CXII – 112
Londres, janvier 1874
A M. P.
Bien-aimé frère,
Je sais qu’on a besoin d’un ministère pratique dans le Midi, spécialement dans le Gard. Dans l’Isère, la Drôme, le cher X. a été bien encouragé, en particulier à Valdrôme ; c’est un excellent frère, et je me réjouis beaucoup de ses travaux, car il me remplace un peu dans ces contrées, maintenant que je me fais vieux ; maintenant il est parti pour l’Italie, car il parle aussi l’italien. C’est précisément parce que je connaissais les besoins du Midi que j’ai mentionné votre séjour en France, et, soyez-en certain, les ouvriers ne manqueraient pas autant s’il y avait plus de dévouement. Je suis sûr qu’il y a bien des dons non développés.
Dans l’Ardèche, ils manquent moins, mais en voici plusieurs mis de côté ! C’est un sujet de prières et d’humiliation que tout cela. Le dévouement apporte la considération des autres, le sentiment de la responsabilité, et par-là des exercices de cœur par lesquels on mûrit. Il y en a qui ne sont pas mûrs, parce que le dévouement leur manque ; je pourrais en nommer qui, pour quelque petit travail, perdent la gloire et la douceur de travailler pour le Seigneur… Quant à visiter le Midi, pendant mon voyage, je crains d’entreprendre trop à la fois. Je dois être en Italie aux environs de Pâques pour une petite conférence, et visiter la Suisse en route, puis je pars pour Londres pour me rendre en Irlande. Il se peut qu’à mon retour d’Italie, je puisse me rendre en France, ce que je ferai avec grand plaisir.
Je suis bien aise que vous soyez un peu à Nîmes. La perte du cher G. les a laissés très faibles, mais Dieu est plein de bonté.
Ici les frères vont bien ; il y a de la piété ; toujours le monde à combattre, mais en général de la solidité, et les cœurs sont unis. Il y a maintenant plus de 30 réunions à Londres et, je le suppose, plus de 3000 frères. Qui peut suffire pour en prendre soin, si ce n’est un seul ? Grâces à Dieu, on peut compter sur lui, et c’est une grande consolation.
Nous avons de bonnes nouvelles de Suisse, et d’assez bonnes de Hollande. La vérité fait du progrès en Amérique.
Pinkerton s’en est allé en Egypte et en Syrie. J’ai été frappé de sa solidité et combien il a mûri dans la conscience de sa position. On rompt le pain en Syrie et à Alexandrie ; Dieu avait préparé le chemin. Ils ne sont qu’une petite poignée dans chaque localité. Déjà il y eu quelques persécutions ; un frère natif de la Syrie avait traduit des traités ; les missionnaires l’ont renvoyé. Le retour de P. a aussi réveillé l’opposition des presbytériens, mais les portes lui sont ouvertes.
Votre affectionné en Jésus.
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