mars 1881
A M. P.
Bien cher frère,
Le péché caché est toujours un grand mal pour une âme et pour une assemblée. Il se peut qu’une âme soit réellement humiliée, et dans ce cas il n’y a pas de profit à ébruiter le mal ; mais c’est une chose très délicate de prendre sur soi la responsabilité de juger, si celui qui a péché a été humilié. Il y a bien des choses qui ne paraissent pas, dans votre récit. Est-ce que ce jeune homme était déjà en communion quand il a commis ce péché ? Je suppose, d’après votre lettre, qu’il était converti, et si c’était avant d’être en communion, est-ce qu’il y a eu un long intervalle entre son entrée au milieu de nous et sa faute ? Il n’était pas encore marié : cela change le caractère du péché. Si l’intervalle entre le péché et sa réception a été court, il y a lieu de se demander s’il n’y avait pas chez lui de la légèreté. S’humilier, quand le fait est connu, peut être une chose sincère, et l’œuvre de Dieu, mais on a de la peine à éviter – ce que naturellement l’homme préférerait – que cela n’allât pas plus loin. S’il est réellement brisé et humilié, il vaut mieux pour la paix de tous et la gloire de Dieu, qu’on en reste là ; car le péché rendu public, tend à habituer l’esprit au péché, ce qui est un grand mal. J’espère qu’il ne se sentira plus “à la tête de l’assemblée,” mais, sans le faire remarquer, qu’il se tiendra davantage sur la réserve. Votre grande affaire est, non de le poursuivre, mais d’être tout à fait assuré qu’il est humilié ; cela se montrera dans son esprit, dans sa marche, et dans vos entretiens avec lui. Depuis combien de temps avait-il été converti lorsqu’il a commis le péché ? Etait-il, déjà alors, actif dans l’assemblée, exerçant un ministère, et a-t-il continué à le faire ? Tout ceci dit beaucoup sur l’état de son âme, et le jugement qu’il porterait sur les faits que j’énumère dirait aussi beaucoup sur son état actuel. Comme la responsabilité restait, lorsque vous m’avez écrit, sur vous et sur X., vous ferez bien d’être au clair sur ces points. Si l’affaire est réellement passée, et jugée, il n’est d’aucun profit de la ramener sur le tapis ; mais là est la question. Dieu ne panse pas à la légère la plaie de son peuple, mais, dans sa grâce souveraine, il ne se souvient plus du péché pardonné. L’intervalle fait quelque chose, mais un péché non jugé est un péché présent.
Saluez affectueusement les frères.
Votre affectionné en Christ.