J N Darby – Lettre No. 102

J N Darby
John Nelson Darby

New-York, 1867

A M. P.

Bien-aimé frère,

…Quant à la Suisse, je parlais de besoins généraux. Il n’y a que trois frères entièrement à l’œuvre, qui font tout ce qu’ils peuvent, en outre divers frères, chacun dans sa localité. Autrement, cela ne va pas mal. Le long de la Broye il y avait eu des dissentiments ; de tout temps on y était maladif ; mais ce qui était fidèle est devenu plus solide qu’auparavant. Il n’en est pas moins vrai qu’on a grandement besoin d’ouvriers. Je n’ai pas vu la brochure de M. G. ; il l’a envoyée à Londres et m’en a averti, mais ce genre de littérature ne me suit pas ici.

Quant à Béthesda, l’affaire est très simple. Quant M. Newton a enseigné ses blasphèmes, et qu’on lui a bâti une chapelle, Béthesda a reçu les personnes qui en faisaient partie, même les personnes qui retenaient ses doctrines, puis a usé de toute sorte de procédés frauduleux pour cacher le fait, mais a préféré voir sortir de son sein une quarantaine de frères fidèles, plutôt que de ne pas recevoir ces personnes : c’était un parti pris.

Mais le principe va plus loin et l’on en voit les effets partout. En Amérique, il s’agit de l’immortalité de l’âme ; les neutres, comme on les appelle en Angleterre, qui viennent ici, se joignent sans difficulté aux réunions qui nient l’immortalités de l’âme, et au fond par conséquent la valeur de l’expiation. Ils disent : “ce sont des chrétiens” ; et cela leur suffit. Une personne payée par Béthesda, dans le Canada, défendait ouvertement les doctrines de M. Newton, et quelques-uns ici les propagent. Ils ne sont pas de Béthesda, mais marchent dans ses voies et l’approuvent. La question est celle-ci : Est-ce que la vérité est nécessaire aussi bien que la grâce ? L’un d’entre eux, homme actif de ce côté de l’Atlantique, et qui est venu du milieu des neutres de l’Angleterre, m’a dit : Qu’est-ce que la vérité ? Il n’y a pas de vérité certaine qu’on puisse exiger des autres. Il était en pleine communion avec ceux qui niaient l’immortalité de l’âme et qui propageaient cette doctrine, tout en disant qu’il ne partageait pas leurs vues ; – puis il est allé se présenter à Toronto, aux frères, comme un de mes amis, car ce système est partout la ruine de l’intégrité et de la doctrine. Je crois que M. R. a traduit la brochure de M. T. « Béthesda en 1857». Pour ma part, je n’ai jamais rien publié là-dessus. Mais Béthesda est rentré dans le cercle de la mondanité chrétienne.

J’ai été dans l’Ouest, où il y a en quelques endroits du bien ; des portes se sont ouvertes parmi ceux qui parlent le français. L’œuvre fait quelques progrès et les frères commencent à se connaître les uns les autres ; mais c’est une goutte d’eau dans un lac. Cependant le témoignage est là et se propage.

Ici, à New-York, tout est enseveli dans le commerce ; les chrétiens sont tout à fait mondains, à quelques exceptions près, et ces derniers gémissent. – On approuve ouvertement les bals, les théâtres, et les membres des églises y vont habituellement ; c’est une débandade morale dont on ne se fait pas une idée. Il faut être d’une église, c’est honnête, et il ne s’agit pas plus de conversion que de quoi que ce soit. Nous avons à présent une petite réunion, composée de gens fidèles, quoique faibles ; peut-être 25 en tout, mais c’est une ressource pour ceux qui viennent, et un petit témoignage pour ceux qui cherchent, – faible et de peu de valeur, mais où l’on marche en dehors du monde. A Boston, il existe aussi ; la réunion est moins nombreuse, mais plus américaine, et si je ne me trompe, les portes un peu plus ouvertes ; du moins y a-t-il plus de relations avec les gens de l’endroit. J’en forme aussi à New-York, mais je n’y suis qu’en passage.

Au Canada, en deux ou trois endroits, il y a quelque mouvement de l’Esprit de Dieu, entre autres, parmi les Peaux-Rouges ; ils sont plus de 20 à rompre le pain. Sauf cela, on est stationnaire : mais les frères en général marchent bien. Là aussi on manque d’ouvriers. C’est le dévouement qui fait partout défaut. Pour ma part, je suis convaincu qu’il y a bien des dons cachés, qui s’exerceraient s’il y avait plus de foi. Enfin, c’est à Jésus qu’il faut regarder. Ici-bas, tout passe et tout change, nous le savons ; mais nous avons besoin de regarder à lui pour que le cœur soit affermi dans la marche : “Ce qui je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi.” Avec cela, tout est simple, et bientôt le moment viendra où la vie de la foi en Jésus, la vie de Christ en nous, sera tout ce que nous reconnaîtrons avoir été réel. Tout le reste n’aura été que « se promener en ce qui n’a que l’apparence ». Il est toujours plus clair que le Seigneur est notre tout, et bientôt, Dieu soit béni, Il sera définitivement notre tout. En attendant, c’est la foi, la foi seule qui fait marcher. Il nous encourage quelquefois ; il exerce notre patience à d’autres moments. Pour la foi, tout est clair ; puis la recherche de soi-même disparaît. Au reste, il nous nourrit et nous chérit comme un homme sa propre chair. Tenons-nous près de lui. Toutes les grandes vérités qu’il nous a enseignées me deviennent toujours plus précieuses, et sa Parole est d’un prix infini pour moi, la seule chose vraie et divine dans un monde de mensonge, si ce n’est encore la vie de Christ dans les siens, mais souvent, hélas ! bien mélangée !

Je ne pense pas rester longtemps ici. En y demeurant, j’aurais des portes ouvertes, il s’en ouvre de nouvelles, mais Dieu m’appelle ailleurs.

Paix vous soit, et communion, beaucoup de communion, avec le Seigneur.

Votre bien affectionné frère.

P.S. – J’ai de très bonnes nouvelles des frères d’Angleterre.

J N Darby – French Letter No. 102 – What Influences there are in America

As to Bethesda, the matter is very simple. As Mr Newton had taught his blasphemies and had a chapel built, Bethesda received people who made a party of it, even people who held his doctrines, then had used all sort of fraudulent procedures to hide the fact, but preferred to see about forty faithful brethren leave their company, rather than not receive these people: it was a definite party.

To Mr P

Beloved Brother,

… As to Switzerland, I spoke of general needs. There are only three brothers in the work full-time, who do what they can, and various other brothers, each in his locality. Otherwise, it does not go badly. Along la Broye[1] there had been disagreements; at all times it was unhealthy there; but what was faithful became more solid than before. It is not less true there that they greatly need workers. I did not see the booklet of Mr G; he sent it to London and informed me of it, but this type of literature does not follow me here.

As to Bethesda, the matter is very simple. As Mr Newton had taught his blasphemies and had a chapel built, Bethesda received people who made a party of it, even people who held his doctrines, then had used all sort of fraudulent procedures to hide the fact, but preferred to see about forty faithful brethren leave their company, rather than not receive these people: it was a definite party.

But the principle went much further and one sees its effects everywhere. In America, it is a matter of the immortality of the soul. The neutrals, as one calls them in England, who come here, join themselves without difficulty to the meetings which deny the immortality of the soul, and basically as a consequence the value of the atonement. They say: ‘they are Christians’, and that suffices them. A person paid by Bethesda in Canada openly defended the doctrines of Mr Newton, and some here propagate them. They are not of Bethesda, but walk in their ways and approve of them. The question is this: Is the truth necessary as well as grace? One among them, a man active on this side of the Atlantic, and who is come from the neutrals in England, has said to me: What is the truth? There is no certain truth that one can require of others. He was in full communion with those who deny the immortality of the soul and who propagated this doctrine, while saying that he did not have part in their views – now he is gone to present himself to the brethren in Toronto as one of my friends, for this system is altogether the ruin of integrity and doctrine. I believe that Mr R has translated the pamphlet of Mr T, Bethesda in 1857[2]. For my part, I have never published anything on it. But Bethesda has gone back into the circle of worldly Christendom.

I have been in the West, where there are several good places; the doors are opened among those who speak French. The work makes some progress and the brethren begin to know one another; but it is a drop of water in a lake. However, the testimony is there and propagates itself.

Here in New York, all is bound up in commerce; Christians are all become worldly, some exceptions apart, and these complain. They openly approve of balls, theatres, and the members of churches go there habitually. It is a moral stampede of which one can have no idea. You have to be a member of a church, that is respectable, and it is no longer a matter of conversion whichever one it is. We have a small meeting at present, composed of faithful people, although feeble, perhaps twenty-five in all, but it is a resource for those who come, and a testimony for those who seek – weak and of little account, but where one walks apart from the world. In Boston, a meeting also exists; less numerous, but more American, and if I do not make a mistake, the doors a little more open; at least there are more relations with people of the place. I also develop this in New York, but I am only in transit there.

In Canada, in two or three places, there is some movement of the Spirit of God, among others, among the Red Indians; there are more than twenty breaking bread. Apart from this, things are stationary, but the brethren in general go on well. There also labourers are lacking. It is devotion which makes the lack everywhere. For my part, I am convinced that there are indeed hidden gifts, which would be exercised if there were more faith. In the end, it is to Jesus that one must look. Down here, all passes and changes, we know it; but we need to look to Him so that the heart should be confirmed in its walk. “In that I now live in flesh, I live by faith of the Son of God, who has loved me and given himself for me”[3]. With this, everything is simple, and soon the moment will come when the life of faith in Jesus, the life of Christ in us, will be all that we will remember to have been real. All the rest will have been only ‘walking by what concerns appearance[4]’. It is ever clearer that the Lord is our all, and soon, thank God, He will be definitely our all. In the meantime it is faith; only faith that works. He sometimes encourages us; He exercises our patience at other times. For faith, all is clear; then looking for self disappears. Besides, He feeds us and cherishes as a man his own flesh. Let us keep near to Him. All the great truths which He has taught us become ever more precious to me, and His Word has an infinite prize to me, the only true and divine thing in a world of lies, if it is not yet the life of Christ in His own, but often – alas! – mixed indeed!

I am not thinking of staying here longer. In remaining here, I would have opened doors, they open anew, but God calls me elsewhere.

Peace be to you, and communion – much communion – with the Lord

Your very affectionate brother

PS        I have very good news of the brethren in England.

[1] One of the seven districts of the Canton of Fribourg.

[2] W Trotter: ‘Bethesda in September 1857; or, An Answer to the Question, Why do you still stand apart from Bethesda?’ – York – 17th September 1857

 

[3] Gal 2: 20

[4] 2 Cor 10: 7

J N Darby – French Letter No. 103 – The Christian work amongst the American Indians

The Indians come well; the number of brothers has grown; two or three are occupied in the work amidst their compatriots. The language is an obstacle, but one sees clearly that the work is of God, for there has been perhaps more progress among them than in other parts, without our being able to speak their language and without them having a Bible that is worth something.

J N Darby
John Nelson Darby

To Mr P
Very dear Brother,
I thank you from the heart for your enquiry about me. I am much better, thank God; my head is still trying: only the least brain fatigue gives me a headache. I had too much work, and was a bit careless about my body; for an inflammatory attack found me without strength. For two days, I thought I would succumb, but God has decided otherwise in His designs of grace. Once the fever passed, I have had to feed myself better than I had. I have been able to take part in the conference in Guelph which has been blessed more than ordinarily; we have even had quite a few new places in the east of the United States; some set free as to their position, one or two only as to their souls …
The Indians come well; the number of brothers has grown; two or three are occupied in the work amidst their compatriots. The language is an obstacle, but one sees clearly that the work is of God, for there has been perhaps more progress among them than in other parts, without our being able to speak their language and without them having a Bible that is worth something. They have a translation, but so bad that one does not use it. Twenty-six among them now break bread. The work is interesting in New York and Boston, but exercises patience. At any rate, a fairly large number of souls have found peace, and the truth spreads itself… A meeting has been started in more than one place; it is a part of the fruit of the influence of the conference in Guelph, which as I have said has been blessed for souls.

Thus the truth spreads itself in the United States, but the power of assembly is still small among the American-born. The so-called churches are a great obstacle; it is held there that it is not a matter of Christians; the majority of members are not so, and those who are come to the theatre and all the rest, as a general rule; a person who is not part of a church is only supposed to be openly unbelieving, or they want to live without restraint outside the respectable party of society. But God is over all this, and already they realise that we want something more decided as to their walk, and not an unregulated life. God acts, and it is necessary to wait for Him. I think that the testimony has been planted and takes root. The brethren have taken measures to have depots for tracts and books …
In general, thank God, I have good news of France, Switzerland, England, Ireland, and Scotland too which has hitherto been firmly closed. The brethren are well, their number growing rapidly; I fear a little the influence of a number of young women in Ireland (some however very devoted) and young men even in relation with worldly families, At any rate, the blessing is evident, as well as the needs of many souls. The Lord suffices for all the difficulties; what could we do without that? The Word is always very precious to me – the truth.

I hope that the coming of the Lord keeps all its power in your heart – may you wait for it. Salute all the brethren.

Yours very affectionately

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013
Click here for original – If you have any comments on the translation, feel free to let me know.

J N Darby – Lettre No. 101

Toronto, septembre 1867

A M. P.

Bien cher frère,

J N Darby
John Nelson Darby

Je vous remercie de cœur de votre sollicitude à mon égard. Je suis beaucoup mieux, grâce à Dieu ; ma tête est encore éprouvée, seulement la moindre fatigue de cerveau me donne des maux de tête. J’avais trop travaillé, et peu soigné mon corps ; puis une attaque inflammatoire m’a trouvé sans force ; pendant deux jours, je pensais que je pourrais succomber, mais Dieu en a décidé autrement dans ses desseins de grâce ; une fois la fièvre passée, j’ai dû me nourrir mieux que je ne l’avais fait. J’ai pu prendre part à la conférence de Guelph qui a été bénie plus qu’à l’ordinaire ; même nous avons eu passablement de nouveaux venus de l’est des Etats-Unis ; quelques-uns affranchis quant à leur position ; un ou deux seulement quant à leur âme…

Les Indiens vont bien ; le nombre des frères a augmenté, deux ou trois s’occupent de l’œuvre au milieu de leurs compatriotes. La langue est un obstacle, mais on voit clairement que l’œuvre est de Dieu, car il y a eu peut-être plus de progrès parmi eux qu’autre part, sans que nous puissions parler leur langue et sans qu’ils aient une Bible qui vaille quelque chose ; ils ont une traduction, mais si mauvaise qu’on ne s’en sert pas. 26 d’entre eux rompent maintenant le pain. L’œuvre est intéressante à New-York et à Boston, mais exerce la patience. Toutefois, un assez grand nombre d’âmes ont trouvé la paix, et la vérité se répand…En plus d’un endroit on commence à se réunir, c’est en partie le fruit de la conférence de Guelph dont l’influence, comme je l’ai dit a été fort bénie pour les âmes.

Ainsi la vérité se répand dans les Etats-Unis, mais la puissance de rassemblement est encore petite parmi les Américains-nés. Les soi-disant églises sont un grand obstacle ; on y tient ; il ne s’agit pas de chrétiens ; la plupart des membres ne le sont pas, et ceux qui le sont vont au théâtre et à tout le reste, comme règle générale ; seulement une personne qui ne fait pas partie d’une église est censée être ouvertement incrédule, ou vouloir vivre sans frein en dehors de la partie respectable de la société. Mais Dieu est au-dessus de tout cela, et déjà l’on s’aperçoit que nous voulons quelque chose de bien plus décidé que leur marche, et non pas une vie déréglée. Dieu agit, et il faut s’attendre à lui. Je crois que le témoignage est planté et s’enracine. Les frères ont pris des mesures pour avoir des dépôts de traités et de livres…

En général, grâces à Dieu, j’ai de bonnes nouvelles de France, de Suisse, d’Angleterre, d’Irlande, de l’Ecosse aussi qui avait été jusqu’ici très fermée. Les frères vont bien, leur nombre augmente rapidement ; je crains un peu en Irlande l’influence d’une quantité de jeunes demoiselles (quelques-unes cependant bien dévouées) et de jeunes messieurs encore en relation avec des familles mondaines. Au reste, la bénédiction est évidente, ainsi que les besoins de beaucoup d’âmes. Pour toutes les difficultés, le Seigneur suffit, que ferions-nous sans cela ? – La Parole m’est toujours plus précieuse, – la vérité.

J’espère que la venue du Seigneur garde toute sa puissance dans votre cœur, – que vous l’attendez. Saluez tous les frères.

Votre bien affectionné.

J N Darby – Lettre No. 93

J N Darby
John Nelson Darby

Angleterre, 1861

A M. P.

Bien-aimé frère,

J’ai été heureux de recevoir votre lettre. Il m’est très précieux d’avoir des nouvelles de nos chers amis de France, maintenant que je suis très occupé en Angleterre, où l’œuvre s’étend beaucoup ; aussi ne faut-il pas vous étonner que je ne réponde pas toujours ou tout de suite, ou penser que ce soit faute de bonne volonté. De 5 heures du matin à 11 heures du soir, je suis incessamment occupé ; seulement, je me demande quelquefois si j’ai bien fait d’entreprendre autant de travail de cabinet, mais il nourrit, je l’espère du moins, les travaux d’autres frères, plus jeunes et qui ont plus de courage, et je suis heureux de prendre la seconde place, car c’est ainsi que j’estime réellement mon travail actuel. L’après-midi, de 2 à 9 heures, je fais des visites et je tiens des réunions ; mais, étant si absorbé par le travail, je suis d’autant plus content de recevoir des nouvelles des frères. Dieu m’a accordé cette grâce, et je l’en bénis ; j’ai eu ces temps-ci des nouvelles du Midi, moins de la Suisse. Vous pouvez bien penser combien je rends grâces à Dieu de la bénédiction qui se réalise dans l’entourage de nos chers amis de P., et je n’en doute pas, dans leurs cœurs aussi j’espérais toujours que votre cher frère pourrait être un jour utile. Puisse-t-il se tenir très près du Seigneur et lire beaucoup la Parole pour lui-même ; je dis “pour lui-même”, non pour son travail, car c’est la vraie manière de la lire. “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive dit le Seigneur, et de son ventre couleront des fleuves d’eau vive”. On boit pour soi, on a soif pour soi ; c’est ainsi que les fleuves coulent de nous pour les autres : – on vient à Jésus pour cela ; ainsi tout ce qui est “moi”, est jugé foncièrement dans le cœur, et la grâce agit, et cela au fur et à mesure. Sans doute, en se jugeant d’emblée, on marche de cette manière ; mais ce jugement se renouvelle pour les détails. On ne peut bien travailler, si l’on n’est pas dans la communion du Seigneur. Il faut aussi pour cela l’amour des âmes, car, à la suite de l’intérêt qu’on leur porte, on connaît leurs besoins et de quelle manière la Parole s’y adapte. Ainsi le travail se fait avec sérieux, avec humilité, dans un esprit de service, avec le sentiment qu’on a à faire, non seulement avec des pensées mais avec des âmes, ce qui est une différence essentielle. Nous avons à chercher dans notre travail, le sentiment que nous agissons envers les âmes, de la part de Dieu, dans un vrai esprit de service. C’est en cela que les visites sont profitables à notre ministère ; nous pouvons nous y entretenir avec les âmes, soit publiquement, soit en allant de maison en maison, et nous voyons ainsi comment la Parole s’applique à leurs besoins, et ce qu’elles ne comprennent pas. Quelle que soit l’élévation d’une vérité, une âme ne reçoit rien que ce qui s’applique à son état actuel. Quand Jean-Baptiste a parlé de l’Agneau de Dieu, les disciples disent : “nous avons trouvé le Messie.” Quand le Seigneur a parlé d’une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle, la femme dit “Voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Celui-ci n’est-il point le Christ ?”

Pour en revenir aux visites, l’amour de Christ y opère, et se fait aussi sentir à nous ; pour ma part, je trouve qu’elles me font toujours du bien. Je ne crois pas qu’un homme exerce un ministère utile et béni, sans visiter les âmes. Il peut faire de très beaux discours remplis de vérités, mais le lien avec les âmes lui manquera. Dieu, sans doute, peut suppléer à tout ce qui manque, mais on ne peut s’attendre à une bénédiction sentie dans un tel ministère. Il faut que les jeunes médecins visitent les hôpitaux, assistent à la clinique, pour être de vrais médecins. Au reste, cela nous fait du bien à nous-mêmes, cela exerce et nourrit la charité, et Dieu y prend plaisir. Je bénis Dieu quand je le vois susciter des ouvriers. Il nous en a donné un certain nombre, plus d’évangélistes, bénis dans leur ministère, que de pasteurs. Toutefois il y a quelques-uns de ces derniers.

Vous aurez vu, par ma lettre à F., qu’il y a une bénédiction réelle dans ce pays-ci. Il y avait au début quelque excitation, mais qui s’est beaucoup calmée. Deux ouvriers sont réellement bénis, quoiqu’ils comptent trop précipitamment les conversions. L’un d’entre eux, converti dans le réveil, l’année passée, et qui en a les allures, mais réellement dévoué, croit avoir eu depuis un mois 120 conversions; je ne le pense pas, mais je crois qu’il y en a. En tout cas, les dégradés, les malheureux, les catholiques romains, l’écoutent avec attention. Il n’a pas plus de 18 ans. Le cas est exceptionnel ; mais voilà le genre : il tonne et parle cependant avec un vrai amour pour les âmes, seulement je suis convaincu que l’excitation de la chair accompagne son ministère. Je lui écris pour l’en avertir, tout en prenant garde – moi qui suis si froid – de ne pas le décourager ou le refroidir.

Dans quel labyrinthe, humainement parlant, ou plutôt au milieu de quel mélange on se trouve ici-bas. Quelle consolation de savoir que Dieu voit tout comme au travers d’un verre transparent, et que sa grâce parfaite s’occupe de tout ; mais quel motif aussi pour être humble et pour s’anéantir. Je puis dire, grâce à Dieu, que j’ai une entière confiance en lui et que je jouis beaucoup du sentiment de sa parfaite grâce et de sa fidélité, – de la conscience, tout faible que je suis, qu’il est avec moi. Quelle grâce que celle-là ! Mais j’aimerais être plus directement et plus constamment occupé des âmes. Je continue à prêcher, et il y a beaucoup d’assistants.

J’ai de bonnes nouvelles de Montbéliard ; à B., il y a un certain nombre de conversions et beaucoup d’opprobre. On a cherché à y établir une réunion morave ; au moins une dizaine d’entre eux se sont joints aux frères ; les réunions du voisinage sont bénies et se recrutent…

La Parole vous est-elle toujours très précieuse et en éprouvez-vous la puissance quand vous la lisez ? Je vois, plus distinctement que jamais, la puissance pratique de l’Esprit dans la vie chrétienne, et, dans la Parole, la distinction nette entre la vie du dernier Adam et celle du premier. – Ce n’est pas une chose nouvelle, mais elle est plus distincte et plus profonde dans mon cœur, comme aussi la nouvelle position dans laquelle le chrétien se trouve, sans mettre de côté la responsabilité des hommes et l’action de l’Esprit vis-à-vis de cette responsabilité. – Quel tableau nous trouvons au chap.7 des Actes quant à la manifestation extérieure de ces choses : d’un côté, l’homme qui résiste au Saint-Esprit ; de l’autre, l’homme qui en est rempli…

Saluez avec affection les frères,

 

J N Darby – Lettre No. 95

J N Darby
John Nelson Darby

Dublin, 1861
A M. P.
Bien-aimé frère,
…J’en viens à vos questions :
1° Je crois qu’il est très fâcheux qu’un frère fasse part de ses pensées, en public, sur des questions ou des choses où il ne connaît pas la pensée de l’assemblée. Au reste, en général, à moins que cela ne soit nécessaire pour avertir, les questions ne devraient pas être amenées devant le public.
2° Ensuite, la question de réception est souvent mal posée. Nous ne sommes pas un corps volontairement associé, mais dans la mesure où nous pouvons l’être, un rassemblement des membres du corps de Christ, un rassemblement des siens, opéré par le Saint-Esprit. Nous ne recevons pas des personnes au milieu de nous pour prendre la cène avec nous ; Christ a dû les recevoir, nous les reconnaissons, étant responsables de garder la sainteté de la table du Seigneur et la vérité de Dieu. Les reconnaître, c’est une affaire de confiance, et qui dépend du témoignage que nous avons de leur vie. Il ne s’agit plus de délibération pour les recevoir, une fois que leur christianisme est constaté, sans en excepter la sainteté et la vérité; car l’Esprit qui conduit les enfants de Dieu est l’Esprit de vérité et l’Esprit Saint. Ils ont droit, dans ce cas, à la table. Reste encore la discipline. En des cas douteux, il est très à désirer que la conscience de toute l’assemblée soit au clair et ainsi au large; mais si l’homme est chrétien, connu comme tel, ou assez connu de quelque personne grave, pour que le témoignage de celle-ci soit une garantie du christianisme de celui qui désire prendre la cène, à mon avis il ne faut pas autre chose. Seulement, il est bon de le nommer devant l’assemblée, et en tout cas de le mentionner à quelques membres graves de la réunion, si l’on n’a pas de temps pour en parler davantage. C’est donc une affaire de témoignage suffisant, car il s’agit de maintenir un esprit de confiance entre tous. Si celui qui présente une âme nouvelle est un chrétien jeune ou léger, il vaudrait mieux que son témoignage fût appuyé par quelques chrétiens qui eussent plus de discernement. On devrait se réjouir de voir arriver de nouvelles âmes, mais on devrait veiller en même temps à ce que la vérité et la sainteté fussent sauvegardées.
3° Il me semble que, si quelqu’un qui ne rompt pas le pain parle dans l’assemblée où l’on rompt le pain, c’est un très grave désordre. Un homme qui se sépare à tort de l’assemblée de Dieu, n’est pas dans le cas de l’instruire quand elle est réunie. Cela n’empêche pas, personnellement en dehors de la réunion. Je reconnais ainsi son don comme membre du corps, mais lui renie cette position si, quand le corps est réuni, dans la mesure où cela peut se réaliser, il ne veut pas y prendre place.
Je ne trouve aucune difficulté en 1 Tim.1 v.13. Premièrement, ce passage n’affaiblit pas une foule de déclarations, voire même de préceptes, relatifs à l’exercice des dons, qui font de cet exercice un devoir pour celui qui possède le don. Ensuite, Timothée n’était nullement un ministre local, ce qu’on appelle un ministre établi ; il accompagnait l’apôtre, ou le remplaçait en des services exigeant quelqu’un qui fût pénétré de l’esprit de l’apôtre, et pleinement informé de ses voies. La prophétie, paraît-il, avait désigné Timothée (1 Tim.1 v.18) ; Paul lui avait imposé les mains (2 Tim.1 v.6) ; ensuite, le corps des anciens lui avait imposé les siennes, pour le recommander à la grâce de Dieu ; l’apôtre lui rappelle, comme motif, toutes ces choses, la prophétie par laquelle Dieu l’avait désigné, et la sanction des anciens qui, en ayant eu connaissance, l’ont ainsi recommandé à Dieu. Ainsi Paul lui-même avait été désigné par la prophétie, et ceux qui étaient les prophètes à Antioche lui avaient imposé les mains, afin de le recommander à la grâce de Dieu pour l’œuvre à laquelle il avait été appelé : telle est l’expression de la parole. Mais Timothée n’a jamais été un ministre établi sur un troupeau. Je crois pour ma part qu’il peut y avoir (et il y en a) des personnes consacrées à l’œuvre et qui exercent leur ministère régulièrement s’appliquant constamment à l’œuvre. Si quelqu’un était désigné par la prophétie pour cette tâche, je ne ferais aucune objection à l’imposition des mains des anciens, s’il y en a. Il est probable, si l’Esprit agissait de la sorte, que les anciens ne tarderaient pas à se retrouver. Je ne ferais même aucune difficulté à ce que, dans la pratique, les frères anciens le fissent – abstraction faite du clergé et de l’établissement des ministres qui est l’œuvre de l’ennemi. Je ne vois rien qui empêcherait de recommander un ouvrier à la grâce de Dieu, en lui imposant les mains en vue d’une œuvre particulière à laquelle il serait appelé. Cela pourrait se répéter chaque fois qu’il devrait entreprendre une œuvre nouvelle ; mais on en a fait une consécration pour arrêter la libre action du Saint-Esprit. Dès lors, c’est une abomination et de la rébellion contre Dieu.
Je ne suis nullement d’accord avec le Messager au sujet de 2 Cor.5 v.3, mais c’est une affaire d’interprétation, de sorte que cela ne me trouble pas. D’après ce que vous dites, l’auteur n’a pas compris le passage ; voilà tout. La force du passage est pour moi très claire. Le mot xxxx (mot en grec dans le texte) met en relief une condition, et le mot xxx y ajoute de la force : nous jouirons de ce dont nous avons parlé – pourvu que, bien entendu, nous supposions que, dans ce cas même où nous sommes revêtus [du corps], nous ne soyons pas trouvés nus [à l’égard du Christ], car dans ce dernier cas, ce serait tout autre chose que la gloire.
Dans ce pays, l’œuvre du Seigneur se poursuit d’une manière remarquable. A Dublin, le nombre des frères a beaucoup augmenté ; il y a un certain nombre d’aimables jeunes hommes, vivants et heureux, quelques-uns louent des chambres pour prêcher dans les mauvais quartiers de la ville (il y a 300’000 habitants), et il y a des conversions continuelles. Avant-hier soir, cinq auditeurs, sur une vingtaine, ont reçu la paix. Je tiens des réunions, souvent deux fois par jour ; une quantité de personnes, des messieurs et des dames aussi, sont profondément attentives ; des gens nobles et riches se convertissent à la campagne, et quittent souvent le nationalisme. Il y a un mouvement remarquable de l’Esprit de Dieu. Cela se fait en dehors des frères; mais partout les principes sur lesquels les frères ont insisté se reproduisent, et pour les grandes réunions où les âmes se convertissent, tout a été organisé sous sa forme actuelle par des frères, au moins par des personnes imbues de leurs principes, un peu trop relâchées pour être admises parmi nous, mais qui suivent en quelque mesure les mêmes principes tout en allant partout. Les livres des frères aussi sont lus. On s’aperçoit bien qu’il y a moins de ce qui est sûr et solide ; mais l’énergie de la vérité pénètre néanmoins et se fait jour.
Que Dieu nous garde près de lui, cher frère, heureux que Christ soit prêché partout, et fermes dans les principes et dans la marche que Christ enseigne, la parole de la patience. Il faut savoir être petit, et il en vaut la peine ; mais lui est toujours grand.
Saluez D. et tous les frères.
Votre tout affectionné.

J N Darby – French Letter No. 95 – Extract – Christian Assembly Order

It seems to me that, if somebody who does not break the bread speaks in the assembly where the bread is broken, it is a very serious disorder. A man who separates himself wrongfully from the assembly of God is not in the position to instruct it as to its being reunited. That does not hindering his doing so outside of the meeting. I recognise what he has as a member of the body, but this position is disavowed to him if, when the body is reunited, as far as it can be reunited, he does not want to take his place in it.

Dublin 1861

To Mr P
Beloved brother

J N Darby
John Nelson Darby

It seems to me that, if somebody who does not break the bread speaks in the assembly where the bread is broken, it is a very serious disorder. A man who separates himself wrongfully from the assembly of God is not in the position to instruct it as to its being reunited. That does not hindering his doing so outside of the meeting. I recognise what he has as a member of the body, but this position is disavowed to him if, when the body is reunited, as far as it can be reunited, he does not want to take his place in it.

I find no difficulty in 1 Tim 1:13. Firstly this passage does not weaken a load of statements, and even of principles relative to the exercise of gift, more it makes the exercise of the gift a duty to the one who has it. Then, in no way was Timothy a local minister, what you would call an established minister: he accompanied the apostle and succeeded him in the necessary services being someone who was imbued with the spirit of the apostle and fully informed as to his ways. Prophecy, it would appear, had predesignated Timothy (See 1 Tim 1:18) . Paul had placed his hands on him (2 Tim 1:6) , afterwards the body of the elders had put their own hands on him, to commend him to God. The apostle reminds him, with reason, both of these things: prophecy by which God had designated him, and the sanction of the elders, who knowing him, commended him to God. Paul himself was predesignated according to prophecy, and those who were at Antioch laid their hands on him, to commend him to the grace of God for the work for which he had been called: that is the expression in the word . But Timothy was never an established minister over a flock. I believer for my part that there can be (and there are) persons consecrated to the work and who exercise their ministry constantly applying themselves to the work. If someone were designated by prophecy for this task, I would have no objection to the laying on of hands by the elders, if there are any. It is probable that if the Spirit acted in this way that the elders would soon be found. I do not have any difficulty about that which in practice the older brothers do – disregarded by the clergy who establish ministers, which is the work of the enemy. I see nothing which hinders the commending of a labourer to the grace of God in laying on of hands with a view to the particular work to which he has been called. This could be repeated each time he had to undertake a new work; but if one has made a consecration to impede the free action of the Holy Spirit, then it is an abomination and a rebellion against God.

I do not agree at all with the Messager about 2 Cor 5:3, but that is a matter of interpretation, so that does not trouble me. According to what you say, the author did not understand the passage; that’s all. The force of the passage is very clear to me. The word xxxx(Greek word in text) puts a condition into relief, and the word xxx adds strength to it – we enjoy what we have spoken about, provided that, of course we suppose that in the state itself in which we are reclothed (the body) we are not found naked (as regards Christ), for otherwise that would be something other than glory.

In this country the work of the Lord pursues a remarkable course. In Dublin the number of brethren has increased a lot, there are a number of nice young men, lively and happy, some of them renting rooms in the bad parts of the city (There are 300,000 inhabitants) and there are continual conversions. The evening before last, five listeners out of about twenty received peace. I often have two meetings a day: quite a number of people – ladies and gentlemen -are very attentive. In the country some of the nobility and well-to-do have been converted and often have left the Church of Ireland. It is a remarkable movement of the Spirit of God. This is outside of the brethren, but everywhere the principles that the brethren have upheld are being reproduced, and in large gatherings where souls are being converted, things are being organised in the actual way the brethren do it, at least by persons who are embued with their principles – maybe a bit loose to be admitted amongst us, but they follow in some way the same principles whilst going anywhere. They read the brethren’s books. One perceives at lest that there is that which is sure and solid, but the energy of the truth is nonetheless penetrating and it is as light as day.

May God keep us close to Himself dear brother, happy that Christ is preached everywhere, and firm in the principles and walk in the way that Christ teaches. We must know what it is to be small – it is worth it – but He is always great.

Greet D and all the brethren

Yours most affectionately

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013
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J N Darby – French Letter No. 95 – Extract – Receiving into Christian Fellowship

The question of reception is often badly stated. We are not a body by voluntary association, but in the measure that we can be, we come together as members of the body of Christ, a gathering of His own, the work of the Holy Spirit. We do not receive persons amongst us to take the supper with us; Christ must have received them:

J N Darby
John Nelson Darby

Dublin 1861

To Mr P
Beloved brother

Then, the question of reception is often badly stated. We are not a body by voluntary association, but in the measure that we can be, we come together as members of the body of Christ, a gathering of His own, the work of the Holy Spirit. We do not receive persons amongst us to take the supper with us; Christ must have received them: we recognise them, being responsible to guard the holiness of the Lord’s table and the truth of God. To recognise them, it is a matter of confidence, and it depends on the witness that we have of their lives. It is not a matter of deliberation as to whether to receive them or not, once their Christianity has been established, not excluding holiness and truth, for the Spirit who leads the children of God is the Spirit of Truth and the Holy Spirit. They have a right, in this case, to the table. Discipline still remains.

In dubious cases, it is good to desire that the conscience of the whole assembly be clear about it; but if the person is a Christian, and is known as such, or known well enough that by the testimony of a serious person who can guarantee the Christianity of the person who wishes to take the supper, in my opinion nothing else is needed. Only it is good to name the person before the assembly, and in any case to mention it to several responsible members of the meeting if there is not a better opportunity of speaking about it. It is a matter of sufficient testimony, since it is a matter of maintaining a spirit of confidence amongst all. If the one who introduces a soul is a young or shallow Christian, it would be better that his testimony was supported by a few Christians with more discernment. We should rejoice to see new souls coming, but at the same time we need to see that the truth and holiness is safeguarded.

Continued …

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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J N Darby – French Letter No. 95 – Extract – Venting Opinions in Christian Assembly

Venting Opionions in Christian Assembly

(DJR)

J N Darby
John Nelson Darby

Dublin 1861

To Mr P
Beloved brother

I believe it is very annoying when a brother vents his opinions in public on questions or things about which he does not know the assembly’s thinking. At least, in general, unless it is necessary to provide information, some questions should not be brought into the public.

Continued …

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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J N Darby – French Letter No. 93 – A Christian Workman and Christian Workmen

For 5am to 11pm I am busy all the time; only sometimes I wonder if I should do so much desk work, but at least I believe it feeds other younger brothers in their work; they have more courage and I am happy to take a back-seat place – really, I consider this to be my present work

J N Darby
John Nelson Darby

England 1861

To Mr P
Beloved brother

I was pleased to receive your letter. I greatly value having news of our dear friends in France. Now I am very busy in England where the work is expanding a lot. So you should not be surprised if I do not reply immediately, or think that such a fault was deliberate. For 5am to 11pm I am busy all the time; only sometimes I wonder if I should do so much desk work, but at least I believe it feeds other younger brothers in their work; they have more courage and I am happy to take a back-seat place – really, I consider this to be my present work. In the afternoons, between 2pm and 9pm I visit people and have meetings, but being so absorbed in my work, I am all the more glad to receive news about the brethren. God has granted me this favour and I am blessed by it. I have news from the South of France, but less from Switzerland.

You can imagine how much I thank God for the blessing resulting from the tour of our dear friends from P and I do not doubt that they do so in their hearts too, and I still trust that your dear brother will one day be used. May he keep very near the Lord, and read the Word for himself – I say ‘for himself’ not for his work, because this is the true way to read. The Lord says, “ If any one thirst, let him come to me and drink. He that believes on me, as the scripture has said, out of his belly shall flow rivers of living water” One drinks for oneself; one is thirsty oneself : that is how rivers of living water flow for others. One goes to Jesus for that – and all that is included in the ‘I’ is judged fundamentally in the heart, and grace acts bit by bit. Doubtlessly in judging oneself from the outset, one continues to walk in this way, but such judgment is constantly renewed in detail. One cannot work well if one is not in communion with the Lord. One must also have love for souls, for consequent on their interest one must carry them: one knows their needs and in which way the Word applies to them. Also the work must be undertaken with seriousness, with humility, in a spirit of service, with a feeling that one is dealing not just with the intellect but with the souls, which is an essential difference. We have to find in our work the feeling that we are working on souls on God’s behalf in a true spirit of service. It is in this that visits are profitable for our ministry, we can grapple with souls, be it publicly or in going house to house, and we see how the word applies to peoples’ needs, even if they do not understand it. Whatever the level of the truth it might be, the soul does not receive anything unless it applies to his or her current state. When John the Baptist spoke of the Lamb of God, his disciples said that they had “ seen the Messias ; when the Lord spoke of “ a fountain of water, springing up into eternal life”, the woman said “ Come, see a man who told me all things I had ever done: is not he the Christ?”

Coming back to the visits, the love of Christ is working there, and we feel it. For my part, I find that they always do good; I do not believe that a man can exercise a useful and blessed ministry without visiting souls. He might be able to give a very beautiful lecture, full of truths, but his link with souls will be lacking. God, without doubt, can supply anything that is lacking, but one cannot expect to feel a blessing from such a ministry. Young doctors must visit hospitals and attend clinics in order to be true doctors. At least it does us good, exercising and nourishing charity, and God takes pleasure in that. I bless God when I see labourers coming to life. He has given us a certain number of them, more evangelists, blessed in their ministry, than shepherds. Nevertheless there are some of the latter.

You will have seen my letter to F. for there is a real blessing in this country. At first there was a lot of excitement, but now things have calmed down a lot. Two labourers have been really blessed, although they count conversions rather precipitately. One of them, converted in the revival last year, who is moving at a great pace, but really devoted, believes he had 120 conversions in one month; I don’t think that can be right, but I believe there are some. In all events the run-down, the miserable, the Roman Catholics listen to him with attention. He is no more than 18 years old. This case is exceptional, but this is the sort of thing that there is – he thunders and speaks nonetheless with a true love for souls, only I am convinced that some excitement of the flesh accompanies his ministry. I have written to F to warn him while being careful – I who am so cold – not to discourage or let the young man get cold.

What a maze, humanly speaking, or rather amongst such a mix-up we find ourselves in down here. What a consolation it is to know that God sees through it all like a transparent glass, and that His perfect grace deals with it all, but that gives us a reason to be humble and go out of sight. I can say, thank God, that I have total confidence in Him, and I greatly enjoy the sense of His perfect grace and faithfulness, conscious, weak though I am, of what is in me. What grace that is! But I should like to be more directly and consistently occupied with souls. I continue to preach, and there are many present. I have good news of Montbeliard: at B. there has been several conversions, and also much opposition. They tried to establish a Moravian meeting there and about ten of them joined the brethren. The meetings in the vicinity are blessed and are added to…

The Word is always so precious to you, and tests you by its power when you read it, is it not? I see, more distinctly than ever, the practical power of the Spirit in the Christian way, and in the Word, a clear distinction between the life of the last Adam and that of the first. That is nothing new, but it is deeper and clearer in my heart, as also the new position in which the Christian is, without leaving aside man’s responsibility and the action of the Spirit in relation to that responsibility. What a picture we see in Acts 7, as to the exterior view of things: on one side man resisting, and on the other filled with the Holy Spirit…

Greet the brethren with affection

 

Letter originally written in French, translated by Sosthenes, 2013

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