Londres, 26 avril 1881
A M. P.
Bien cher frère,
Quant au frère excommunié et qui mange avec ses maîtres, rendre grâces à table est la communion tout autant que la Cène, et je ne pourrais faire cela avec un excommunié. Le faire travailler ne me ferait rien, sauf à user de réserve, à ne lui dire que ce qu’il faut, et dans ce cas particulier si cet homme va bien, il pourrait peut-être regagner sa vie.
Quant à l’autre cas, si c’est un péché scandaleux, il serait excommunié ; la question de la repentance viendrait après. S’il s’était écoulé un grand laps de temps et que son âme fût réellement restaurée, qu’il fût humilié déjà et qu’il l’eût montré par sa conduite, enfin que l’état de son cœur fût clairement renouvelé par la grâce, alors je ne remettrais pas la chose sur le tapis et surtout dans un autre endroit que celui où le péché avait été commis. S’il demeurait toujours dans le même endroit, il faudrait être assuré que la conscience publique est satisfaite quant à ce renouvellement. Le cas s’est présenté à V., la question elle-même bien des fois. Le péché reste péché, quel que soit le nombre des années écoulées depuis qu’il a été commis, jusqu’à ce que, pour l’âme, tout soit vide devant Dieu, et que la conscience soit en pleine communion avec Dieu dans la lumière. Il faut que le Seigneur ait lavé les pieds, que les cendres de la génisse rousse aient été appliquées avec l’eau, deux fois même, pour donner, je le crois le sens de la gravité du péché, car c’est contre la grâce qui est au-dessus du péché. Dès lors la communion est rétablie, seulement il faut y demeurer. Je crois qu’il importe de maintenir la sainteté de nos relations avec Dieu ; si l’on n’y est pas, la puissance de la communion, le secret de Dieu, nous manque, il y a danger que les frères s’endorment sur ces points ; la joie et le témoignage sont alors perdus, quand même Dieu ne retire pas sa bénédiction. Mais je dis m’arrêter.
Saluez les frères.
Votre affectionné en Christ.
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