Janvier 1848
A M. B. R.
Cher frère,
Je vous envoie votre écrit que j’avais, en effet, pris avec moi. Je craignais d’envoyer un aussi gros cahier par la poste. J’ajoute quelques lignes.
Le Keri veut dire :”lis.” Les Masorites n’osaient pas changer le texte, lors même qu’il y aurait eu une faute évidente, mais ils écrivaient en marge :”lis ainsi.” C’étaient donc des leçons ou variantes qui sont presque toujours meilleurs que le texte. De Wette a donné le Keri dans ses “Anmerkungen”. La traduction de Wette ne me satisfait pas. La “consomption déterminée” est une expression employée en Es. 10 v.23, 28 v.22, pour signaler les afflictions d’Israël, à ce qu’il me semble, dans les jours qui précèdent le règne du Messie, soit qu’elles fondent sur Israël ou sur Jérusalem. L’emploi de ces mots en Dan.9 v.27, est très remarquable. Ceci m’a conduit à d’autres remarques. Le dernier mot de 9 v.27, est, sauf dans ce passage, toujours traduit par “la désolée”. Il y a de bons dictionnaires qui ne donnent que ce sens. Une fois ailleurs, tout au plus une forme remarquable d’un infinitif verbal est employée dans un sens actif. “Désolée” n’est pas le même mot que “désolateur”, dans le même verset. Or en 11 v.31, c’est l’abomination du désolateur. 12 v.11, c’est le dernier mot de 9 v.27, c’est-à-dire peut-être de la désolée. Vous trouverez que l’examen des chap.10 et 28 d’Esaïe sur les deux points de l’indignation et de la consomption déterminée jettent un grand jour sur Daniel. L’Assyrien y est vu très clairement et le fléau débordant à cause de leur alliance avec le mal.
J’espère que le Seigneur ramènera notre cher frère C. à un état doux et aimant. J’espère qu’on agira avec un amour sincère et cordial à son égard. Les défauts dont vous parlez ne sont pas comme d’autres qui, peut-être, ennuient moins nos voisins, mais n’en sont pas moins mauvais aux yeux de notre Dieu.
Paix vous soit.
Votre affectionné frère.