J N Darby – Lettre No. 146

J N Darby
John Nelson Darby

CXLVI – 146

Lausanne, 2 janvier 1845

A M. B. R.

Bien cher frère,

J’ai lu les deux correspondances que vous avez eu la bonté de m’envoyer et je vais, sans préface, vous en dire quelque chose. La chair de M., douce, accueillante et flatteuse, me plaît moins que la franche étourderie de H., quoiqu’elle soit moins blessante. Quant à la confiance en sois je ne vois pas grande différence entre les deux ; et vous voyez, du moment que son système charnel et incrédule tombe, frappé à sa base, de quelle manière toute douceur disparaît chez M. “C’est un sophisme jésuitique,” dit-il. Il parlera de l’amour tant que vous voudrez, mais jamais de ce qui touche sa conscience. Je crois qu’il est dans le plus triste état possible. Le seul vrai témoignage quant à lui, je suis peiné de le dire, c’est de l’éviter. Il évite tout ce qui peut blesser la chair, en évitant tout ce qui peut la juger, parce qu’il veut pouvoir marcher tranquillement lui-même. Cela lui donne un air d’amabilité, de douceur et de charité, mais tout cela ne fait que l’œuvre de l’ennemi. Si l’on s’y oppose, on a l’air de contester et de ne pas avoir cette charité ; si l’on est avec lui sans opposition, on consent au mal qui se fait. Dieu sait mettre cela à nu, mais c’est lui qui le fait. Vous voyez qu’il s’est déjà donné la réputation d’un homme opprimé, à cause de ce qu’il appelle vos attaques. C’est ainsi, sachant tout le mal qu’il fait aux âmes simples par ces moyens, que j’ai pris un parti aussi décisif que celui de refuser d’aller le voir ou de l’inviter…

Quant à H., vous avez été blessé, cher frère. Vous auriez dû vous tenir au-dessus de son manque de sagesse ou de savoir-faire, et lui montrer en amour que ses lettres manquaient pour le moins de maturité, et enfin aussi de sagesse. Cela lui aurait fait du bien. Je lui ai écrit, peut-être trop franchement, mais j’aurai senti que je manquais à la charité, si je ne lui avais pas dit ce que je pensais. Je n’ai pas encore de réponse ; j’espère que Dieu agira dans son cœur.

J’ose vous engager, cher frère, à ne pas beaucoup écrire dans ce moment. Lorsqu’on étudie l’exégèse ou plutôt la Parole dans ce but, sans s’occuper des âmes, il y a toujours du danger. On poursuit des idées. La recherche des âmes est un correctif ; il faut savoir appliquer notre savoir à leur état, sans cela il ne vaut rien. Etre clair à soi-même n’est pas être clair aux autres, tout en révélant la vérité. La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Quand notre intelligence est trop en activité, la vérité cesse d’être un lien entre l’âme et Dieu. Je n’ai jamais rencontré une personne, lisant beaucoup la Parole sans agir en charité et en responsabilité vis-à-vis des âmes, qui ne tînt pas à des idées quelquefois de peu d’importance et souvent erronées. La vérité n’est pas même un lien entre ma propre âme et Dieu. Elle devient “subjecta veritas quasi materia,” et cela est doublement fâcheux quand il s’agit de la Parole. Si vous vous mettez à produire beaucoup, je vous engage à le produire pour les âmes et spécialement pour les pauvres pécheurs. C’est inconcevable quel bien cela nous fait à nous-mêmes, combien l’on devient petit, et de quelle manière la vérité prend sa place. J’ai dit “produire”, parce qu’on peut étudier sans produire ; toutefois ce qui cherche les âmes est toujours bon en soi ; ce sont des réalités de la foi et non pas nos idées, et nos propres âmes trouvent leur vraie place devant Dieu. Il est évident que cela ne détourne pas des études bibliques ; au contraire, elles sont beaucoup plus profitables, parce que l’Esprit de Dieu, ayant sa véritable activité, selon sa nature, agit librement dans la communication qu’il nous fait des choses divines. C’est ce que j’ai souvent trouvé.

Au reste, Dieu agit en nous aussi bien que par nous, et la première de ces choses n’est jamais agréable, mais très profitable. Quelquefois ceux qui ne savent pas ce qui en est, pensent avoir perdu son amour, parce qu’il les force à se reporter sur eux-mêmes pour leur bien. C’est une discipline pénible, mais qui a pour but de nous faire jouir de lui plus réellement, et de nous placer dans le vrai, du fond du cœur, au lieu d’être heureux à la surface, ce qui est au-dessous étant trop négligé. Tout cela est notre faute, mais c’est la bonté de Dieu qui veut que nous jouissions plus profondément de lui, nous nettoyant de tout ce qui entraverait, si la conscience était en plein exercice, et nous faisant juger tout cela. Au lieu que nous puissions le voir tout simplement, lui qui est notre pleine joie, il met dans la conscience quelque chose de caché, à notre insu, soit dans le cœur, soit dans la nature, et au moins il nous arrête en chemin. Il est fidèle dans son amour ; si nous le connaissons, nous voyons bientôt que c’est lui, et la confiance renaît, si l’œuvre n’est pas finie. Laissez-vous aller entre ses mains, cher frère, et s’il agit, ne le gênez pas, pour ainsi dire, dans son œuvre. Pour que nous soyons bénis et que notre œuvre ne soit pas un danger pour nous, il faut qu’il agisse en nous afin qu’il agisse par nous. Laissez-le faire et ne nous hâtons pas. Il est parfait et fidèle dans son amour.

En grande hâte, votre bien affectionné frère en Jésus, notre Seigneur et précieux Sauveur. Saluez beaucoup tous les frères. J’espère, si Dieu le veut, les voir sous peu, mais je ne sais trop quand.

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Author: Sosthenes

Once the ruler of the synagogue at Corinth Then a co-writer of a letter by Paul - just a brother - no longer an official Now a blogger seeking to serve the Lord by posting some words that the Lord has given His Church.

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