La Barbade, 1869
A M. P.
Bien-aimé frère,
…L’œuvre ne va pas mal ici. Sauf la Jamaïque, grande et belle île, et Demerara, colonie dont le territoire est aussi étendu que la Grande Bretagne, ce sont de petits îlots parsemés dans la mer.
Dieu a béni ici notre frère S. ; il y a une réunion où règnent la piété avec la faim et la soif de la vérité. Je n’ai jamais vu une congrégation plus attentive, et bien que notre local soit des plus mesquins, les auditeurs n’y manquent pas. Demerara a plus d’une réunion. Le désir d’entendre y augmentait pendant mon séjour ; là il y a eu du bien ; tout en étant un peu assoupis, cela ne marchait cependant pas mal ; maintenant de nouvelles âmes sont ajoutées. Notre visite a naturellement encouragé ces amis. A Demerara, ils sont 350, principalement des gens de couleur ; à la Barbade, 50 avec plus de blancs, mais plutôt blancs d’apparence. Quant à la population à Demerara (colonie prospère) elle frappe ; c’est un mélange de Chinois, d’Hindous, etc., de toutes sortes de races ; ils vont à peu près nus. Le mariage, quoiqu’il y ait progrès, était l’exception ; le plus grand nombre des frères étaient enfants illégitimes ; et bien que les frères, cela va sans dire, fassent de ces unions une affaire de discipline, des difficultés surgissent. Un fils de famille introduit une fille à la maison, et dans la société la conscience est nulle à cet égard. On a été ferme au début pour ces cas aussi, et cela va mieux, mais ces mœurs, résultat de l’esclavage, sont épouvantables. Dans les réunions tout est en ordre, mais vu les mœurs en générales, il faut beaucoup de vigilance. Des personnes vivant dans des relations illégitimes, assistent aux réunions et paraissent être converties. On dira qu’en réalité ils sont mariés, mais ils peuvent se quitter à tout moment, et cela ne manque pas, hélas ! d’arriver. Au-dedans de la réunion, le mal n’existe pas, mais on en est entouré, dans le cas de ceux qui la fréquentent.
La date de ma lettre vous expliquera mes longs délais.
Paix vous soit, cher frère. Saluez affectueusement tous les frères.
Votre affectionné en Christ.
P. S. Je pense, Dieu aidant, partir pour l’Europe vers la fin du mois d’avril.
One thought on “J N Darby – Lettre No. 104”