CXX – 120
Pau, mars 1879
A M. P.
Bien cher frère,
Il ne faut pas vous étonner si j’ai mis tant de temps à répondre à votre lettre, non seulement je n’ai presque pas un moment à moi, mais quelquefois ma tête n’y tient plus ; mais, grâce à Dieu, notre œuvre avance, je l’espère. La moitié de la Bible est traduite, et j’espère, avec un soin qui ne laissera que peu à désirer, non que je sois content, je me contente rarement, et il se trouve des passages qui embarrassent tout le monde, mais le lecteur ne s’en aperçoit guère.
Nous avons tous pris part à votre maladie ; vous avez aussi manqué, je le crains, de soins. Quant à moi, je rends témoignage à nos bons amis du Nivernais et du Dauphiné de ce qu’ils étaient tous, et toujours, disposés à faire tout ce qu’ils pouvaient, et tout ce que l’hospitalité la plus fraternelle pouvait suggérer ; je m’en souviens toujours avec beaucoup de reconnaissance et d’affection.
Nous avons eu ici une très bonne conférence ; les frères heureux ensemble, et j’espère pleinement que, par la grâce, les traces s’en retrouveront dans l’œuvre qui se fait autour de nous.
Dans la Charente, il y a du bien, des conversions chez les catholiques romains.
Dans la Haute -Loire aussi il y a eu de la bénédiction. En Italie, il paraît que l’œuvre est, quoique lentement, en progrès.
Il y a, en France, un mouvement assez général dans les esprits des catholiques pour entendre la Parole ; c’est une goutte d’eau, si l’on tient compte du nombre, mais cela n’existait pas du tout il y a quelques années.
Je vous écris ces choses, parce que je pense que vous aimez à avoir quelques nouvelles de ce pays. Dieu agit dans le monde. Nous avons sa Parole – quelle grâce ! – Nous avons son Esprit, quelle grâce encore ! Les arrhes d’une grâce encore meilleure, sa présence éternelle ; saints, irrépréhensibles devant lui, en amour, semblables à Christ, et avec Christ ; que pourrait-on désirer de plus ! Et il se révèle à nous maintenant ; il répand son amour dans nos cœurs. Nous avons tout, sauf la gloire elle-même, mais encore dans un vase d’argile ; seulement le voile diminue de plus en plus d’épaisseur. Bientôt il n’y aura point d’obstacle, mais les exercices d’ici-bas sont l’occasion de beaucoup de tendres sollicitudes d’amour. Lui ne manque jamais.
M. et Mme S. sont très pauvre de santé, mais Il fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l’aiment.
Paix vous soit, cher frère, et que Dieu vous conduise et vous garde.
En Europe, l’hiver a été bien rude et partout on est dans la détresse quant au temporel. Ici, les pluies, les tempêtes et les inondations. J’ai souffert du lombago et je me traîne encore un peu, mais je travaille toujours.
Saluez les frères.
Votre toujours affectionné en Jésus.
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