Plymouth, 25 août 1846
A M. Foulquier,
Ici, grâce à Dieu, nous sommes heureux ; les frères sont bien paisibles et font des progrès. Il m’a semblé que, dans l’exercice de la discipline, nous n’avons pas assez donné la première place à la prière. Sans doute, en des cas flagrants, la discipline doit s’exercer. Mais il y a mille cas contristant le Saint-Esprit, gênant son mouvement dans le corps, qui ne sont guère les sujets d’une discipline publique, mais n’empêchent pas moins la bénédiction générale.
Christ aime son Eglise ; nous sommes de sa chair et de ses os. Or souvent le cœur, au lieu d’être poussé à reprendre, devrait être poussé vers Jésus, pour que son amour se manifeste, envers cette âme, membre précieux de son corps, afin qu’elle soit guérie, restaurée. Si l’on pensait aux âmes comme aux membres de son propre corps, on s’intéresserait à ce qu’elles fussent en bon état selon sa grâce, et on compterait sur sa grâce pour que cela s’accomplît ; car il agit directement sur les âmes des siens, ainsi que sur les pécheurs pour les appeler. Il faut se souvenir, cher frère, que, pour les connaissances aussi bien que pour toute autre chose, elle s’acquièrent, quand elles sont vraies, par le Saint-Esprit, et qu’il agit librement dans sa sphère qu’il s’est formée par sa puissance qui agit en grâce ; ainsi si les objets dont il s’occupe, lui, ne possèdent pas nos cœurs, ces cœurs ne peuvent pas être remplis de sa connaissance dans la communion.
De là l’importance de l’état spirituel des frères pour la jouissance de cette communion, dont la nourriture sera la révélation des choses de Christ par l’Esprit. Sans cela, on cherchera un enseignement qui laisse l’âme à sa propre paresse, au lieu d’en jouir comme fournissant les moyens de communion spirituelle.
Il faut donc penser à l’état des âmes, et si nous ne savons pas agir directement sur elles, il faut beaucoup prier pour que la faim et la soif de Jésus prennent possession d’elles.
Dernièrement, nous avons lu ensemble l’épître aux Hébreux avec beaucoup de communion d’âme et, j’espère, à notre profit. Moi-même, j’ai été particulièrement occupé de l’épître aux Ephésiens, et de la position de l’Eglise comme économie ou objet spéciale des conseils de Dieu, et j’espère que j’en ai profité – plutôt en affermissant ma foi et les bases de cette foi qu’en étendant mes connaissances.
Mais la position de l’Eglise a été mise en relief devant moi dans cette lecture.
Avez-vous remarqué que, dans la consécration des sacrificateurs (dans le Lévitique), il n’était pas question d’entrer dans le lieu saint, ni avec du sang, ni avec de l’encens ? Tout était dehors. Moïse et Aaron y entrent après ; mais la consécration ne s’en occupait pas. Le bouc, offrande pour le péché, aurait dû être mangé. Ceci met le but ostensible de leur sacrificature comme telle, en deçà des choses célestes de l’Eglise. Le jour des expiations était autre chose. J’aimerais que vous pensiez à ce point-là. Christ, évidemment, occupe cette double place.
Moïse est le Christ rejeté par ses frères et élevé à la gloire, s’identifiant avec ses frères, étranger et méconnu, et revenant pour les libérer de leur esclavage. Dans le premier cas, il reçoit, lui élevé, son peuple en grâce. Dans le second, il vient comme l’un d’eux pour les délivrer.
Il y a aussi certains caractères du Saint-Esprit pendant cette économie, caractère qui lui sont propres : l’union avec le chef caché, élevé à la droite de Dieu, et les arrhes de la gloire à venir.
Il est évident que le Saint-Esprit sera répandu comme Esprit de puissance pendant les mille ans, mais ce ne sera plus la puissance d’une vie cachée avec Christ en Dieu. Il ne sera plus caché. – De plus, le sceau et les arrhes, pendant le non-accomplissementt des promesses, n’auront pas de place dans ce temps-là. Ce sont ceux qui ont espéré d’avance, qui ont besoin d’être ainsi scellés et d’obtenir ainsi les arrhes, et cela par un Esprit descendu qui les lie de cœur à Celui qui est monté.
L’Esprit a, me semble-t-il, deux caractères à la fin de l’évangile de Jean, même quant à son office.
1° Le Seigneur, comme Médiateur, l’obtient, et le Père l’envoie, et il agit de la part du Père comme Esprit d’adoption et de connaissance de la vérité. Il console et instruit les enfants ici-bas.
2° Mais aussi, 15 et 16, le Seigneur Christ élevé en haut, l’envoie lui-même ; alors il prend les choses de Christ et les montre aux siens ; et tout ce que le Père a est au Fils, c’est-à-dire qu’il rend témoignage à la gloire du Fils de l’homme élevé comme étant un avec le Père, et enfin à toute sa gloire…
Je termine, cher frère…