J N Darby – Lettre No. 121

janvier 1880
A M. P.
Mon cher frère,
…Notre affaire, c’est de suivre Christ, et de n’être rien. Nos deux frères collaborateurs visitent ici les réunions environnantes tous les dimanches, et même les jours sur semaine.
J’ai l’idée, après avoir achevé une certaine partie de notre travail, de me rendre en Angleterre. Ils sont en paix là, mais ils ont besoin d’être nourris et cimenté. M. X. y est très utile et encouragé ; des âmes sont ajoutées à Londres. Certaines personnes aimeraient à souffler le feu, mais il me semble que leur soufflet est gâté. Je trouve que ma force est de rester tranquille.
Votre affectionné frère.

J N Darby – Lettre No. 125

Londres, 26 avril 1881
A M. P.
Bien cher frère,
Quant au frère excommunié et qui mange avec ses maîtres, rendre grâces à table est la communion tout autant que la Cène, et je ne pourrais faire cela avec un excommunié. Le faire travailler ne me ferait rien, sauf à user de réserve, à ne lui dire que ce qu’il faut, et dans ce cas particulier si cet homme va bien, il pourrait peut-être regagner sa vie.
Quant à l’autre cas, si c’est un péché scandaleux, il serait excommunié ; la question de la repentance viendrait après. S’il s’était écoulé un grand laps de temps et que son âme fût réellement restaurée, qu’il fût humilié déjà et qu’il l’eût montré par sa conduite, enfin que l’état de son cœur fût clairement renouvelé par la grâce, alors je ne remettrais pas la chose sur le tapis et surtout dans un autre endroit que celui où le péché avait été commis. S’il demeurait toujours dans le même endroit, il faudrait être assuré que la conscience publique est satisfaite quant à ce renouvellement. Le cas s’est présenté à V., la question elle-même bien des fois. Le péché reste péché, quel que soit le nombre des années écoulées depuis qu’il a été commis, jusqu’à ce que, pour l’âme, tout soit vide devant Dieu, et que la conscience soit en pleine communion avec Dieu dans la lumière. Il faut que le Seigneur ait lavé les pieds, que les cendres de la génisse rousse aient été appliquées avec l’eau, deux fois même, pour donner, je le crois le sens de la gravité du péché, car c’est contre la grâce qui est au-dessus du péché. Dès lors la communion est rétablie, seulement il faut y demeurer. Je crois qu’il importe de maintenir la sainteté de nos relations avec Dieu ; si l’on n’y est pas, la puissance de la communion, le secret de Dieu, nous manque, il y a danger que les frères s’endorment sur ces points ; la joie et le témoignage sont alors perdus, quand même Dieu ne retire pas sa bénédiction. Mais je dis m’arrêter.
Saluez les frères.
Votre affectionné en Christ.
____________________________

J N Darby – Lettre No. 130

Londres, 2 juillet 1862

J N Darby
John Nelson Darby
A M. B.
Bien cher frère,
J’ai été heureux d’avoir de vos nouvelles. Avant de voir M. B., j’avais cru lire dans votre lettre que vous aviez perdu un enfant ; j’avais alors une de mes attaques de goutte dans l’œil, et je n’avais fait ni pu faire qu’y jeter un coup d’œil. Je vois maintenant que c’est un enfant de votre belle-sœur. Que le Seigneur la console.
Quant à N., que puis-je vous dire ; tout cela est si pénible.. Pour moi, plus je vais en avant, plus j’attache d’importance au jugement de l’assemblée, mais je suis profondément peiné pour X. Je pense aussi à ses enfants ; je crois que Dieu le visite pour sa raideur, et parce que sa volonté est si peu brisée. Il se vantait même de ne jamais fléchir, alors Dieu est forcé de lui dire : Eh ! bien, je te fléchirai. Sinon il nous brise ; mais cela me fait de la peine, car il a été béni, dévoué, et a souffert pour le Seigneur. Mais Dieu veut que nous soyons soumis. Il n’y a que sa grâce ; la volonté ne vaut rien, nous ne valons rien ; il faut que nous reconnaissions que tout est grâce. Je le sais pour moi-même ; si nous nous soumettons à sa grâce, Dieu est plein de bonté. Il ne prend pas plaisir à nous discipliner ; bien loin de là, il nous épargne mille fois et nous bénit.
Je suis heureux d’apprendre, cher frère, que vous avez plus de courage. Ayez-en, si ce courage provient de la confiance en Jésus. Il ne vous fera pas défaut. Sa force s’accomplit dans l’infirmité.
Je suis très heureux de savoir que les R. vont mieux. Saluez-les bien de ma part ; saluez aussi tous les frères. J’avais un peu l’espoir de visiter le Midi, mais mon mal à l’œil m’a pris passablement de temps. J’ai devant moi maintenant le voyage à travers l’Atlantique, pour visiter les frères au Canada. Si je n’y vais pas (car je dépends humainement parlant d’un frère E. qui y a travaillé), il se peut bien que je vous voie encore cette année en France ; si je vais au Canada, je pense que nous partirons dans le courant de ce mois. C’est un long voyage pour moi, à mon âge, mais c’est pour le service du Seigneur, en sorte que je m’y sens encouragé ; je suis sous ses ailes. J’aimerais bien revoir mes chers frères de France ; je ne sais ni si, ni quand Dieu m’accordera cette joie. Qu’il les garde jusqu’à la journée de Christ ! qu’il les garde dans le dévouement, dans l’humilité et dans la joie de sa communion ; mon âme est bien liée à la leur, mes vœux pour leur bonheur éternel. Tout le reste ne fait que passer. Qu’il vous bénisse aussi, cher frère. Si Dieu me fait prospérer dans mon voyage et que j’aie le temps de voir les frères, je pense revenir du Canada cette année. Il y a beaucoup à faire ici et en Irlande, et, grâce à Dieu, de la bénédiction en bien des endroits.
Votre affectionné frère en Jésus.
________________________________

J N Darby – Lettre No. 129

Elberfeld, 29 octobre 1861
A M. B.
Voici bien longtemps, bien cher frère, que j’aurais dû vous écrire, et que je pensais à le faire ; mais toujours en courses, en conférences, et pressé par des travaux de cabinet, votre lettre est restée parmi les lettres non répondues. Je prends enfin la plume, et soyez assuré que ce n’était pas par manque de bon vouloir ou d’intérêt, car votre lettre m’a beaucoup intéressé comme le font toujours les nouvelles des frères. Un arrêt de deux ou trois journées à la suite d’une conférence me laisse un peu de temps pour vous répondre. “Dolce far,” je le comprends peu, mais dolce farniente ne m’arrive guère, toutefois le repos est en Dieu et on ne manque pas d’en jouir, car là on n’a rien à faire qu’à jouir. Cela nous donne aussi la force pour le travail.
On m’a dit que vous vous êtes établi au V., en sorte que vos doutes à l’égard de votre séjour à St. ont pris fin. Je pense cependant que vous continuez à visiter G.-I.-P. et d’autres villages voisins, car il y avait des portes ouvertes dans les environs du V. Ayez bon courage, cher frère. Au temps voulu de Dieu, nous moissonnerons si nous ne nous lassons pas ; et puis sa force s’accomplit dans l’infirmité. Nos frères du V. ont assez d’indépendance, mais j’ai toujours trouvé qu’avec un peu d’affection on cheminait heureusement avec eux. On pourrait souhaiter qu’il y eût parfois un peu plus d’ordre, mais il y a un bon fond. Au reste, c’est Jésus qui peut tout, et sa grâce qui fait tout.
Qui est-ce qui agit à St. maintenant ? Après tout, si les réunions sont heureuses c’est la grande affaire. Pour St., commencer à neuf pour ainsi dire n’est pas du mal. Est-ce qu’on se réunit encore à G. dans le même local où l’on se réunissait du temps de M.L. ?
Quand à vos travaux, cher frère, cherchez la face du Seigneur et appuyez-vous sur lui. Quand le corps n’est pas robuste, on est en danger de faire cela comme une tâche, comme une obligation, et l’esprit devient un peu légal, ou bien l’on cède à la fatigue et on est découragé devant Dieu. Le travail est une grâce qui nous est accordée ; soyez pleinement en paix et heureux dans le sentiment de la grâce, puis allez verser cette paix sur les âmes. Voilà le vrai travail ; on en revient peut-être bien fatigué de corps, mais soutenu et heureux ; on se repose sous les ailes de Dieu, et l’on reprend ses travaux jusqu’à ce que le vrai repos arrive. On renouvelle ses forces comme celles de l’aigle. Souvenez-vous toujours de ces mots : “Ma grâce te suffit, et ma force s’accomplit dans l’infirmité.” Que la communion avec Dieu soit votre première affaire, ainsi que les douces relations dans lesquelles nous sommes placés avec lui. Tout va bien quand on y marche ; puis on découvre et l’on juge jour par jour tout ce qui empêche la communion ; ainsi le cœur ne devient pas dur, ni la conscience émoussées, et l’on jouit facilement de ces communications de la grâce, qui donnent de la force. Oui, cherchez avant tout la communion personnelle avec le Seigneur.
Quant à votre Italie, en effet, cher frère, tout est bien sombre, et non seulement pour l’Italie, mais pour toute la terre. Bientôt le monde ne suffirait plus à l’ambition des hommes, seulement elle sera arrêtée par Celui qui en a le droit. L’Angleterre, jusqu’à présent si prospère, est dans l’embarras comme tous les autres pays. Les affaires d’Amérique tendent à la ruiner. En France, c’est encore le cas ; l’Autriche, la Pologne, la Turquie, sont comme les autres. Ici, les ouvriers sont sans ouvrage ; partout on fait d’énormes préparatifs pour la guerre. Que la sagesse de l’homme est peu de chose ! Quoi donc ? Le Seigneur va venir et nous appartenons au ciel. Dans l’Eglise, il n’y a ni Grec, ni Barbare, ni Scythe ; nous sommes les serviteurs de Christ, sûrs de la victoire de notre maître, victoire qui donnera la paix au monde entier. En attendant, dans ce lieu où il nous place comme témoins de la paix actuelle que Dieu donne, l’amour et la grâce de Dieu qui nous mettent en relation intime avec le ciel, remplissent nos cœurs, et nous savons apporter aux âmes agitées et souffrantes la tranquillité et la paix que rien dans ce monde ne peut détruire. Nous ne sommes pas du monde, comme Jésus n’était pas du monde. Notre vie descend du ciel et y remonte comme à sa source. Tenez-vous là, cher frère. Il se peut que nous ayons de la tribulation dans le monde, mais ayez bon courage, il a vaincu le monde.
Que Dieu, dans sa bonté, garde tous les frères dans cet esprit, afin qu’au moins quelques-uns, au milieu de ce monde de peines et de soucis pour un si grand nombre, sachent porter l’empreinte de la paix sur leurs visages, parce qu’elle règne dans leurs cœurs. Tout ce qui arrive, arrive par la main de Dieu ; pas un passereau ne tombe à terre sans lui ; il n’oublie rien ; rien ne lui échappe. Puis le Seigneur va venir. Oh ! que les enfants de Dieu y pensent. Je crois que cette vérité a plus de force pratique dans les cœurs de nos frères en Angleterre. Dieu en soit béni. Les conversions y sont toujours nombreuses ; les réunions augmentent beaucoup ; de nouvelles se forment ; il y a un peu plus de dévouement, et, je le crois, un bon esprit et de l’union. Il y a des réunions qui sont dix fois plus nombreuses que l’année passée, d’autres deux et, quoiqu’il y ait plus d’activité et qu’il y ait eu un moment, pour quelques-uns, le danger d’être entraînés dans le courant du réveil, je crois que les principes des frères leur sont plus chers que jamais. Il y a, dans ce réveil, des éléments superficiels plus qu’en Irlande, mais beaucoup de vraies conversions aussi.
Le frère O. qui s’est marié est allé en Italie et y cherchera les frères ; lui serait-il possible de communiquer avec G. ou B., s’ils sont encore là ? Comme il y va un peu pour sa santé, il ne visiterait pas les Vallées.
Saluez aussi tous les frères du V. avec beaucoup d’affection de ma part ; je me rappelle à leur bon souvenir dans leurs prières.
Votre bien affectionné frère.
__________________________

J N Darby – Lettre No. 128

Rochdale, 27 juin 1861
A M. B.
Bien-aimé frère,
Je n’ai aucun regret de ce que les frères aient reconnu leurs torts dans leur manière de faire. Cela donne souvent au cœur plus de confiance pour agir et pour servir le Seigneur. J’espère maintenant que l’assemblée cheminera en paix et recherchera la bénédiction du Seigneur. Les fruits de justice sont semés dans la paix. Je n’ai pas la pensée de m’occuper en ce moment, si ce n’est par mes prières, de la marche de l’assemblée de X. Il y a des moments où il faut laisser faire le Seigneur. J’espère que sa grâce amènera ces sœurs à reconnaître leurs torts et d’autant plus, si l’assemblée marche avec piété – avec cette piété qui découle de la vrai communion. Je crois que dans ce moment c’est la chose importante. La piété avec l’humilité donne un jugement ferme ; elle s’attend au Seigneur, jalouse de sa gloire ; elle cherche à faire sa volonté et ne dit pas : “Tu as tort et j’ai raison” – car alors ce sont les “tu” et les “je” qui jouent le plus grand rôle – mais elle dit : “Que veux-tu, Seigneur, que je fasse ?” Au reste, tant qu’on n’est pas dans cet état d’âme, il est impossible de bien cheminer. Restaurer les âmes, pour que ces âmes si chères au Seigneur le glorifient, voilà notre grande affaire. Ce n’est pas que l’état de l’assemblée ne m’intéresse pas vivement, bien au contraire. Si j’étais resté plus longtemps en France, j’aurais aimé faire un séjour à X. C’est là essentiellement que l’œuvre a commencé dans le midi, lorsque G. s’y est établi ; il n’y avait alors que quatre femmes, anciennes dissidentes ; mais, pour le moment, je ne vois pas qu’une action directe, là où d’autres agissent, puisse servir à quoi que ce soit pour la bénédiction de l’assemblée. Je m’attends davantage à l’action de Dieu lui-même. Ce sont des chrétiens de part et d’autre, et j’espère que la grâce prendra le dessus dans leurs cœurs.
Quant à l’Italie, voici où j’en suis. Lorsque l’œuvre a commencé à F., certaines personnes s’en sont mêlées, puis les Italiens, à la suite des propos malicieux des Genevois, eurent une véritable frayeur du nom de frères de Plymouth. Alors j’ai senti que je ne pouvais pas agir avec ces personnes, et que soulever des questions aurait été une cruauté envers ces nouvelles âmes. Je n’avais donc qu’à remettre la chose à Dieu, mais, avec de la patience, le temps d’action pour nous et celui du témoignage de Dieu arrivent si l’on s’attend à lui. On se fatigue du mal et de ce qui est de l’homme quand on a un vrai désir de Christ. Je crois, quoique ce soit un petit commencement, que ce temps commence à poindre en Italie, mais il faut encore, pour ne pas dire toujours, s’attendre à Dieu. On ne peut faire autre chose que répondre aux besoins de la foi. Ce n’est pas comme une première évangélisation, mais je crois que ces besoins commencent à se produire. Et je suis assuré que notre bon et fidèle Maître, que le Dieu de grâce viendra à l’encontre de ces besoins. J’en ai l’assurance. Notre frère O. y va pour sa santé ; peut-être pourra-t-il être utile, malgré son état corporel ? Dieu le sait. Quoiqu’il en soit, je crois que Dieu agira. Ici même, je crois que le parti neutre est en décadence. Il fleurit en un ou deux endroits où des chrétiens mondains ont besoin de quelque chose de ce genre, mais mêlé à beaucoup de mondanité. En général cependant, on voit qu’il se décompose. Ils n’ont pas la force de Dieu, aussi, même quand leur système fleurit extérieurement, des âmes qui ont besoin de Christ les quittent et viennent au milieu des frères. Ils cherchent à se soutenir par l’activité du réveil, mais l’œuvre n’a pas de fond.
Il y a de tous côtés de très nombreuses conversions, avec une certaine excitation. Plusieurs de nos frères qui sont actifs dans ce mouvement se trompent dans leurs espérances, comptent trop vite les conversions, et cela fait un certain mal, mais malgré cela il y a beaucoup de bien. L’œuvre est un peu superficielle, mais il y a des conversions réelles très nombreuses. Cela exige des soins pastoraux, car les réunions augmentent énormément, et ces nouvelles âmes ont besoin d’être affermies. C’est mon travail spécial en ce moment, et quoique je soupire un peu après l’évangélisation (dont je m’occupe toutefois en même temps), je suis très heureux dans l’œuvre. En général les frères vont bien il y a de la vie, l’attente du Seigneur est plus vivante ; s’il ne s’agissait que de l’augmentation du nombre, nous serions dans un état des plus florissants, mais je crois que, par la bonté de Dieu, il y a bien plus que cela. De la faiblesse, sans doute, mais les frères font l’expérience de la bonté de Dieu. En Irlande, il y a beaucoup de bien.
Prenez courage, cher frère ; nous avons à travailler pour un peu de temps, mais avec une force qui n’est pas la nôtre et qui suffit à tout ; sous le regard, et encouragés par la bonté de Celui dont l’amour ne nous fait jamais défaut. Comptez sur lui, demeurez en lui, nourrissez-vous de lui – travaillez avec toute patience selon la force qu’il vous donne, et soyez fortifié en toute force selon la puissance de sa gloire.
Saluez votre femme de ma part. Saluez cordialement toute l’assemblée. Que Dieu leur donne de se nourrir constamment du Seigneur, et de rechercher la piété et sa communion.
Etant en course je n’ai pas pris avec moi votre dernière lettre ; si elle contient quelque chose d’important j’écrirai de Londres.
Votre bien affectionné frère.
____________________________

J N Darby – Lettre No. 127

J N Darby
John Nelson Darby
A Mr X
…Quant au pain sans levain dont vous m’avez parlé, j’avoue que je m’étonne de ce que des chrétiens puissent s’en occuper, comme si ce qui entrait dans le corps pouvait nous souiller ou nous purifier. C’est une preuve que l’âme a tout à fait perdu la conduite du Saint-Esprit. Il n’y a aucune direction quelconque dans la Parole pour nous faire imiter les Juifs sous ce rapport, ou nous plonger dans le stérile judaïsme – et ayant commencé par l’Esprit, nous engager à nous rendre parfaits par la chair, car ce n’est que cela. Mais dans le cas particulier, cette idée est des plus malheureuses, parce que l’Esprit de Dieu a donné expressément une application, l’explication spirituelle de cette figure : Christ notre pâque a été sacrifié pour nous, c’est pourquoi célébrons la fête, non avec le levain de la malice et de l’iniquité, mais avec le pain sans levain de la sincérité et de la vérité. C’est-à-dire que, dans le christianisme, cette figure signifie la sincérité et la vérité. Quant à la lettre de la loi, le pain sans levain est une ordonnance de la loi. – La lettre tue et l’Esprit vivifie. – Ceux qui cherchent à se donner de l’importance, la chercheront en de pareilles futilités. Pour celui qui est conduit par l’Esprit, cela est impossible : assujettir toute une réunion à la lettre qui tue pour satisfaire à la pensée de celui qui s’égare est chose intolérable. Pour tout homme spirituel, ces paroles : “la lettre tue,” suffisent pour le délivrer de semblables pensées.
_______________________

C

J N Darby – Lettre No. 126

J N Darby
John Nelson Darby

Londres, 14 septembre 1881
A M. P.
Bien cher frère,
Je n’ai pas besoin de vous dire que je suis bien réjoui des nouvelles que vous me donnez d’Orthez, endroit où j’ai travaillé dans le temps, mais qui a été passablement délaissé depuis longtemps. C’était le champ de presque les premiers travaux et triomphes du cher B., et c’est là qu’a été le commencement du réveil en France.
Quant à moi, cher frère, Dieu m’a conduit tout près des portes de la mort, assez près pour en faire un peu l’expérience de ce qu’elle était, mais pas comme jugement. C’était la dissolution de mon être qui se faisait sentir ; mais l’expérience m’a été utile ; aucune nouvelle vérité ne m’était nécessaire, mais le salut, la grâce, Christ lui-même et son amour, l’amour du Père, tout cela devenait beaucoup plus sensible, beaucoup plus réel, un grand gain pour moi. Probablement, je n’aurai plus la force physique pour travailler comme je l’ai fait dans le temps, mais quoique travailler soit un bonheur pour moi, j’accepte avec joie la volonté de Dieu. Au reste, déjà depuis quelque temps, je sentais que je devais mener une vie plus recueillie à Londres, puis j’ai pu être utile dans les exercices par lesquels les frères ont passé ces temps-ci, exercices solennels mais si profitables, qui ne sont pas finis, mais qui tirent à leur fin. Je travaille dans mon cabinet comme de coutume, et même j’ai assisté à quelques réunions. Une attaque de paralysie, quoique très légère, m’a un peu arrêté, mais je ne m’en ressens que dans la joue droite. Quoique mes membres n’eussent rien perdu de leur force, j’avais de la peine à me maintenir en équilibre ; à présent cela va mieux, mais il faut que je fasse attention à mes pas. Dieu continue son œuvre ; en plus d’un endroit, il y a des conversions, et l’état des frères à beaucoup gagné de toute manière.
C’est la présence de Dieu, cher frère, qui donne la force et la joie et qui nous les donnera toujours. Quelle joie de voir Christ qui nous a tant aimés, le même qui a été sur cette terre, l’ami si accessible aux siens, de le voir réellement et pour toujours. Le travail convient à ce monde, la joie à l’autre, quoique nous la goûtions comme des ruisseaux d’eau, avant d’être parvenus à la source.
Je vous remercie, cher frère, pour toute votre bonne affection. J’aurais aimé voir les frères de Pau, auxquels j’étais très attachés, ainsi qu’à ceux des environs, mais je ne crois pas que ce soit possible : nous nous rencontrerons ailleurs.
Que Dieu ranime les anciens autour de vous, et soutienne les jeunes convertis dans le bon chemin, en les tenant près de lui. Tout le reste périra et s’en ira.
Votre affectionné frère en Christ.
____________________________

J N Darby – Lettre No. 124

mars 1881
A M. P.
Bien cher frère,
Le péché caché est toujours un grand mal pour une âme et pour une assemblée. Il se peut qu’une âme soit réellement humiliée, et dans ce cas il n’y a pas de profit à ébruiter le mal ; mais c’est une chose très délicate de prendre sur soi la responsabilité de juger, si celui qui a péché a été humilié. Il y a bien des choses qui ne paraissent pas, dans votre récit. Est-ce que ce jeune homme était déjà en communion quand il a commis ce péché ? Je suppose, d’après votre lettre, qu’il était converti, et si c’était avant d’être en communion, est-ce qu’il y a eu un long intervalle entre son entrée au milieu de nous et sa faute ? Il n’était pas encore marié : cela change le caractère du péché. Si l’intervalle entre le péché et sa réception a été court, il y a lieu de se demander s’il n’y avait pas chez lui de la légèreté. S’humilier, quand le fait est connu, peut être une chose sincère, et l’œuvre de Dieu, mais on a de la peine à éviter – ce que naturellement l’homme préférerait – que cela n’allât pas plus loin. S’il est réellement brisé et humilié, il vaut mieux pour la paix de tous et la gloire de Dieu, qu’on en reste là ; car le péché rendu public, tend à habituer l’esprit au péché, ce qui est un grand mal. J’espère qu’il ne se sentira plus “à la tête de l’assemblée,” mais, sans le faire remarquer, qu’il se tiendra davantage sur la réserve. Votre grande affaire est, non de le poursuivre, mais d’être tout à fait assuré qu’il est humilié ; cela se montrera dans son esprit, dans sa marche, et dans vos entretiens avec lui. Depuis combien de temps avait-il été converti lorsqu’il a commis le péché ? Etait-il, déjà alors, actif dans l’assemblée, exerçant un ministère, et a-t-il continué à le faire ? Tout ceci dit beaucoup sur l’état de son âme, et le jugement qu’il porterait sur les faits que j’énumère dirait aussi beaucoup sur son état actuel. Comme la responsabilité restait, lorsque vous m’avez écrit, sur vous et sur X., vous ferez bien d’être au clair sur ces points. Si l’affaire est réellement passée, et jugée, il n’est d’aucun profit de la ramener sur le tapis ; mais là est la question. Dieu ne panse pas à la légère la plaie de son peuple, mais, dans sa grâce souveraine, il ne se souvient plus du péché pardonné. L’intervalle fait quelque chose, mais un péché non jugé est un péché présent.
Saluez affectueusement les frères.
Votre affectionné en Christ.

J N Darby – Lettre No. 123

CXIII – 123
Londres, 16 février 1881
A M. P.
Cher frère,
En effet j’ai été malade, non pas exactement malade, mais tout à fait épuisé à la suite de trop de fatigue : deux réunions par jour, bien souvent, et des conférences locales ; puis l’effet d’une très lourde chute sur des dalles en Ecosse. Mon cœur n’allait pas et je n’avais guère de souffle; on me défendait de monter l’escalier, peut-être mon cœur se serait-il arrêté tout à fait. Je n’ai pu m’étendre dans mon lit pendant des semaines ; de plus j’ai 80 ans ! Depuis 4 ou 5 jours, je reste étendu toute la nuit ; il me fallait aussi manger une ou deux fois pendant la nuit, maintenant tout au plus une fois. J’ai de nouveau assisté deux fois à la réunion pour rompre le pain.
J’ai une nombreuse réunion de frères à l’œuvre une fois par semaine, et je ne l’ai manquée qu’une fois. Il me semble que je suis toujours mieux le lendemain. Enfin il y eut un moment où je savais plus si c’était la pensée de Dieu de me relever. Cela m’a été utile. J’étais très tranquille, et pouvais regarder la chose de près avec bonheur. La bonté et l’affection des frères ont abondé envers moi. A présent je suis beaucoup mieux, ma respiration reste encore embarrassée, mais elle est meilleure.
Saluez affectueusement les frères.
Votre affectionné frère en Christ.

J N Darby – Lettre No. 122

CXXII – 122
Malvern 12 avril 1880
A M. P.
…Paix vous soit, cher frère ; tenez-vous près du Seigneur dans la conscience que vous n’êtes rien. C’est là notre sûreté, et c’est là où nous trouvons la force et un soutien qui ne fait jamais défaut.
Votre affectionné frère.

%d bloggers like this: