mais sa main. Je ne crois pas que le mal qu’on a jugé dans ce pauvre frère, soit la seule chose qui ait forcé Dieu à placer son ouvrier sous la férule, car il a été son ouvrier. Son caractère inflexible a rendu la discipline nécessaire, au moins à ce qu’il me semble. Dieu n’aurait jamais permis le mal, mais il aurait pu amener son cœur à fléchir et à se repentir, sans le mettre en scène devant tout le monde, ainsi qu’il l’a fait. Combien de chrétiens en chute il a ménagés et traités avec une douceur dont l’homme, peut-être, aurait dit qu’ils ne la méritaient pas, et qu’eux-mêmes ont dit et senti ne pas mériter, car il n’aime pas à nous blesser et à nous briser. Pourquoi ce pauvre X, a-t-il été traîné en public pour ses fautes ? Il se peut que tel ou tel en ait été l’instrument, et que d’autres aient été aigris contre lui ; mais c’est Dieu qui tient tous les cœurs dans ses mains. Ce que j’espère, c’est que Dieu, dans sa grâce, Dieu qui agit toujours en amour, agira par ces moyens, quelque douloureux qu’ils soient, pour amener ce frère à la douceur, pour l’engager à se juger, à s’humilier devant Dieu ; alors, certes, Dieu le bénira, et je le désire de tout mon cœur. Il se peut que Dieu ait jugé nécessaire de traiter durement ce mal, de peur qu’il ne s’enracinât ; quoiqu’il en soit, il nous faut regarder à ses voies.

Je n’ai porté aucun jugement sur votre déménagement ; là où la sagesse de l’homme fait défaut, Dieu nous conduit et dirige les affaires de sa chère Eglise à travers nos faiblesses et même par le moyen de nos faiblesses, si notre cœur est droit. J’espère que vous serez béni à V., et je ne vous blâme aucunement de ce que vous donniez des leçons.

Je désire de tout mon cœur que Dieu pousse des ouvriers dans sa moisson ; mais personne ne peut dépasser son don, et ce qu’il fait au-delà ne peut qu’être nuisible à lui-même et peut-être à tous. Oui, je demande que Dieu suscite des ouvriers ; qu’il y ait de la foi, du dévouement ; je le demande de tout mon cœur, mais je ne prétends pas même avoir une opinion sur tous les cas qui surgissent. Je m’intéresse profondément à l’œuvre, vous pouvez bien le croire ; par conséquent, l’activité des ouvriers me touche de près, mais je crois que notre Dieu tient la haute main sur tout, et ma confiance est dans sa bonté et dans sa fidélité. Naturellement, quand on s’intéresse beaucoup à une chose, on pense à tout ce qui arrive. On m’accuse de trop de laisser aller, mais il me semble que je me fie à Dieu, car l’œuvre est à lui. Si je puis être utile dans cette œuvre, c’est une grâce qu’il me confère, mais je vois que, souvent, quand on veut trop gouverner et diriger, c’est la foi en Dieu qui manque.

Quant à mon voyage au Canada, des affaires de famille ont arrêté le frère qui connaît le pays et qui devait me conduire…

Saluez affectueusement les frères. Si je ne pars pas pour le Canada, j’ai un peu l’espoir de les voir.

Que Dieu garde et bénisse votre femme.

Votre toujours affectionné frère.

P.-S. – Je viens d’avoir d’excellentes réunions en province, et les frères en général vont bien.

 

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