J N Darby – Lettre No. 142

20 octobre 1876

A M. B.

Bien-aimé frère,

J’ai suivi avec un intérêt soutenu tout ce qui se passe dans l’Ardèche et dans la Drôme, mais ma part dans cette pénible histoire a été plutôt auprès de Dieu que de m’en occuper avec les hommes. J’ai lu le récit de G. ; F. m’a écrit, ainsi que C. à qui j’ai répondu, mais seulement d’une manière générale ; j’ai trop bien connu la plupart des acteurs pour ne pas avoir une idée de la part que chacun a prise, mais à moins d’y être appelé de Dieu, je n’entrerai pas directement dans les difficultés des assemblées ; je crois que cela se fait trop souvent, tandis qu’il s’agit plutôt de réveiller la conscience d’une assemblée troublée. Je reconnais qu’une assemblée peut tirer profit des conseils d’un frère plus exercé qu’elle dans les choses de Dieu ; je reconnais aussi pleinement que nous sommes tous un, et que si l’un souffre, tous souffrent avec lui. Ce que je crains est la substitution de l’influence individuelle au réveil de la conscience de l’assemblée. J’ai pleine confiance que cette pénible bourrasque tournera au profit des frères. On s’apercevra de la main de Dieu, on deviendra plus sérieux. Des vérités qu’on a un peu négligées viendront en mémoire, la mondanité sera jugée, ainsi que toutes les choses par lesquelles on a contristé le Saint-Esprit ; on sentira davantage que l’on dépend de la grâce dans laquelle nous nous trouvons. Ce qu’il faut chercher, c’est que les âmes ne s’égarent pas tout à fait dans ce conflit, et n’abandonnent le chemin du Seigneur. J’ai appris qu’il y a eu schisme aux O. Il faudra grâce, patience et fermeté pour y faire face ; fermeté dans la marche de ceux qui ont, je le crois, quitté le local et ne sont pas sous l’influence de G., fermeté à l’égard de ceux qui mènent les 13 qui ont gardé le local, mais témoignage de regrets envers ceux qui sont menés, le schisme est un mal ; ce péché a été commis sous l’influence de ceux qui n’étaient pas de l’assemblée. Rom.16 v.17, nous montre clairement notre chemin dans ce cas, et 2 Thess.3 v.14, 15, l’esprit dans lequel nous devons agir, afin que tous soient ramenés et qu’aucun ne se dévoie tout à fait et d’une manière permanente. Mais tout ceci n’est pas d’hier, et il y a eu trop de faiblesse, trop peu de spiritualité en général pour qu’on s’étonne que Dieu châtie ; c’est pourquoi ceux qui souffrent doivent se placer devant Dieu en reconnaissant sa main, et Celui qui a frappé guérira. Le Seigneur n’a pas pris la coupe qu’il a dû boire pour nous, ni de la part des hommes, ni de la part de Satan, mais de la main de son Père. En ce qui nous regarde, cela adoucit la peine et l’amertume, et nous rend plus humbles et plus sérieux ; puis nous pouvons prier pour les autres. J’ai confiance dans le Seigneur qu’il ramènera l’ordre et la paix ; il se peut que pour quelques-uns, ce ne soit pas de si tôt, mais dans ce but il faut que ceux qui ont raison se conduisent avec grâce, voyant la main de Dieu, mais avec fermeté en rejetant le schisme et en faisant sentir à ceux qui l’ont causé, que ce n’est pas chose légère de l’avoir fait. J’ai déjà dit que cela doit se faire avec une douleur de cœur bien éloignée de la hauteur ou de la haine.

Que Dieu lui-même agisse par sa grâce au milieu de vous…

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J N Darby – Lettre No. 145

J N Darby
John Nelson Darby

Genève, 24 septembre 1844

A M. B. R.

Cher frère,

Je saisis l’occasion de l’envoi des lettres ci-jointes aux frères pour vous dire que j’ai remis, selon votre demande, vos tableaux au frère S. Vous ne dites pas, paraît-il, si vous voulez les publier ; je ne sais si vous avez pris quelque résolution à ce sujet. Je crois vous avoir dit, dans ma lettre, ce qui me frappait, mais que l’ensemble serait très bon ; seulement j’aimerais mieux omettre les pensées sur les paraboles, ce qui du reste n’entre pas directement dans votre cadre. Je crois qu’il y a encore de la lumière à recevoir sur ces paraboles. Et votre article sur les souffrances de Christ, l’avez-vous revu et un peu rédigé ? Les lettres que je vous envoie intéresseront les frères ; ils verront un peu où en est l’œuvre en certains quartiers, mais elles sont pour les frères. J’en ai lu une partie à l’assemblée dimanche, à l’heure que les frères d’ici avaient fixée, pour pouvoir les envoyer plus vite aux frères de V. ; mais cela a laissé une mauvaise impression sur mon âme, comme si l’on publiait la bonté de Dieu pour s’en vanter un peu. J’ai dû m’en humilier devant Dieu et le prier que cela ne fît pas de mal, car il est triste d’avoir ces choses autrement que comme sujet de prières et de travail devant lui, ou pour la joie et les actions de grâces des frères, quand l’occasion s’en présente.

Saluez cordialement tous les frères.

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J N Darby – Lettre No. 144

Genève, 15 septembre 1844

A M. B. R.

Cher frère,

J’ai lu votre tableau, sur les mots …,…,…,… (mots en grec) avec assez d’attention. J’ai parcouru votre second tableau sur les évangiles, et je saisis un moment pour vous en dire un mot. Mais d’abord, je vous communiquerai mes remarques critiques sur les mots ; je les ai faites après avoir de nouveau examiné tous les passages.

…. (mot en grec) (conf.1 Tim.4 v.14; 2 Tim.1 v.10; 2 Thes.2 v.8), est pour moi l’apparition, non pas la révélation, comme si l’on sortait d’un lieu où l’on était caché auparavant. Sans doute, l’apparition est nécessairement opposée à l’idée d’être caché, mais elle est le fait d’être vu ou visible, de paraître, comme le soleil luit. Il a paru, il paraîtra de nouveau. C’est-à-dire qu’il y aura un état de chose dans lequel il ne sera pas caché, ni comme non existant (sauf pour la foi), mais où il sera apparent. Ce n’est pas l’acte de sortir comme….. (mot grec). Mais l’état de luire, en sorte qu’il est visible. Sans doute, la chose sera vraie, au moment de sa … (mot grec) et de son … (mot grec) mais elle reste vraie après.

(mot grec) est en contraste avec ce qu’il a été auparavant, savoir caché quoique existant, et d’une existence connue. Ce terme ne nous est appliqué que lorsque notre vie a été présentée comme cachée avec Christ en Dieu. (Col.3 v.4).

….. (mot en grec) (conf. Rom.8 v.19; 1 Cor.1 v.7; 1 Pierre 1 v.7), est dit plutôt de quelqu’un qui a le droit de paraître en gloire et qui paraît ainsi, en effet, à la confusion de ceux qui n’ont pas voulu reconnaître la gloire. Aussi ce terme est appliqué au jugement ou à la gloire ; c’est quelque chose de glorieux qui éclate.

…… (mot grec) signifie mettre au grand jour et s’applique au péché. (Eph.5 v.13 ; 1 Cor.4 v.5; Luc 8 v.17 ; Marc 4 v.22, etc.)

……. (mot grec) signifie présence, en contraste avec absence, et aussi le fait de devenir présent après avoir été absent. (1Cor.16 v.17 ; 2 Cor.7 v.6, présentent ce dernier sens, et Phil.2 v.12; 2 Cor.10 v.10, le premier). Ce mot nous donne évidemment l’idée de sa présence au milieu de la scène dans laquelle sont nos affections, nos craintes, nos espérances, nos joies, nos douleurs, et où sa présence ou son absence peuvent agir sur ces choses. De sorte que la présence de Christ dans la création se rapporte aux espérances et aux affections de la personne qui en parle. D’une manière générale, c’est son arrivée dans la scène dont il est actuellement absent. Si mon âme s’occupe de pensées célestes, elle le rencontre dans le ciel, si des terrestres, elle salue son introduction dans ce monde, en sorte que ce mot s’applique à l’une et à l’autre, à son arrivée pour recevoir l’Eglise en l’air, et à son arrivée sur la terre pour y accomplir les desseins et le jugement de Dieu.

Ces remarques peuvent apporter quelque modification à l’expression de quelqu’une de vos pensées, mais elles sont, en général, d’accord avec votre tableau et enlèveront peut-être quelque difficulté qui reste sur le mot….. (mot grec).

Quant aux noces de l’Agneau, il me semble qu’il vaudrait mieux, ne pas mettre autre chose, mais laisser de côté ce qui regarde les Juifs et les paraboles. Je suis tout à fait d’accord avec ce que vous dites sur les noces mêmes, mais votre interprétation de la parabole des vierges présente des difficultés qui, pour moi, sont insurmontables. Il faudrait d’abord qu’un résidu des Juifs fût auprès du Seigneur, comme ses amis, avant les noces. Il n’y a point d’épouse ici, parce que, dans ce cas, Jérusalem sur la terre serait l’épouse. Je ne crois pas qu’en Luc 12 v.36, il soit question des noces de l’Agneau ; ce n’est qu’une similitude de ce que les disciples devraient être quant à leur état moral.

Quant à Dan.11, ma conviction actuelle est que, du v.21 au 35e, c’est de l’histoire. Le personnage nommé dans ces versets est non pas le dernier roi, car historiquement ce n’est pas le cas, mais le dernier ici (sauf au v.40) parce que c’est lui qui a été le type de l’Antichrist. Aux v.36-39, c’est l’Antichrist lui-même. J’ai dit, en méditant Daniel, que certains frères considéraient les v.21-35 comme parlant de l’Antichrist, mais que ma conviction était ce que je viens de vous dire.

Ayant fait ces remarques en toute liberté, afin que vous vous en serviez selon votre volonté, je puis vous dire qu’en général votre tableau m’a fait grand plaisir et, si vous mettez de côté l’explication des paraboles, je crois qu’il pourrait être profitable aux frères. Je n’impose pas du tout ma pensée sur les paraboles, mais dans un résumé pareil, cela prêterait plus à la controverse qu’à l’édification parce que le tableau se présente pour être consulté comme un ensemble, et non pas comme un traité où la question serait discutée. Si vous aimez à publier vos pensées sous forme de traité, je n’y vois point de mal du tout, seulement je vous engage à les reconsidérer auparavant.

Saluez affectueusement tous les frères. Que la paix de notre Dieu, sa grâce et sa miséricorde soient en abondance avec vous et tous ses chers enfants. A la hâte.

Votre affectionné frère.

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J N Darby – Lettre No. 146

J N Darby
John Nelson Darby

CXLVI – 146

Lausanne, 2 janvier 1845

A M. B. R.

Bien cher frère,

J’ai lu les deux correspondances que vous avez eu la bonté de m’envoyer et je vais, sans préface, vous en dire quelque chose. La chair de M., douce, accueillante et flatteuse, me plaît moins que la franche étourderie de H., quoiqu’elle soit moins blessante. Quant à la confiance en sois je ne vois pas grande différence entre les deux ; et vous voyez, du moment que son système charnel et incrédule tombe, frappé à sa base, de quelle manière toute douceur disparaît chez M. “C’est un sophisme jésuitique,” dit-il. Il parlera de l’amour tant que vous voudrez, mais jamais de ce qui touche sa conscience. Je crois qu’il est dans le plus triste état possible. Le seul vrai témoignage quant à lui, je suis peiné de le dire, c’est de l’éviter. Il évite tout ce qui peut blesser la chair, en évitant tout ce qui peut la juger, parce qu’il veut pouvoir marcher tranquillement lui-même. Cela lui donne un air d’amabilité, de douceur et de charité, mais tout cela ne fait que l’œuvre de l’ennemi. Si l’on s’y oppose, on a l’air de contester et de ne pas avoir cette charité ; si l’on est avec lui sans opposition, on consent au mal qui se fait. Dieu sait mettre cela à nu, mais c’est lui qui le fait. Vous voyez qu’il s’est déjà donné la réputation d’un homme opprimé, à cause de ce qu’il appelle vos attaques. C’est ainsi, sachant tout le mal qu’il fait aux âmes simples par ces moyens, que j’ai pris un parti aussi décisif que celui de refuser d’aller le voir ou de l’inviter…

Quant à H., vous avez été blessé, cher frère. Vous auriez dû vous tenir au-dessus de son manque de sagesse ou de savoir-faire, et lui montrer en amour que ses lettres manquaient pour le moins de maturité, et enfin aussi de sagesse. Cela lui aurait fait du bien. Je lui ai écrit, peut-être trop franchement, mais j’aurai senti que je manquais à la charité, si je ne lui avais pas dit ce que je pensais. Je n’ai pas encore de réponse ; j’espère que Dieu agira dans son cœur.

J’ose vous engager, cher frère, à ne pas beaucoup écrire dans ce moment. Lorsqu’on étudie l’exégèse ou plutôt la Parole dans ce but, sans s’occuper des âmes, il y a toujours du danger. On poursuit des idées. La recherche des âmes est un correctif ; il faut savoir appliquer notre savoir à leur état, sans cela il ne vaut rien. Etre clair à soi-même n’est pas être clair aux autres, tout en révélant la vérité. La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Quand notre intelligence est trop en activité, la vérité cesse d’être un lien entre l’âme et Dieu. Je n’ai jamais rencontré une personne, lisant beaucoup la Parole sans agir en charité et en responsabilité vis-à-vis des âmes, qui ne tînt pas à des idées quelquefois de peu d’importance et souvent erronées. La vérité n’est pas même un lien entre ma propre âme et Dieu. Elle devient “subjecta veritas quasi materia,” et cela est doublement fâcheux quand il s’agit de la Parole. Si vous vous mettez à produire beaucoup, je vous engage à le produire pour les âmes et spécialement pour les pauvres pécheurs. C’est inconcevable quel bien cela nous fait à nous-mêmes, combien l’on devient petit, et de quelle manière la vérité prend sa place. J’ai dit “produire”, parce qu’on peut étudier sans produire ; toutefois ce qui cherche les âmes est toujours bon en soi ; ce sont des réalités de la foi et non pas nos idées, et nos propres âmes trouvent leur vraie place devant Dieu. Il est évident que cela ne détourne pas des études bibliques ; au contraire, elles sont beaucoup plus profitables, parce que l’Esprit de Dieu, ayant sa véritable activité, selon sa nature, agit librement dans la communication qu’il nous fait des choses divines. C’est ce que j’ai souvent trouvé.

Au reste, Dieu agit en nous aussi bien que par nous, et la première de ces choses n’est jamais agréable, mais très profitable. Quelquefois ceux qui ne savent pas ce qui en est, pensent avoir perdu son amour, parce qu’il les force à se reporter sur eux-mêmes pour leur bien. C’est une discipline pénible, mais qui a pour but de nous faire jouir de lui plus réellement, et de nous placer dans le vrai, du fond du cœur, au lieu d’être heureux à la surface, ce qui est au-dessous étant trop négligé. Tout cela est notre faute, mais c’est la bonté de Dieu qui veut que nous jouissions plus profondément de lui, nous nettoyant de tout ce qui entraverait, si la conscience était en plein exercice, et nous faisant juger tout cela. Au lieu que nous puissions le voir tout simplement, lui qui est notre pleine joie, il met dans la conscience quelque chose de caché, à notre insu, soit dans le cœur, soit dans la nature, et au moins il nous arrête en chemin. Il est fidèle dans son amour ; si nous le connaissons, nous voyons bientôt que c’est lui, et la confiance renaît, si l’œuvre n’est pas finie. Laissez-vous aller entre ses mains, cher frère, et s’il agit, ne le gênez pas, pour ainsi dire, dans son œuvre. Pour que nous soyons bénis et que notre œuvre ne soit pas un danger pour nous, il faut qu’il agisse en nous afin qu’il agisse par nous. Laissez-le faire et ne nous hâtons pas. Il est parfait et fidèle dans son amour.

En grande hâte, votre bien affectionné frère en Jésus, notre Seigneur et précieux Sauveur. Saluez beaucoup tous les frères. J’espère, si Dieu le veut, les voir sous peu, mais je ne sais trop quand.

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J N Darby – Lettre No. 148

J N Darby
John Nelson Darby

Plymouth, 13 février 1846

A M. B.R.

Bien-aimé frère,

Il ne faut pas penser que Dieu se soit montré contre les frères. Bien au contraire. Ce qui est vrai, c’est qu’il y a eu des épreuves très grandes. Mais je n’ai jamais été autant convaincu que Dieu aime les frères et qu’il veut les garder. Ce qui est vrai, c’est que l’ennemi avait cherché à bouleverser tous leurs principes et à les éprouver par une pierre de touche, d’une manière à laquelle la chair n’aurait su échapper ; mais cela a bien démontré, en nous humiliant, il est vrai profondément, que nos principes étaient du fin or. Dieu les a reconnus en humiliant ceux qui les professaient tous. Mais la scission n’a eu lieu qu’en deux endroits et, dans le second, elle n’a été accomplie que la semaine passée ; dans les deux décidément en bien, selon moi, pour les frères qu’on travaille, je n’en doute pas, pour faire un parti ailleurs. Mais je crois que Dieu a mis sa main sur l’œuvre des adversaires, et qu’ils ne pourront guère faire plus, parce qu’on la connaît maintenant. Dieu a pourvu à cela, malgré toutes les ruses qu’ils ont employées. Peut-être notre patience sera-t-elle exercée, et ce sera notre bien. Mais Dieu nous a manifesté sa bonté d’une manière dont, pour moi, je n’ai jamais vu la pareille. Jamais nous n’avons eu de réunions aussi heureuses, ni autant l’esprit de culte, tout pauvres que nous soyons. Je crois pouvoir dire (tout en étant certain que l’on moissonnera encore çà et là ce qui a déjà été semé) que la plaie est arrêtée.

Dieu a déjà répondu, je n’ose dire à la fidélité, mais au moins au désir d’être fidèle.

Voilà ce que je pense des affaires d’ici. S’il y avait eu plus de spiritualité, la chose aurait été, ou aurait pu être guérie en bloc. Dieu a agi selon l’état de l’église et en cela, il me semble, beaucoup plus solidement dans les consciences individuelles. J’ai laissé la chose telle quelle, en suivant, je crois, les pensées de Dieu ; et j’en suis heureux.

Ne soyez pas découragé, cher frère, au sujet de votre chère fille. Il est des cœurs qui se referment au milieu de la foule, et qui, souvent, ne sont au large qu’auprès de Dieu. Quelquefois cela se rattache par un côté à quelque faute. Mais ils n’ont de confiance que quand ils sont près de Dieu et se cachent au milieu du bruit du monde où des esprits plus hardis se font jour. Dieu a soin de ces cœurs, mais il faut les soigner autant que les autres, car la chair qui est toujours là, tendra toujours à se rapprocher du monde. Si la vie est là, comme je n’en doute pas, il faut la cultiver comme chez une autre âme, abandonnant sa manifestation à Dieu. On a dit : La grâce de Dieu, dans le cœur de l’homme, est une plante délicate dans un mauvais climat. Il faut y penser.

Quand la foi de votre fille s’affermira et s’appuiera moins sur sa joie en Christ, ou plutôt sur la joie qui découle de lui, votre fille aura plus de confiance devant le monde. Il faut attendre l’œuvre de Dieu, et, en attendant, veiller pour que le monde ne gâte pas cette œuvre. On a de la peine à retrouver la première fraîcheur ; mais si elle est gardée, tout ceci se retrouvera plus tard, plus solide, et plus complètement Christ lui-même.

Je ne saurai rien dire, cher frère, sur la résurrection juive, mais, quoiqu’il en soit, voici, sur Jean 11, ma pensée, qui, du reste, est pour le fond la vôtre. Je crois que l’action de Christ comme résurrection et vie, répond à sa position. Etant sur la terre, il vivifie Lazare d’une vie qui le laisse sur la terre. N’étant présent maintenant que spirituellement. Lorsqu’il reviendra, il ressuscitera ceux qui ont cru, bien qu’ils soient morts (littéralement), et ceux qui vivent et croient en lui ne mourront pas (littéralement). C’est là le seul sens complet de ce passage. Je ne sais pourquoi on ne l’appliquerait pas à la résurrection des fidèles. Je ne doute nullement que les Juifs se soient trompés, au v.36, sur les larmes de Jésus. Le Seigneur avait sur son cœur le sentiment de la puissance de la mort sur ses pauvres créatures.

Le passage de 2 Pierre 1 v.10, ne m’a jamais beaucoup arrêté, parce que le mot grec …. n’a pas seulement le sens de rendre ferme, mais de la conviction d’une vérité dans laquelle nous sommes affermis, comme, par exemple, au v.19 : “Nous avons la parole prophétique, rendue plus ferme” (……) cas parfaitement pareil. La parole pas plus que l’élection (moins si l’on veut, puisque Dieu s’est exprimé dans la parole) ne saurait être rendue plus ferme, mais le terme veut dire qu’elle a été confirmée, savoir par la transfiguration. Or la conscience (le sentiment intime ou conviction intérieure) de notre élection nous est affermie, si nous marchons selon Dieu, cela est certain. Le Saint-Esprit, Dieu, a sa liberté dans nos cœurs et s’y entretient.

Quant à Héb.12 v.22, 23, l’emploi du mot “et”, (l’a-t-on remarqué ?) tend à faire interpréter le passage ainsi : “et à des myriades d’anges, l’assemblée universelle ; et…” l’emploi du mot myriade est connu dans le cas des anges, comme en Apoc.5 v.11 ; d’autre part, … l’assemblée universelle, est employé pour l’assemblée d’Israël. L’emploi de ce mot dans les autres classiques est trop connu, pour qu’on ait besoin d’en parler. Il me semble que la pensée des myriades d’anges suggère à l’apôtre cette belle assemblée solennelle et joyeuse de tous. J’ai pensé depuis longtemps, sans chercher à imposer mon idée à d’autres, que “l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux” formait l’Eglise proprement dite, et les “esprits des justes consommés,” les saints de l’Ancien Testament, d’une manière spéciale. Il ne faut pas oublier, dans ce passage, l’absence de l’article qui donne une force caractéristique et non objective à la phrase, ainsi : “à une montagne de Sion”, en contraste avec “une montagne qui peut être touchée”.

J’espère que notre cher R. ne manque de rien. Saluez bien affectueusement tous les frères.

Votre tout affectionné.

P.-S. – En effet, je suis très heureux et béni dans mon travail; nous le sommes tous plus que jamais, mais je suis occupé à tout instant. Je suis forcé quelquefois de renvoyer un peu ma réponse à des lettres qui demandent une étude suivie.

J N Darby – Lettre No. 147

J N Darby
John Nelson Darby

Plymouth, 1er novembre 1845

A M. B. R.

Bien cher frère,

Quelques mots seulement. Je ne réponds pas à ce que vous avez dit sur la 4ème classe de la première résurrection. La chose m’intéresse beaucoup, parce qu’elle se lie à tant de passages et même, de près, à tant de vérités, qu’on devrait l’examiner d’une manière un peu suivie pour pouvoir s’en former un jugement quelconque. Aussitôt que j’aurai pu le faire, je vous en dirai quelque chose. Cela se lie aussi à quelques pensées que j’aie eues sur Apoc.14, mais j’ai un tel sentiment de mon ignorance sur ces points, que ce serait folie d’en dire grand-chose ; il est vrai que cela en rend la recherche d’autant plus intéressante. Je crois seulement qu’il est mauvais de se hâter d’établir un système là-dessus, à cause de la petitesse de nos esprits, au prix de Celui duquel le système, ou plutôt la révélation est sortie. Nous connaissons en partie ; nous recevons (par la foi) des vérités isolées. La liaison de ces vérités provient de l’activité de notre esprit. Je ne dis pas que le Saint-Esprit ne nous aide pas – pourquoi en douterions-nous ? – mais ce n’est plus une révélation proprement dite, et la somme en est toujours incomplète, en sorte que, si nous nous bornons tant soit peu à cela, d’autres vérités sont exclues, perdent leur force, et l’âme et la communion avec les frères (qui peut-être ont appris d’autres vérités) en souffrent. Quant à la traduction, (2e édition de la Version dite de Lausanne) je travaille loin de la plupart de mes ressources en fait de livres, de sorte que je présente mes notes que comme pouvant servir à l’utilité commune, et, dans cette œuvre, il s’agit évidemment de cela. Je reconnais, dans cette traduction (celle qui existe), un travail consciencieux, mais l’examen suivi que j’en ai fait m’a convaincu qu’elle est parfois un peu moins littérale qu’on ne le pensait. Voici ce que j’ai fait dernièrement dans un travail que j’avais entrepris sur le Nouveau Testament anglais : au commencement, je n’avais pas pensé à des améliorations critiques du texte reçu. Etant en voyage (car je n’y travaillais qu’à des moments de loisir), j’avais mon Tischendorf comme livre de voyage. Maintenant, je me suis un peu arrêté à ceci : j’ai une édition avec le texte de Scholz et, dans la marge, le texte reçu, celui de Griesbach, Scholz et Tischendorf. S’il y a accord entre eux, et que les témoins démontrent d’une manière peu équivoque le vrai texte, je l’accepte. S’il y a une variante de quelque importance, appuyée par un bon nombre de témoins, je mets, dans la marge, “plusieurs” ou “quelques-uns” lisent telle ou telle chose. Je ne touche pas la question, quand cela devient une affaire de critique, parce qu’il s’agit d’une traduction et non pas d’une édition critique. Si tous ceux qui ont examiné le texte sont d’accord, c’est une folie de donner une mauvaise leçon. Dans le cas où il y a un grand nombre d’autorité pour une chose, je puis raconter historiquement que ce fait existe, mais je n’entre pas dans le domaine critique proprement dit. J’en profite, mais je ne l’entame pas ; ce n’est pas là ma besogne.

J’enverrai demain, je le pense, les notes sur Matthieu ; les autres suivront de près, Dieu aidant. Les remarques sur les épîtres seront tout autrement importantes. J’ai suivi la marche des traductions dans mes notes.

Quant au passage d’Apoc.5 v.9-10, le texte est bien embrouillé, tellement, qu’on ne doit pas beaucoup insister doctrinalement sur ce qui tient aux variantes dans ce passage. Scholz lit : nous au v.9. Griesbach aussi ; le seul manuscrit ancien de l’Apocalypse le rejette. Au v.10, Scholz et Griesbach lisent …, (mot grec) (“Tu les as faits rois, etc.”) avec la grande majorité des témoins. Scholz et Griesbach retiennent …(rois). A Copt., Vulg. sont les autorités pour ….. (mot grec) (royaume). Il y a presque autant de témoins, plus même, pour “ils régneront”, que pour “ils règnent”, mais le seul ancien ms. cité favorise la dernière leçon…

Il reste une question sur les quatre êtres vivants, que vous n’avez pas encore entamée. Sont-ce des symboles d’un certain caractère de puissance, laquelle se trouve manifestée dans le service de certains êtres qui ne sont pas nécessairement toujours les mêmes ? Qu’est-ce qu’un séraphin ? Il ne se trouve qu’en Es.6, sauf le serpent d’airain. Je doute un peu de votre doctrine de la sacrificature. Il faut premièrement démontrer qu’il y en ait une qui ne soit pas du caractère de celle de Melchisédec. “Ils régneront sur la terre,” ne signifie pas le siège de la souveraineté, mais son objet.

J’ai été interrompu et je m’arrête. Paix vous soit, cher frère. Que Dieu daigne garder les frères dans la simplicité et dans l’humilité, et que leurs cœurs soient unis. Qu’il les fasse prospérer par le souffle de son Esprit. Saluez nos chers amis très affectueusement de ma part. Que la présence de Dieu en Esprit soit au milieu de vous tous ; c’est là notre joie. La seule chose qui m’ait fait de la peine dans la brochure Herzog (Brochure hostile à l’écrivain de la lettre), c’est que c’est un frère ; sauf cela, il y avait seulement à n’en pas tenir compte.

Votre tout affectionné.

 

J N Darby – Lettre No. 149

J N Darby
John Nelson Darby

Plymouth, 17 juin 1846

A M. B. R.

Je ne sais pas trop comment vous auriez des nouvelles officielles, vu qu’on ne m’écrit pas en français de nos côtés ; mais je n’en suis pas moins sensible à votre bonté. Je vous en remercie bien. J’y suis d’autant plus sensible que je ne mérite point tant d’égards de la part de mes chers frères, mais, heureusement, l’affection ne se mérite pas. Elle croît dans le bon terrain de la grâce de notre Dieu. J’ai repris mes travaux sur la traduction (Version dite de Lausanne). Mais il ne manque pas d’affaires qui se sont accumulées pendant ma maladie ; peut-être Dieu a-t-il voulu que ce travail fut interrompu.

Et maintenant, en réponse à votre question sur l’évangélisation, je me réjouis à la pensée que vous vous occupez des âmes, cela nous fait toujours du bien à nous-mêmes. On ne saurait répondre d’une manière catégorique à une demande semblable, parce que j’agirais différemment dans ces cas différents. En général, on place l’Evangile dans sa simplicité devant l’âme, sans l’engager à prier, comme notre cher frère R. le veut, parce que les âmes placent toujours quelque chose entre elles et leur salut, et attachent à ce quelque chose de l’importance, comme à tout ce qu’elles font. On voudrait quelque chose dans l’âme, avant qu’elle soit aimée et lavée ; c’est le cas même de la plupart des chrétiens évangéliques, tandis qu’il faut leur présenter Christ sagesse, justification et rédemption. De sorte qu’en thèse générale je suis d’accord avec R. – Mais voici où l’autre principe entre, non pas seulement dans le cas d’un athée, mais en bien d’autres. Je présente Christ à une âme, la conséquence en est qu’elle est travaillée, pas encore affranchie. Ici donc, j’ajoute quelque chose que vous me semblez omettre dans ce que vous me dites soit de votre part, soit comme étant les vues de R.

Ce n’est pas seulement : “Crois et tu sera sauvé,” car le témoignage de Dieu convainc l’âme de péché. Ceci est un fait, et un fait qui doit absolument arriver, si l’âme est vraiment pénétrée de l’Evangile. Ce n’est pas la présentation de la foi comme moyen de salut qui fait cela, mais la révélation de Christ à la conscience, de Christ qui, comme la lumière, rend l’âme sensible à ce qui est au-dedans. La foi dans ce sens produit la conviction salutaire, mais pénible, et pas la paix. Souvent il y a un intervalle assez long (je ne dis pas : il doit y avoir ; car ce n’est pas le cas, lorsque l’Esprit agit en puissance) entre la conviction du péché et l’affranchissement. Il y a un autre effet de la foi à présenter ; non pas seulement la personne de Jésus qui a déjà produit la conviction de péché dont nous parlons, mais l’efficace de son œuvre. C’est ce qu’on doit toujours mettre en avant, mais ce qui répond toujours dans ce cas à un besoin produit. Mais ici se présente à l’âme cet effet de la foi, savoir la propitiation et l’amour qui l’a donnée. Je n’engage pas l’âme à prier pour la foi. Mais ce qui me paraît ne pas avoir sa place dans vos pensées, ni dans celles que vous me donnez de R., c’est la conviction du péché. On s’y arrête et les docteurs les engagent à prier, c’est mauvais. D’accord ici avec le cher frère R. Mais je cherche cette conviction dans mes entretiens avec une âme et, si elle n’y est pas, je cherche à la produire par la vérité. Cela fait crier : cette âme prie (non pas : “elle doit prier”). A ce cri, la plénitude de l’Evangile est la réponse. Les péchés dont elle se plaint ne lui sont pas imputés à cause du sang de Christ. Ce que je cherche chez un païen ou un chrétien de nom, c’est la conviction de péché. Je la cherche en annonçant la pure grâce gratuite et efficace de Dieu. Où cette conviction se trouve, je présente ce que la grâce a accompli. Il est très important de présenter tout cela comme une chose accomplie à laquelle on croit, sans qu’il soit question de prier, ni de quoi que ce soit d’autre. Mais si je trouve quelque obstacle, quelque chose qui empêche l’âme de faire du progrès, quoiqu’il y ait de la sincérité (et cela arrive quelquefois), des choses que l’Esprit de Dieu doit chasser du cœur avant de lui donner la paix – là je pourrais l’engager à prier. Dans l’état de mélange et de confusion où nous sommes, c’est ce qui arrive. Seulement il faut prendre soin de ne pas mettre des prières ou quoi que ce soit entre l’âme et Christ, car la foi n’est que la vue que l’on a de lui. “La foi,” dans les Ecritures, veut souvent dire aussi : la doctrine que la foi embrasse, ou le système de foi, en contraste avec la loi.

Je présente donc Christ tel qu’il est, comme objet de la foi, et là où le Saint-Esprit agit en puissance, la connaissance du Seigneur déplace et remplace tous les obstacles ; l’âme est affranchie.

On rencontre des cas où j’engagerais à prier, à cause de quelque chose qui fait obstacle. En général, on n’a guère besoin d’y engager une telle âme. Quant à l’élection, il ne s’agit pas de cela en prêchant l’Evangile. Je prêche Christ, Dieu agira dans ses conseils de grâce. Je ne prêche pas Christ mort pour les élus, quoique parmi les croyants, ils soit important de développer les rapports spéciaux de sa mort avec les élus. Sans cela leurs pensées sur son œuvre sont vagues, manquent de stabilité et se mêlent avec l’œuvre du Saint-Esprit dans leurs âmes. J’annonce Christ victime propitiatoire pour le péché, lui Fils glorieux du Père et un avec lui, ses souffrances et sa gloire, et cela à cause du péché. Je leur montre peut-être les ténèbres de l’âme, en leur montrant ce qu’il est, lui, la lumière et la grâce. – Et je leur annonce que quiconque croit en lui est sauvé, pardonné, et jouit de la vie éternelle.

J’explique, au besoin, l’efficace pour ceux qui croient, parce que dans les pays chrétiens de nom, c’est ce dont on a besoin, et l’efficace annoncée leur démontre qu’ils n’y croient pas. Aux enfants de Dieu, l’élection est utile pour les rendre humbles, car tout est grâce ; pour les rassurer, car la grâce est efficace et coule d’une source qui ne tarit pas, d’un conseil qui ne chancelle pas. Ici, l’œuvre et les joies du Saint-Esprit peuvent être précieusement développées.

Me voilà, cher frère, à la fin de ma lettre pour cette fois. Plus il y a de simplicité, plus il y aura de bénédiction. C’est Christ qu’il faut prêcher, Christ Sauveur d’âmes, et d’âmes pécheresses dans leurs besoins et dans leurs misères, fruit de l’amour gratuit de Dieu.

Dieu soit béni, j’ai de bonnes nouvelles en général de l’œuvre en Suisse et en France.

La différence de la prédication maintenant, c’est que l’histoire en général est connue ; on a à en annoncer l’efficace, la gloire, mais, au commencement, cette histoire en présentait la gloire aux âmes par la puissance du Saint-Esprit. Maintenant, il faut y attirer l’attention. L’effet en sera toujours le même, là où le Saint-Esprit agit.

A Dieu, bien-aimé frère. Que Dieu vous dirige et vous fortifie. Saluez les anciens, R., G., et tous nos précieux frères. Ce n’est que par une lettre de G., qui supposait que je le savais déjà, que j’ai su que notre bien-aimé Tapernoux a délogé en paix. Il est heureux. Je soupire ardemment après le moment ; oui, ardemment. Toutefois on accomplit sa journée comme un mercenaire. Assurez sa veuve et sa famille de toutes mes sympathies. Oui, il est heureux ! Oh ! que ce jour arrive où nous serons tous réunis dans la présence et la gloire de Jésus, sans péché.

Votre affectionné.

 

J N Darby – Lettre No. 150

Plymouth, 14 août 1846

A M. B. R.

Bien cher frère,

J’écris seulement quelques lignes au sujet de nos notes sur la traduction de Lausanne. Probablement je suis bien en arrière de leurs travaux. J’ai eu passablement d’hésitation au sujet de ces notes, ayant le sentiment, pas du tout qu’on dû recevoir mes pensées, mais qu’ils seraient un peu trop liés par leur système actuel, pour les recevoir, quand même elles seraient vraies. Toutefois dans les évangiles et encore plus dans les Actes, livre presque entièrement historique, ces difficultés entraient peu en ligne de compte, et j’étais heureux de travailler comme sous-ouvrier si, par ce moyen, quelque chose pouvait être ajouté à l’exactitude d’une traduction de la Parole, à laquelle toute l’Eglise de Dieu en langue française est intéressée. Maintenant, arrivé aux épîtres, cela me préoccupe un peu plus. De plus, je ne sais pas si je ne suis pas trop arriéré quant à l’ouvrage pour me tenir au niveau de leurs travaux. Enfin, j’aimerais savoir ce que vous en pensez et à quel point d’avancement ils en sont dans ce moment. Il y a des questions graves sur la loi, et même des difficultés de langage, en ce que le français ne sait guère rendre les pensées abstraites. “Des œuvres de loi,”, si cela pouvait se dire, est bien autre chose que “des œuvres de la loi”. Or je crois que l’apôtre tient souvent à mettre les choses au clair par le moyen de proposition très abstraites. Maintenant, quant au français, il est clair que nos amis seraient à même de faciliter le maniement d’une langue qui est la leur, pour se rapprocher au moins de l’exactitude du grec, s’il y avait accord quant au sens de ce grec. Sans cela, on travaillerait un peu inutilement, parce qu’on ne chercherait pas à reproduire ce sens. Je prends seulement le mot “loi”, comme exemple. Je crois que leur travail est un travail important. Je suis tout heureux de travailler sur cette base pour le bien de tous, et étant étranger quant à la langue, de le faire dans mon cabinet, inconnu hors de cette limite. C’est ce qui devrait être. Si le travail est bien exécuté, nos frères en profiteront comme les autres, ainsi que toute l’église française. Etant arrivé à ce point de l’ouvrage où les doctrines se développent en détail, je m’arrête un instant seulement pour savoir si mon travail contribuera vraiment en quelque chose à l’œuvre. Il y a des notions de traduction que j’estime peut-être petites ; cela ne me fait rien ; c’est leur œuvre, et je ne fais que travailler aux carrières et à la montagne comme un ouvrier d’Hiram, tout en recevant mes gages du vrai Salomon, et ils sont bons. J’en suis très satisfait, car j’en profite beaucoup pour moi-même. Ma question est seulement si vous pensez que je puisse encore leur être utile dans la tâche à laquelle ils se sont voués. Dites-moi un mot là-dessus. Saluez beaucoup les frères. Je me trouve béni et heureux, par la grâce de Dieu. A la hâte.

Votre tout affectionné

J N Darby – French Letter No. 150 – Difficulty with French ‘Works of Law’

J N Darby
John Nelson Darby

150

       Plymouth – 14th August 1846

To Mr B R

Beloved Brother

I just write some lines on the subject of our notes about the Lausanne translation[218]. Probably I am well behind their work. I have had quite some hesitation on the subject of these notes, having the feeling, not at all that my thoughts have to be received, but that they will be a bit too tied by their current system to receive them even when they are true. However, in the gospels and even more in the Acts, a book almost entirely historical, these difficulties did not enter the reckoning much, and I was happy to labour as under-worker if, by this means, something could be added to the exactitude of a translation of the Bible in which all the French-speaking church of God is interested. Now, having come to the epistles, this concerns me a bit more. Moreover, I do not know if I am too late as to the work for me add significantly to their work. Finally, I would like to know what you think and how far they have reached at this point in time. There are grave questions about the law, and even language difficulties, in that the French hardly knows how to render abstract thoughts. “Works of law”, if this could be said, is quite another thing from “works of the law”. For I believe that the apostle often aims to make things clear by means of a very abstract proposition. Now, as to the French, it is clear that our friends would be in a position to make the handling of a language which is theirs easier, to get closer at least to the accuracy of Greek, if there was agreement as to the sense of this Greek. Without this, one would work a bit ineffectively, because one would not be seeking to reproduce the sense. I take just the word ‘law’ as an example. I believe that their work is a very important work. I am quite happy to work on this basis for the good of all, and being a foreigner as to the language, to do it in my study, unknown outside this limit. It is what should be. If the work is well done, our brethren will profit from it as others, as well as the whole French church. Being come to this point of the work where doctrines are developed in detail, I am stopping for a moment only to know whether my labour will truly contribute something to the work. There are notions about translation that I reckon to be small, that is nothing to me; it is their work, and I only work at the quarries and on the mountain as a worker of Hiram, while accepting my wages from the true Solomon, and they are good. I am very satisfied with it, because I profit a lot from it myself. My question is only if you think that I can still be useful to them in the task to which they have devoted themselves. Say to me a word thereupon. Greet the brethren much. I think I am blessed and happy, by the grace of God. In haste.

Yours very affectionately

______________

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

[218] see note in Letter No 147

J N Darby – French Letter No. 149 – God’s Testimony convinces the Soul of Sin

149

Plymouth – 17th June 1846

To Mr B R

I do not know how much you would have official news, since I am not written to in French on our side; but I am not the less aware of your goodness. Thank you very much. I am just as aware that I do not merit anything like this from my dear brethren but happily affection is not merited. It grows in the good ground of the grace of our God. I have taken up again my work on the translation[1]. But there is no lack of business which has accumulated during my illness; perhaps God has desired that this work should be interrupted.

And now, in reply to your question about evangelisation, I rejoice at the thought that you are occupied with souls; this always does us good ourselves. One would not know how to answer in a categorical way to such a demand, because I would act differently in different cases. In general, the gospel is set in its simplicity before the soul, without committing it to prayer, like our dear brother R desires it, because souls always put something between themselves and their salvation, and attach to this something of importance, as to all that they do. One would desire something in the soul before it is loved and washed; this is the case with most evangelical Christians, while it is necessary to present Christ as wisdom, justification and righteousness[2]. So that, generally speaking, I agree with R. But this is where another principle enters, not only in the case of an atheist, but rather with others. I present Christ to the soul; in consequence of which it is exercised by it, but not yet set free. Here therefore, I add something that you seem to me to leave out in what you say to me, whether on your part, or as being the views of R.

It is not only “believe and thou shalt be saved”, for God’s testimony convinces the soul of sin. This is a fact, and a fact which must be come to absolutely if the soul is truly penetrated by the gospel. It is not the presentation of faith as the means of salvation which does this, but the revelation of Christ to the conscience, of Christ who as light makes the soul aware of what is within. Faith in this sense produces the healthy, but sorrowful conviction, but not peace. Often, there is quite a long interval (I do not say there has to be; for this is not the case when the Spirit acts in power) between the conviction of sin and being set free. There is another effect of faith to present; not only the person of Jesus who has already produced the conviction of sin of which we speak, but the efficacy of His work. It is this which must always be put forward, but which still answers in this case to a need produced.   But here the effect of faith is presented to the soul, to know the propitiation and love which has been given to it. I do not urge the soul to pray for faith. But what does not seem to me to have its place in your thoughts, or in those that you give me of R, is the conviction of sin. To stop there with the teachers urging them to pray – that is bad. I agree here with dear brother R. But I seek this firm conviction in my discussions with a soul and, if it is not there, I try to produce it by the truth. It makes one cry: this soul prays (not: ‘must pray’). To this cry, the fullness of the gospel is the answer. The sins of which it weeps are not imputed to it because of the blood of Christ. What I seek with a heathen or a nominal Christian is the conviction of sin. I seek it in announcing pure free grace and the efficacy of God. Where this conviction is found, I present what grace has accomplished. It is very important to present all this as an accomplished thing on which one believes, without which it would be a question neither of prayer or anything else. But if I find some obstacle, something which hinders the soul making progress, whatever sincerity there may be (and this happens sometimes), things which the Spirit of God must drive from the heart before giving it peace – then I could urge it to pray. In the state of mixture and confusion where we are, this is what happens. Only care must be taken not to put prayers or whatever between the soul and Christ, for faith is only the view which one has of Him. ‘Faith’, in Scripture, often means the doctrine which faith embraces, or the system of faith, in contrast to law.

I therefore present Christ as He as an object of faith, and where the Holy Spirit acts in power, the knowledge of the Lord displaces and replaces every obstacle; the soul is set free.

Cases arise where I would urge one to pray, because of something which makes an obstacle. In general, one hardly needs to urge such a soul. As to election, it is not a matter of this in preaching the gospel. I preach Christ, God will act in His counsels of grace. I do not preach Christ dying for the elect, although among believers it may be important to develop the special links between His death and the elect. Without this, their thoughts about His work are vague, lacking stability and mixed with the work of the Holy Spirit in their souls. I announce Christ as propitiatory victim for sin, the glorious Son of the Father and One with Him, His sufferings and His glory, and this on account of sin. I show them perhaps the darkness of the soul, in showing them what He is, Him, [both] light and grace. And I announce to them that whoever believes is saved, pardoned, and enjoys eternal life.

I explain, as needed, efficacy for those who believe because, in nominally Christian countries, this is what is needed, and efficacy announced shows them that they do not believe it. To God’s children, election is useful to make them humble, for all is grace; to reassure them, for grace is efficacy and flows from a source that does not dry up, from a counsel which does not waver. Here the work and joys of the Holy Spirit can be preciously developed.

Here I am, dear brother, at the end of my letter for this occasion. The more there is simplicity, the more there will be blessing. It is Christ that must be preached, Christ the Saviour of souls, and of sinful souls in their needs and their sorrows, the fruit of God’s free love.

May God be blessed; I have good news in general of the work in Switzerland and France.

The difference of the preaching now is that the story is generally known; one has to announce the efficacy, and the glory, but at the beginning this story presented the glory of it to souls by the power of the Holy Spirit. Now, it is necessary to attract attention. The effect of it will always be the same, where the Holy Spirit acts.

Farewell, beloved brother. May God direct you and strengthen you. Greet the elderly ones, T, G, and all our precious brethren. It is only by a letter from G that supposed I already knew that I have learned that our beloved Tapernoux has gone in peace. He is happy. I long ardently for the time; yes, ardently. However, one fulfils one’s day as a hireling. Assure his widow and his family of all my sympathy. Yes, he is happy! Oh! may that day come when we will all be reunited in the presence and glory of Jesus, without sin.

Yours affectionately

Plymouth – 29th June 1846

 

I am sending you a notebook. I fear it betrays a little haste, because in getting over illness, I have found a mass of letters and business awaiting me, and I have been a bit crushed with fatigue.

 

 

[1] the Lausanne version – see note in Letter No 147

[2] possibly referring to 1 Cor 1: 30

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

J N Darby
John Nelson Darby
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